Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Notre invitée, Agnès PANNIER-RUNACHER, qui est ministre de la transition écologique, bonjour.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour Jean-Jacques BOURDIN,
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous. Le budget 2025 voté, oui, 49.3, il n'a pas été voté, il est passé grâce au 49.3. Motion de censure cet après-midi, apparemment le Gouvernement sera maintenu en place, vous aussi, donc pas de censure, sursis pour le Gouvernement. Ce budget, regardons-le de près. D'abord, l'adoption du budget permet le dégel des crédits pour la transition écologique. On est bien d'accord, hein, Agnès PANNIER-RUNACHER ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait, il faut avoir en tête que la censure a bloqué, à peu près, 90% des actions du ministère de la transition écologique. C'est-à-dire que le budget de janvier sur ces actions, c'est zéro. Et donc ça, c'est la conséquence de la censure.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, entre 2024 et 2025, 2,1 milliards en moins pour l'écologie. Pourquoi ? Ce n'est plus une priorité ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors ça c'est faux, c'est un chiffre qui circule, qui est porté évidemment par la France Insoumise. En réalité, le budget, il est en augmentation par rapport à 2024. Il est en augmentation, très précisément, de 300 millions d'euros. Et je vais préciser dans quel cadre, en fait, 300 millions d'euros par rapport à 2024. Je compare bien au budget 2024, lequel avait énormément augmenté par rapport à 2023. Donc, ça c'est important de le dire. En revanche, sur un certain nombre de sous-enveloppes, il y a des réductions.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, je les donne, vous allez commenter, aide à l'achat de véhicules électriques divisé par 3, on est d'accord ?
AGNES PANNIER-RUNACHE
Ça c'est l'effort le plus important dans le budget. Il faut comparer à l'Allemagne qui a remis à zéro ses aides aux véhicules électriques. Mais c'est le véritable effort du budget.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc on achètera moins de TESLA en France.
AGNES PANNIER-RUNACHE
Il faut surtout acheter des voitures produites en France. Il y en a maintenant beaucoup plus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc on mettra des doigts de douane sur les TESLA, d'ailleurs.
AGNES PANNIER-RUNACHE
Mais vous savez que nous avons mis une éco-conditionnalité. Les voitures qui sont produites dans des conditions différentes environnementales à l'autre bout de la Terre, effectivement, n'ont pas accès au bonus. Et ça c'est une mesure que j'ai portée l'année dernière.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, baisse des aides aux énergies renouvelables.
AGNES PANNIER-RUNACHE
Ça c'est faux. C'est une augmentation de 4,5 milliards d'euros. Donc vous voyez, c'est important de savoir exactement ce qu'il y a dans le budget. Les comparaisons que font LFI, ce sont des comparaisons liées à… C'est une baisse sur une augmentation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, moi je ne suis pas le porte-parole de LFI.
AGNES PANNIER-RUNACHE
Une augmentation de 4,5 milliards d'euros. Oui, mais moi je dois lutter contre les intox.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez raison. Mais forte baisse du programme d'aide aux particuliers pour la rénovation thermique des bâtiments. On est bien d'accord. Ma prime rénov', là, on est d'accord ?
AGNES PANNIER-RUNACHE
Ça il faut préciser Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
4 milliards en 2024, 2, 3 milliards en 2025.
AGNES PANNIER-RUNACHE
Je vais préciser des choses.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
AGNES PANNIER-RUNACHE
En 2024, on a eu un budget de 4 milliards d'euros qui a été immédiatement annulé en février. Donc, en réalité, l'enveloppe sur ma prime rénov' est en augmentation par rapport à l'enveloppe qu'on a consommée en 2024 de 200 millions d'euros. Elle est en augmentation par rapport au consommé. Pas par rapport au budget. C'est vrai que par rapport au budget, elle baisse. Mais ce budget, on ne l'a jamais vu. Moi, j'ai eu des annulations quasi immédiates quand l'année a commencé. Parce que vous savez que sous le Premier ministre ATTAL, on avait annulé 10 milliards d'euros de budget. Et une des grosses enveloppes, c'était ma prime rénov'.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le fonds vert qui devra financer le plan vélo. Ce n'était pas le cas auparavant.
AGNES PANNIER-RUNACHE
Exactement, ça c'est un arbitrage que j'ai gagné.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui baisse, d'ailleurs, le plan vélo. 250 à 50 millions.
