Texte intégral
Sophie PRIMAS
Bonjour, je suis ravie de vous retrouver une fois de plus, accompagnée aujourd'hui par Madame la ministre déléguée chargée de l'Intelligence artificielle et du numérique, chère Clara CHAPPAZ, qui vous dira dans quelques instants un petit mot à la fois sur le projet de loi influenceur qui a été à l'ordre du jour du Conseil des ministres de ce matin, ainsi que sur le sommet de l'intelligence artificielle qui se tiendra en février prochain.
Permettez-moi quelques mots d'abord pour revenir brièvement sur la déclaration de politique générale du Premier ministre. Après la semaine du dialogue, qui a été consacrée à écouter l'ensemble des groupes politiques qui le souhaitaient, nous entrons dans une nouvelle étape, celle des orientations et celle, bien sûr, de l'action. Il n'est pas anodin, évidemment d'avoir préféré consulter sans exclusive avant de parler. C'est le chemin que le Premier ministre nous a donné. C'est le chemin que nous empruntons avec le Gouvernement. Écouter, débattre et trouver le chemin pour agir.
C'est donc fort de ces consultations que le Premier ministre a donné les grandes orientations pour le pays, hier. Ces orientations sont évidemment le fruit de ce compromis, de cette écoute. Il revient à ce Premier ministre le mérite, dans un contexte de fragmentation exceptionnel de l'Assemblée nationale – cette Assemblée nationale qui nous a été envoyée par les Français – d'essayer de trouver ce chemin qui rassemble.
Il a proposé une méthode en trois temps. D'abord, répondre aux urgences. Deuxièmement, réconcilier les Français pour retrouver de la stabilité. Et troisièmement, refonder notre action publique. Les urgences, vous le savez, c'est d'abord le redressement des comptes publics. Le Premier ministre a beaucoup insisté en début de déclaration de politique générale et c'est bien sûr l'adoption d'un budget. L'objectif fixé par le Premier ministre est très clair, c'est revenir sous la barre des 3 % d'ici 2029, avec une étape, cette année, à 5,4 %, en privilégiant des mesures d'économie et en refusant au maximum la facilité d'un choc fiscal qui serait totalement contre-productif. Cette cible constitue un objectif à la fois ambitieux, mais qui est réaliste. Elle est fondée sur des prévisions qui sont sincères, une révision de la prévision de croissance, l'intégration du coût de la censure, des baisses de dépenses ciblées de l'ordre de 50 milliards d'euros et la préservation de la politique de l'offre, et enfin une répartition juste de l'effort qui est demandé aux Français, notamment les plus aisés.
Sur la question des retraites, sujet évidemment sensible, je pense qu'on y reviendra tout à l'heure, le Gouvernement va donc remettre la réforme en chantier en réunissant les partenaires sociaux pour rediscuter de l'ensemble des modalités de la précédente réforme portée par Elisabeth BORNE, sans tabou, mais avec une condition forte, ne pas alourdir la charge financière. La Cour des comptes sera mise à contribution, comme vous le savez, pour établir un diagnostic, et le Gouvernement a manifesté son ouverture à une réforme nouvelle qui part d'un diagnostic clair expliqué aux Français, des besoins de financement et de l'impératif intangible de ne pas peser sur les finances publiques. Le Premier ministre a confirmé que si les partenaires sociaux trouvent un accord d'équilibre et de meilleure justice, le Parlement sera saisi à l'occasion du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale à l'automne ou avant, et si nécessaire, par une loi. Sinon, c'est bien la réforme actuelle qui continuerait de s'appliquer. Comme vous le savez, des discussions ont lieu, en particulier avec le groupe socialiste, mais pas seulement. Il y a eu des avancées notables sur des sujets budgétaires, et comme dans toute négociation, elles supposent des compromis. Il reviendra donc à chacun et à chaque responsable politique d'être responsable devant les Français.
L'ensemble du Gouvernement souligne qu'il est urgent d'adopter un budget. L'incertitude, vous le savez, dégrade clairement la croissance. La loi spéciale votée en décembre ne permet qu'un régime d'exception, avec une France au ralenti, et des services et des politiques publiques qui seront dégradés. Sont en particulier suspendus les investissements pour l'avenir, ainsi que des mesures d'intervention concernant aussi bien les agriculteurs que les résidents ultramarins. Le message est donc clair : il faut donner aux Français un budget.
Ensuite, il y a un objectif, je vous le disais, de moyen terme, qui est celui de réconcilier les Français avec la politique. Le Premier ministre souhaite, vous le savez, réformer le mode de scrutin, mais aussi renforcer l'ancrage des élus dans les territoires. Il a posé la question de la proportionnelle en même temps que celle du cumul des mandats. Vous savez également que le Sénat, en particulier, a fait des propositions sur le statut de l'élu, sur la décentralisation pour rendre aux élus locaux le pouvoir d'agir. Nous sommes dans une crise d'exécution qui éloigne les Français de la politique, et donc c'est cet ensemble de données qui devront être examinées. Une banque de la démocratie devra, par ailleurs, permettre à chaque sensibilité politique d'être financée et donc représentée.
Le troisième temps est celui de la refondation de notre action publique. Le Premier ministre a fixé un objectif de débureaucratisation, de réforme profonde de l'État en cherchant efficacité, et Clara vous en parlera tout à l'heure, et simplification. Il a annoncé également la création d'un fonds spécialement consacré à la réforme de l'État. C'est un chantier tout à fait majeur et le Gouvernement veut un État moderne, agile, débarrassé des réglementations inutiles au service des citoyens et des entreprises. Le Premier ministre a évoqué les principaux chantiers devant nous en matière d'immigration, de sécurité, d'éducation, de santé, d'écologie, de pacte productif, d'aménagement du territoire. Sur tous ces sujets, il revient maintenant aux ministres de bâtir avec l'ensemble de leur écosystème des feuilles de route concrètes et ambitieuses pour décliner ces grandes orientations.
Nous sommes donc tous au travail avec humilité, car nous savons que cette feuille de route générale est difficile, mais nous sommes au travail avec détermination et la volonté d'être utiles au pays. Dans les prochaines semaines, nous aborderons avec chacun des ministres la déclinaison de ces feuilles de route. Et à ma place de porte-parole, je tâcherai de vous rendre compte, à vous, journalistes, mais également par votre biais et directement aux citoyens.
