Interview de Mme Véronique Louwagie, ministre déléguée chargée du Commerce, de l'Artisanat, des PME et de l'Economie sociale et solidaire, à France Info le 31 décembre 2024, sur les voeux du président de la République, la dissolution de l'Assemblée nationale et les priorités du nouveau gouvernement.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Véronique Louwagie - Ministre déléguée, chargée du commerce, de l'artisanat, des PME et de l'économie sociale et solidaire ;
  • Hadrien Bect - journaliste

Média : France Info

Texte intégral

HADRIEN BECT
Il y a un an, jour pour jour, Emmanuel MACRON promettait une année de fierté française, de réarmement. Après la dissolution, la censure de Michel BARNIER, certains y voient plutôt une année de désordre, d'affaiblissement. Le Chef de l'État prononce ce soir à 20h ses huitièmes voeux aux Français. Bonjour Véronique LOUWAGIE.

VERONIQUE LOUWAGIE
Bonjour.

HADRIEN BECT
Vous êtes ministre déléguée chargée du commerce, de l'artisanat, des PME, de l'économie sociale et solidaire. Alors vous qui êtes membre du Gouvernement, vous qui venez de la droite LR, est-ce que vous attendez d'Emmanuel MACRON ce soir un cap politique, des annonces, des promesses pour 2025 ou est-ce que vous considérez que ce n'est plus son rôle ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Écoutez, le moment des voeux est un moment qui permet de faire un bilan de l'année passée et également de se projeter sur l'année qui vient. Donc moi, j'attends du Chef de l'État qu'il prenne de la hauteur à la mesure de sa fonction, qu'il rassure également. Nous sommes dans une situation compliquée, une situation politique compliquée, une situation internationale également qui l'est, une situation économique également. Donc le Président de la République doit rassurer. Il doit tenir un discours de vérité aussi. Et j'espère en tout cas, j'attends de lui qu'il fasse un pas vers tous les Français, qu'il aille finalement droit au but.

HADRIEN BECT
Il doit encore réexpliquer la dissolution qui n'a toujours pas été comprise de toute évidence ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Je pense que les voeux sont un moment… effectivement, on peut faire un point sur l'année passée mais également, surtout, se projeter. Je crois que l'histoire de la dissolution est une histoire passée, comme tout ce qui s'est passé en 2024.

HADRIEN BECT
Elle n'est toujours pas comprise ; Emmanuel MACRON l'a reconnu.

VERONIQUE LOUWAGIE
Oui, tout à fait. Mais surtout, ce qu'attendent les Français… Il ne faudrait pas que les Français soient frustrés par sa prise de parole ce soir, il doit aller droit au but, il doit se projeter en 2025 et même jusqu'à la fin de son mandat. Je pense que les Français attendent un cap. Ils ont besoin d'un cap, savoir finalement où le Président de la République veut emmener les Français, pourquoi il veut les emmener dans cette direction et ensuite, comment on fait ensemble. Et ça, ce sera effectivement le rôle et la mission du Gouvernement.

HADRIEN BECT
Vous qui êtes justement au Gouvernement maintenant, après avoir été dans l'opposition d'Emmanuel MACRON. Ça doit être quoi le rôle du Président en 2025 ? Il doit utiliser certaines de ses prérogatives, peut-être dissoudre à nouveau, convoquer un référendum ou est-ce qu'il doit vraiment se tenir en retrait ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Je pense, à ce stade, que le pays a besoin de stabilité. Les Français savent que l'instabilité politique ne pourra pas conduire notre pays à un sursaut immédiat. Or, il y a une réalité politique qui est là, un contexte compliqué, une situation complexe. Je pense qu'il faut, dans cette situation, avancer à petits pas, aller vers le compromis, être attentif à toutes les forces politiques. La situation nous y contraint. Et je crois que ce qui doit nous conduire, dans le cadre d'une démarche d'un cap, c'est l'intérêt supérieur du pays. Je crois que nous devons tous être rassemblés vers l'intérêt supérieur du pays.

HADRIEN BECT
La priorité pour 2025, ce sera quoi ? D'avoir un budget ? Déjà on sait que vous étiez autrefois à l'Assemblée spécialiste des questions budgétaires. C'est ça la priorité numéro un ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Une des priorités en 2025, ce sera d'avoir un budget. Je crois que la France ne peut pas continuer sans budget. Dans l'immédiat, cela ne se voit pas trop, mais il y aura très vite un certain nombre de répercussions. Nous avons besoin d'un budget pour que les collectivités territoriales savent où elles peuvent aller, pour que les ménages également, pour que les entreprises aient de la visibilité et de la lisibilité. Les entreprises ont besoin pour investir, se développer, embaucher. La priorité c'est un budget.

