Texte intégral
DJAMEL MAZI
07 h 45 si vous nous rejoignez ce matin sur France Info. 07 h 45 si vous nous rejoignez dans la matinale. Serge CIMINO nous a rejoint pour notre invité politique à 07 h 45. Serge, vous recevez, ce matin Véronique LOUWAGIE. Bonjour.
VERONIQUE LOUWAGIE
Bonjour.
DJAMEL MAZI
Vous êtes ministre chargée des commerces et des PME. Soyez la bienvenue.
SERGE CIMINO
Bonjour Madame la Ministre. Alors, vous êtes au coeur de l'actualité. On va y revenir dans un instant, mais hier à cette heure-ci, vous étiez déjà sur le pont avec une meilleure compagnie que la mienne, celle du Premier ministre. Il a réuni tout son Gouvernement. C'était pourquoi ? Pour fêter tous les 49.3 ou pour vous adresser un message ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Plusieurs messages, je dirais. Le premier, il a salué d'abord l'engagement des ministres pour aboutir à ce budget. Il a également salué l'esprit de responsabilité d'un certain nombre de familles politiques qui ont permis d'avoir un budget. En deuxième point, il nous a invitées à rester connecté au territoire et à faire en sorte que nous ayons des relais sur le territoire pour finalement bien prendre le pouls. Ensuite, il nous a demandé de voir comment nous voyons la société et nous sommes intervenus les uns et les autres sur un certain nombre de sujets, qu'il s'agisse des territoires ruraux, de l'accès aux soins, de la justice, de l'autorité, de l'éducation, tous les sujets, en passant par le logement également, qui intéressent finalement la vie des citoyens.
SERGE CIMINO
J'imagine que tous les ministres devaient être soulagés de durer un peu plus puisqu'avec les 49.3, la motion de censure, en tout cas les deux premières, se sont éloignées.
VERONIQUE LOUWAGIE
Oui, tout à fait. Et finalement, hier matin, le message était de dire que le budget est passé. Effectivement, c'était un cap qu'il fallait passer parce qu'il nous faut un budget pour le pays et que maintenant, nous sommes dans un autre axe, c'est de conduire des politiques pour prendre en compte les préoccupations des citoyens et apporter des réponses.
SERGE CIMINO
Alors, je le disais, vous êtes au coeur du réacteur de l'actualité avec l'article 10 du budget, adopté par 49.3, mais il y a un petit hic, c'est l'abaissement du seuil d'exemption de la TVA qui va toucher un peu plus d'autoentrepreneurs. Hier, le ministre de l'Économie, donc votre ministre de tutelle, suspend cette mesure. Vous allez recevoir les différentes fédérations interprofessionnelles à 11 h 30. C'est quoi ? C'est de l'amateurisme de ne pas avoir senti comme ça que ça allait coincer ? 400 à 700 millions, c'était à peu près le rendement de cet article. Qu'est-ce qui va se passer déjà sur le fond ? Et cette suspension, est-ce que c'est un recul définitif ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Alors, juste rappeler que cet article 10, il baisse la franchise de TVA qui s'applique à toutes les entreprises.
SERGE CIMINO
De 37 000 à 25 000.
VERONIQUE LOUWAGIE
Ça n'est pas uniquement le statut des micro-entrepreneurs, c'est important de le rappeler.
SERGE CIMINO
Mais c'est eux qui apparemment seraient les plus touchés.