AGNES PANNIER-RUNACHE
Oui, alors ça, le plan vélo baisse effectivement. Mais nous avons une augmentation, pas du fonds vert par rapport au budget, mais du fonds vert par rapport à ce que nous avions initialement créé. Exactement, on s'est battu pour cela. Et c'est vrai que le Parti Socialiste a été particulièrement actif pour demander à ce que le fonds vert soit maintenu, voire renforcé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi ne pas avoir supprimé certaines agences de l'État, et notamment des agences qui travaillent sur des sujets environnementaux ?
AGNES PANNIER-RUNACHE
Parce que ces agences sont utiles en fait. C'est-à-dire qu'il est de bon ton d'accuser les agences d'être coûteuses, mais la réalité, c'est que l'argent qui est dans le budget de ces agences, c'est de l'argent pour des projets. Je prends l'exemple de l'ADEME.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, bien parlons-en de l'ADEME.
AGNES PANNIER-RUNACHE
L'ADEME, c'est 3,4 milliards d'euros de budget. 92% de ces 3,4 milliards d'euros…
JEAN-JACQUES BOURDIN
1 100 employés.
AGNES PANNIER-RUNACHE
Oui, 92% de ces 3,4 milliards d'euros vont directement pour financer des projets. Alors quels projets ? Eh bien, par exemple, des réseaux de chaleur qui permettent de baisser le coût du chauffage des Françaises et des Français. Par exemple, le changement d'un four dans une industrie qui permet à l'industrie de maintenir ses emplois en France. C'est l'essentiel des crédits de l'ADEME. Et je pense que c'est important de le dire parce que, évidemment, il y a des arrière-pensées. Beaucoup de gens attaquent l'écologie au moment même où nous enchaînons des aléas climatiques, des inondations, des sécheresses, des tempêtes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, aux Etats-Unis, évidemment.
AGNES PANNIER-RUNACHE
Mais pas seulement aux Etats-Unis.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est une tendance.
AGNES PANNIER-RUNACHE
Jean-Jacques BOURDIN, allez parler aux Bretons qui sont les pieds dans l'eau en ce moment. Allez parler aux habitants du Pas-de-Calais qui ont subi 4 inondations successives l'année dernière.
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'écologie plombe notre compétitivité. J'entends ça, je lis ça.
AGNES PANNIER-RUNACHE
Oui, moi j'entends surtout que l'écologie est l'unique réponse au dérèglement climatique. Et je veux dire, ici, que ce n'est pas l'écologie qui fait baisser les rendements des agriculteurs. C'est l'impact de la sécheresse dans les Pyrénées-Orientales ou des inondations dans les Hauts-de-France.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais revenir sur le rôle…
AGNES PANNIER-RUNACHE
Je pense que c'est important qu'on le dise. Vous avez, aujourd'hui, des responsables politiques qui attaquent l'écologie alors que le problème qui pèse sur le pouvoir d'achat, le prix de l'alimentation qui augmente, l'huile d'olive, le café, le chocolat, le cacao, en réalité, ce n'est pas, il y a les normes écologiques qui pèsent sur ça. C'est le fait tout simplement qu'on a de mauvaises récoltes. Et pourquoi on a de mauvaises récoltes ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
A cause des changements climatiques.
AGNES PANNIER-RUNACHE
Exactement. Merci de le souligner. Et quand je parle d'augmentation, je prends l'huile d'olive, c'est 45% d'augmentation. Donc, ce n'est pas l'épaisseur du trait. À un moment, un certain nombre de parties d'extrême nous poussent à ne plus agir sur l'écologie alors que l'écologie, c'est la protection des Françaises et des Français contre ces inondations, contre la perte de leur patrimoine, contre la pollution qui a un impact majeur sur leur santé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parfois, évidemment, c'est dévoyé. Quand je vois l'ADEME qui nous parle de ne pas laver nos vêtements, qu'on les lave trop souvent, ce n'est pas nouveau. Cette recommandation de l'ADEME, ce n'est pas nouveau, ça a été ressorti. Mais bon, c'est quand même une recommandation de l'ADEME. Les gens ne comprennent pas. Ça ne sert à rien de dire cela, franchement.
