Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Madame la Secrétaire générale,
Mesdames et Messieurs les agentes et les agents du ministère de l'Europe et des affaires étrangères,
Chers collègues,
Chers toutes et tous,
Merci, Madame la Secrétaire générale et vous toutes et tous, pour vos voeux, les voeux de l'ensemble des agents de ce ministère que je suis fier de conduire depuis cinq mois maintenant, depuis septembre 2024.
Vous avez dit que 2024 s'annonçait comme un millésime pour notre pays et pour notre diplomatie. Il est vrai qu'elle aura été marquée par les événements internationaux qui ont placé notre pays au centre du monde. Et pour notre ministère, elle restera dans les annales.
Songez qu'il aura connu trois ministres en une seule année. Et rassurez-vous en y pensant, avec mon collègue Thani [Mohamed-Soilihi], nous entendons bien rester un petit peu plus longtemps, inspirés par celui dont nous célébrerons le 9 mai prochain le 75ème anniversaire de la déclaration, Robert Schuman, qui resta dans ce ministère pendant quatre ans, cinq mois et treize jours, survivant à onze remaniements ministériels.
Si cette année 2024 a été un grand millésime pour notre pays et pour notre ministère, c'est grâce à vous et c'est grâce à votre énergie. Une énergie renouvelable et décarbonée, une énergie qui se mesure à la température qu'il fait dans la salle de ce centre de conférence, qui démontre - même si un certain nombre de nos collègues ne sont pas avec nous, mais nous rejoindrons peut-être en ligne - à quel point l'engagement, le professionnalisme, le dévouement des agentes et des agents du Quai d'Orsay sont à la hauteur de la tradition de cette si belle maison.
L'année qui s'achève a aussi connu des moments éprouvants et celle qui s'ouvre ne devrait pas être moins agitée. Et avant de partager avec vous quelques réflexions, je voudrais vous adresser à mon tour, Madame la Secrétaire générale, Mesdames les agentes et [Messieurs] les agents, mes voeux les plus sincères, pour que 2025 soit synonyme de santé, de joie, d'épanouissement pour vous toutes et tous et pour vos proches.
La Secrétaire générale évoquait justement votre engagement, et particulièrement celui de nos collègues confrontés à des situations de crise. Je reviens de la République démocratique du Congo, où la situation est très difficile, mais où l'équipe tient, sous la houlette de l'ambassadeur, que je salue, dont je salue le sang-froid, dont je salue le courage dont il a fait preuve la semaine dernière, alors que notre emprise diplomatique était prise d'assaut et que le bâtiment du consulat était incendié. Je félicite nos agents sur place, qui assurent leur mission dans ces circonstances. Et il en va de même au Proche et au Moyen-Orient, en Ukraine ou au Venezuela, partout où nos agents vivent au rythme de la guerre, des attaques aériennes, des conflits ou des restrictions, partout où nos agents voient leur liberté de mouvement restreinte par la situation sécuritaire ou sont ciblés par les autorités politiques en place, comme récemment au Venezuela, partout où nos agents voient leur outil de travail attaqué, comme il y a quelques jours à Kinshasa, partout où nos agents subissent les conséquences des catastrophes naturelles, les conséquences dramatiques du dérèglement climatique, comme au Vanuatu il y a quelques semaines et bien sûr à Los Angeles.
Nos agentes et nos agents se distinguent par leur application et leur énergie, qui sont la clé de notre puissance d'action et de la continuité du service public que nous apportons à nos concitoyens même quand les temps sont durs et que les risques sont réels. Ce formidable réseau diplomatique peut compter sur les agents du Département à Paris, en région parisienne et à Nantes, dont je sais aussi l'engagement et la détermination. Merci à vous.
Lors de la 30ème Conférence des ambassadrices et des ambassadeurs, nous avons fêté un quadruple anniversaire. Outre la 30ème édition de la conférence, nous avons salué les 180 ans de la pose de la première pierre de l'Hôtel du Ministre. Nous savons tous quel rôle il joue pour notre diplomatie et pour la paix. Je veux saisir l'occasion de ces voeux pour saluer toutes celles et ceux d'entre vous qui ont contribué par le passé, contribuent aujourd'hui et contribueront demain encore au fonctionnement de ce lieu emblématique, notre outil de travail. Nous avons aussi fêté les 50 ans du CAPS [Centre d'analyse, de prévision et de stratégie], auquel j'ai rendu hommage et qui se lance dans de nouveaux défis. Enfin, nous soufflerons dans quelques semaines les 60 bougies de notre site de Nantes, où je me rendrai pour venir saluer le travail des 1200 agents de la Direction des archives, des services consulaires, du numérique et des ressources humaines et financières. Sans vous, pas de diplomatie. Sans diplomatie des territoires, pas de diplomatie. Agentes et agents de Nantes, vous en êtes à la fois le symbole et l'illustration, alors merci pour votre engagement sans faille. Je continuerai dans les mois qui viennent, avec Thani [Mohamed-Soilihi], Benjamin [Hadda] et Laurent [Saint-Martin], à venir à votre rencontre, en France comme à l'étranger, car vous êtes le coeur vibrant de la diplomatie française.
