Interview de M. Bruno Retailleau, ministre d'État, ministre de l'intérieur, à TF1 le 18 février 2025, sur le mariage en France d'un immigré sous OQTF, les tensions avec l'Algérie et sa candidature à la tête des Républicains.

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Média : TF1

Texte intégral

BRUCE TOUSSAINT
Il est 7 h 33. Votre invité ce matin, le ministre de l'Intérieur, Bruno RETAILLEAU.

BRUNO RETAILLEAU
Bonjour Bruno RETAILLEAU.

ADRIEN GINDRE
Bonjour Adrien GINDRE. On parlera dans un instant de votre candidature à la tête des Républicains. Mais d'abord, en tant que ministre de l'Intérieur, plusieurs questions d'actualité. Aujourd'hui, le maire de Béziers, Robert MENARD, est convoqué par la justice. Son tort, avoir refusé de marier en 2023 une Française avec son compagnon algérien parce que celui-ci était en situation irrégulière. Or, en tant qu'officier d'état-civil, Robert MENARD devait célébrer ce mariage. Est-ce qu'il a eu raison d'enfreindre la loi ?

BRUNO RETAILLEAU
Très franchement, je reprends les termes qu'il a eus : " On marche sur la tête ". Est-ce que les Français peuvent comprendre qu'un maire refuse de marier un individu qui est d'abord défavorablement connu des services de police, qui est en plus clandestin en situation irrégulière ? Et c'est le maire qui se retrouve devant le tribunal. Donc je crois que la règle, vous l'avez soulignée ou sous-entendue, elle est ce que nous savons aujourd'hui. Je pense qu'il faut la changer. Voilà, des règles de droit, c'est la même chose pour l'affaire BOUALEM. Lorsqu'une règle ne protège pas les Français, ou même le bon sens tout simplement, il faut la changer. C'est ce que les sénateurs vont tenter de faire à partir de jeudi au Sénat.

ADRIEN GINDRE
Une proposition de loi que vous soutenez. Le fait est que par le passé, il y a déjà eu plusieurs propositions, plusieurs amendements même. En 2023, c'est encore tout récent, votre collègue Gérald DARMANIN, à l'époque ministre de l'Intérieur, avait balayé devant les sénateurs des amendements qui prévoyaient justement ces dispositions parce qu'il disait-il qu'elles sont contraires à la déclaration des droits de l'Homme et que la censure par le Conseil constitutionnel serait assurée. Est-ce que c'était une erreur de Gérald DARMANIN ?

BRUNO RETAILLEAU
Non, simplement je pense qu'il y a une voie de passage. Il l'a très bien expliqué dans une séquence de questions d'actualité au Sénat. Je pense qu'il y a une voie de passage juridique pour rééquilibrer les choses. Je crois que, là encore, quand je parle de bon sens, franchement, il y a beaucoup, beaucoup de règles aujourd'hui. Par exemple, lorsqu'on ne peut pas, sur un… ou sur un Tchétchène qui a commis des crimes, on ne peut pas le renvoyer, ça c'est la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme, tout simplement parce que si on le renvoie, il n'aurait peut-être pas droit à un procès équitable dans son pays. Alors qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce qu'on protège les Français, la société française ou on protège outrageusement des individus qui…

ADRIEN GINDRE
Mais vous ne craignez pas demain la décision du Conseil constitutionnel, voire de la Cour européenne des droits de l'homme, parce que la Convention européenne des droits de l'homme parle de l'union civile comme d'une liberté fondamentale ?

BRUNO RETAILLEAU
Moi, je pense que, justement, il faut réaffirmer un certain nombre de principes de bon sens et c'est la raison pour laquelle Adrien GINDRE, on ne s'en tirera pas si on ne va pas sur un certain nombre de questions précises pour inverser des jurisprudences au référendum. Ça n'est pas possible aujourd'hui, vous le savez bien, mais demain, ça doit l'être, il faut que le peuple soit souverain. Vous savez, c'est le général de GAULLE…

ADRIEN GINDRE
Sur un sujet comme celui-là.