AGNES PANNIER-RUNACHE
Contrairement à ce que vous dites, dans les enquêtes que nous avons et les retours des Françaises, vous savez qu'on a fait des concertations sur la planification écologique, beaucoup de Françaises et de Français demandent des conseils pratiques. Alors, je veux vous rassurer, l'ADEME ne fait pas des études particulières, elle fait des petits guides qui constituent vraiment une partie mineure de son activité. Mais ça aurait été l'UFC que choisir qui aurait sorti le même guide, tout le monde aurait applaudi. Là, il se trouve que c'est l'ADEME, donc on va expliquer que l'ADEME nous demande de ne pas laver nos vêtements. Ce n'est pas ce que raconte l'ADEME. Elle donne des trucs, des astuces, de bon sens, et elle le met dans un guide à l'usage de ceux qui sont intéressés par le sujet. Et ça ne va pas plus loin que ça. Et vous le dites vous-même, là aussi, on est allé ressortir quelque chose qui date d'il y a 5 ans pour essayer, aujourd'hui, de remettre en cause l'action écologique du Gouvernement. Et moi, je veux le redire, pas d'action écologique, pas de transition écologique, comment fait-on face aux inondations, face aux sécheresses, face à tous ces événements qui sont réels, qui ne sont pas à une vue de l'esprit ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'Office français de la biodiversité, 3-4000 contrôles administratifs d'exploitation agricole par an, 1% des exploitations, c'est très peu, un contrôle tous les 100 ans pour les agriculteurs, 120 ans, oui. Certaines inspections d'agents de l'OFB relèvent de l'humiliation et de la faute. C'est vrai ? C'est vrai ou pas ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je pense que ça, il faut éclaircir et expliquer à ceux qui nous écoutent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui a dit cela déjà ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Jean-Jacques BOURDIN, vous savez très bien qui a dit cela.
JEAN-JACQUES BOURDIN
François BAYROU, je précise. Mais est-ce vrai ou pas ? Est-ce qu'il y a parfois de l'humiliation et de la faute de la part des offices, des agents de l'OFB ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je pense surtout qu'il y a une incompréhension. Lorsque vous avez, les agents de l'OFB, ce sont les héritiers, ça existe depuis des centaines d'années. Ce sont les héritiers des gardes-chasse et des gardes-champêtres, tout simplement. Et à ce titre, parce qu'ils contrôlent des gens qui sont armés, d'ailleurs plus que beaucoup d'autres polices, ils sont armés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'ils doivent rester armés ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait. Et d'ailleurs, c'est décidé, c'est dans la circulaire que nous avons signé avec Annie GENNEVARD, et ça ne changera pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils resteront armés ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bien entendu. Ils resteront armés, ce qu'on leur demande, c'est d'avoir un armement discret. On n'est pas obligé de mettre en avant son armement. Mais il est, pour des raisons de sécurité, des agents, et pour des raisons dans le cadre de leur intervention, puisque c'est aussi la police de la chasse, donc par construction, ils sont face à des personnes qui sont armées, ils doivent être armés. Nous avons eu historiquement des incidents, des agents qui ont été molestés, qui ont dû se défendre, comme les policiers. Ce sont des policiers, les agents de l'OFP. Ensuite, deuxième chose, pourquoi certains agriculteurs se sentent démunis par rapport à certains contrôles ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui à envoyer un homme armé sur votre exploitation, vous vous sentez démuni.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Il y a des contrôles où vous pouvez vous retrouver en garde à vue. Parce que c'est la procédure pénale. L'Office français de la biodiversité ne fait qu'appliquer la procédure pénale. Alors que le droit français prévoit aussi une procédure administrative, c'est-à-dire qu'on n'est pas obligé d'en passer par la garde à vue. Et c'est là où on peut progresser, et c'est ce que nous avons proposé avec Annie GENNEVARD, pour dire on peut faire... C'est comme lorsque vous vous garez mal sur une place. Faisons une sanction administrative qui est plus rapide et qui…
JEAN-JACQUES BOURDIN
François BAYROU, est allée un peu vite en besogne.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais sans aller jusqu'au bout, je veux préciser une chose, c'est que les équipes du Premier ministre ont reçu très rapidement les syndicats de l'OFB. Elle aura confirmé qu'évidemment, c'est une institution qui a vocation à rester, et qu'évidemment, ils sont nécessaires à notre pays.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai quelques questions. Les ZFE, il y aura des aménagements ? Il y a déjà des aménagements, il y en aura d'autres ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bien sûr qu'il y a des aménagements. Alors là aussi, les ZFE, de quoi s'agit-il ? Il s'agit de lutter contre des décès précoces. 