Dans cette perspective, vous le savez, j'entamerai un tour de France des préoccupations des Français pour, à la fois expliquer le chemin choisi par le Gouvernement, mais évidemment remonter les attentes des Français et leurs préoccupations au Premier ministre et à mes ministres collègues qui ne sont pas avares non plus de déplacement sur le territoire.
Voilà pour ce qui est de ces propos liminaires, j'en viens à l'ordre du jour du Conseil des ministres. Je vais vous faire un compte-rendu rapide de ce Conseil des ministres. Deux sujets d'abord qui concernent la ministre déléguée chargée de l'Intelligence artificielle et du numérique, la présentation d'un projet de loi ratifiant l'ordonnance du 6 novembre 2024 visant à encadrer l'influence commerciale et à lutter contre les dérives des influenceurs sur les réseaux sociaux, et le sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle. Vaste sujet qui a été longuement évoqué pendant ce Conseil des ministres et pour lequel je lui laisse la parole.
Clara CHAPPAZ
Merci Madame la ministre.
Avant de vous parler un peu plus longuement du sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle, je crois que vous avez d'ailleurs le dossier de presse ici. Il est disponible pour vous éclairer sur un certain nombre de sujets.
Je reviens rapidement sur le projet de loi qui a été mentionné par ma collègue. C'est donc en effet un projet de loi de ratification d'une ordonnance qui modifie la loi du 9 juin 2023 visant à encadrer l'influence commerciale et à lutter contre les dérives des influenceurs sur les réseaux sociaux. Je rappelle ici que cette loi transpartisane dite "influenceurs" du 9 juin 2023, donc, fut portée par les députés DELAPORTE et VOJETTA et vise à mieux lutter contre les dérives et les arnaques constatées sur les réseaux sociaux.
J'en viens donc au sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle. Nous avons parlé longuement au Conseil des ministres ce matin. La France organise le Sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle les 10 et 11 février 2025. Il sera co-présidé avec l'Inde. Il sera accompagné d'une véritable semaine de l'intelligence artificielle qui réunira des dirigeants du monde entier issus des gouvernements, de la société civile, du monde de la recherche et de l'entreprise, et ce, dans tous les domaines d'application. Afin de faire de Paris la capitale mondiale de l'IA, le lieu du dynamisme économique et de l'attractivité en matière d'intelligence artificielle. Afin, aussi, de porter notre vision pour une intelligence artificielle inclusive, éthique et sobre.
J'ai le plaisir de vous annoncer qu'un certain nombre de grands noms de l'IA ont déjà confirmé leur présence. Les producteurs d'intelligence artificielle et de certains modèles comme ceux de ChatGPT, Sam ALTMAN, le PDG d'OpenAI, Claude, Dario AMODEI, le PDG d'Anthropic, Le Chat, Arthur MENSCH, PDG de l'entreprise française Mistral, ou encore son équivalent allemand Aleph Alpha. Les dirigeants d'Accenture comme Julie SWEET, de Mozilla comme Mitchell BAKER, de Signal comme Meredith WHITTAKER ou encore de Microsoft. Enfin, plusieurs lauréats du prix Nobel, parmi lesquels Demis HASSABIS, également à la tête de Google DeepMind, qui a découvert de nouvelles protéines grâce à l'IA, et Daron ACEMOGLU, le prix Nobel d'économie.
Les échanges débuteront dès le 6 et 7 février à l'occasion des Journées scientifiques, organisées par l'INRIA et l'Institut Polytechnique. Elles réuniront les meilleurs experts, je vous le disais, les universitaires internationaux, mais aussi les meilleurs experts français sur l'IA. Ils sont nombreux. Le grand public sera associé à l'occasion d'un week-end culturel qui se déroulera à la Bibliothèque nationale de France et à la Conciergerie les 8 et 9 février 2025. Le sommet lui-même réunira le 10 février 2025 au Grand Palais un millier de participants internationaux autour de tables rondes et de démonstrations de cas d'usage permettant de démontrer les bénéfices de l'IA au service de l'intérêt général.
C'est la première fois qu'une déclaration sera endossée par autant de pays qui traitent de l'impact environnemental de l'IA. Le 11 février, au Grand Palais, se tiendra donc cette séance plénière de haut niveau. En parallèle, des événements portant sur l'IA auront lieu en marge du sommet dont une journée business dédiée aux entreprises, à la station F. En préparation du sommet, je tiens à rappeler que des travaux ont été engagés avec la contribution active de plus de 700 partenaires internationaux afin de co-construire la feuille de route et de permettre cette conversation mondiale sur les opportunités liées à l'intelligence artificielle.
Le sommet est un sommet pour l'action. Il mettra en avant les innovations concrètes et opérationnelles dans des domaines comme la santé, l'éducation, le climat ou encore la défense. Il permettra de valoriser le développement de l'IA et son déploiement rapide des infrastructures aux usages, en passant par les modèles. Il doit enfin permettre des décisions structurantes par des acteurs privés et publics qui s'engagent pour une IA durable et de progrès pour l'humanité.
Le sommet fera avant tout la démonstration du leadership et de l'attractivité de la France en matière d'IA. La France a investi de longue date en matière d'intelligence artificielle avec la première stratégie nationale de l'IA lancée par le président de la République dès 2018. Le sommet sera l'occasion de décliner une 3e phase de cette feuille de route nationale sous l'égide du Premier ministre qui prévoit notamment de diffuser l'IA dans l'action publique, l'industrie, la formation, la recherche, en l'appuyant sur un programme d'investissement dont vous avez parlé, chers collègues, dans les infrastructures critiques telles que les data centers ou encore les infrastructures de calcul, comme l'a indiqué hier le Premier ministre dans son discours de politique générale. Sur ce point, je veux également insister sur le fait que nos entreprises françaises élaborent des solutions parmi les meilleures au monde. Il nous faut apprendre à mieux faire travailler nos ministères, nos administrations et nos startup pour faire en sorte que la transformation publique et la commande publique soient deux outils au service de nos entreprises et de notre indépendance. Enfin, ce sommet doit permettre d'afficher une véritable ambition stratégique à l'échelle de l'Union européenne soutenue par un investissement dans l'infrastructure et dans des initiatives sectorielles concrètes et une mise à jour de notre positionnement équilibré sur la régulation. Il s'agira de démontrer à nos partenaires internationaux la pertinence et la réussite de notre modèle européen. Je vous remercie.