BRUNO RETAILLEAU
Le général de GAULLE, aujourd'hui, ça n'est pas possible. Mais le général de GAULLE disait : " En France, la cour suprême, c'est le peuple ".

BRUCE TOUSSAINT
Mais attendez, en attendant de changer la règle, le ministre de l'Intérieur nous dit ce matin, " Il faut enfreindre la loi ". C'est le bon sens ?

BRUNO RETAILLEAU
Non, le bon sens, c'est qu'un clandestin qui a eu des problèmes avec l'ordre public, on puisse refuser son mariage. Ça ne me choque pas.

BRUCE TOUSSAINT
Même si c'est contraire à la loi ?

BRUNO RETAILLEAU
Croyez-vous, je pense, c'est ce que je vous dis, qu'il faut changer la loi.

BRUCE TOUSSAINT
En attendant de changer la loi, vous dites ?

BRUNO RETAILLEAU
Ils vont le faire dès jeudi. Mais les Français ne comprennent plus. Je veux dire que les Français voient bien qu'il y a un problème d'excès de vitesse, ils sont sanctionnés immédiatement. Et vous avez des individus dangereux qui ne respectent pas nos lois, qui rentrent clandestinement en France. Et on les protège. Regardez les affaires des OQTF, etc., donc les Français, on en a marre.

ADRIEN GINDRE
La règle, justement…

BRUNO RETAILLEAU
Je vais vous dire, c'est une confidence, je les comprends.

ADRIEN GINDRE
Bruno RETAILLEAU, la règle, justement, elle permettait aussi jusqu'à présent des activités ludiques en prison. On a vu à la maison d'arrêt de Toulouse Seysses, ces soins du visage prodigués à des détenus. Alors le ministre de la Justice, Gérald DARMANIN, encore lui, a dit : " Désormais, plus d'activités qui ne concernent pas l'éducation, la langue française ou le sport ". On peut se dire quand même qu'on a toléré, et peut-être le ministre de la Justice a toléré, beaucoup de laisser-aller dans les prisons.

BRUNO RETAILLEAU
Mais bien sûr ! Mais ce laisser-aller... Mais il y a pire ! Si vous n'aviez que des soins esthétiques, je suis contre. Mais c'était bien pire ! C'est des passoires, les prisons. Je peux vous donner des noms, y compris de patrons de la DZ Mafia qui, depuis leur prison, commanditent des crimes.

ADRIEN GINDRE
Et donc par laxisme, y compris du ministère de la Justice ?

BRUNO RETAILLEAU
Pas seulement, parce que simplement, il faut désormais, et Gérald l'a parfaitement compris, je l'appui à 100%, il faut les isoler, comme on peut, par exemple, isoler des individus dangereux qui ont commis des crimes de terrorisme.

ADRIEN GINDRE
Donc vous soutenez cette idée d'une prison dans laquelle on aurait laissé un plus gros narcotrafiquant.

BRUNO RETAILLEAU
Bien sûr.

ADRIEN GINDRE
Je voudrais qu'on parle également de ce qui vous concerne tout directement, puisqu'on a appris il y a quelques heures, plusieurs médias l'ont révélé, que l'Algérie avait refusé, il y a quelques jours, d'admettre sur son sol un Algérien expulsé par la France, qui était pourtant muni d'une carte d'identité. D'ailleurs, vos services ont noté que désormais, la compagnie AIR ALGERIE exige des laissez-passer consulaires en plus des papiers d'identité. Qu'est-ce que ça signifie ? Est-ce que ça veut dire qu'aujourd'hui, vous êtes dans l'incapacité de procéder aux expulsions d'Algériens que vous souhaitez ?

BRUNO RETAILLEAU
Ça signifie d'abord que l'Algérie ne respecte pas le droit. Puisque dès lors qu'un Algérien, si l'Algérien n'avait pas de carte d'identité ou de passeport bionumérique, je comprends qu'il faille un laissez-passer consulaire. C'est la règle partout. C'est d'ailleurs une règle que nous appliquons, qui est une règle qu'ils imposent à tous les pays parce que c'est la convention de Chicago, donc internationale, c'est le droit international. Mais là, le document, donc une carte d'identité, un passeport, il est reconnu. Il est algérien, donc l'Algérie enfreint le droit. J'ai demandé à mes services de voir dans quelles conditions on pouvait sanctionner cette compagnie.