VERONIQUE LOUWAGIE
Mais également d'autres entreprises. Rappelez que cet article 10, il a été adopté au Sénat le 1er décembre et ensuite, effectivement, en commission mixte paritaire. Que la motion de censure le 4 décembre n'a pas permis l'examen d'un texte qui aurait probablement permis de mettre, je dirais, en débat ce sujet. Juste rappeler que ce sujet a fait l'objet d'un certain nombre de concertations. Également, il n'y a pas très longtemps, c'était à l'automne 2023, dans le cadre des assises de la simplification. Au demeurant, c'est vrai qu'il n'a pas fait l'objet d'un grand débat lors de ce PLF. Dire que s'il y a eu un abaissement de ce seuil de franchise en matière de TVA, c'est pour répondre à plusieurs points. Un premier point de simplification. Aujourd'hui, il y a huit seuils de franchise de TVA. Huit seuils, donc, c'est quand même assez compliqué. Vous savez que la simplification est un élément sur lequel le Premier ministre veut s'engager. Le deuxième point, c'est que ce seuil de TVA, qui permet une franchise pour un certain nombre d'entreprises, pose des questions en termes de concurrence à l'intérieur du pays. Cela crée pour certains une concurrence déloyale par rapport aux entreprises qui sont assujetties à la TVA et celles qui ne le sont pas. Cela crée aussi un dispositif de concurrence déloyale avec une nouvelle mesure qui va s'appliquer au 1er janvier où des entreprises qui ne sont pas en France, mais dans un autre État membre vont pouvoir venir réaliser en France, via des procédures allégées, des activités à hauteur de la franchise de TVA qui est retenue en France. Avec un seuil de 85 000…
SERGE CIMINO
Alors, vous allez dire quoi à ces fédérations ? Que c'est un recul définitif ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Non, comme l'a dit hier soir Éric LOMBARD, c'est une suspension le temps de la concertation. Je débute la concertation en fin de matinée avec l'ensemble des acteurs, les organisations professionnelles, les chambres consulaires, les organisations qui représentent les petites entreprises et j'entends conduire cette concertation jusqu'à la fin du mois de février pour être prêt au 1er mars.
SERGE CIMINO
Alors, on en reparlera à ce moment-là. Vous êtes dans un secteur commerce, artisanat et PME qui est assez fragilisé à la fois par des crises antérieures, mais aussi en partie par la première censure et par la conjoncture économique. Vous diriez quoi que dans le milieu du commerce et de l'artisanat, la crise est déjà ressentie de manière très violente avec en plus une perspective de croissance pour 2025 en baisse. C'est une alerte que vous envoient tous ces commerçants, artisans et PME ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Je crois qu'effectivement, vous avez raison de pointer le doigt sur tous les effets de la censure et de l'instabilité politique que nous avons connue. Je rappelle que la censure a coûté douze milliards d'euros.
SERGE CIMINO
Il y a débat là-dessus, mais en tout cas, c'est ce que dit le Gouvernement.
VERONIQUE LOUWAGIE
Oui, mais probablement, on dit à peu près de six milliards en termes de croissance et la croissance a un impact direct sur le commerce et six milliards en termes de mesures qui n'ont pas pu être proposées. Il faut redonner de la confiance, et notre pays a besoin de confiance, moi, je l'entends tous les jours et ce budget va participer à cette confiance.
SERGE CIMINO
Mais faire des économies, c'est donner de la confiance à qui ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Vous savez, faire des économies, c'est aussi participer au redressement des finances publiques, et vous le savez, les Français sont attentifs à cette situation de notre déficit, de notre niveau d'endettement. Et quand nous pouvons dire aux Français que nous allons diminuer le déficit, c'est ce qui se fait entre 2024, où nous avions un déficit à 6%, qui va être diminué à 5,4%, que l'État, il prend aussi toute sa part, parce que c'est un message que moi, j'entends tous les jours, en disant que l'État doit prendre sa part, et c'est ce qu'il fait au travers de ses dépenses. Je rappelle que les dépenses de l'État en 2025 vont baisser de 2 % en valeur par rapport à 2024, que l'État a demandé à tous ses opérateurs, c'est-à-dire tous les satellites qui réalisent un certain nombre de missions de services publics, de diminuer leurs dépenses à hauteur de 5 % du budget, donc ça, ça participe à la confiance. Ensuite, il faut apporter des réponses, vous avez raison, aux commerçants, il faut répondre aux commerces aussi, en milieu rural. Nous allons avoir un projet de loi simplification de la vie des entreprises qui va apporter des réponses, notamment en matière de baux ruraux, pour faciliter et améliorer la trésorerie des commerçants, il faut engager une politique de re-commercialisation pour effectivement faire en sorte que ces commerces, qui participent à la vitalité des territoires répondent aussi aux besoins et à l'intérêt des citoyens.
