Interview de M. Nicolas Daragon, ministre délégué, chargé de la sécurité du quotidien, à Europe 1 le 28 novembre 2024, sur la sécurité du quotidien.

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Média : Europe 1

Texte intégral

SONIA MABROUK
Bonjour Nicolas DARAGON,

NICOLAS DARAGON
Bonjour,

SONIA MABROUK
Et bienvenue à la Grande interview sur Cnews et sur Europe 1, vous êtes le ministre délégué en charge de la sécurité du quotidien des Français. La sécurité du quotidien, c'est faire en sorte, notamment, qu'un médecin en France puisse exercer ses fonctions sans être intimidé, agressés comme ce fut le cas à Drancy avec un médecin généraliste violemment frappé. Il a fermé, monsieur le ministre, son cabinet. Il a scotché un portrait de lui, le visage tuméfié. Comment vous qualifiez un tel déchaînement de violence ?

NICOLAS DARAGON
C'est le recul de l'autorité partout. Dans tous les pans de notre société. Un recul qu'on constate depuis une vingtaine d'années où à l'école, il faut qu'on tutoie son prof, il ne peut plus être sur une estrade ou le médecin, on exige un comportement de lui, on exige un rendez-vous, on exige que ce soit un homme ou que ce soit une femme. On est, à la fois, on à, la fois, basculé dans une société de consommation sans limite et une société où tous les repères d'autorité ont été levés, quelle que soit l'activité qu'on exerce. Évidemment, les professions médicales, tous les personnels en tenue et les forces de sécurité intérieure, tout est bafoué. Et donc, il faut ce retour de l'autorité dans notre pays. C'est ce que nous défendons avec Bruno RETAILLEAU.

SONIA MABROUK
Un choc d'autorité, vous venez de parler de l'école Nicolas DARAGON, ultra violence et ultra rajeunissement également, comme ce qui s'est passé à Valence avec une adolescente violemment agressée à la sortie du collège par un groupe de cinq ou six filles de 15 ans. Certains d'entre elles, déscolarisées, elles l'ont également menacée de mort, terrorisée. Elle ne veut plus retourner à l'école. L'Autorité parentale, où est-elle dans ce cas-là ?

NICOLAS DARAGON
D'abord, je voudrais avoir un mot de soutien pour cette famille que je reçois. Que je recevrai puisque ce sont des Valentinois et je suis toujours le maire de Valence. Le sujet c'est : " Qui est responsable ? " Et pour moi, c'est très clair, ce sont les parents et les parents qui sont responsables de l'autorité sur leurs enfants. Lorsqu'on a des enfants, on assure leur éducation, leur encadrement, on se demande où ils sont, on se demande ce qu'ils font et si ce sont des mineurs qui ont quinze ans, elles devraient être à l'école. J'ai voté, moi, en 2020 au conseil municipal. Dans ma ville, la suppression des aides aux familles de mineurs délinquants qui n'assument pas l'éducation de leurs enfants. Évidemment que j'appliquerai au même titre que chaque fois qu'il y a une condamnation, nous nous intéressons aux modes d'hébergement des familles. Si ces familles sont logées par un bailleur public, donc si elles bénéficient de la solidarité de la commune, eh bien, nous résilierons le bail, ça veut dire que, à chaque devoir qui est bafoué, nous devons rappeler que nous sommes au rendez-vous et que l'autorité est appliquée. J'espère, évidemment, que la justice va sévir avec lourdeur.

SONIA MABROUK
Alors justement, il y a votre volontarisme et il y a le volet judiciaire. Est-ce que la suppression ou du moins la révision de l'excuse de minorité est nécessaire et urgent dans ces cas-là ?

NICOLAS DARAGON
Bien entendu, on voit le rajeunissement des auteurs, on voit aussi le rajeunissement des victimes, malheureusement. Donc nous devons réviser l'excuse de minorité, la baisser. Forcément, on doit se conformer aux conventions internationales qui nous contraignent. Mais à la fois, on doit être là pour rappeler l'autorité, pour appliquer des sanctions et on doit cesser de se voiler la face. Les mineurs sont de plus en plus jeunes, de plus en plus délinquants, de plus en plus criminels, des meurtriers. Ils doivent être incarcérés et des mesures doivent être prises. Bruno RETAILLEAU, à juste titre, a même parlé d'encadrement militaire et je pense qu'il a totalement raison. Au premier délit, il doit y avoir une mise de côté, un encadrement militaire, un rappel des règles pour l'enfant, mais pour la famille aussi, pour les parents.

