Interview de Mme Juliette Méadel, ministre déléguée, chargée de la ville, à BFM TV le 13 février 2025, sur la politique de la ville.

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Média : BFM TV

Texte intégral

ADELINE FRANÇOIS
Bonjour Juliette MEADEL.

JULIETTE MEADEL
Bonjour.

ADELINE FRANÇOIS
Merci d'être avec nous ce matin, ministre déléguée à la Ville. Merci d'être avec nous pour évoquer l'état des logements sociaux dans les quartiers populaires. Mais avant d'en parler, on voulait d'abord entendre votre réaction après cette attaque à la grenade survenue hier soir dans un bar de Grenoble et qui a fait au dernier bilan douze blessés, dont six dans un état très grave. Votre commentaire, votre réaction ce matin.

JULIETTE MEADEL
D'abord, je pense aux victimes parce que non seulement il y a six personnes en état d'urgence absolue, donc ça veut dire entre la vie et la mort, il y a probablement plus de blessés et je pense à tous les traumatisés autour : ils sont dans un café, ils sont en train de boire un café et on leur met une bombe dans les pieds. Donc on est d'abord, je suis d'abord évidemment soucieuse des victimes. Il y a probablement des cellules d'urgence médico-psychologique qui vont être mises en place, mais ce à quoi je pense, c'est la raison. Pour l'instant, ça n'a pas été tout à fait qualifié. Le parquet s'exprimera. En ce moment, il y a beaucoup, beaucoup d'actes qui sont des actes de règlement de comptes dans le cadre du trafic de drogue. Je ne sais pas si c'est le cas, mais ça commence à être plus qu'invivable et insoutenable, en particulier dans les quartiers dont je m'occupe, qui sont les quartiers dits prioritaires politiques de la ville.

ADELINE FRANÇOIS
C'en est un, là, le quartier du village olympique ?

JULIETTE MEADEL
Oui, je crois, j'en étais en train de vérifier, mais je suis quasiment certaine. De toute façon, de toute façon, la vie devient insupportable. J'étais à Marseille. J'étais à Montfermeil. Ça devient extrêmement difficile pour ces habitants malgré tous les dispositifs qui ont été mis en place. Et je suis aujourd'hui heureuse d'être dans un Gouvernement où nous avons un ministre de l'Intérieur, Bruno RETAILLEAU, et un ministre de la Justice qui ont déclaré la guerre au trafic de drogue parce que moi, je m'occupe des habitants. Je suis une femme de gauche et je peux vous dire que tous les habitants des quartiers me disent en premier lieu que leur problème est un problème d'insécurité. Donc beaucoup de choses sont faites. L'État ne les abandonnera pas. Nous sommes là et moi, je suis aussi là pour améliorer leur cadre de vie et c'est ce dont on va parler ce matin.

CHRISTOPHE DELAY
La femme de gauche n'a aucun tabou pour les méthodes rudes et sans doute justifiées du ministre de l'Intérieur et des ministres de la Justice, pour évoquer les deux.

JULIETTE MEADEL
Mais attendez, la femme de gauche que je suis se bat pour que la loi soit appliquée. Donc le ministre de l'Intérieur, il applique la loi et il a raison de le faire. Le ministre de la Justice, il l'applique également par définition et moi également. Donc il faut que la loi soit respectée, c'est la première chose, c'est ce que nous devons à nos concitoyens qui sont victimes de ce type d'insécurité.

ADELINE FRANÇOIS
Et il faut aussi respecter le cadre de vie des habitants des quartiers populaires et c'est l'autre mal auquel vous allez vous attaquer. On parle des ascenseurs en panne en permanence, des poubelles qui ne sont pas ramassées, des cages d'escalier qui ne sont pas entretenues. Vous avez décidé de sévir contre les bailleurs sociaux qui n'entretiennent plus les barres d'immeubles. De quelle façon ?

JULIETTE MEADEL
Alors d'abord, je ne veux pas sévir contre les bailleurs sociaux. Le cadre de vie en politique de la ville, ce n'est pas très simple quand même à organiser, y compris pour les raisons de trafic de drogue qu'on vient d'évoquer. Donc l'idée, c'est qu'il existe aujourd'hui une loi, et même un contrat au terme duquel, je le dis pour nos téléspectateurs, au terme duquel les bailleurs sociaux ont une aide financière qui s'appelle une exonération de TFPB. Cette aide financière…

ADELINE FRANÇOIS
La taxe foncière sur les propriétés bâties.

JULIETTE MEADEL
Pardon, une taxe foncière sur les propriétés bâties. Cette aide, c'est 315 millions d'euros par an payés par nos impôts. La plupart des bailleurs sociaux, je le dis ici, sont indispensables et font un travail remarquable, mais j'ai trop de remontées, notamment de terrains où je vois des habitants des logements sociaux qui me parlent de saleté, qui me parlent d'un cadre de vie dégradé, qui me parlent d'ascenseur en panne.