Sophie PRIMAS
Merci beaucoup, Madame la ministre. Et donc, je reprends la parole pour continuer sur l'ordre du jour du Conseil des ministres. Le 3e point qui a été abordé concerne un décret qui porte des dispositions relatives au transport fluvial et à la navigation intérieure qui a été présenté par Monsieur le ministre chargé des Transports, Philippe TABAROT. Avec 8 500 km de voies navigables, le réseau fluvial français est le plus vaste d'Europe occidentale après celui de l'Allemagne. Bien qu'il vise d'abord à l'ajustement des compétences du préfet du Nord des Hauts-de-France et de Guyane, ce texte reflète plus largement la volonté du Gouvernement de moderniser, de sécuriser, de développer, de simplifier, d'ailleurs, ce mode de transport clé pour notre économie. Voilà. Je ne serai pas beaucoup plus longue. Et je suis maintenant à votre disposition pour répondre à vos questions. Alors, j'en ai une à droite, une à gauche. On commence par…
Jacques SERAIS
Bonjour, Madame la ministre. Jacques SERAIS, Europe 1. Une question concernant une déclaration du ministre de l'Aménagement du territoire, François REBSAMEN, hier soir, qui a déclaré, je cite : je respecte toutes les forces politiques, sauf le RN. Est-ce la position du Gouvernement dont vous êtes la porte-parole ?
Sophie PRIMAS
Merci de cette question. La position du Gouvernement est inchangée. Vous savez que le Premier ministre fait du dialogue avec l'ensemble des forces politiques qui souhaitent dialoguer avec lui une priorité pour trouver ce chemin de compromis dont nous parlons. Donc, ce n'est pas la position du Gouvernement.
Journaliste
Est-ce une erreur de François REBSAMEN ?
Sophie PRIMAS
Ce n'est pas la position du Gouvernement.
Journaliste
Merci, madame.
Nicolas LAURENT
Bonjour, madame la ministre. Nicolas LAURENT, TF1-LCI. Est-ce qu'on peut avoir plus de précisions sur ce fameux conclave qui débuterait vendredi, donc normalement à 11 h 00 ? Il y aura qui autour de la table ? Qui dirigera les débats ? Et où ça se passera ?
Sophie PRIMAS
Alors, depuis quelques instants, la date, effectivement et l'heure même de ce conclave, en tout cas de cette première réunion, a été précisée par Matignon. Ce sera donc vendredi à 11 h 00. Cette session sera présidée directement par le Premier ministre dans sa première réunion. Ensuite, un expert sera nommé, un expert des questions sociales sera nommé. Autour de la table, l'ensemble des partenaires sociaux seront présents.
Nicolas LAURENT
Certains de ces partenaires, justement, certains leaders d'organisations syndicales, n'étaient pas au courant tout à l'heure quand l'information est tombée. Est-ce qu'on doit en déduire quelque chose ? Est-ce qu'il y a un manque de communication ?
Sophie PRIMAS
Il y a une volonté d'aller vite de la part du Premier ministre pour enclencher véritablement dans les faits cette discussion entre les partenaires sociaux. Voyez-y plutôt une volonté et une détermination qu'un autre message.
Martin BAUMER
Bonjour, Martin BAUMER, France Info TV. Olivier FAURE demande des explications claires, des réponses claires de la part du Gouvernement. Est-ce que vous en avez à lui apporter ? Est-ce que certaines de ses réponses ont été apportées en Conseil des ministres ?
Sophie PRIMAS
Alors, j'ai écouté avec beaucoup d'attention évidemment l'intervention de l'ensemble des présidents de groupe hier à l'Assemblée nationale. Monsieur le président VALLAUD a posé notamment beaucoup de questions très pratico-pratiques dont il n'avait pas trouvé apparemment les réponses dans la déclaration du Premier ministre. Ses réponses vont lui être apportées en précision probablement cet après-midi dans la déclaration au Sénat. Et donc, je pense qu'il y aura toutes les raisons d'être rassuré.
Léopold AUDEBERT
Bonjour, Léopold AUDEBERT pour BFMTV. Je vais rebondir sur ce que vous disiez tout à l'heure, c'est-à-dire que dans l'hypothèse où il n'y a pas d'accord trouvé avec les partenaires sociaux, c'est la version actuelle de la réforme des retraites qui sera préservée. Or, hier, justement, ce que disaient les socialistes, c'est qu'ils ne voulaient pas que cette condition-là soit posée. Mais vous la réaffirmez donc aujourd'hui. S'il n'y a pas d'accord trouvé, c'est la réforme des retraites actuelle qui est préservée malgré cette mise en garde des socialistes aujourd'hui ?
Sophie PRIMAS
Je pense que la réforme des retraites est un point extrêmement important dans les discussions entre l'ensemble des groupes politiques et que chacun est attaché à ce qu'on accède à deux choses. La première, qui est très, très importante, c'est de ne pas dégrader les déficits publics. Or, vous savez que faire une réforme des retraites, quand on l'a fait, c'est un acte politique difficile, compliqué, parfois douloureux, et donc qui vise à rétablir l'équilibre des finances publiques. Donc ça, c'est un prérequis qu'il faut avoir absolument en tête. La deuxième chose, c'est qu'on réouvre en fait les discussions et qu'on n'a aucun sujet tabou. Et pour cela, on fait confiance aux partenaires sociaux. Donc moi, je ne préempte pas un échec des discussions entre les partenaires sociaux. Les partenaires sociaux sont extrêmement bien placés pour négocier. C'est eux qui connaissent les mécanismes, donc nous leur faisons confiance et nous parions sur la réussite de ces négociations.
Léopold AUDEBERT
Mais tout en parlant sur la réussite, vous avez des partenaires potentiels qui vous disent, nous, ça ne nous convient pas de poser le préalable que la réforme sera préservée ?
Sophie PRIMAS
Je suis très étonnée que des partenaires, que des partis politiques qui sont très attachés au dialogue social et au partenariat social parient sur l'échec de ces négociations. Nous, nous parions sur la réussite.
Léopold AUDEBERT
Merci.