Chères agentes et chers agents, ces derniers mois, j'ai beaucoup parlé de vous et de vos métiers, notamment quand il s'est agi de défendre le budget de notre ministère. À chaque fois que des efforts ont été demandés au ministère de l'Europe et des affaires étrangères, j'ai toujours commencé par rappeler que ce réseau de 170 ambassades et consulats, qui devance celui du Royaume-Uni, de l'Allemagne ou de la Russie, fonctionne avec la subvention annuelle de l'Opéra de Paris. Et qu'avec 13.600 agents - soit l'équivalent des effectifs de la métropole de Toulouse - nous parvenons à faire entendre la voix de la France et à protéger les intérêts de notre pays et de nos compatriotes partout dans le monde. Une diplomatie sur tous les fronts et sur tous les fuseaux horaires.
Mais soyons clairs, les moyens de ce ministère ne sont pas épargnés par le contexte budgétaire difficile dans lequel nous évoluons. La préparation du budget 2025 montre que nous devons mobiliser toutes nos forces pour défendre nos avancées sur l'agenda de transformation, sur la modernisation de nos services et sur notre action en matière d'influence et de développement, de l'intérêt très direct pour les Français de nos politiques d'influence, plus généralement, car ça n'est pas toujours compris à sa juste valeur ou jugé primordial ou prioritaire pour répondre aux besoins de nos compatriotes.
C'est pourquoi je souhaite que nous fassions corps pour répondre et organiser la protection de nos métiers, en expliquant toujours mieux notre action et nos missions. C'est vrai dans l'interministériel, mais c'est vrai aussi et surtout vis-à-vis des parlementaires, dont tout le monde oublie trop souvent que ce sont eux qui votent le budget. La situation politique actuelle nous le rappelle clairement. Pour chaque dépense, il faut se demander ce que cela apporte aux Français et le traduire de telle manière qu'il sera plus difficile d'assumer des coupes dans nos budgets. Si ça ne peut pas être caractérisé, alors ça donne le sentiment de n'être pas prioritaire.
Si la réalité de nos métiers est aussi méconnue, c'est parce que nous n'en faisons pas assez la promotion ou l'explication. Le débat qui a entouré la fiscalisation des IRE [indemnités de résidence à l'étranger] doit être pour nous un électrochoc. Oui, certains sont montés au créneau pour défendre cet élément essentiel pour la force de notre réseau diplomatique et son attractivité, mais d'autres ont répandu contre-vérités et légendes urbaines au sujet des agents de ce ministère, réduisant la diplomatie à des mondanités sous le soleil de destination lointaine, ce qui est tout à fait inacceptable. Ces jours-là, nous avons rendu coup pour coup. Mais si c'est stéréotypes résistent année après année, décennie après décennie, c'est que nous n'occupons pas assez le terrain pour dire ce que nous faisons et comment nous le faisons.
En 2025, nous continuerons à tracer notre sillon et à cultiver la voie singulière de la France, celle qui est attendue, écoutée et parfois redoutée. Nous le ferons partout où la guerre déchire les sociétés, afin d'obtenir des accès humanitaires, la cessation des hostilités, un chemin vers la paix, au Proche et au Moyen-Orient, au Soudan, dans la région des Grands Lacs, en Ukraine. Nous serons de tous les fronts, pour que tous les moyens diplomatiques soient engagés. Nous le ferons par une action résolue et déterminée à l'Organisation des Nations unies, et en particulier lors de la présidence du Conseil de sécurité au mois d'avril. L'ONU est notre fondation, mais elle doit se réformer. Pour cela, nous serons à l'initiative pour que la gouvernance intègre des pays du continent africain, que le droit de veto soit réformé, que le droit international humanitaire soit pleinement applicable. Nous le ferons enfin en poursuivant nos efforts en faveur de réponses globales aux enjeux globaux. En 2025, nous aurons avec le Costa Rica un rendez-vous décisif à Nice, avec la Conférence des Nations unies sur l'Océan, qui a vocation à être pour l'océan ce que l'Accord de Paris, dont nous fêterons le 10ème anniversaire, a été pour le climat.