ADRIEN GINDRE
Est-ce que vous avez des moyens de contraindre AIR ALGERIE ou l'Algérie ?

BRUNO RETAILLEAU
On est en train de voir toute l'échelle de la riposte possible, mais vous voyez bien…

BRUCE TOUSSAINT
Pardonnez-moi, mais on parle de quel type de sanctions ? L'interdiction, par exemple, circuler, de voler…

BRUNO RETAILLEAU
Je ne les révélerai pas aujourd'hui, puisqu'on est en train de les étudier.

BRUCE TOUSSAINT
Ça va jusqu'où ?

BRUNO RETAILLEAU
Moi, ça va très loin, je vais vous dire. Je me bats, moi. Je me bats aujourd'hui, pour Boualem SANSAL, ça fait trois mois qu'il est encore dans les geôles, alors qu'il est âgé, qu'il est malade, gravement malade. Ce que je veux dire, c'est qu'on a un accord avec l'Algérie de 94. L'Algérie ne le respecte pas. Pourquoi, nous, on tient vraiment à appliquer l'accord de 68 ? Pourquoi est-ce que la France fait preuve d'une aussi grande faiblesse vis-à-vis de l'Algérie ? Je pense qu'il faut encore une fois poser un rapport de force parce que le monde dans lequel on vit n'est plus le monde d'hier. Le monde dans lequel on vit est un monde où il faut montrer parfois les muscles. Quand on ne les montre pas, on est piétiné.

ADRIEN GINDRE
Il y a quelques semaines, vous disiez précisément à propos de l'Algérie qu'elle voulait humilier la France. Est-ce que c'est encore valable aujourd'hui ? Est-ce que c'est ce que vous voyez dans cette histoire ?

BRUNO RETAILLEAU
Mais bien sûr, bien sûr. Alors que je fasse la une des grands journaux algériens, que je sois insulté du matin au soir, peu m'importe. Vous savez qui m'a soutenu ? Il n'y en a pas beaucoup. Jean-Pierre CHEVENEMENT - je lui rends hommage - et qui est proche de l'Algérie.

ADRIEN GINDRE
Quand j'entends ça, j'entends aussi, ça veut dire que le Gouvernement français ne vous a pas assez soutenu. Dans l'affaire SANSAL, il y a un quai d'Orsay, il y a un ministre des Affaires étrangères, typiquement, Jean-Noël BARROT, vous considérez qu'il ne devrait plus se faire entendre ?

BRUNO RETAILLEAU
Ce n'est pas un problème de Jean-Noël BARROT, ce que je crois.

ADRIEN GINDRE
Vous dites que vous n'êtes pas soutenu.

BRUNO RETAILLEAU
Franchement, on a un cas humanitaire. Est-ce que la France qui se targue d'être la patrie des droits de l'homme l'est encore quand on laisse croupir dans les geôles algériennes un homme âgé et malade ? Un homme qui est non seulement français, un homme qui est un grand écrivain. Vous connaissez le titre de son dernier livre paru il y a quelques mois, avant qu'il ne soit arrêté ? Le français, parlons-en. Nous sommes une patrie littéraire. Le français, c'est ce qui cimente le peuple de France. Nous avons, nous sommes le pays au monde à avoir eu le plus de prix Nobel de littérature. C'est notre identité, le français. Et Boualem SANSAL, que je vois à votre écran, est celui qui porte haut la francophonie. Et alors, on ne va pas le défendre ?

ADRIEN GINDRE
Mais que ce soit le cas de Boualem SANSAL, ou ce qu'on évoquait à l'instant, l'expulsion d'Algériens sous obligation de quitter le territoire français, je n'ai pas compris quels étaient encore les moyens dont vous disposez. On a le sentiment que ça fait des semaines que vous dites qu'il faut se faire entendre et qu'il ne se passe rien.