Oscar TESSONNEAU
Bonjour Madame Primas, Oscar TESSONNEAU pour RedBread Magazine. Ce matin dans la presse, on voit qu'il y a des positions relativement claires qui sont exprimées par les partenaires sociaux, avec deux types de partenaires sociaux. Ceux qui défendent les droits des entreprises, on pense à l'U2P et à la CPME, qui défendent un système mixte à la fois de la répartition et un système par capitalisation, et des syndicats de salariés, on pense à la CFTC, à la CGT et la CFDT, qui sont pour que l'on touche très peu en fait à l'Agirc-Arrco et à ce système par répartition malgré que votre collègue Astrid PANOSYAN, elle dit en fait : "on n'a plus assez de cotisants pour le financer". Quelle est la position du Gouvernement ? Est-ce qu'il est plutôt pour un système mixte ou plutôt pour un système par capitalisation ? Et enfin, il y a eu un deuxième point important lors de la déclaration de monsieur BAYROU, c'est la question éducative où il a parlé de Parcoursup. On a aujourd'hui des universités publiques, des classes préparatoires, ce qu'on appelle des CPGE, qui peuvent s'inscrire pour proposer des offres aux étudiants. Et on a également des classes privées. Elles ont des noms, INSEEC ou autre, qui proposent des parcours éducatifs où des enfants, enfin des adultes, n'ont parfois pas d'enseignant face à eux en classe ou un accompagnement pédagogique très faible. Et est-ce que vous pouvez nous garantir aujourd'hui qu'un contrôle plus important sera effectué par Parcoursup sur les classes dites privées : ESG, Groupe Gemma ou INSEEC ou autres ?
Sophie PRIMAS
Alors sur votre première question qui a trait à la réforme des retraites et aux propositions qui vont être faites par les partenaires sociaux, il est difficile de croire qu'on sera au grand soir de la réforme des retraites. Il me semble qu'en trois mois, dans le cadre de négociations, mais tout est ouvert. Donc aujourd'hui, on ne ferme rien et tout est ouvert et il ne revient pas aujourd'hui au Gouvernement de donner une orientation, il convient aux partenaires sociaux de trouver un accord. Donc c'est un petit peu différent. Donc aujourd'hui, je ne peux pas répondre à votre question puisque nous laissons la place au dialogue entre les partenaires sociaux. Ce serait un peu étrange de préempter nous-mêmes le débat. Donc c'est la réponse que je vous fais, laissons le débat entre les partenaires sociaux qui ont des avis différents, qui ont des parcours, des expériences différentes, mais qui sont tous des grands connaisseurs de ces questions de retraite, et notamment des questions d'équilibre et de pérennité des systèmes de retraite, et donc c'est sur ces sujets, et de justice sociale, bien sûr, de justice sociale dans la question des retraites. Donc, c'est ces questions-là qui seront sur la table lorsqu'ils vont négocier, à eux de trouver ces accords. Sur la question de Parcoursup, ce qui a été abordé par le Premier ministre hier, c'est sa volonté, non pas de regarder l'outil Parcoursup, je crois que ce n'est pas ça le problème, c'est de se dire quid de l'orientation précoce des jeunes dans notre pays. Il y a des jeunes qui, en seconde, savent ce qu'ils veulent faire. Et puis il y a des jeunes en fin de Terminale qui ne savent pas ce qu'ils veulent faire. Il faut aujourd'hui qu'il y ait un lien plus puissant…
Intervenant non identifié
Un point important a été mentionné par Monsieur BAYROU, c'est l'année de transition où un jeune va avoir le Bac et ensuite, va avoir une année de transition avant d'intégrer une classe préparatoire à une école d'ingénieur ou autres.
Sophie PRIMAS
C'est sur ces sujets-là d'orientation précoce que le Premier ministre est très, très attentif, et notamment dans les différences de niveau que chaque élève peut avoir à la fin de la Terminale, avant d'entrer dans les parcours d'enseignement supérieur. Il est très attentif au fait que 70 % des jeunes qui rentrent dans les parcours d'enseignement supérieur, soient en difficulté assez rapidement. Et donc, c'est sur ce sujet-là que nous allons travailler et regarder. Donc, c'est moins l'outil Parcoursup, c'est moins le contrôle des classes privées que vraiment l'architecture de l'enseignement qui est en cause.
Journaliste
Merci.
Fabien RIVES
Fabien RIVE pour Off Investigation. Il y a quelques semaines, la présidente de la Commission européenne a annoncé avoir conclu avec le Mercosur un accord qui est largement rejeté en France. D'autre part, on parle en ce moment beaucoup de la réforme des retraites qui est aussi plébiscitée par l'Union européenne, mais qui, là encore, est globalement rejetée par les Français. Alors qu'Emmanuel MACRON a récemment exprimé son souhait de voir les Français, je cite, "trancher sur certains sujets déterminants", est-ce que le Gouvernement considère que l'appartenance de la France à l'Union européenne fait partie de ces sujets déterminants ?
Sophie PRIMAS
L'appartenance de la France à l'Union européenne, elle est fondatrice. Nous avons été un pays fondateur de l'Union européenne. Et par conséquent, il serait extrêmement curieux aujourd'hui qu'à un moment où le monde se globalise, à un moment où les tensions dans le monde sont de plus en plus fortes, où nous voyons une volonté forte exprimée par les États-Unis, une volonté économique forte assumée par la Chine, que nous voyons des pays s'organiser pour créer des blocs, à ce moment-là, nous partions de l'Union européenne, qui est la seule façon de faire bloc face à l'ensemble des autres blocs internationaux. Donc je n'ai pas de doute sur la réponse du Gouvernement sur cette question.
Fabien RIVES
Je parlais surtout d'un débat public sur cette question pour le (inaudible).
Sophie PRIMAS
Il y a des débats publics qui peuvent se tenir. Vous parlez du Mercosur, vous parlez du système de retraite. Je rappelle que le Mercosur n'est pas un sujet effectivement français, que c'est un sujet sur lequel il y a une concorde, c'est assez rare pour le dire, concorde totale de l'ensemble des partis politiques et des partis économiques, enfin des partis… les forces vives économiques de la France, mais sur le Mercosur, nous avons des outils pour aller nous battre en Europe. L'Europe, ce n'est pas une seule voie, celle de Madame VON DER LEYEN. L'Europe, c'est un Parlement, ce sont des commissions. Et donc nous sommes à l'œuvre avec Jean-Noël BARROT, avec Benjamin HADDAD, avec Laurent SAINT-MARTIN maintenant, pour aller convaincre. Je sais que, par exemple, Laurent SAINT-MARTIN est demain en Italie, il va aller parler de cette question du Mercosur avec les Italiens. Donc, on a encore un chemin. Il y a un processus démocratique à l'intérieur de l'Europe. Il faut s'appuyer dessus.
