Texte intégral
NICOLAS DEMORAND
Et avec Léa SALAMÉ, nous recevons ce matin une ancienne Première Ministre, aujourd'hui ministre de l'Éducation Nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Vos questions et réactions au 01 45 24 70 00 et sur l'application Radio France. Élisabeth BORNE, bonjour.
ÉLISABETH BORNE
Bonjour.
LÉA SALAMÉ
Bonjour.
NICOLAS DEMORAND
Et bienvenue sur Inter. Cela fait un mois, jour pour jour, que vous avez été nommée Rue de Grenelle et numéro 2 du Gouvernement de François BAYROU. Et c'est votre première grande interview depuis votre nomination et la prise en main de vos dossiers. On a évidemment beaucoup de questions à vous poser, les auditeurs aussi, du choc des savoirs à l'éducation sexuelle à l'école, en passant par la situation des écoles à Mayotte. Mais d'abord, un mot sur votre retour au Gouvernement. On se rappelle que vous avez été démise de vos fonctions de Première ministre il y a un an par Emmanuel MACRON, qui avait alors nommé Gabriel ATTAL. Vous aviez raconté dans un livre - on vous avait reçu ici même à ce micro - le sentiment d'inachevé que vous aviez en quittant Matignon. Vous avez dit non à la proposition d'entrer ensuite au Gouvernement au poste de ministre de la Défense. Pourquoi avoir dit oui pour l'Éducation à François BAYROU ?
LÉA SALAMÉ
Pour François BAYROU…
ÉLISABETH BORNE
Alors, parce que notre pays est dans une situation difficile. Je pense que chacun s'en rend compte, avec une assemblée qui n'a jamais été aussi éclatée depuis le début de la 5e République, et puis avec une censure aussi du Gouvernement de Michel BARNIER en pleine discussion budgétaire. Donc ça veut dire qu'il faut absolument trouver un chemin pour sortir de ces difficultés. Et je pense que François BAYROU, il a à la fois la volonté et je pense la capacité à chercher des compromis, à parler à tout le monde et des compromis avec la gauche réformiste, de la gauche réformiste à la droite républicaine. Et moi, j'ai souhaité mettre mon expérience, mon énergie au service de sa démarche, à la tête d'un ministère dont je pense qu'il est absolument crucial pour l'avenir de notre pays.
LÉA SALAMÉ
De la gauche réformiste à la droite républicaine ; les compromis vont de là à là, pas au-delà ?
ÉLISABETH BORNE
C'est bien ce que je pense, oui absolument. Et c'est du reste ce qu'on a pu voir dans le vote de la première motion de censure.
LÉA SALAMÉ
C'est lui, c'est François BAYROU qui a trouvé les mots directement pour vous convaincre de revenir au Gouvernement ou c'est Emmanuel MACRON ou qui ?
ÉLISABETH BORNE
Alors, j'ai échangé avec les deux. Et je vous dis, je pense que la situation politique inédite appelle aussi tous ceux qui croient à la responsabilité en politique, qui veulent la réussite de notre pays, à ne pas rester les bras croisés, et aussi à s'engager pour trouver un chemin.
LÉA SALAMÉ
Et s'engager à l'Éducation nationale, c'est vertigineux comme la tâche est grande. Lors de votre passation de pouvoir avec votre prédécesseur Anne GENETET, vous aviez eu cet aveu : "Je ne suis pas une spécialiste de ces sujets" ce qui avait fait bondir les syndicats, qui disaient "En gros, on a l'impression qu'à l'Éducation nationale se sont succédé sept ministres sous Emmanuel MACRON, parfois peu spécialistes, parfois loin de nos préoccupations", disaient les syndicats de profs. Après Jean-Michel BLANQUER, Pap NDIAYE, Gabriel ATTAL, Amélie OUDÉA-CASTÉRA, Nicole BELLOUBET, Anne GENETET. Vous espérez pouvoir incarner une forme de stabilité dans ce ministère, Élisabeth BORNE, prendre des décisions qui ne changent pas tous les six mois, en fonction des ministres, comme s'en plaignent les proviseurs et les professeurs ?
