Texte intégral
ADELINE FRANÇOIS
Il est 7 h 45. L'invité de première édition. Bonjour Yannick NEUDER et merci d'être avec nous, ce matin. Vous êtes le nouveau ministre chargé de la Santé et de l'accès aux soins. Alors que l'épidémie de grippe continue de déferler sur la France. Les soignants espéraient un pic la semaine dernière. Est-il passé ce pic ?
YANNICK NEUDER
Ça dépend des régions. La progression est très différente. L'Ile-de-France a été, plutôt, avec quinze jours d'avance, donc on espère le pic en cours. On voit qu'en Auvergne-Rhône-Alpes, on est en plateau. C'est très hétérogène en fonction des régions, mais on s'achemine vers, globalement, un pic d'ici une dizaine de jours.
ADELINE FRANÇOIS
D'ici une dizaine de jours. Comment expliquer la virulence que les médecins constatent, la virulence de cette épidémie cette année ?
YANNICK NEUDER
Je crois qu'il y a, premièrement, un relâchement global des gestes. Ça paraît un peu stupide de dire ça, mais c'est quand même le cas. N'oublions pas, quand même, la période Covid où il n'y en avait pas de gastro entérite. On n'avait pas de grippe parce qu'on se laver les mains, parce qu'on toussait dans son coude, on mettait un masque. Je crois que collectivement, ça s'est relâché. La première des choses, c'est de vous puissiez aider également les médias et expliquer que quand on a de la température, quand on a des symptômes, on met un masque, notamment dans les transports en commun, pour protéger, notamment, les plus faibles. Prendre un sujet de vaccination, les formes graves à 80 % des patients qui sont en réanimation, ce sont des patients qui n'étaient pas vaccinés. On rappelle que la vaccination évite au moins, déjà, les formes graves. Et puis, je crois qu'il y a besoin de protéger globalement aussi les soignants avec une. Avec une couverture maximale qui doit, de vaccination, qui doit toucher les soignants, donc faire en cours ces messages.
ADELINE FRANÇOIS
Est-ce que vous êtes favorable à une obligation vaccinale des soignants.
YANNICK NEUDER
On m'avait posé cette question. Je crois qu'il va falloir… En tout cas, la question mérite d'être posée, obligatoire. La Haute Autorité de santé a été mandaté et j'ai confirmé cette demande pour faire un point de situation sur ces sujets-là. Après, il faut déjà savoir qu'un certain nombre de vaccinations sont obligatoires. Mais moi, je veux surtout être un ministre de la Santé qui protège la population et qui prend soin de ses soignants. Donc, les soignants sont quand même ceux qui permettent justement de lutter efficacement contre la grippe. Donc, je veux leur rendre hommage et pas leur mettre des contraintes supplémentaires. Mais je veux vraiment aussi qu'on invite les patients, notamment tous ceux qui ont des maladies chroniques, des infections longue durée, à se protéger parce qu'on a un système, et ce sera l'objet du discours de politique générale cet après-midi, social. La sécurité sociale est un bien important, mais on a un peu des droits et des devoirs et que quand on est patient, et qu'on a une maladie grave, il faut aussi peut-être se vacciner pour protéger aussi tout le monde.
CHRISTOPHE DELAY
On va revenir sur le discours de politique générale dans un instant. Mais en attendant, les soignants sont sous tension. Combien de plans blancs activés dans nos hôpitaux ?
YANNICK NEUDER
Alors, c'est un peu autour de 90 et 87, le dernier chiffre identifié.
CHRISTOPHE DELAY
Est-ce que les hôpitaux vont tenir ?
YANNICK NEUDER
Grâce aux soignants et grâce à leur volonté, oui, mais je pense qu'il faut justement protéger ce système d'hospitalisation. Et vous allez dire que je plaide, le matin, du discours politique général. Mais si on veut restructurer notre système, il faut pouvoir effectivement vacciner mieux. On parle de prévention. Une des principaux actes de prévention, c'est la vaccination. Donc, il faut vacciner plus et mieux en France. Et la vaccination, pour la grippe 2026, va s'organiser d'ici quelques semaines. C'est en février mars qu'on doit prendre plus et mieux.