SONIA MABROUK
Vous êtes justement particulièrement investi avec Bruno RETAILLEAU, le ministre de l'intérieur, dans la lutte contre la délinquance du quotidien. Vous avez donné des instructions avec lui au préfet pour élaborer des plans d'action départementaux de restauration de la sécurité du quotidien. Qui ciblez-vous en priorité et qu'allez-vous apprendre que vous ne sachiez déjà ?

NICOLAS DARAGON
On a demandé au préfet, au commandant de groupement de gendarmerie, aux directeurs départementaux de la sécurité publique d'établir des plans précis, très ciblés, cribler véritablement, avec l'appui des élus locaux, chaque élu local, chaque maire connaît chaque rue, chaque poche d'immeuble dans lequel il a eu des enfants, des parents, des familles à difficulté. C'est ceux qui gâchent la vie de nos concitoyens au quotidien que nous visons. Mais ce sont ceux qui dealent au pied des immeubles, ce sont ceux qui dégradent les voitures, ce sont ceux qui font du tapage nocturne, ce sont ceux qui font de la mendicité agressive, tous ces gens-là qui nous empêchent de vivre normalement au quotidien. Nous les ciblons tous, du petit consommateur de drogue aux grands criminels, nous voulons des plans détaillés qui nous permettraient d'engager des moyens, fortement…

SONIA MABROUK
Cartographie de la criminalité et de la délinquance française.

NICOLAS DARAGON
Exactement. Aujourd'hui, on essaie de façon un peu disparate. On veut avoir un plan précis par département pour allouer des ressources massivement.

SONIA MABROUK
Pour protéger les citoyens. Et parfois, il faut aussi protéger, monsieur le ministre, les policiers. A saint Etienne, un vent de panique a soufflé dans le centre-ville, il y a quelques jours, à une heure très fréquentée, un homme muni de plusieurs couteaux a menacé des passants. Il s'en est pris à une vieille dame et c'est un policier municipal qui est intervenu. Armé, il a donc neutralisé, comme on dit, il a abattu cet individu. Est ce qu'il n'est pas temps que de généraliser l'armement des policiers municipaux ? Vous le savez très bien, vous êtes un maire, que ces policiers le demandent. Certaines villes sont encore récalcitrantes. Que dites-vous à ces maires, aujourd'hui, qui refusent cet armement ?

NICOLAS DARAGON
D'abord, je félicite les policiers municipaux qui interviennent, chaque, jour sur le terrain pour protéger nos concitoyens. C'est véritablement une troisième force qui s'est installée dans notre pays. Nous avons augmenté les effectifs de 40% sur ces dix dernières années. Il y a 27 000 policiers municipaux et il y en aura près de 40 000 dans une dizaine d'année. Je suis extrêmement favorable à l'armement des policiers municipaux et particulièrement à chaque fois qu'on se trouve dans une métropole, une grande ville ou en périurbain. Parce qu'un policier municipal qui n'est pas armé dans ce contexte a littéralement une cible dans le dos. Il est important qu'il se sente protégé et, puis, qu'il puisse protéger nos concitoyens. Le malfrat, lui, il ne fait pas de différence entre deux uniformes. Donc j'y suis favorable, mais je redis : " c'est la libre administration des collectivités locales ". Le maire décide de créer une police, municipale ou non, de l'armer ou non, et peut-être de lui donner encore d'autres pouvoirs, demain. C'est ce à quoi nous travaillons dans le Beauvau des polices municipales.

SONIA MABROUK
Il y a l'armement létal, il y a aussi l'armement psychologique. La question est de savoir, Nicolas DARAGON, si ce qui arrive à un policier qui fait usage de son arme, les policiers hésitent et, vous le savez très bien, parfois à sortir leur arme car ils deviennent automatiquement suspects, on a vu ce qui s'est passé dans l'affaire Nael. Est-ce que vous êtes favorable à la présomption de légitime défense pour les policiers ? Alors, je précise que certains policiers qui y sont favorables estiment même que ça peut être un gadget. Mais malgré tout, ils préfèrent avoir cette présomption pour ne pas être considérés comme suspects quand ils font usage de leur arme.

NICOLAS DARAGON
Oui, mille fois, oui. Est-ce que les malfrats hésitent une seule seconde à leur tirer dessus ? Est-ce qu'ils hésitent à tirer sur nos concitoyens ? Je n'ai aucun doute sur le fait que nos policiers sont formés et utiliseront les armes adaptés, parce qu'ils ont des armes intermédiaires, si c'est nécessaire. Et évidemment, je sais très bien que nos policiers hésiteront, se questionneront, ont les bons réflexes pour sortir une arme au bon moment.