HADRIEN BECT
Véronique LOUWAGIE, si Emmanuel MACRON doit quand même avoir une victoire en 2024, c'est peut-être le fait que vous, la droite, vous gouvernez désormais avec ses troupes. C'était son souhait de longue date. Est-ce que c'est parti pour durer ou pas ? On a un petit peu du mal à comprendre ces derniers temps, avec notamment les prises de parole de Laurent WAUQUIEZ.

VERONIQUE LOUWAGIE
Écoutez, nous avons fait preuve de responsabilité lorsque Michel BARNIER a accepté d'être Premier ministre, en soutenant et en participant au Gouvernement de François BAYROU maintenant. Je me réjouis qu'un certain nombre de personnalités, comme Bruno RETAILLEAU, soient aujourd'hui reconnus et identifiés par les Français.

HADRIEN BECT
Mais pas Laurent WAUQUIEZ.

VERONIQUE LOUWAGIE
Bruno RETAILLEAU est un homme aux convictions, je dirais, sincères. Je suis heureuse qu'il ait l'occasion de poursuivre les combats qu'il menait. Quant à Laurent WAUQUIEZ, certes, il est préoccupé aujourd'hui par la situation économique et financière du pays. Je note qu'il a aussi été très performant à la tête de sa région. Il y a une tâche qui lie aujourd'hui Bruno RETAILLEAU et Laurent WAUQUIEZ. Chacun peut oeuvrer à son poste pour la réussite du pays, avec des situations et des positions différentes aujourd'hui.

HADRIEN BECT
Un dernier mot, Véronique LOUWAGIE ; qui dit nouveau Gouvernement, dont vous faites partie, dit aussi premier pas. Pourtant, une ministre de l'Éducation nationale qui n'est pas si nouvelle que ça, on parle d'Elisabeth BORNE, qui a échangé hier avec des enseignants, un échange capté par nos confrères de BFM, des enseignants à Mayotte, qui l'interpellent sur l'absence d'aide dans les bidonvilles. Écoutez.

INTERVENANT
Personne n'est monté. Vous pouvez dire ce que vous voulez, personne n'est monté. Et même cette distribution, personne ne les a vues.

ELISABETH BORNE, MINISTRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE
Elles existent et peut-être que les gens ne sont pas bien informés.

INTERVENANT
Mais attendez, que les gens aillent au point relais…. Alors les gens du lycée des Lumières devraient aller au point relais, c'est la mairie de Mamoudzou, c'est 5 km à pied d'heure, en plein cagnard. 5 km retour, c'est 10 km en plein cagnard, sans eau, sans nourriture. C'est impossible, c'est infaisable. Ils diront ce qu'ils voudront, c'est une honte.

HADRIEN BECT
Voilà, fin de l'échange. La ministre tourne le dos, s'en va, sans plus de discussion. « Image terrible », dit par exemple le premier secrétaire du PS, Olivier FAURE. Est-ce que vous auriez fait comme Elisabeth BORNE ? Vous seriez partie ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Je veux juste apporter mon soutien à tous les Mahorais. Je crois que la situation là-bas est très, très compliquée.

HADRIEN BECT
Précisément.

VERONIQUE LOUWAGIE
On ne mesure peut-être pas bien, ici en métropole, la manière dont ça se passe là-bas. Il y a des questions de l'infrastructure, il y a des questions de santé, des questions sanitaires, des questions d'eau potable. Tout est très compliqué. Je crois que le premier ministre apporte aujourd'hui des réponses. Il en faudra encore d'autres. Il y aura des moments différents. Ça va quand même être long.

HADRIEN BECT
Oui mais sur l'attitude d'Elisabeth BORNE, vous la comprenez ?

VERONIQUE LOUWAGIE
Je crois que chacun réagit au mieux, quelquefois pas forcément avec délicatesse. Je crois qu'on est tous des êtres humains. En tout cas, je crois que les ministres sont là-bas pour mesurer la situation, parce que rien n'est plus facile que d'être sur place pour mesurer une situation, pour y apporter des réponses, pour travailler ensuite. Je sais que j'étais en relation avec Manuel VALLS hier soir sur la situation de l'économie sociale et solidaire là-bas à Mayotte. Donc vous voyez, nous travaillons tous ensemble.

HADRIEN BECT
Merci beaucoup. Merci Véronique LOUWAGIE, ministre déléguée chargée du Commerce, de l'Artisanat, des PME, de l'Economie sociale et solidaire. On parlait avec vous des voeux d'Emmanuel MACRON, qui seront à suivre sur France Info à 20h, édition spéciale dès 19h30.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 janvier 2025