Texte intégral
CHRISTOPHE DELAY
Nous sommes avec François DUROVRAY. Bonjour François DUROVRAY.
ADELINE FRANCOIS
Bonjour,
FRANÇOIS DUROVRAY
Bonjour,
CHRISTOPHE DELAY
Toujours ministre délégué chargé des transports ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Eh oui.
CHRISTOPHE DELAY
Bon, est-ce que vous avez été informé, un peu avant nous, de la décision du Premier ministre ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Oui, c'est normal. En fait, de toute façon, c'était assez une évidence.
CHRISTOPHE DELAY
C'était une évidence ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Ben écoutez, il y a eu des débats à l'Assemblée nationale, au Sénat sur le projet de loi de finances de la Sécurité sociale. Il y a eu une CMP, c'est-à-dire la réunion de sénateurs et de députés pour trouver un accord. Cet accord a été trouvé. Il est normal que la suite soit le vote sur ce projet de loi de finances. Et ce qui est assez particulier, c'est qu'il y ait une motion de censure alors même que l'accord avait été trouvé en CMP.
CHRISTOPHE DELAY
Est-ce qu'il a eu raison de ne pas céder à toutes les demandes du Rassemblement national ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Oui, la France ne se joue pas et le budget de la France ne se joue pas comme ça. Il y a eu des efforts qui ont été faits par le Premier ministre, qui a écouté chacune des forces politiques de l'Assemblée, à la fois les forces du socle commun, c'est-à-dire de ceux qui soutiennent la majorité, mais aussi de ceux qui sont à l'extérieur. Un point d'équilibre a été trouvé pour respecter, également, l'objectif initial fixé par le Premier ministre de réduction des déficits. Et à partir de ce moment-là, chaque député a, entre les mains désormais, l'avenir de la France.
JOURNALISTE
Avec le recul, vous pensez qu'il y avait un accord possible avec Marine LE PEN ou qu'elle n'en voulait pas de toute façon ?
FRANÇOIS DUROVRAY
La question n'est pas de trouver un accord avec qui que ce soit, la question est d'avoir un budget qui est conforme aux intérêts du payé, donc de réduire la dette. Après, il y a besoin de trouver des majorités et donc le Premier ministre a écouté les uns les autres et a fait des pas. Manifestement, le souhait de Madame LE PEN, ce n'est pas l'intérêt du pays, c'est de masquer sans doute sa situation judiciaire et c'est, finalement, de faire monter les uns les autres au cocotier. Ce n'est pas le sujet, aujourd'hui, il faut que chaque député, en conscience, prenne sa décision d'ici demain et décide du meilleur choix pour le pays.
JOURNALISTE
Est-ce que les partis du Bloc central ont assez soutenu le Premier ministre ? Parce qu'eux aussi, on a vu à LR ou pour la République faire monter les enchères, Laurent WAUQUIEZ, Gabriel ATTAL, en disant : " On veut notre geste ".
FRANÇOIS DUROVRAY
Mais chacun, je crois, en fonction de son identité et d'un respect. D'ailleurs, son identité, a fait avancer des sujets sur ce qui lui semblait essentiel par rapport à ce budget. Et à chaque fois, le Premier ministre a été à l'écoute. Vous savez, on est issus, encore une fois, de familles politiques différentes. C'est mon cas. Moi, j'ai décidé de rejoindre le Gouvernement au moment où j'estimais que la France était en difficulté et que nous avions besoin, alors même que je n'ai pas soutenu le président de la République par le passé. Nous avions besoin d'avoir des compétences issues de rangs différents pour aider notre pays. Et c'est dans cet état d'esprit que nous travaillons depuis 2 mois.
CHRISTOPHE DELAY
Sofiane. SOFIANE AKLOUF
Fallait-il accepter toutes les lignes rouges de Marine LE PEN. On a vu sur les remboursements du médicament. M. BARNIER a accepté. Est-ce qu'il fallait aller plus loin ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Mais c'est... Encore une fois, je ne crois pas que ce soit la question. La question, c'est, par rapport aux différentes forces politiques et à l'intérêt qui a été présenté par chaque force politique, d'essayer de voir s'il y avait une majorité possible. On a bien vu, hier, que Mme LE PEN, après avoir dit, d'ailleurs la veille, dans un journal qu'elle demandait, soit un effort sur les retraites, soit un effort sur les médicaments, le lundi a demandé un effort sur les deux. Et donc, je crois que les masques sont tombés hier, et que les Français ont bien compris que le souhait de Mme LE PEN, c'était de faire tomber ce Gouvernement pour masquer une situation judiciaire qui est beaucoup plus complexe.