SONIA MABROUK
En une fraction de seconde ?

NICOLAS DARAGON
En une fraction de seconde, mais ils sont formés pour ça. Ce ne sont pas monsieur et madame tout le monde qui se baladent avec une arme. Ce sont des gens qui sont formés pour ça. Et donc, il faut à la fois leur montrer. Et vous savez, c'est en effet symbolique, mais c'est aussi un soutien que nous réaffirmons à nos forces de sécurité intérieure, au moment où ce discours qui agresse nos forces de sécurité intérieure en permanence, prononcé par l'extrême gauche…

SONIA MABROUK
Ce discours, c'est : " La police tue ? ".

NICOLAS DARAGON
Par LFI. Il faut que nous nous soyons là pour dire à nos forces de sécurité que nous les soutenons et que nous le prouvons en accordant cette présomption de légitime défense, qu'ils se sentent, heu, pardon de le dire, à l'aise dans l'exercice de leur métier et leur métier, c'est de nous protéger. Il faut qu'ils soient armés et il faut qu'ils sachent qu'ils ont la palette qui est à leur disposition pour intervenir quand nos concitoyens sont en danger où eux-mêmes sont exposés.

SONIA MABROUK
Nicolas DARAGON, ce matin, sur Cnews et Europe 1, nous avons parlé de ces violences. Certains les appellent « Violences gratuites du quotidien ». On oublie souvent d'évoquer, je voudrais le faire, ce matin, avec vous, la délinquance sur internet, la cyber délinquance avec des cyber attaques de particuliers parce que, souvent, nous avons des remontées de téléspectateurs ou d'auditeurs qui nous en parlent. Là encore, quel réarmement ?

NICOLAS DARAGON
Alors il y a, à peu près, 300 000 personnes qui déposent plaintes, par an, sur des sujets de cyber harcèlement ou de hameçonnage. Et 90% de nos concitoyens qui disposent d'un compte Internet ont déjà été perturbés par de l'hameçonnage ou par des tentatives. 55 collectivités qui ont été piraté, dont le conseil départemental de l'Ardèche, l'an dernier, ça avait fait la une de l'actualité. Donc nous avons décidé de mettre en place une plateforme unique sur laquelle ils vont pouvoir déclarer, déposer plainte, entrer en contact direct avec un gendarme ou un policier. Ça s'appelle " 17 Cyber ", c'est gratuit, c'est sept jours sur sept, c'est 24 h sur 24. On déclare on peut être en contact direct, un tchat direct comme ça existe sur d'autres sites internet et on va pouvoir avoir des réponses. Le sujet, c'est qu'aujourd'hui, quand on dépose plainte, c'est tellement complexe qu'on a, rarement, des réponses.

SONIA MABROUK
Une forêt, souvent administrative.

NICOLAS DARAGON
Exactement.

SONIA MABROUK
Ce sera mis en place dans les prochains…

NICOLAS DARAGON
Le 17 décembre, la valeur symbolique est importante puisque…

SONIA MABROUK
" 17 cyber ", le 17 décembre.

NICOLAS DARAGON
Et puis, aussi, parce qu'on est juste avant la période de Noël où on utilise beaucoup sa carte bleue. J'espère dans les commerces de proximité, mais parfois aussi sur Internet.

SONIA MABROUK
Un rapport de la Cour des comptes, monsieur le ministre, dévoilait avant-hier, l'insuffisance de la lutte contre les narcotrafic, alors que cette gangrène touche près de 79% des communes françaises, quelles que soient les communes, centres urbains et campagnes, avec souvent l'emploi de mineurs hyper violents, totalement désinhibé, comme l'a rappelé, hier à votre place, lors de cette grande dignité à vous, la magistrate, Béatrice BRUGERE. Il est vrai que ce rapport portait sur, j'allais dire l'ancien Gouvernement et la politique avant vous. Malgré tout ce que vous avez proposé avec Bruno RETAILLEAU, peut être suffisant face à cette pieuvre et ses tentacules, aujourd'hui ?

NICOLAS DARAGON
Ce qui est sûr, c'est qu'il faut totalement réorienter notre action, au même titre qu'on a été capable de le faire sur la lutte antiterroriste en 2015 et qui a porté ses fruits. Ça veut dire qu'il n'y a plus eu de tueries de masse. Évidemment, des actes isolés, ceux-là, c'est beaucoup plus difficile. Et donc le programme qui a été présenté par Bruno RETAILLEAU et le garde des Sceaux permet, à la fois, un, d'évaluer la menace, ce qu'on n'a jamais fait avec réalisme. Et la menace, elle est extrêmement forte.