CHRISTOPHE DELAY
Et qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce qu'on ne fait pas ?
YANNICK NEUDER
Je pense qu'il faut vacciner davantage les soignants, mais surtout les patients et avoir des sondages obligatoires.
CHRISTOPHE DELAY
Mais sans la marge obligatoire ?
YANNICK NEUDER
Eh bien, c'est là-dessus qu'il faudra, je pense que dans un premier temps, certainement pas mais il faudra se poser la question. Certains pays l'ont fait et je crois qu'il faut aller vivre au pays de Pasteur. Ça paraît, quand même, assez étonnant cette réticence à la vaccination. Alors je pense qu'on sort avec les enseignements qui sont ceux du Covid, de ces situations-là. Mais si on veut préserver notre système hospitalier et éviter toutes ces hospitalisations, je pense qu'il faut naturellement mieux et plus vacciner. Mais il faut aussi prendre des mesures structurelles pour former plus de soignants et ouvrir des lits. C'est, quand même, ça aussi le grand message. Parce que de partout, moi je ne souhaite que ça, c'est de pouvoir ouvrir des lits pour mieux soigner les Français, soulager les soignants. Mais je peux ouvrir des lits qu'avec des soignants formés, donc il faut former plus. Et ça, il faut un temps long. Il faut qu'on arrête, dans ce pays, d'avoir des ministres de la santé qui ont des CDD de quatre mois. Vous ne pouvez pas réformer un système…
ADELINE FRANÇOIS
Vous êtes le septième en deux ans c'est ça ?
YANNICK NEUDER
Exactement. Donc, et je ne parle pas forcément pour moi, il y aura quelqu'un d'autre, mais dans le temps pour la population, pour les mesures de santé publique, pour nos soignants, il faut des ministres qui puissent rester en place pour pouvoir réformer.
CHRISTOPHE DELAY
Mais justement, déclaration de politique générale cet après-midi, est-ce que vous êtes un ministre en sursis ?
YANNICK NEUDER
Je ne sais pas, peu importe. Ce que j'entends, c'est qu'on ne peut pas gérer la santé des Français. Il y a des vrais besoins. On a plus besoin d'étudier. On sait ce qu'il faut faire pour la santé. On forme le même nombre de soignants que dans les années 70. Nous sommes 15 millions d'habitants. En plus, les maladies chroniques, les populations a vieillit et le rapport au travail des soignants. Un médecin qui part en retraite, il en faut 2,3 pour le remplacer. Tant qu'on n'aura pas mis les mesures structurelles pour pouvoir former plus. La preuve, on a beaucoup de jeunes qui veulent se former aux métiers de la santé, qui partent à l'étranger pour faire leurs études de médecine. Donc il faut qu'on se reprenne la main…
ADELINE FRANÇOIS
Parce que les campus sont organisés différemment, aussi.
YANNICK NEUDER
Mais on est bien d'accord. Mais il faut qu'on puisse récupérer toute cette jeunesse et leur donner la possibilité de s'occuper des autres. C'est un beau métier, il faut le rappeler.
CHRISTOPHE DELAY
Est-ce qu'il y aura des engagements du Premier ministre dans son discours de politique générale en faveur, justement, des soignants et des orientations que vous décrivez ?
YANNICK NEUDER
Je ne vais pas rentrer dans ce niveau de détail précisément, mais je peux vous dire qu'effectivement, le Premier ministre a une grande attention sur la santé des Français, la santé des soignants. Je veux aussi être le ministre qui protège les soignants parce que c'est la principale cause et préoccupation des Français de pouvoir se soigner correctement.
ADELINE FRANÇOIS
Merci d'avoir été notre invité, ce matin, en première édition.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 janvier 2025