SERGE CIMINO
Alors, un autre point qu'on va aborder rapidement, qui vous concerne là aussi directement, on a vraiment beaucoup de chance de vous avoir, c'est le sujet des titres restaurants. Donc il a été prolongé la possibilité d'acheter avec ces titres restaurants des aliments non directement consommables jusqu'à la fin 2026, on est d'accord et après, qu'est-ce qui se passe ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Tout à fait. Alors je dirais que ça va se passer avant. J'ai débuté, d'ailleurs une concertation hier où j'ai réuni tous les acteurs qui sont concernés par le titre restaurant, les salariés, les employeurs, les restaurateurs et assimilés, et les émetteurs. Et nous devons réformer le titre restaurant. Le titre restaurant existe depuis 1967, or la vie a changé, la manière dont les salariés utilisent ce titre, ce restaurant a aussi changé. Donc il faut le moderniser. L'objet, c'est de trouver, je dirais, des pistes de réforme pour cet été. Il faut faire en sorte que ce titre soit adapté aux nouveaux besoins, faire en sorte de régler aussi la question des commissions, de la transparence des commissions, dématérialiser ce titre, avoir une réflexion si nous continuons à utiliser ce titre dans les mêmes zones géographiques puisqu'aujourd'hui, il ne peut être utilisé que dans le département ou les départements voisins. Il y a un certain nombre de sujets. L'idée, c'est de le réformer, de présenter cette piste dès cet été pour être prêt bien avant le 31 décembre 2026.
SERGE CIMINO
Alors un sujet, il faut le rappeler, vous êtes des Républicains. J'ai vu parti de Monsieur WAUQUIEZ si tant est qu'il devienne président. Il y a donc un débat, un duel Bruno RETAILLEAU-Laurent WAUQUIEZ. Est-ce que vous avez fait un choix, vous, à titre personnel ? Est-ce qu'il faut une nouvelle guerre des chefs, des égaux au sein des Républicains ? On sait qu'à l'UMP, c'était une spécialité maison.
VERONIQUE LOUWAGIE
Alors, écoutez, à cette dernière question, la réponse est dans votre question. Bien évidemment, il ne faut pas de guerre des chefs. Moi, je me réjouis que la droite ait retrouvé, je dirais, une visibilité. Je suis très satisfaite que nous soyons une droite responsable. Nous participons au Gouvernement, nous sommes un parti du Gouvernement. Nous sommes aussi une droite exigeante et je crois que c'est important d'avoir une ligne de conduite. Nous sommes également une droite ancrée sur les territoires. Et toute cette force des territoires, il faut la mettre à profit. Et nous sommes une droite fidèle à nos valeurs et j'entends que ces valeurs nous puissions les porter, que ce soit la revalorisation du travail, la valeur de l'entreprise, l'autorité, un certain nombre de sujets qui vont être travaillés. Et nous réglerons la question des hommes dans un deuxième temps.
SERGE CIMINO
Dernière question, rapide et réponse rapide. Faut-il changer le nom de votre parti ? Les Républicains, ça doit disparaître ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Je pense qu'il faut établir une concertation avec l'ensemble des adhérents, donner la parole aux adhérents sur cette question. Mais c'est une question qui peut être posée.
SERGE CIMINO
Merci beaucoup Madame la Ministre.
VERONIQUE LOUWAGIE
Merci à vous.
DJAMEL MAZI
Merci beaucoup, Véronique LOUWAGIE.
VERONIQUE LOUWAGIE
Merci.
DJAMEL MAZI
Je rappelle que vous êtes ministre du Commerce, des PME et de l'Économie Sociale et Solidaire. C'est important de le souligner. Merci d'avoir été notre invité ce matin sur France Info. Merci beaucoup Serge, à 7 h 53 si vous nous rejoignez sur France Info dans la matinale. Alors on va parler culture avec vous, Murielle ROUSSELIN et vous allez nous présenter une artiste qui sort des sentiers battus avec son tout premier album, peut-être que vous la connaissez, vous, Madame la Ministre, qui s'appelle Hélène in Paris. Est-ce que vous connaissez Hélène in Paris ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Vous allez me la faire connaître.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 10 février 2025