48 000 françaises et français meurent chaque année à cause de la qualité de l'air. C'est l'équivalent de la ville d'Arras qui disparaît, chaque année, parce que la qualité de l'air est mauvaise. Et je peux vous dire que ce n'est pas ceux qui ont les moyens de se payer des maisons dans les quartiers qui sont isolés par rapport aux endroits où il y a le plus de circulation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ceux qui subissent les ZFE, ce ne sont pas non plus ceux qui ont les moyens d'habiter en centre-ville.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Deuxième chose, Jean-Jacques BOURDIN. Ce sont les collectivités locales qui définissent les ZFE. C'est dans leurs mains, c'est-à-dire qu'on ne leur impose pas les modalités. Elles peuvent définir les zones où on a des zones à faible émission, et elles peuvent définir les dérogations qui sont possibles. Nous, en fait, il faut de la souplesse. Et je le redis, moi, je suis à la disposition, mais comme mes collègues Juliette MEADEL, qui est très sensible notamment sur les quartiers politiques de la ville, c'est-à-dire que quand vous êtes en Seine-Saint-Denis, que vous avez une voiture critère 3 et que vous devez aller travailler, bien sûr qu'il faut trouver des solutions pour ces personnes. Et il n'y a aucun doute sur le fait que nous voulons trouver des solutions. Mais attention, c'est aussi aux maires, c'est aussi aux présidents d'agglomérations de proportionner les mesures liées aux ZFE. Ne mettons pas tout à la charge de l'État.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le prix d'électricité baisse de 15% depuis le 1er février, on en a un peu parlé d'ailleurs. Grâce au RN, a dit, hier, Jordan BARDELLA. C'est grâce au RN ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est complètement faux. Le prix de l'électricité baisse parce que le Gouvernement a mené une politique qui a permis de relancer la production de l'électricité. Je rappelle qu'on produit nucléaire et renouvelable. On produit 30 % d'électricité en plus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais la baisse, quand même, tient à la meilleure disponibilité du parc nucléaire français.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Eh oui. Et qui l'a relancé ? Qui a travaillé ? Je suis bien placée pour le dire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et à la baisse du prix du gaz utilisé pour produire le courant électrique.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, mais essentiellement à la relance de la production d'électricité en France, de la production nucléaire et le bon de la production de l'électricité renouvelable. Nous consommons moins d'électricité que nous en produisons. Nous sommes le premier exportateur et ça a un effet immédiat sur la baisse des prix.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous exportons, en ce moment.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous exportons comme nous n'avons jamais exporté d'électricité au niveau européen.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On a des chiffres ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, on a exporté près de 100 TWh, l'année dernière.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors ça représente quoi ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça représente à peu près 20% de notre production. Donc, c'est gigantesque. Et on n'a jamais autant exporté d'électricité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On exporte 20% de notre production.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Exactement. Et donc, cette politique, elle a eu un effet sur la baisse des prix. Et c'est aussi lié à la réforme du marché de l'électricité que j'ai portée au niveau européen contre les Allemands et sur lequel, avec le Président de la République, nous avons obtenu un succès.
JEAN-JACQUES BOURDIN
En 2026 ? D'abord, est-ce qu'il y aura de nouvelles baisses cette année ? Des hausses ? Je ne sais pas.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Comme vous le savez, le prix de l'électricité est fixé, s'agissant du tarif réglementé, deux fois dans l'année. Le 1er février et le 1er août. Et le 1er février, il repose sur toute la partie, comment dire, coûts de production de l'électricité. Donc, a priori, il n'y aura pas de nouvelles baisses de l'électricité. Rendez-vous en 2026.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas de nouvelles baisses le 1er août. Pas de hausses non plus.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors vous avez des éléments techniques. Pardon. Vous avez des éléments techniques, mais notre objectif est, évidemment, de ne pas avoir de nouvelles hausses.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous n'êtes pas sûr.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Parce que vous avez des événements…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et en 2026, les prix seront plafonnés ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, en 2026, là encore, je veux le dire, les prix de l'électricité, aujourd'hui, sont orientés dans la bonne direction. Ils sont orientés à la baisse, c'est ce que nous voyons en 2026, 2027, 2028. Je suis précautionneuse, parce qu'on a tous vu que la guerre en train…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous disais que les prix d'électricité nucléaire seront encadrés.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, c'est un peu plus subtil que ça, mais... Jean-Jacques BOURDIN, juste si je peux revenir sur un sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y.