ÉLISABETH BORNE
Vous savez, quand je dis que je ne suis pas une spécialiste, je ne veux pas dire que je ne connais pas les dossiers de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, que j'ai pu voir à la fois comme ministre, puis comme Première ministre ; je veux dire que je n'ai pas l'expertise, la connaissance des professeurs et des chefs d'établissement, et donc que je suis à leur écoute, et que je pense que c'est important de leur faire confiance. Et effectivement, je pense que c'est important de garder un cap, d'avoir de la stabilité, et puis de faire confiance à ceux qui sont sur le terrain, qui sont devant leur classe, et qui doivent avoir des marges de manœuvre pour apporter les réponses qu'ils considèrent les meilleures pour nos enfants.
NICOLAS DEMORAND
Jean-Michel BLANQUER était un fervent défenseur de la laïcité, il a porté une profonde réforme du baccalauréat. Gabriel ATTAL, c'était l'interdiction de l'abaya, le choc des savoirs, Élisabeth BORNE, vous ce sera quoi ? Quelle sera votre ligne ? Comment la définissez-vous ?
ÉLISABETH BORNE
Écoutez, je pense que d'abord c'est une question de méthode, et je réunis tout à l'heure le haut encadrement de l'Éducation nationale de l'Enseignement supérieur et de la Recherche : les recteurs, nos directeurs académiques. Et je leur dirai que moi, je compte sur eux pour prendre des initiatives, pour être le plus en adéquation avec les situations qu'ils rencontrent. Et vous voyez quand on enseigne au cœur de Paris, dans le bocage normand que je connais, dans un quartier politique de la ville, la situation n'est pas la même. Et donc je pense que cette confiance, cet appel à l'initiative, à l'innovation, c'est quelque chose qui me tient à cœur. Et puis évidemment dans les sujets, il y a la question du niveau des élèves. Quand on regarde les évaluations et qu'on se compare aux autres pays, on voit qu'il faut absolument élever le niveau des élèves, c'est quelque chose qui me tient à cœur.
LÉA SALAMÉ
Oui, mais ça on l'entend. Pardon, c'est vrai qu'on reçoit très souvent des ministres de l'Éducation nationale, depuis 7 ans. On l'entend dans la bouche de chaque ministre de l'Éducation nationale, en disant que les niveaux ne sont pas bons. On se souvient, Nicolas et moi, d'avoir reçu Jean-Michel BLANQUER à votre place, qui disait : "Moi, je veux être jugé sur les résultats. Attendons de voir les nouvelles enquêtes internationales, et vous allez voir le niveau des jeunes Français."
NICOLAS DEMORAND
Rendez-vous dans quelques années, vous verrez.
LÉA SALAMÉ
Vous verrez, ça va monter en français, ça va monter en maths ; on les voit. La dernière étude de TIMSS, parue en décembre, montre que les élèves français en CM1, en 4ème, restent parmi les moins bons de l'Union Européenne et de l'OCDE en maths et en sciences.
ÉLISABETH BORNE
Il y a quelque chose qui me tient à cœur, que vous ne soulignez pas, c'est qu'en plus, le niveau entre les filles et les garçons, l'écart se creuse. C'est quelque chose que moi, je ne peux pas accepter, à la fois la question de niveau quand on se compare à nos voisins. Donc je pense qu'il y a des réformes qui ont été menées, il y en a une qui me paraît très importante - et je l'ai dit aux organisations syndicales - c'est de reprendre la concertation sur la formation des enseignants. On a fait beaucoup d'actions, le dédoublement des classes en maternelle grande section, en CP, en CM1… La formation de nos enseignants, je pense que c'est quelque chose de crucial, et puis je vous dis aussi de pouvoir donner des initiatives, de diffuser les bonnes pratiques.
LÉA SALAMÉ
Et vous pensez que ça va améliorer ? Parce qu'il y a des choses qui ont été faites depuis sept ans, le macronisme éducatif ce n'est pas rien, il y a des choses qui ont été faites, sauf que les résultats ne sont pas là.
ÉLISABETH BORNE
On va continuer à y travailler, et moi je veux le faire en confiance, avec les professeurs, avec les chefs d'établissement, avec nos directeurs académiques, avec nos recteurs, moi je compte aussi sur eux, pour innover, pour nous proposer des initiatives.
NICOLAS DEMORAND
Parlons moyens, parlons postes. Le précédent budget prévoyait la suppression de 4 000 postes à l'Éducation nationale, justifiée par Michel BARNIER, par la baisse de la démographie scolaire. Vous avez obtenu de ne pas les supprimer. Il n'y aura pas de suppression de postes ?