SONIA MABROUK
On n'a jamais fait qu'on réalisme ?

NICOLAS DARAGON
Mais non, bien sûr.

SONIA MABROUK
Maintenant qu'on se rend compte de la menace des narcotrafics.

NICOLAS DARAGON
Le rapport sénatorial, le rapport qui a été établi par le procureur de la République. Ces rapports sont excellents et identifient l'ennemi. Quand on veut lutter, il faut identifier l'ennemi. Peut-être qu'on en a pas pris la mesure. On en a pris la mesure localement, partout. Mais ces plans départementaux, ils vont aussi nous permettre de faire remonter l'information. Le deuxième sujet, c'est quel est l'arsenal qu'on met en face ? Le renforcement des moyens low fast. La création d'un parquet spécialisé, ça va permettre d'avoir des gens qui ne font que ça et donc qui peuvent remonter des filières interdépartementales alors que, parfois, on est trop cloisonné. Et puis le dernier point, c'est de dire qu'on va attaquer tout le spectre du consommateur. La consommation festive, ça n'existe pas, ça nuit à la santé mentale des adolescents, il faut le rappeler. On a des gens qui veulent dépénaliser, mais sont-ils lucides ? Ça démultiplie la mortalité dans les accidents de la route. De quoi parle-t-on donc ? Axer notre action sur les consommateurs. Pas de consommateurs, pas d'offres et aller jusqu'au bout du spectre pour les démunir totalement de leur patrimoine, systématiquement.

SONIA MABROUK
Pour comprendre sur un autre plan, pourquoi la France a tant de mal à éloigner les clandestins sur son sol ? Un rapport parlementaire, là encore excellent de la députée Brigitte KLINKERT, nous éclaire Nicolas DARAGON, sur la mécanique de l'impuissance publique. Un tiers des étrangers, dit-elle, est visée par une OQTF, sont originaires du Maghreb. Qu'est ce qui a changé depuis le voyage présidentiel au Maroc ? Est-ce que l'exécutif a pu obtenir dans un contexte très particulier, en plus, avec l'arrestation de Boualem SANSAL en Algérie, quelque chose de ce pays du Maghreb ?

NICOLAS DARAGON
Le sujet est beaucoup plus général. D'abord, il faut, qu'à l'échelle de la France, on modifie les dispositions. Il y a déjà eu une première circulaire, fin octobre, du ministre RETAILLEAU pour rappeler aux préfets qu'il fallait agir systématiquement contre les étrangers.

SONIA MABROUK
Ce qui est incroyable, c'est-à-dire on rappelle, en fait, la loi ?

NICOLAS DARAGON
On rappelle la loi, mais on avait aussi la circulaire VALLS qui posait posé des conditions un peu plus souples et donc, il faut durcir le ton parce qu'on voit bien que ça ne fonctionne pas. À l'échelle européenne, la circulaire d'éloignement, la circulaire retour, elle porte très mal son nom puisqu'elle ne permet pas de raccompagner. On a vu que des pays socio-démocrates comme l'Allemagne, comme le Danemark, sont en train de durcir le ton. Il faut qu'on soit dans la même trajectoire et ça tombe bien, tous les ministres de l'Intérieur sont d'accord. Et puis, il y a le dernier sujet, c'est le plus important. La plupart des OQTF qui ne sont pas réalisés, c'est parce que nous n'obtenons pas de laisser passer consulaires. Il faut, donc, durcir le ton et il faut être au rendez-vous de mesures, parfois de réponses à ceux qui ne jouent pas le jeu.

SONIA MABROUK
Encore faut-il avoir les moyens de ce bras de fer. Dans le détail du rapport, les obstacles sont, d'abord, les pays sources, Algérie, Maroc, Tunisie, essentiellement, qui ne délivrent pas, comme vous, l'avez dit, qui ne délivrent pas de laisser passer consulaires mais aussi comme obstacle. Ce qui est incroyable, monsieur le ministre, il y a des annulations judiciaires passives et les refus d'embarquer qui explosent, c'est-à-dire qu'il y a l'OQTF, il y a le laisser-passer consulaire mais on ne peut pas embarquer parce qu'il ne veut pas embarquer. Peut-être aussi que le commandant de bord, pour des raisons, de sécurité ne l'autorise pas. Est-ce qu'on ne se dit pas qu'on marche sur la tête quand même ?