CHRISTOPHE DELAY
Donc si la motion de censure est votée, tout va s'arrêter, M. DUROVRAY, pour ce qui vous concerne. Quelles conséquences très concrètes pour les Français qui nous regardent ?
FRANÇOIS DUROVRAY
D'abord, il y a beaucoup de sujets en dehors du ministère des Transports, le budget de la justice, de la défense, le budget de la sécurité, la situation des agriculteurs qui ne seraient pas traités, la situation des contribuables qui verraient leur impôt augmenter…
CHRISTOPHE DELAY
Un certain nombre de contribuables vont entrer dans l'impôt.
FRANÇOIS DUROVRAY
Ce qui, d'ailleurs, serait quand même cocasse. On se souvient que Mme LE PEN souhaitait notamment qu'il n'y ait pas de désindexation des retraites pour protéger les plus faibles. En fait, l'augmentation d'impôt mécanique compte tenu de la non-revalorisation de l'impôt sur le revenu aurait des conséquences plus graves. Mais voilà, encore une fois, c'est à chacun désormais en conscience de faire le choix. Sur mon secteur, il y a des conséquences également très concrètes. Dans une semaine, il y a, normalement, la proposition de loi sur la sécurité dans les transports pour améliorer, protéger les Français dans les transports. C'est prévu le 9 décembre. Est-ce que concrètement, demain, on peut se passer de cette loi ? Dans quelques semaines, j'ai prévu la présentation d'un plan de car express pour mettre des transports publics dans la zone rurale, là où les Français n'ont pas d'autre choix que leur voiture. Ils sont 10 millions. Est-ce que ces 10 millions de Français n'ont pas le droit d'avoir une réponse ?
ADELINE FRANCOIS
Quand vous dites le vote en conscience, ça veut dire qu'au fond de vous, vous vous dites que peut-être, il y a moyen d'échapper à la censure. Quand vous dites que chaque député va voter en conscience, ça veut dire que finalement, dans le secret du vote…
FRANÇOIS DUROVRAY
Mais c'est le principe de la démocratie.
ADELINE FRANCOIS
Il n'y aura peut-être pas 289 voix contre.
FRANÇOIS DUROVRAY
C'est le principe de la démocratie. Je suis moi-même élu ce week-end, comme tous les week-ends, sur la rencontre de mes concitoyens. J'ai bien vu qu'aujourd'hui, ils sont inquiets de la situation du pays. Ils ont envie qu'on avance.
ADELINE FRANCOIS
Mais il y a des députés qui peuvent faire défaut, demain ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Bah écoutez, j'ai élu par exemple avec intérêt... D'ailleurs, c'est symptomatique. J'ai élu avec intérêt hier que Sophie PANTEL, députée de la Lozère, département le moins peuplé de notre pays, donc qui est très loin du tumulte parisien, qui est socialiste, elle a décidé qu'elle ne voterait pas la censure, tout simplement parce qu'elle a bien vu ce qui se passe. Elle a bien vu ce qui se passe dans le pays. Elle a bien vu ce qui se passe dans son département. Et que les Français, que les habitants de son département n'ont pas du tout envie de la censure et des conséquences qu'elle aurait pour le pays.
CHRISTOPHE DELAY
La question va se poser évidemment du successeur de Michel Barnier.
FRANÇOIS DUROVRAY
Pourquoi ? Pourquoi attendez... Mais pourquoi... Moi, je ne sais pas encore comment les députés vont voter demain. Et je souhaite, encore une fois, qu'il y ait un sursaut parce qu'au-delà des débats du tumulte qu'on a vu, hier, encore à l'Assemblée, est-ce que vous imaginez logique que des députés votent, de façon unanime, une motion de censure du nouveau Front populaire dans lequel est mentionnée clairement la responsabilité du RN ? Est-ce que vous imaginez des députés de ce même Front populaire, socialiste ou écologiste, s'associer à cette démarche ?
ADELINE FRANCOIS
Donc vous appelez à un sursaut des députés de la gauche, ce matin ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Mais un sursaut de tous les députés où qu'ils se trouvent, qui, en conscience, en fonction du regard qu'ils ont de la part des habitants sur leur terrain, doivent décider de l'avenir du pays.
CHRISTOPHE DELAY
Eh ben merci, François DUROVRAY.
FRANÇOIS DUROVRAY
Merci à vous.
CHRISTOPHE DELAY
Merci d'avoir été en direct avec nous, ce matin. Les cartons sont faits, forcément. Enfin... Non ?
FRANÇOIS DUROVRAY
Les vôtres ?
CHRISTOPHE DELAY
Ah bon ? Pas mal. Merci d'avoir été en direct avec nous, ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 4 décembre 2024