ÉLISABETH BORNE
Non, je vous confirme. Effectivement, moi ça me tenait à cœur, et c'est aussi ce qui est ressorti des concertations avec les différents groupes parlementaires. Je pense que c'est important, parce que d'abord ça va faciliter la discussion sur la carte scolaire. Vous savez, moi, je suis élue d'un territoire rural ; quand on a une fermeture de classe, c'est quelque chose qui est très marquant pour un territoire. C'est souvent aussi, pour des élèves, la nécessité de prendre un transport scolaire, et donc c'est des pertes de chances. Donc ça va faciliter la discussion sur la carte scolaire. Et puis, ça va permettre de mettre précisément des moyens sur des priorités, sur le collège, pour précisément élever le niveau des élèves, pour l'école inclusive, c'est quelque chose qui est très important. Il faut qu'on réponde mieux à ces enjeux d'accueil des enfants en situation de handicap. Et pour le climat scolaire, là aussi il y a des moyens qui sont prévus pour être en soutien de nos professeurs, de tous les personnels de l'Éducation nationale.
LÉA SALAMÉ
La suppression des 4 000 postes est totalement abandonnée dans le budget ?
ÉLISABETH BORNE
Je vous confirme, oui, absolument. Et on crée par ailleurs 2 000 postes d'AESH pour accompagner les enfants en situation de handicap.
LÉA SALAMÉ
Il n'y aura donc pas de suppression de postes dans les collèges et les lycées ; y aura-t-il des suppressions de postes par ailleurs dans les écoles ? Oui, parce que ce que j'essaie de comprendre, c'est qu'il semblerait que vous voulez les basculer plutôt sur les collèges et les lycées, c'est-à-dire que peut-être que les écoles élémentaires…
ÉLISABETH BORNE
Dans un effectif stable, on a effectivement une baisse démographique, et on ne va pas ne rien changer, mais par contre, ça sera effectivement… ça sera moins difficile de faire une carte scolaire dans ce contexte. Et par ailleurs, il faut aussi qu'on puisse dégager des moyens pour les priorités que j'évoquais, pour mieux soutenir nos élèves au collège, pour mieux accueillir les élèves en situation de handicap, et pour améliorer le climat scolaire.
NICOLAS DEMORAND
Venons-en au choc des savoirs au groupe de besoins au collège et aux brevets obligatoires pour entrer en seconde, qui étaient les grandes mesures de Gabriel ATTAL il y a un peu plus d'un an, quand il était votre ministre de l'Éducation. Allez-vous les maintenir à la rentrée prochaine ? On commence par le brevet obligatoire pour passer en seconde. Ça, c'est abandonné ?
ÉLISABETH BORNE
Alors, vous savez, le brevet ou son ancêtre, il date de l'après Seconde Guerre mondiale, et il n'a jamais été une condition pour entrer en seconde. Et moi, je pense que c'est important de continuer à faire confiance au professeur, au conseil de classe. Évidemment, si un élève…
LÉA SALAMÉ
Il voulait le rendre obligatoire. Il l'avait annoncé, Gabriel ATTAL Donc, ça, on est d'accord que c'est abandonné ?
ÉLISABETH BORNE
Je dis simplement que ça n'a jamais été le cas, depuis 1945, et je fais confiance au professeur, au conseil de classe. Si un élève échoue au brevet, évidemment, c'est une alerte qu'il faut prendre en compte. Alors, il peut avoir des difficultés personnelles, mais il peut aussi avoir besoin de soutien pour acquérir les savoirs fondamentaux. Il y a des expérimentations qui ont été lancées sur les prépas secondes qu'on va poursuivre. Et puis, on va aussi avoir des échanges, des concertations, pour trouver d'autres modalités d'accompagnement, des stages de réussite, des soutiens sur les premiers mois de la seconde. Mon objectif, c'est que les élèves réussissent.
LÉA SALAMÉ
Élisabeth BORNE, votre prédécesseur Anne GENETET, qui était entre vous et Gabriel ATTAL, si j'ose dire, était pour cette décision. Elle disait que rendre le brevet obligatoire aurait élevé le niveau d'exigence et celui de nos élèves. Elle trouvait que c'était une bonne mesure.