NICOLAS DARAGON
650 annulations judiciaires par mois, environ, 150 refus d'embarquer par mois environ, ça fait 900. Ça veut dire l'équivalent de ce que nous réussissons à expulser par an. On doublerait. Alors les résumés judiciaires, on ne peut pas les commenter ici, parce que c'est une par une qu'il faudrait les analyser, mais les refus d'embarquer, c'est l'État de droit dont parle Bruno RETAILLEAU.

SONIA MABROUK
Parce qu'il faut des vols dédiés, charters.

NICOLAS DARAGON
C'est qu'aujourd'hui, on protège.

SONIA MABROUK
Spécialement pour ces occultés.

NICOLAS DARAGON
Dans notre droit, on protège les auteurs, on protège ceux qui doivent être…

SONIA MABROUK
Dans notre droit, on protège les auteurs.

NICOLAS DARAGON
Bien sûr, on protège plus les auteurs que les victimes quand on voit l'amoncellement de droits qu'on accorde. Évidemment qu'on est un État de droit et qu'on ne doit pas être dans un pays qui se transforme en dictature, mais je crois qu'on en a trop mis et qu'aujourd'hui, celui dont on a prononcé l'expulsion, il sait qu'en montant dans l'avion, s'il se cogne la tête contre la cloison ou s'il dit qu'il ne veut pas embarquer, il va rester dans le pays alors qu'il y a une décision judiciaire ou administrative.

SONIA MABROUK
C'est pour ça que vous aviez dit : " L'étranger agresseur dehors, l'étranger qui viole dehors ou l'étranger islamiste dehors ". On entend encore une fois, je le dis, votre volontarisme, ce matin, sur Cnews et Europe 1. Encore faut-il que vous puissiez mener à bout votre action alors que le Rassemblement national, Nicolas DARAGON, s'achemine vers la motion de censure. Est-ce que vous demandez ce matin, comme l'ancien ministre de l'Intérieur Gérald DARMANIN et Michel BARNIER, des concessions, des compromis pour pouvoir justement poursuivre votre action ?

NICOLAS DARAGON
D'abord, je crois que le Premier ministre a fait montre d'une volonté de concertation depuis son installation.

SONIA MABROUK
Ce n'est pas le cas selon Marine LE PEN.

NICOLAS DARAGON
Il a encore reçu Marine LE PEN, il y a 48 heures.

SONIA MABROUK
Mais pour discuter de quoi ? Quel compromis ?

NICOLAS DARAGON
Il a évoqué la proportionnelle dans son discours sur les médias. Il a évoqué le sujet de l'énergie sur lequel il est prêt à avancer. Mais en vérité, je crois qu'aujourd'hui, on a une association, une véritable alliance objective entre les extrêmes. Vous savez, il y a des pays où quand on vote une motion de censure, elle est constructive. On propose quelque chose ensuite, en Allemagne ou en Espagne. Aujourd'hui, elle est destructrice. On ne sait pas vers quoi on va ensuite.

SONIA MABROUK
Vous dites aussi la chienlit, le chaos, la crise financière, la crise économique ?

NICOLAS DARAGON
Je dis que nous nous mettons en danger. Les marchés financiers l'ont montré, hier, puisque notre taux d'emprunt a dépassé celui de la Grèce. Et donc, on voit bien que ce n'est pas juste pour faire peur. On ne crie pas au loup. On est en train de dire " Attention, nous sommes en difficulté, ce n'est pas un mur qu'on va abattre, c'est une digue qu'on va ouvrir ". Et on ne sait pas jusqu'à quel moment, nous allons garder la tête en dehors de l'eau ? Les marchés financiers sont en train de s'exciter. On voit bien que l'économie commence à ralentir. Les signaux sont mauvais. Il faut donc être raisonnable, il faut être responsable.

SONIA MABROUK
Dernière question, puisque vous parlez de maintenir la tête hors de l'eau. La tête, symboliquement, du président de la République est-elle aussi en jeu ? Parce que certains se demandent, est-ce qu'il pourrait y avoir une présidentielle anticipée dans ce cas-là ? Puisque c'est l'inconnu.

NICOLAS DARAGON
Je suis ministre d'un Gouvernement, donc je suis respectueux des institutions françaises. J'ai une loyauté vis-à-vis de la République qui est intangible. Ça veut dire que le président de la République, il décide de son destin. Nous, nous sommes au travail pour les Françaises et les Français. Ce qui nous occupe, c'est de tenter d'apporter des solutions dans un moment de crise exacerbée.

SONIA MABROUK
Et vous l'êtes au ministère et également en tant que maire de votre ville. Merci Nicolas DARAGON, c'était votre grande interview. Bonne journée à bientôt.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 novembre 2024