AGNES PANNIER-RUNACHER
La guerre en Ukraine, personne ne l'avait vu venir. Et la guerre en Ukraine, elle a créé une crise majeure où on s'est retrouvé à produire moins d'électricité qu'on en consommait. Et ça, ça fait monter les prix. Je suis... Enfin, c'est mathématique. Donc, dans les 3 ans qui viennent, je ne peux pas vous dire, croix de bois, croix de fer, les prix ne vont pas augmenter. Mais ce que je peux vous dire, aujourd'hui, c'est qu'avec ce qu'on a fait, et s'il n'y a pas d'événement aussi brutal que ce qu'on a vécu avec la guerre en Ukraine, les prix ont vocation à baisser.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je voulais vous parler de NESTLE. Le scandale des eaux minérales en bouteilles. Le groupe NESTLE, je résume, pour ceux qui ne sauraient pas. Le groupe NESTLE, c'est VITTEL, HEPER, CONTREX, PERRIER, a commercialisé, pendant des années, des bouteilles et labellisait eaux de source ou eaux minérales naturelles, alors qu'elles avaient subi des traitements de purification, des traitements interdits. Les eaux étaient contaminées, les eaux de source, les consommateurs ne le savaient pas. L'État avait-il connaissance des pratiques illégales du groupe NESTLE ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi, ce dossier, je ne le connais pas dans son entièreté, mais je peux vous dire que j'ai été à l'origine des enquêtes que nous avons lancées lorsque NESTLE a souhaité prendre contact avec le Gouvernement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Fin d'été 2021. NESTLE sollicite une rencontre avec votre cabinet.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Exactement. Mon cabinet les reçoit, dans la foulée, ils demandent à la Direction Générale de la Concurrence et de la Consommation et de la Répression des Fraudes de lancer une enquête. Je rappelle qu'elle a un rôle de police en la matière, c'est la police judiciaire de la justice sur les sujets de loyauté commerciale, c'est-à-dire un mauvais étiquetage. Et deuxièmement, c'est moi qui ai exigé qu'on ait une enquête de l'IGAS, en plus, sur le volet santé, considérant que le ministère de l'Industrie n'était pas compétent en matière d'impact de santé. Et ce sont ces deux enquêtes qui ont permis de comprendre exactement quelle était la nature des traitements. Je peux vous dire, je m'inscris en faux, sur le fait que nous avions connaissance avant ces enquêtes des traitements de NESTLE. C'est parce que nous avons pris ces enquêtes, c'est parce que nous avons mis la police sur le coup qu'on a pu progressivement faire la lumière sur la nature des traitements que faisait NESTLE sur ces sujets.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La Direction Générale de la Santé a alerté à plusieurs reprises, alerté l'exécutif sur l'illégalité des pratiques de NESTLE. Et l'autorisation d'exploitation et de conditionnement de l'eau n'a pas été suspendue.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, Jean-Jacques BOURDIN, la limite de mon savoir s'arrête en mai 2022. C'est-à-dire que je n'ai pas eu accès aux pièces…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne savez pas si NESTLE a discuté avec Matignon ou l'Élysée sur…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Exactement, parce que j'ai changé de portefeuille, je suis devenue ministre de l'Énergie en 2022. Et comme il s'agissait de sujets qui sont couverts par le secret des enquêtes, je n'ai jamais eu accès aux pièces du dossier.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est ce que vous direz à la Commission des enquêtes qui va vous entendre ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je leur dirai la vérité, c'est-à-dire celle-là, j'ai lancé immédiatement des enquêtes, et à partir de mai 2022 je ne suis pas en situation de vous informer parce que, pour des raisons évidentes, je n'ai pas eu accès aux pièces du dossier.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne savez pas s'il y a eu lobbying ou pas auprès de l'Élysée ou auprès de Matignon.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je ne saurais pas vous répondre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vraiment. Vous ne saurez pas me répondre, c'est ce que vous direz à la commission d'enquête qui souhaite vous entendre. Vous répondrez d'ailleurs à cette demande.