Fabien RIVES
Sur le Mercosur, précisément, il y a eu des négociations pendant des années en toute opacité, au point même que ni vous ni moi n'avions accès aux négociations. Comment on peut présenter ça aux Français, en fait ?
Sophie PRIMAS
Je n'ai pas compris le sens de votre question.
Fabien RIVES
Sur l'opacité, parce que vous rebondissez sur le Mercosur. Et de fait, c'est un accord dont les négociations remontent à des années, voire des décennies qui se sont réalisées en toute opacité au niveau de la Commission européenne, puisque c'est une compétence de la Commission européenne. Donc de ce fait, il y a des choses qui se passent sans qu'on ait les éléments pour négocier, même si j'en conviens, il y a des choses qui restent à… Tout n'est pas encore terminé pour le Mercosur.
Sophie PRIMAS
Rien n'est terminé. Rien n'est terminé pour le Mercosur. Et ce que vous abordez ici, c'est le mode de fonctionnement de l'Union européenne. Eh bien moi, je considère qu'il y a un Parlement, qu'il y a des parlementaires et que c'est à eux de changer l'état d'esprit de l'Europe et c'est à eux de faire preuve de plus d'ouverture et de transparence et de réclamer cette transparence à l'Union européenne.
Fabien RIVES
Juste toujours sur ce sujet, Monsieur BAYROU.
Sophie PRIMAS
Dernière question, peut-être, parce que je vois qu'il y a...
Fabien RIVES
Monsieur BAYROU a proposé hier de, je cite, "reprendre l'étude des cahiers de doléances qui ont été présentés par les gilets jaunes." Et justement, il évoque un mouvement citoyen où précisément cette question de l'appartenance de la France à l'UE est revenue sous différentes formes. Donc c'est pour ça aussi que… c'est pour compléter l'objet de ma question. Et après, j'avais une autre question, et c'est par rapport à il y a deux semaines, où vous ne m'aviez pas encore répondu, vous vous étiez engagée à revenir vers moi sur…
Sophie PRIMAS
Je crois que vous n'étiez pas là la semaine dernière.
Fabien RIVES
Il y a deux semaines, voilà. Je n'ai pas pu être là la semaine dernière.
Sophie PRIMAS
Voilà.
Fabien RIVES
Sur la position de certains ministres, qui est un autre sujet, sur la position de certains ministres en exercice sur le discours extrémiste du lobby pro-israélien Elnet. Mais ça, c'est un autre sujet. Donc voilà, hier, pour revenir sur…
Sophie PRIMAS
Donc votre question, c'est ?
Fabien RIVES
Sur Monsieur BAYROU, qui a proposé de réétudier les cahiers de doléance des gilets jaunes. Et je vous disais que justement, ce mouvement citoyen, la question de l'appartenance de la France à l'Union européenne était revenue sous plusieurs formes dans ce mouvement citoyen. Est-ce que ce ne serait pas un sujet déterminant pour lequel les Français pourraient être amenés à être consultés ?
Sophie PRIMAS
L'engagement du Premier ministre hier et la volonté du Premier ministre hier, c'est d'aller jusqu'au bout de la lecture et de l'utilisation des doléances qui avaient été faites pendant la période des gilets jaunes. Nous regarderons si la question de l'appartenance à l'Union européenne ou du mode de fonctionnement de l'Union européenne est un sujet. Il ne faut écarter aucun sujet de discussion, aucun sujet d'échange avec les Français. Si c'est un des premiers sujets, je pense qu'il n'y a pas de difficulté à l'ouvrir. Et maintenant, on va passer à une autre. Merci.
Lisa LAP
Bonjour, Lisa LAP, journaliste pour Le Média. J'ai écouté attentivement ce que vous avez dit sur le budget, sur le refus de choc fiscal ou sur les révisions de croissance. À ce propos, il y a un sujet dont on parle très peu, c'est qu'il y a plusieurs plans de licenciement, plusieurs centaines de plans de licenciement actuellement en France, où la maison-mère ou encore le groupe, ou le donneur d'ordre même, sont des entreprises qui font des bénéfices qui ne sont pas en difficulté aujourd'hui. Ces entreprises-là qui ont bénéficié des baisses d'impôts dans l'objectif de relancer l'activité ou l'investissement. C'est ce qu'avait promis Emmanuel MACRON. Aujourd'hui, on peut voir que ce n'est pas le cas. Est-ce que c'est un sujet dont vous êtes concernés dans ce nouveau Gouvernement, dont vous parlez entre vous ? Et quelles réponses avez-vous à apporter aux milliers de salariés concernés aujourd'hui par ces plans de licenciement ?
Sophie PRIMAS
En fait, la question que vous posez, elle tient à la fois à la transformation de nos modèles de production, qui est une transformation très attendue et très importante et très structurante pour l'avenir de notre puissance économique, qui est la décarbonation, qui est la transformation de notre économie vers de nouvelles économies et de nouveaux types de production. On voit bien que les difficultés de l'industrie automobile, par exemple, c'est un sujet d'une industrie assez ancienne. Je vous parle en étant élue d'un territoire de l'industrie automobile et qui, vous avez raison, souffre. C'est notre capacité à nous transformer. Et la deuxième raison et la deuxième question qui est derrière, c'est la question de l'attractivité et de la confiance que les investisseurs peuvent mettre dans la France pour avoir une activité qui soit une activité pérenne, qui demande des investissements très importants. Donc, c'est très important pour ce budget-là, dès ce budget-là, à la fois de donner des gages sur la confiance, la visibilité pour les investisseurs industriels, sinon on n'aura pas ce mouvement schumpétérien de mort d'une forme d'industrie et de transformation. C'est très important de donner la confiance, c'est très important de donner la visibilité, notamment fiscale, en termes d'attractivité, en termes de simplification, etc. Donc, c'est vraiment ça que nous cherchons à faire pour notre pays et pour essayer de… et d'ailleurs, on y arrive, parce que dans les dernières années, on a eu plus d'ouvertures d'usines et plus de créations d'emplois. Donc là, on est dans une période difficile qui est post-Covid où on est en train de rattraper un certain nombre de choses qui n'ont pas eu lieu dans les 2-3 dernières années. Mais c'est vraiment ces perspectives-là : confiance, visibilité pour pouvoir transformer notre industrie et accompagnement aussi d'ailleurs par des plans de relance sur la décarbonation, etc.