ÉLISABETH BORNE
En fait, il y a deux sujets différents. Il y a le sujet du niveau du brevet. Et je vous confirme que je veux élever le niveau d'exigence du brevet, supprimer les correctifs académiques, qui sont une espèce de péréquation pour que tout le monde ait le même taux de réussite au brevet. Donc, on va supprimer ces correctifs académiques et puis on va revoir le poids respectif du contrôle continu et de l'examen, avec 60 % sur l'examen final. Donc, élever le niveau du brevet, oui, on va le faire, le niveau d'exigence.
LÉA SALAMÉ
Deuxième grande annonce de Gabriel ATTAL, il voulait étendre les groupes de besoins, initialement appelés groupes de niveaux, qui existaient en 6e, 5e. Il voulait les étendre à la 4e et à la 3e. Là aussi, vous nous dites ce matin, non ?
ÉLISABETH BORNE
Alors, les groupes de besoins, ils viennent de se mettre en place en 6e et en 5e et ils feront l'objet d'une évaluation en juin. Donc, on va les maintenir. Et il était prévu une heure de soutien en maths ou en français chaque semaine. Je laisse simplement… donc on dégage des moyens, plus de 500 postes pour soutenir nos élèves en 4e et en 3e, mais je veux laisser de la liberté aux établissements pour trouver les bonnes organisations.
LÉA SALAMÉ
Donc, pour traduire concrètement ; les groupes de soutien ne passent pas en 4e, 3e. En revanche, vous mettez à disposition des chefs d'établissement si jamais ils veulent faire une heure de plus de soutien pour certains élèves.
ÉLISABETH BORNE
Si jamais ils doivent faire une heure de plus, ils s'organisent selon les modalités qui leur paraissent adaptées.
NICOLAS DEMORAND
Un mot sur Parcoursup. Élisabeth BORNE, dans son discours de politique générale, François BAYROU a estimé que cette plateforme mise en place par Jean-Michel BLANQUER était une question. Allez-vous remettre en cause Parcoursup ou profondément le modifier ?
ÉLISABETH BORNE
Alors, François BAYROU a répondu à une interpellation et il traduit ce que l'on entend tous, le stress des familles et des élèves sur l'accès à l'enseignement supérieur. Donc, on améliore sans cesse ce dispositif.
LÉA SALAMÉ
Vous le trouvez bon, Parcoursup, à la fin ?
ÉLISABETH BORNE
Vous savez, la question, c'est comment fait-on pour rapprocher des centaines de milliers d'attentes d'étudiants…
LÉA SALAMÉ
De lycéens.
ÉLISABETH BORNE
De lycéens, pardon, du choix de leur formation ? Il faut sans cesse améliorer le dispositif, c'est ce qu'on fait par exemple cette année. Je ne vais pas vous lister toutes les innovations qui sont adaptées.
LÉA SALAMÉ
Et où est-ce que ça pêche ? Pourquoi est-ce que… Selon vous, où est-ce que ça pêche Parcoursup ?
ÉLISABETH BORNE
Vous savez, j'entends des réactions, notamment le poids du contrôle continu, dont on pouvait penser qu'il allait baisser la pression au moment du passage du bac. Il met de la pression, c'est comme ça que beaucoup de lycéens le ressentent tout au long de l'année. Donc, il faut qu'on soit attentifs à tout ce que nous disent les lycéens et qu'on travaille avec eux pour améliorer l'outil.
LÉA SALAMÉ
Avant les questions des auditeurs, on en vient au sujet polémique de votre arrivée, le programme d'éducation à la vie affective et sexuelle. On rappelle que l'éducation sexuelle dans les écoles, collèges et lycées, c'est obligatoire depuis 25 ans à raison d'au moins 3 séances par an, mais cette disposition, dans les faits, est rarement respectée. Pour y remédier, un programme qui était prévu initialement pour la rentrée 2024 devait être présenté le 12 décembre au Conseil supérieur de l'éducation. Bon, il y a eu la dissolution, il y a eu un flottement entre le Gouvernement BARNIER et le Gouvernement BAYROU. Et surtout, ce projet suscite un fort rejet des élus de droite et d'associations conservatrices. Les élus des sénateurs LR ont alerté dans une tribune dans le Figaro en décembre pour dire : "C'est un programme nécessaire, mais en l'état inacceptable, car il fait la part beaucoup trop belle à l'idéologie woke". Ils estiment que le programme avait été réécrit, je cite, "Par des associations militantes qui demandaient, et ils demandent le retrait de toute référence à la notion d'identité de genre" dont on parle beaucoup et dont parle beaucoup. Donald TRUMP, avez-vous compris ses critiques ? Où ça en est de ces programmes d'éducation sexuelle ? Est-ce que vous allez enlever les références au genre ?