ADELINE FRANÇOIS
Vous avez un exemple concret de cette défaillance ?

JULIETTE MEADEL
Oui. Par exemple, à Marseille, dans le quartier de la Busserine, oui, j'y étais. L'État est évidemment en pleine action. J'y étais, il y a trois semaines. Je vais y retourner le 27 et le 28 février pour voir…

ADELINE FRANÇOIS
Vous avez vu quoi ?

JULIETTE MEADEL
J'ai vu un état de délabrement. Et j'ai vu un état de délabrement effectivement dû au trafic de drogue. Donc, j'ai vu aussi des endroits qui sont délabrés, mais pas à cause du trafic de drogue, délabrés parce qu'il manque d'entretien. Donc les bailleurs sociaux, je le dis encore, sont dans une démarche sociale et nous avons besoin d'eux. La plupart agissent de façon absolument correcte, mais je ne veux plus qu'il y ait des endroits où les ascenseurs tombent en panne pendant plus de trois semaines. Je ne veux plus qu'il y ait des endroits où ce soit sale, dégradé, abîmé et où les habitants me disent qu'il faut qu'on respecte notre dignité et ils ont raison.

CHRISTOPHE DELAY
D'accord. Comment allez-vous faire ?

JULIETTE MEADEL
Alors, dans trois semaines, là, maintenant, je demande au préfet de me faire un bilan. Dans trois semaines, j'aurai la situation pas parfaite, mais j'aurai un état des lieux global, des zones où il y a des gros problèmes. Et à partir de ça, à partir du 7 mars, je donne un délai relativement court, quelques semaines aux bailleurs sociaux pour réparer et arranger la situation. Si la situation n'est pas arrangée à bref délai, je me réserve la possibilité de supprimer cette aide financière pour qu'ils puissent se mettre en mouvement rapidement et réparer rapidement.

CHRISTOPHE DELAY
Mais pardon, est-ce qu'on est sûr qu'ils aient l'argent ?

JULIETTE MEADEL
Mais les bailleurs sociaux ont signé ce contrat dont je vous parle. Chaque année, ils ont signé ce contrat qui les aide. Et c'est aussi à eux de nous dire quand ils ont des problèmes structurels, si par exemple, il n'y a pas de pièces pour réparer un ascenseur, ce qui peut arriver, ça peur arriver, un problème industriel…

ADELINE FRANÇOIS
Ou il n'y a pas d'ascenseur.

JULIETTE MEADEL
Ou il n'y a pas d'ascenseur, mais à ce moment-là, on se met autour de la table et on en discute. Ce qui est important pour moi, c'est la volonté de bien faire. C'est une obligation de moyens, comme on dit en droit. Je suis une ancienne avocate. Une obligation de moyens. Qu'ils fassent leurs meilleurs efforts, mais moi, je ne veux plus voir des habitants qui me disent : " Ça fait six mois qu'on essaie d'avoir le bailleur social parce que l'ascenseur tombe en panne tous les jours ou parce que les caves sont sales et pas entretenues ". On sait, je vais vous dire, les préfets et les maires, les maires m'appellent et je suis très appelée par les maires sur ce sujet. Les préfets et les maires, ils savent où il y a des problèmes. Et quand il y a des problèmes dans un logement social, en général, ça ne fait pas trois jours. En général, ça dure. Donc là où ça dure et là où ce n'est pas raisonnable et là où les habitants ne se sentent pas respectés, je veux leur apporter une réponse rapide. Parce que c'est ça, la politique, c'est d'essayer d'apporter des réponses aussi efficaces que possible dans les contraintes qui sont les nôtres.

CHRISTOPHE DELAY
Vraiment, non mais, vous savez, les téléspectateurs se disent : " Oui, c'est bien tout ça, mais les paroles sont rarement suivies ". Comment allez-vous le vérifier ?

JULIETTE MEADEL
Je leur donne rendez-vous dans trois semaines où je commence ma tournée de tous les endroits où les engagements ne sont pas respectés. Je leur donne rendez-vous par exemple à Marseille le 27 et le 28 et je leur donne rendez-vous concrètement sur le terrain. Suivez-moi et vous verrez comment nous allons mettre en mouvement cette dynamique. Je suis très confiante parce que le logement social, les quartiers politiques de la ville, n'oubliez jamais une chose, c'est un État, des associations et des maires qui sont vraiment dévoués à l'intérêt général, qui y croient et pour qui ça fait sens que d'améliorer nos conditions de vie.

CHRISTOPHE DELAY
Merci.

JULIETTE MEADEL
Merci.

ADELINE FRANÇOIS
Merci à vous.

CHRISTOPHE DELAY
Merci d'être venue ce matin sur le plateau de Première édition.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 février 2025