Lisa LAP
Si j'écoute bien votre réponse, d'une part, il y a beaucoup de plans de licenciement qui ne sont pas liés au fait de la transition écologique, etc. Et d'autre part, vous parlez de donner envie aux investisseurs d'investir, etc. Vous l'avez déjà fait depuis 2017, ces baisses d'impôts, etc. Et ça n'a pas fonctionné. Donc là, je demande juste une réponse concrète. Qu'est-ce qu'on dit aux salariés qui sont concernés par les fermetures d'entreprises ou les plans de licenciement concrètement ?
Sophie PRIMAS
Mais je vais quand même compléter la réponse que je vous ai faite tout à l'heure. On a un problème de compétitivité qui est un problème de compétitivité qui est reconnu en Europe et qui est reconnu en France. Si on n'arrive pas à garder les investissements nécessaires à la transformation de notre industrie, l'industrie s'est toujours transformée. Donc garder les investissements, garder l'attractivité fiscale, financière, etc et trouver des axes de compétitivité, là, on aura vraiment, vraiment, vraiment de quoi s'inquiéter sur l'avenir de la France. Donc c'est très important que ce budget soit la transposition de ça. Quant aux fermetures d'usines, évidemment, Marc FERRACCI y est extrêmement attentif. Donc on travaille sur des repreneurs, on travaille sur la façon dont on peut accompagner l'ensemble des salariés de ces entreprises et on essaie de faire perdurer l'activité d'une façon ou d'une autre. Voilà. Donc, on est très attentif à ce système de destruction, reconstruction de l'industrie et à l'ensemble de ces salariés qui sont concernés, l'État sera à leur côté pour les accompagner.
Samy ADGHIRNI
Bonjour, Samy ADGHIRNI de l'agence Bloomberg. On a appris que l'entreprise française Bureau Veritas est en pourparlers pour une fusion avec son concurrent suisse SGS. On parle d'une valorisation boursière qui pourrait dépasser les 30 milliards d'euros. Comment vous voyez ces discussions ? Et est-ce que l'État est prêt à donner son feu vert à cette fusion ? Merci.
Sophie PRIMAS
Écoutez, je vais être très franche avec vous, je n'ai pas d'informations sur cette fusion et cette perspective, donc je ne vais pas répondre à votre question directement. Ce qui est important, c'est que, je pense, nous regardions cela dans la perspective d'avoir des champions européens sur tous les secteurs d'activité. Là aussi, je répondrai ce que j'ai répondu tout à l'heure. Nous avons besoin de puissance face à des blocs qui se constituent, et c'est vrai aussi pour nos entreprises. Donc je ne connais pas ce cas particulier, mais je vous répondrai dès que j'aurai regardé et consulté le Premier ministre sur ces questions.
Quentin CHATELIER
Bonjour. Quentin CHATELIER pour AEF Info. Je reviens sur les déclarations d'Olivier FAURE. Parce que ce qu'Olivier FAURE demande, c'est un vote du Parlement en cas d'échec des discussions entre les partenaires sociaux. Est-ce que ce vote, ce débat au Parlement sur la réforme des retraites, est-ce que vous l'écartez totalement ? Est-ce que le Gouvernement l'exclut à ce stade en cas d'échec de discussion ?
Sophie PRIMAS
Je vous confirme que le Premier ministre a dit hier, et je le répète, que nous aurons un débat au Parlement sur les propositions qui seront faites à l'issue des négociations des partenaires sociaux. S'il n'y a pas d'accord, il n'y aura pas de nouvelle loi sur les retraites et donc pas de discussion.
Quentin CHATELIER
Merci.
Sophie PRIMAS
Mais encore une fois, je fais confiance aux partenaires sociaux. Je le redis, c'est très important. Pardon Madame.
Valérie LEROUX
Bonjour Madame la ministre. Valérie LEROUX de l'Agence France-Presse. Juste deux petites questions. Est-ce que le président de la République a fait allusion à la déclaration de politique générale hier, et notamment aussi sur la question des retraites ? S'est-il exprimé sur la formulation qui avait été retenue et le montage de négociations qui avaient été retenu par le Premier ministre ? Et une deuxième question concerne le réseau X. Pas mal d'acteurs institutionnels se posent la question en ce moment d'un maintien sur le réseau X. Est-ce que c'est une discussion qui est en cours ou une question qui est posée au niveau du Gouvernement et plus largement de l'exécutif ? Et a fortiori, est-ce qu'une décision aurait pu être prise ou pourrait être prise bientôt ?
Sophie PRIMAS
Très bien. Sur les propos du président de la République en début de Conseil des ministres sur la déclaration de politique générale, le président de la République a salué les orientations qui ont été évoquées par le Premier ministre, notamment la stabilité, la recherche de stabilité institutionnelle, la défense des intérêts français pour aujourd'hui, mais aussi pour ne pas remettre en cause les équilibres des générations futures. Il a donc plutôt salué les initiatives du Premier ministre, pas… plutôt d'ailleurs, il a salué les initiatives du Premier ministre en la matière. Sur la question… X, voilà. Pardon, merci. Sur la question du réseau social X, vous savez que nous avons un certain nombre de lois européennes qui s'appliquent et nous considérons que le réseau X doit répondre à ces obligations européennes. C'est donc au réseau social de s'adapter aux règles qui s'appliquent en Europe et pas l'inverse. Vous savez que des sanctions très, très lourdes sont prévues en cas de manquement à ces obligations légales qui peuvent aller jusqu'à 6 % du chiffre d'affaires mondial de l'opérateur. Donc, je pense que ce réseau a toutes les raisons de respecter les lois européennes.
Cyril ADRIAENS-ALLEMAND
Bonjour. Cyril ADRIAENS-ALLEMAND, journaliste au service politique de France Télévisions. La ministre des Comptes publics a indiqué ce matin que le budget 2025 prévoyait un peu plus de 30 milliards d'euros d'économies, 32 milliards même pour être précis. On a compris que les agences de l'État étaient visées, que les collectivités territoriales seraient également mises à contribution. Est-ce que vous pourriez nous préciser les axes d'économies supplémentaires envisagés ? D'après nos calculs, il manque encore 8 à 9 milliards d'euros dont on ne connaît pas les contours.