ÉLISABETH BORNE
Alors, vous avez raison de souligner qu'alors même que cette éducation, elle est obligatoire depuis 2001, il doit y avoir 15 % des élèves qui accèdent effectivement à cette formation. Peut-être comme élément de contexte, avoir aussi en tête qu'on a un enfant toutes les trois minutes qui fait l'objet d'agressions sexuelles, souvent au sein de la famille. D'avoir en tête qu'on a plus de deux millions de mineurs qui sont exposés à des contenus pornographiques sur internet. Avoir aussi en tête que toutes les enquêtes le montrent et notamment celle du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, le sexisme augmente et c'est effectivement quelque chose qui est très ressenti par les jeunes filles et par les jeunes femmes. Donc, je pense que cette éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité, elle est absolument indispensable dans ce contexte-là. Moi, j'entends des critiques, je pense qu'il faut aussi arrêter de partir de versions qui ont pu circuler. Je voudrais rendre hommage au travail qui a été fait par Anne GENETET, qui l'a relu très attentivement. Je l'ai relu moi aussi et je peux vous assurer que ce que je présenterai, ce qui vient d'être envoyé au Conseil Supérieur de l'Éducation, c'est-à-dire l'instance qui réunit des organisations syndicales, les associations de parents d'élèves, les associations familiales, c'est un programme qui est très attentif à apporter les bonnes informations en fonction de l'âge de l'élève qui doit permettre de transmettre des valeurs très importantes de respect de soi, de respect de l'autre, de promouvoir l'égalité entre les femmes et les hommes.
LÉA SALAMÉ
Et l'idéologie Woke, elle y est ou non, comme l'ont dit les sénateurs LR ?
NICOLAS DEMORAND
La notion d'identité de genre.
ÉLISABETH BORNE
La notion d'identité de genre, elle figure quelquefois dans le programme. Vous savez que c'est une notion qui figure dans le Code pénal qui réprime les discriminations en fonction de son sexe, de son identité de genre ou de son orientation sexuelle, donc, forcément, faire référence au Code pénal…
LÉA SALAMÉ
Et là, ce sera en quelle année qu'on apprend les identités de genre ?
ÉLISABETH BORNE
C'est à partir du lycée qu'on évoque cette notion d'identité de genre. Ça fait partie du Code pénal, donc je pense que c'est important aussi d'expliquer aux lycéens. Mais vraiment, je vous dis, ce programme, il porte sur la vie affective et relationnelle dans le premier degré, et on aborde les questions d'éducation à la sexualité dans le second degré.
(…)
LÉA SALAMÉ
Mayotte, cinq semaines après le passage du cyclone Chido, les enseignants ont fait leur rentrée ce lundi, dans un contexte très compliqué, les élèves doivent retrouver leur salle de classe lundi prochain, il y a 117 000 élèves scolarisés à Mayotte, combien vont pouvoir retrouver leur classe, combien d'écoles sinistrées et est-ce que tous les professeurs ont répondu à l'appel ce lundi, étaient là, ou il y en a beaucoup qui n'étaient pas là, épuisés, fatigués, ou pas possibles de reprendre ?
ÉLISABETH BORNE
Alors, les professeurs rentrent progressivement, vous savez qu'un certain nombre n'étaient pas dans l'île au moment du cyclone et puis de la tempête Dikeledi, ils ont pu avoir des difficultés pour revenir sur place. Moi, je sais qu'il y en a un certain nombre qui devaient précisément revenir le week-end où il y a eu la tempête, donc ils vont arriver un peu plus tard, mais moi, je n'ai pas de doute que, vraiment, et je voudrais rendre hommage, parce que vous savez que tous les personnels de l'éducation nationale sont sur le pont, avec une situation qui est évidemment catastrophique à Mayotte, après le passage de ce cyclone et de cette tempête tropicale, les établissements, on visite, on a évidemment des visites de sécurité pour s'assurer qu'on reprend dans des bonnes conditions, on a un peu plus d'une trentaine d'écoles qui ne seront pas en situation de rouvrir, donc, c'est pour ça que moi, j'avais souhaité qu'il y ait cette rentrée pédagogique pour qu'on puisse travailler, que les enseignants, les personnels de l'éducation nationale puissent préparer le bon accueil des élèves, ils y ont travaillé toute cette semaine et demain, ils contacteront les familles pour préciser les modalités d'accueil.