En 2025, nous devrons également accélérer pour que notre diplomatie soit toujours plus créative. Ces dernières années, nous avons accompli beaucoup, à l'appui des états généraux de la diplomatie. Sur 350 recommandations, 80% ont été mises en oeuvre ou lancées, et je veillerai à ce que les travaux se poursuivent. Vous l'avez dit, Madame la Secrétaire générale, l'agenda de transformation est l'affaire de tous. Des initiatives très concrètes nous donnerons de l'élan ces prochains mois. La conférence permanente autour des ambassadrices et ambassadeurs, dont la première session s'est tenue ce midi, pour que les meilleures idées émergent de manière plus rapide, plus directe, plus agile. Je souhaite que nous travaillions sur l'impact de nos missions et de nos métiers. Nous lancerons pour cela une consultation auprès de l'ensemble des agents, pour vous faire contribuer, toutes et tous, à ce travail. Et nous lancerons en parallèle une campagne d'information pour mieux faire connaître et comprendre nos métiers au grand public, cependant que l'Académie diplomatique est consulaire prendra un nouvel élan. Le chantier de l'intelligence artificielle, enjeu autour duquel nous aurons dans quelques jours un rendez-vous international majeur. L'intelligence artificielle doit nous faciliter la vie dans l'exercice de nos métiers et nous permettre de nous concentrer sur l'essentiel de nos métiers de diplomates et de nos métiers consulaires.
La mission que j'ai souhaité confier à Mme Catherine Pégard et soutenue par une task force transversale permettra, dès les prochains mois, de mieux structurer et organiser la manière dont les entreprises que nous accompagnons dans leur stratégie d'export ou d'implantation peuvent être mobilisés pour contribuer à leur tour à soutenir nos efforts diplomatiques partout dans le monde.
Enfin, en 2025, notre action sera encore et toujours au service de nos compatriotes. D'abord, à travers la poursuite de la modernisation de notre action consulaire, pour laquelle vous avez tant oeuvré et qui est saluée par nos concitoyens et leurs élus. Ensuite, en mettant toute notre énergie sur ce qui préoccupe le plus nos compatriotes : l'éducation, l'immigration, le coût de l'énergie, l'emploi. Sur tous ces sujets, les Français attendent de nous beaucoup plus, mais c'est aussi à nous de dire ce qu'aujourd'hui déjà nous faisons pour eux.
Enfin, en prenant un virage à 180° sur la manière dont nous concevons notre action et en mettant au coeur de nos métiers la question de l'impact. Il y aurait bien des choses à dire sur le moment états-unien que nous vivrons. Je retiendrai le premier tweet - pardon de le citer - de mon nouvel homologue, Marco Rubio, qui défendra les intérêts de son pays, mais qui le fera avec une philosophie très claire : l'obsession des résultats. Ainsi tweetait Marco Rubio : "À chaque fois que nous consacrons du temps, de l'énergie, voire de l'argent à un programme, à une politique, à un dispositif, tâchons de nous assurer que ce programme, cette politique, ce dispositif améliore la vie de nos concitoyens, rende notre pays plus prospère ou renforce les Etats-Unis d'Amérique, et si possible les trois à la fois." Alors évidemment, il n'a pas tweeté en français, mais vous avez compris l'idée. Il ne s'agit pas de travestir notre travail. Il s'agit de mieux le valoriser, dans un monde et dans un système de contraintes qui exigent de notre part de mieux savoir exprimer tout ce que nous apportons à notre pays et à nos compatriotes.
Ce travail nous amènera peut-être à réinterroger certaines de nos manières de faire. Je vous appuierai dans ces démarches, avec la Secrétaire générale, les directrices et directeurs, les ambassadrices, les ambassadeurs, mais aussi les organisations syndicales, dont je salue le travail.
Je souhaite que cette approche nous mène à nous emparer des chiffres concrets de notre action, de manière beaucoup plus systématique que cela n'est le cas aujourd'hui. Chacun d'entre vous doit pouvoir expliquer en quelques phrases très simples ou quelques chiffres frappants les conséquences concrètes de notre action sur le quotidien, sur la vie de nos concitoyens, celle de nos entreprises, celle de nos territoires. Le ministère accomplit de grandes choses pour la France, pour les Françaises et pour les Français. Soyons toutes et tous les ambassadrices et les ambassadeurs du Quai d'Orsay.
Chères agentes, chers agents, nous accomplissons dans ce ministère des missions inédites, en suivant des chemins de crête. Cela peut être harassant, mais c'est toujours exaltant. Alors, en 2025, nous aurons des rendez-vous diplomatiques de première importance, pour l'environnement et le climat, pour la nutrition et la santé, pour l'intelligence artificielle, pour l'ordre international, pour la paix. Nous aurons besoin de l'engagement de chacune, de chacun d'entre vous, dans vos domaines respectifs, mais aussi au service des grandes questions transversales qui traversent notre ministère et auxquelles nous devrons trouver des réponses. Trouver des chemins, c'est bien là un défi tout diplomatique. Et je sais que vous saurez le relever, je sais que nous saurons le relever ensemble. Je compte sur vous.
Je vous remercie pour votre engagement et je vous adresse à mon tour pour vous, celles et ceux qui vous sont proches, celles et ceux que vous aimez, des voeux de bonheur, de santé, de réussite dans tout ce que vous entreprendrez, et de fraternité dans les temps que nous allons vivre ensemble. Merci à toutes et tous.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 février 2025