Sophie PRIMAS
Merci de cette question qui me donne l'occasion de redire que le Premier ministre souhaite évidemment d'abord une baisse des dépenses de l'État et souhaite un État exemplaire. Et c'est probablement, enfin c'est là que nous allons trouver ces 9 milliards d'économies qui sont demandés, qui vont être demandés à chacun des ministres. Le Premier ministre a parlé de feuilles de route. Dans ces feuilles de route, il y a un travail sur l'efficience du fonctionnement même de chaque ministère, sur l'adaptation des demandes budgétaires à la réalité des besoins et sur effectivement les opérateurs et comment améliorer l'efficience des opérateurs. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il y a un fonds qui a été créé pour permettre, si besoin en était, la restructuration d'un certain nombre d'opérateurs pour qu'il n'y ait pas moins de services publics, mais que ce service public soit de meilleure qualité, plus rapide, plus efficient et moins cher. Donc, on a besoin de ce budget. Moi, j'ai été confrontée dans ma précédente mission à la volonté de Michel BARNIER qui avait été exprimée en déclaration de politique générale sur le rapprochement de Business France et d'Atout France, par exemple. Ça, ce sont des éléments de réflexion qu'on avait mis en œuvre, mais qui nécessitent des budgets de réorganisation. Donc là, le fait que le Premier ministre demande un budget pour préempter cette question de la rationalisation, de l'amélioration de l'efficience des agences est tout à fait symptomatique de la volonté d'aller chercher de l'efficience dans chacun des ministères.
Cyril ADRIAENS-ALLEMAND
Rien de concret ce matin sur les 8 ou 9 milliards.
Sophie PRIMAS
Rien de concret, ça fera partie des feuilles de route de chacun des ministres qui seront présentées ensuite ministère par ministère.
Isabelle CONTRERAS
Isabelle CONTRERAS chez Contexte. Vous nous avez présenté à peu près un programme du sommet sur l'IA, mais on n'a pas le détail sur la journée du 10 au Grand Palais et notamment les tables rondes. C'est quelque chose qui est assez attendu par le secteur. Est-ce que vous savez quand est-ce qu'on aura finalement le programme complet de ce sommet ?
Sophie PRIMAS
Écoutez, le programme très détaillé est encore en cours de construction parce qu'il prend les préoccupations et surtout les opportunités de chacun qui sont mises en œuvre par chacun des ministères. Donc, je pense que ça ne va pas tarder parce que matériellement, il faut que ça arrive, mais on ne l'a pas encore tout à fait. Il y a beaucoup d'opérateurs en fait qui veulent intervenir. Beaucoup, j'en veux pour preuve l'effervescence ce matin au Conseil des ministres où pratiquement chaque ministre a pris la parole pour dire : "moi, je peux faire ça, je veux qu'on", par exemple, Rachida DATI sur la culture a soulevé la question de l'intelligence artificielle dans la culture. Sébastien LECORNU a dit : "le ministère de la Défense a beaucoup d'avance dans l'interministériel, dans la sécurisation de l'intelligence artificielle, etc." Donc, il y a vraiment une émulation très, très forte. Laurent MARCANGELI a parlé de l'utilisation de l'intelligence artificielle comme solution, là maintenant, pour améliorer l'efficience. Donc, il y a beaucoup, beaucoup de sujets qui vont être abordés et donc, l'ordre du jour final est en cours de l'élaboration.
Isabelle CONTRERAS
Donc, vous ne pouvez pas nous confirmer si la culture en fait partie ?
Sophie PRIMAS
La culture en fera partie.
Isabelle CONTRERAS
Non, non, de cette table ronde précisément le 10 février.
Sophie PRIMAS
Alors, je peux vous dire que Rachida DATI a été extrêmement pressante pour que la culture soit intégrée dans toutes les tables rondes et fasse partie de la réflexion sur la place de la culture, la place des créateurs dans la culture. Le président de la République d'ailleurs a repris la parole sur ces questions-là en mettant en avant l'urgence vraiment à réfléchir, là aussi, dans ce contexte un peu schumpeterien de transformation de tout, y compris de la culture.
Isabelle CONTRERAS
Et sur, pardon, excusez-moi, la dernière, sur le projet de loi ordonnance les influenceurs, est-ce que vous savez si les décrets de cette ordonnance seront publiés prochainement ?
Sophie PRIMAS
Alors, je n'ai pas le détail du… je n'ai pas le détail pour le coup, voilà, du planning.
Julien NÉNY
Bonjour, Julien NÉNY, service politique France Inter.
Sophie PRIMAS
Bonjour.
Julien NÉNY
Les socialistes ont été assez clairs hier. S'il n'y a pas de débat au Parlement en cas d'échec des négociations, des concertations sur les retraites, et puisque vous venez de confirmer qu'il n'y en aurait pas dans ce cas-là, ils censureront le Gouvernement demain une nouvelle fois. Dans ce cas, mécaniquement, c'est bien le RN qui a entre ses mains la survie de votre Gouvernement demain à l'issue du vote sur la censure. Est-ce que vous assumez ce choix qui avait été fatal à Michel BARNIER ? Et est-ce que vous allez dormir ce soir, vous, le Gouvernement, c'est-à-dire autrement dit, est-ce que vous avez la quasi-certitude que le RN tiendra parole et ne vous censurera pas demain ?
Sophie PRIMAS
Je ne suis pas d'accord avec le début de votre intervention. En réalité, chaque groupe politique a évidemment émis un certain nombre de souhaits qui ont été entendus, en général partiellement, et évidemment, il y a certaines de leurs propositions ou de leurs demandes qui ne feront pas l'objet de suite. Hier, dans sa déclaration, Boris VALLAUD a posé beaucoup de questions.
Julien NÉNY
(Inaudible).
Sophie PRIMAS
Non, mais moi, je vous parle de ceux qui ont parlé hier et Boris VALLAUD a posé beaucoup de questions et a conditionné, effectivement, le choix de son vote à la réponse précise à l'ensemble de ces questions. Sur l'ensemble de ces questions, sur une dizaine de sujets, il y a au moins 8 sujets sur lesquels il aura une réponse qui va lui convenir. Et ce sera précisé cet après-midi dans le discours du Premier ministre au Sénat. Nous sommes dans une période de négociation. Nous sommes dans une période où nous devons négocier avec l'ensemble des partis politiques pour trouver ce chemin de compromis qui est si important pour avoir un budget. Je pense que chacun des partis politiques doit être raisonnable et mesurer l'enjeu de l'urgence que nous avons. Je pense que le Parti socialiste, qui est composé d'hommes et de femmes politiques raisonnables, saura, à un moment, réfléchir, poser ce débat et réfléchir sur l'ensemble des réponses qui lui ont été apportées.
Julien NÉNY
Vous faites confiance au Rassemblement national pour tenir parole, aussi, demain ?