NICOLAS DEMORAND
Vous avez rouvert récemment la question du temps scolaire, aux Parisiens. Vous disiez que les coupures longues se traduisent par des pertes de niveau pour les élèves les plus fragiles, rien ne bougera donc en 2025, mais pour 2026 cela dépendra de l'issue des discussions, il y a une volonté ferme chez vous de réduire les vacances d'été qui sont de huit semaines, aujourd'hui ?
ÉLISABETH BORNE
Quand je dis qu'on ouvre une concertation, ce n'est pas avec une volonté ferme d'avoir déjà une réponse en tête. Vous savez, ça me frappe quand je vais dans des collèges et dans des lycées, il y a beaucoup d'élèves qui me disent : "La journée est trop longue". Si on voulait raccourcir la journée, on voit bien qu'il faudrait sans doute réduire les vacances, en même temps ça concerne un nombre considérable de personnes, des élèves, des professeurs, des collectivités. Et donc, c'est quelque chose qu'il faut prendre avec beaucoup de prudence et prendre le temps d'avoir ces échanges avec chacun.
LÉA SALAMÉ
Très rapidement, il nous reste très peu de temps, Aline sur l'application d'Inter, un prof a encore été menacé pour avoir montré des caricatures au collège dans le Doubs, la laïcité est menacée, comment vous soutenez les enseignants qui n'osent plus aborder ce sujet ?
ÉLISABETH BORNE
Je l'ai dit, je ne tolérerai aucune menace sur nos enseignants et je ne tolérerai aucune remise en cause de la liberté d'enseigner. Je voudrais saluer la réactivité des équipes qui ont à la fois de l'établissement et de l'académie, on a immédiatement saisi le procureur, mis en place la protection fonctionnelle pour notre professeur, il y a une mesure conservatoire qui a été prise et l'élève passera en conseil de discipline. Puis peut-être vous dire aussi qu'on travaille avec le collègue en charge de la fonction publique pour que l'on puisse déposer plainte à la place de l'enseignant. En tout cas, moi, je soutiens, je défendrai, je ne laisserai pas nos professeurs faire l'objet de menaces ou de remise en cause de la liberté d'enseignement.
LÉA SALAMÉ
Une toute dernière question, en remettant en chantier la réforme de retraite que vous avez portée Elisabeth BORNE, François BAYROU vous a-t-il désavoué ?
ÉLISABETH BORNE
Vous savez, moi, je suis ouverte à toute amélioration qui peut être apportée.
LÉA SALAMÉ
Même les 64 ans ?
ÉLISABETH BORNE
On a une contrainte qui est l'équilibre du système de retraite, préserver notre système de retraite par répartition, les partenaires sociaux nous disent qu'ils ont des idées d'amélioration, écoutons les partenaires sociaux. Moi, je le dis, ouvrons la discussion.
LÉA SALAMÉ
Même les 64 ans ? Tous les sujets. Et la fin de vie, scinder le texte en deux ?
ÉLISABETH BORNE
Alors, moi, je pense que c'est important. Vous savez, j'ai, en tant que Premier ministre, lancé la convention citoyenne qui a proposé le texte qui a ensuite été présenté par le Gouvernement. Je pense que c'est important, qu'il y ait une très forte attente sur ce sujet, qu'il faut marcher sur les deux jambes, à la fois renforcer les soins palliatifs, et puis permettre finalement…
LÉA SALAMÉ
Faut-il scinder le texte comme le veut François BAYROU ?
ÉLISABETH BORNE
Ça n'est pas mon option, ça n'est pas ma vision.
LÉA SALAMÉ
Vous pensez qu'il faut présenter le texte à l'Assemblée nationale comme le demande la présidente de l'Assemblée nationale ?
ÉLISABETH BORNE
Je pense que c'est important de présenter le texte telle qu'elle a été débattue précédemment, oui.
LÉA SALAMÉ
Oui.
NICOLAS DEMORAND
Merci, Élisabeth BORNE, d'avoir été au micro de France Inter ce matin, 8 h 49.
source : Service d'information du Gouvernement, le 27 janvier 2025