Déclaration de Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, de l'énergie, du climat, et la prévention des risques, sur l'objectif de baisse des émissions de CO2 d'ici 2040, les négociations climatiques et la politique de l'environnement de l'Union européenne, à Bruxelles le 17 décembre 2024.

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Intervenant(s) : 
  • Agnès Pannier-Runacher - Ministre de la Transition écologique, de l'Energie, du Climat, et la Prévention des Risques

Circonstance : Arrivée au Conseil Environnement

Texte intégral

"Bonjour à toutes et à tous. J'assisterai donc au Conseil des ministres européens de l'Environnement. Trois sujets à l'agenda.

Premier sujet, la discussion générale sur l'objectif de baisse des émissions de CO2 d'ici 2040. La France est évidemment au travail, puisque nous allons avoir besoin d'un objectif par rapport aux négociations [climatiques] de Belém à la fin de l'année 2025 pour montrer les progrès que nous faisons. Mais dans le même temps, nous voulons un objectif qui soit construit de la manière la plus crédible possible.

Première chose, faire la différence entre la baisse des émissions de chaque secteur - donc la baisse des émissions brutes - et les puits de carbone, dont l'évolution est préoccupante, qui ne sont pas complètement à notre main, et effectivement bien séparer ces deux enjeux de façon à donner aux secteurs des trajectoires qui ne soient pas des trajectoires mouvantes dans la durée. Deuxième chose, avoir un plan d'action qui soit très solide et qui montre que le niveau d'ambition que l'on se donnera collectivement est aligné avec le plan d'action. Ce plan d'action, c'est notamment le Clean Industrial Act, qui doit aider les pays à développer des politiques de soutien des chaînes d'approvisionnement qui permettent de déployer les solutions, qui permettent de réduire les émissions de carbone. Mais c'est aussi tout le travail que nous devons faire pour assurer une concurrence loyale aux frontières de l'Europe, et tout le travail que nous devons faire pour accompagner la juste transition des ménages et donc stabiliser les signaux pris pour éviter des effets de " stop and go ".

Deuxième sujet, les négociations climatiques. Nous avons obtenu, dans les dernières négociations, une avancée importante, qui est celle sur l'article 6, qui sont les crédits carbone. Et nous porterons une position, je porterai une position de se saisir très vite de cet instrument, car nous avons un enjeu, non seulement de baisser les émissions en Europe - je rappelle que l'Europe, c'est 6% des émissions mondiales - mais aussi d'accélérer la baisse des émissions au plan international, c'est-à-dire les 94 autres pourcents. Sinon, nous ne serons pas crédibles par rapport à la neutralité carbone. Et vous le savez, tout le travail qui a été fait sous l'égide du président de la République pour mettre en place des financements climatiques qui accélèrent cette transition pour l'ensemble des pays du monde, avec des nouvelles sources de financement, je pense aux taxations internationales, je pense à la réforme des banques multilatérales de développement, je pense au travail de " derisking " des projets avec la participation d'investisseurs privés. Donc ça, ça doit être aussi une priorité de notre action.

Troisième élément, nous allons aborder le règlement REACH, et la France supporte soutient une position commune avec d'autres pays pour l'interdiction des exportations des produits que nous nous interdisons nous-mêmes sur notre territoire. C'est une position cohérente et qui doit, à notre sens, être obtenue rapidement au niveau de l'Europe.

J'ajoute un point. Je demanderai un point spécifique sur le règlement CAFE [Corporate Average Fuel Economy]. L'objectif de la France, c'est bien de dire que nous ne devons rien lâcher sur notre ambition et devons être capables d'accompagner les industriels qui, aujourd'hui, sont engagés dans une transition verte. Et donc, tout l'enjeu, c'est bien d'atteindre nos objectifs 2030 et 2035, mais en permettant à nos acteurs d'accélérer sur cette électrification, et pas en les handicapant alors qu'ils ne peuvent eux-mêmes en être comptables. Par exemple, des aides publiques qui sont mises en place pour soutenir la transition des véhicules thermiques vers les véhicules électriques, ou encore des choix des consommateurs de privilégier tel véhicule à telle autre marque de véhicule. Donc, par rapport à ça, nous tiendrons une position forte : on ne change rien à l'ambition, c'est essentiel, mais en revanche, on accompagne les acteurs parce que c'est là aussi où les Européens et les Européennes nous attendent, c'est de faire en sorte que cette transition, elle soit aussi alignée économiquement et socialement, qu'elle ne soit pas destructrice d'emplois alors que nous faisons les efforts pour y parvenir.


Minister, you said it was too immature to decide on a post-2030 energy framework. Do you think this also applies in the climate question, meaning do you want to see a climate legislative proposal for the 2040 target in February ?

Mme Agnès Pannier-Runacher : What we need is a proposal on the table in February, so that we could move forward. We can also nourish a proposal by working on papers before February, for sure we will need to have a discussion, that will be a deep discussion. If we want to have a good target by 2024, we need to have a good action plan, and an action plan is not having a blowing breaking news saying « yes, we will reach very stringent targets », but not saying how we will reach this target. We will need to give the private players, companies, the ways and means to achieve this target. This is mostly needed, and we need to explain how we will support the households, how we will face change in their own way of live, and explaining how we will ensure that they have also the capacity to follow the transition and to accompany them in this transition.

Obviously France had this experience with the Gilets jaunes. Just wondering what your position would be on that ? Would you also like a delay to the ETS2 ?

Mme Agnès Pannier-Runacher  : Once again, you have the general framework, which we believe we shouldn't move. And there is a way you implement the framework, on which we need to be flexible and to anticipate. I just meant that the key question is « how do the households, that are facing a huge increase of expenses, if this frame is applied, can cope with that, and how do we accompany them ? ». It is exactly why, when I was at the French Presidency, for the Green Deal, I was pushing for having a social front for the climate that is implemented very quickly, because this is needed to balance the ETS2. Also, as I said earlier, we shouldn't move the target. The targets are absolutely key for the players to adjust to the ambition. But we have to review and expand all the means to accompany the players, the households and the companies so that they can meet the targets.


Source https://ue.delegfrance.org, le 18 décembre 2024