AGNES PANNIER-RUNACHER
J'ai déjà répondu à l'information qui avait été lancée et je le ferai évidemment en disant tout ce que je sais sur cette affaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dites-moi, la Commission européenne qui a payé des ONG pour pousser à l'adoption du pacte vert, vous étiez au courant de cela ou pas ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Absolument pas, et je veux aussi dire une chose. La France, par exemple, s'est battue pour la reconnaissance du nucléaire par la commission européenne et par les textes européens. Je ne suis pas sûre que ce soit une mesure qui était très soutenue par certaines ONG. Mais ça ne nous a pas empêché d'avancer. Je ne sais pas ce qui s'est passé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Là encore, il y a une enquête qui est ouverte.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Il faut qu'il y ait une enquête et il faut que les choses soient éclaircies. Ce que je peux vous dire, c'est que la France n'a pas besoin… Défendre les intérêts de la France coûte que coûte, quelles que soient les pressions que peuvent exercer les uns et les autres, au niveau des députés européens et au niveau de la commission. Pour moi, c'est un non-sujet. Lorsqu'on est un Gouvernement, on doit défendre les intérêts de son pays, et on y arrive parfaitement, cette négociation l'a bien montré.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Agnès PANNIER-RUNACHER, puisque vous parlez de la défense de la France et de l'Europe, on voit les offensives commerciales de monsieur TRUMP, pour l'instant je ne vois pas encore de vraie réponse européenne. Elle va arriver cette réponse européenne ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Pour faire une réponse européenne il faudrait avoir une menace matérielle.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et à ce stade on n'a pas de menace matérielle, on a des propos flous. Je ne sais pas, on a des propos flous, on n'a pas de menace matérielle, flous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah pardon, je n'avais pas bien compris.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Des propos flous, c'est-à-dire que le président TRUMP dit qu'à un moment il va s'adresser à l'Europe et il n'a pas préciser quelle était sa pensée sur l'Europe. Donc on aura évidemment une réponse, et moi, j'appelle de mes voeux qu'on ait une réponse forte. Dans un rapport de force, il faut être capable de tenir sa partie de…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire que s'il y a un droit de douane, on fait de même ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Vous savez, comme on l'a fait sur un certain nombre de dossiers, je pense notamment à des dossiers dans l'aéronautique, quand il y a eu des enquêtes sur AIRBUS, on a répondu par des enquêtes sur BOEING. Et à la fin on gagne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tiens, à propos d'avions, vous avez vu la protestation des petits aéroports de province, du monde de l'aéronautique, contre la taxation supplémentaire sur les billets d'avion ? Que leur répondez-vous ? Ils disent que c'est une catastrophe pour notre secteur.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, je leur réponds deux choses. La première chose c'est qu'ils ne peuvent nier que cette taxation, elle a été discutée, moi j'étais dans le Gouvernement BARNIER, qu'elle a été discutée avec l'ensemble des acteurs. Donc elle ne tombe pas du ciel. Et justement, on a pris en compte, par exemple, les déplacements vers la Corse, ou les déplacements vers l'outre-mer, qui ne sont pas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Impactés.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Voilà. Et la deuxième chose, c'est de dire de quoi s'agit-il ? D'augmenter de quelques euros le prix en classe économie, et de quelques dizaines d'euros le prix en classe affaires. Et je pense que tous les Français qui n'utilisent pas l'avion, aujourd'hui, préfèrent que sur l'écologie, on le fasse sur ceux qui ont les moyens de prendre un vol en classe affaires pour aller loin, parce que c'est de ça qu'il s'agit, plutôt qu'on augmente le prix du gaz ou le prix du carburant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le prix du gaz, d'ailleurs, ça va donner quoi dans l'année qui vient ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Le prix du gaz, c'est une très bonne question, parce que nous sommes totalement dépendants de notre fourniture vis-à-vis de l'international.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et toujours de la Russie, d'ailleurs ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, assez peu de la Russie en réalité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais encore ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, Jean-Jacques BOURDIN, nous réceptionnons du gaz russe, mais c'est pour le renvoyer vers l'Allemagne. Nous, nous consommons très peu de gaz russe. En revanche, c'est une façon de redire que l'électricité, c'est nous qui produisons, et donc nous sommes capables d'en piloter le prix, beaucoup plus que le gaz et le pétrole, parce que nous sommes dépendants. Et c'est pour ça qu'il faut aussi entamer la transition écologique et la transition énergétique, pour des raisons de pouvoir d'achat. Ce qu'on produit en France, on le maîtrise, ce qu'on importe de l'extérieur à 99 %, eh bien, on subit.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'avez pas assez qu'on soit, dans certaines régions françaises, pollués par les émanations allemandes dues au charbon ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est une très bonne question.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais oui, c'est une très bonne question, parce que ça franchit les frontières.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait, et je fais partie de ceux qui estiment qu'il faut aussi rappeler les conséquences de l'utilisation du charbon sur la santé des Françaises et des Français, on l'a dit. Et par ailleurs, vous savez que l'Allemagne a réduit de 30% son utilisation du charbon l'année dernière.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Agnès PANNIER-RUNACHER d'être venue nous voir ce matin sur Antenne de Sud Radio
Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 février 2025