Sophie PRIMAS
Moi, je fais confiance au discours parlementaire, et puis après, on verra les actes. Il n'est pas question de confiance, il est question de trouver un chemin. Hier, dans la déclaration qui a été faite par le Rassemblement national, clairement, le sujet central pour le Rassemblement national, c'est l'énergie et les moyens qui sont mis pour la reconstruction de Mayotte. Je crois qu'à la fois le ministre d'État, Manuel VALLS, mais à la fois le Premier ministre et à la fois le président de la République, d'ailleurs, au passage, sont pleinement engagés dans la reconstruction de Mayotte, que le Rassemblement national, comme les autres partis politiques, sera partie prenante de la discussion sur les projets de loi sur Mayotte. Donc, je pense que, là aussi, nous avons fait des avancées.
Lisa LAP
Toujours Lisa pour le Média. À propos de la réforme des retraites, si vous ne voulez pas de hausse d'impôt ou de choc fiscal, je reprends vos propos, et que dans le même temps, vous posez la condition que les nouvelles négociations ne pèsent pas de nouvelles charges financières sur l'État, est-ce qu'on n'est pas voué, du coup, in fine, à revenir sur la réforme d'Élisabeth BORNE ?
Sophie PRIMAS
On peut revenir sur la réforme d'Élisabeth BORNE. On a dit qu'on ouvrait tous les sujets, mais la ligne, c'est qu'il n'y ait pas de charge supplémentaire. Vous venez de le dire et je le répète. C'est donc aux partenaires sociaux de trouver le mistigri, si j'ose dire, et en tout cas la formulation qui permette à la fois d'assurer la pérennité de notre système de retraite dans les quelques années qui viennent, mais aussi de répondre aux objections qui ont été formées par différents groupes politiques et par les Français sur la pénibilité, sur les carrières hachées, sur les carrières des femmes, etc. Et donc de trouver la façon dont on répond à ces questions-là et la question par laquelle on finance ces avancées sociales. C'est très compliqué. Si c'était facile, tout le monde l'aurait déjà fait. Donc c'est très compliqué, mais c'est une obligation. C'est une obligation au regard du poids que pèse le financement des retraites dans le budget de l'État. On parle souvent de notre dette qui, depuis 2017, s'est augmentée de 1 000 milliards d'euros. Sur ces 1 000 milliards d'euros, il y en a 500 qui sont dus au déficit des réformes des retraites. Donc il ne s'agit pas de stigmatiser les retraités ou de stigmatiser tel ou tel système. Il s'agit juste de regarder les chiffres comme une réalité et de se dire, nous ne pouvons pas dégrader les comptes sociaux et en particulier les comptes des retraites. Donc, on peut aménager, mais il faudra trouver les compensations financières ou d'autres compensations sur d'autres catégories. Je ne sais pas. Ce sont les partenaires sociaux qui vont discuter entre eux.
Lisa LAP
Encore une fois, si je vous écoute bien, si vous ne voulez pas augmenter les impôts, mais dans le même temps, pas créer de charges supplémentaires, ça va être, trouver des économies ailleurs sur d'autres prestations sociales, ça veut dire ?
Sophie PRIMAS
Les partenaires sociaux sont à la manœuvre. C'est ça qu'il faut qu'ils trouvent.
Journaliste
Rebonjour. Hier, dans un travail extrêmement long et conséquent de plusieurs semaines, le journal Le Monde a publié un long travail sur les PFAS, ce qu'on appelle les polyfluoroalkylés, qu'on va retrouver par exemple sur les vestes des pompiers. On a un débat aujourd'hui en France avec plusieurs acteurs industriels, notamment les acteurs de l'hydrogène qui produisent des batteries qui disent que ça va être très compliqué pour nous de nous épargner de toutes ces substances cancérigènes sur des sites industriels qu'on retrouve dans nos villes quand des acteurs écologistes, notamment le député écologiste Nicolas THIERRY, dit qu'il faut qu'on ait une intervention publique massive et drastique pour réduire le nombre de substances cancérigènes sur nos territoires. Quelle est la position aujourd'hui du Gouvernement et vous, même en tant qu'ancienne ministre du Commerce extérieur, puisque la France a une vraie expertise, en tout cas sur son industrie hydrogène, est-ce qu'on doit être plutôt dans une posture de croissance verte à continuer à exporter ces produits sur des sites où on trouve encore de nombreux PFAS ou plutôt mettre en place une vraie politique publique pour épargner en quelque sorte les Français de ces substances cancérigènes ?
Sophie PRIMAS
Sur ces questions qui n'ont pas été abordées encore par le Gouvernement dans sa nouvelle composition autour du Premier ministre, nous n'avons pas eu cette discussion. Mais ce sujet est un sujet récurrent depuis, j'allais dire, 15 ans en France, la question de la rapidité avec laquelle nous transformons notre industrie pour la rendre plus sécuritaire d'un point de vue sanitaire, pour la rendre plus favorable à la santé. Ce sont des sujets extrêmement compliqués parce qu'évidemment, dans un premier temps, ils demandent des investissements à nos industriels, des investissements pour changer, pour modifier leur mode de production. Ils demandent également à ce qu'on ne dégrade pas la compétitivité, ce qui reviendrait peu ou prou à laisser des entreprises passer devant nos entreprises françaises, y compris d'ailleurs en interne au niveau européen et qui conduirait peut-être à des choix d'investissement qui ne se feraient plus dans nos pays. Donc ce sont des sujets qui sont des sujets à la fois d'un point de vue sanitaire extrêmement importants et qui sont aussi des sujets économiques très importants. Ce que je pense, c'est que typiquement sur ces sujets-là, il faut que ce soit des travaux qui soient menés par l'Union européenne, que nous soyons à la fois exigeant vis-à-vis de l'Union européenne, mais vigilant à ce que cela ne mette pas nos propres entreprises françaises dans des coins économiques auxquels ils ne sont pas capables de répondre. Donc c'est un sujet très, très important, mais qu'il faut traiter, à mon avis, au niveau européen. C'est à peu près ce qui se passe également sur les molécules utilisées, par exemple, en agriculture, pour les agriculteurs. Très bien. Merci beaucoup pour vos questions. Je vous souhaite à tous une bonne semaine. Et je vous donne rendez-vous la semaine prochaine et je vous invite au fond de la salle. Merci beaucoup.
Source https://www.info.gouv.fr, le 20 janvier 2025