BRUNO RETAILLEAU
Adrien GINDRE, je n'ai pas en face de moi un journaliste naïf. Les moyens que nous avons, ce sont des moyens individuels. Par exemple, priver un certain nombre de personnalités de la nomenclatura, de diplomates qui bénéficient de faciliter les privés de ces facilités-là, voire remettre en cause, de façon plus générale, des accords : 94, 2007, ou celui qui est le plus connu, 1968, qui est totalement dérogatoire en matière d'immigration. Ce que je dis, c'est qu'à partir du moment où l'Algérie ne respecte pas l'accord avec la France et le droit international, pourquoi est-ce que nous, on s'obligerait à respecter les accords avec l'Algérie ?

ADRIEN GINDRE
On pourra utiliser AIR FRANCE pour expulser éventuellement à défaut d'utiliser AIR ALGERIE ?

BRUNO RETAILLEAU
Pardon ?

ADRIEN GINDRE
À défaut d'utiliser AIR ALGERIE, est-ce qu'on pourra utiliser AIR FRANCE ou d'autres compagnies ?

BRUNO RETAILLEAU
Non, écoutez, on sait très bien qu'au bout du compte, c'était le cas de l'influenceur Doualemn. Si on l'embarque dans nos avions pour l'expulser là-bas, il y aura une barrière, évidemment, sur le sol algérien.

ADRIEN GINDRE
Ces propositions-choc, également, Bruno RETAILLEAU, sur lesquelles je voudrais vous entendre à présent, de deux députés, un député de la France insoumise et un député d'Ensemble pour la République, un parti qui est censé soutenir votre Gouvernement, concernant la lutte contre les narcotrafics. Ils veulent, disent-ils, légaliser l'usage et la détention du cannabis à des fins personnelles et dépénaliser l'usage simple de stupéfiants pour mieux pouvoir lutter contre le trafic de stupéfiants. Ça vient notamment, je le redis, d'un député censé soutenir le Gouvernement. Qu'est-ce que ça vous inspire ?

BRUNO RETAILLEAU
Je suis contre, totalement contre, et ce qui se passe dans les pays qui ont pu légaliser, montre que la légalisation de la drogue, notamment dite douce, ça ne marche pas. Pourquoi ça ne marche pas ? Regardez, par exemple, les cigarettes. On a, en France, la cigarette, c'est un produit légal. Vous allez chez un buraliste et vous pouvez acheter un paquet de cigarettes. On a une explosion de contrebandes. Donc, qu'est-ce qui se passerait, finalement, si on autorisait ? Vous auriez, évidemment, des gens qui vendraient légalement du cannabis, et on sait parfaitement que, sur le cerveau d'un jeune, ça peut avoir, et là, du coup, c'est documenté scientifiquement, des conséquences catastrophiques. Et ensuite, vous auriez un marché parallèle tenu par les trafiquants, par exemple, du cannabis avec une teneur, notamment de THC, non-supérieure, ou alors des prix inférieurs, et vous auriez de la cocaïne. Regardez, par exemple, la Californie. Californie, plus de 70%, bien qu'ils aient légalisé cette vente, 70% se fait par des réseaux parallèles. Regardez ce qui se passe. Est-ce que, par exemple, la Hollande a, comment dirais-je, fait des progrès sur le narcotrafic depuis qu'elle a légalisé ?

ADRIEN GINDRE
On comprend votre position. Je voudrais en venir, quand même, parce que le temps file à votre candidature, à la présence des Républicains. Hier, un bureau politique a lancé officiellement la campagne. Vous faites figure d'ultra-favori. Vous avez le soutien de presque tous les cadres du parti. Les sondages montrent une ascension tous ces derniers mois. Mais Laurent WAUQUIEZ n'a pas désarmé. Il vous oppose plusieurs arguments, notamment votre capacité à cumuler, si vous êtes élu, ministre et président du parti. Il dit d'ailleurs : " ministre de l'Intérieur, c'est l'un des jobs les plus exigeants, un travail à temps plein. Il n'y a pas de temps libre. Quand on est ministre de l'Intérieur, la délinquance ne s'arrête pas à 18 heures et le week-end ". Vous pouvez lui donner tort ?

BRUNO RETAILLEAU
Mais Nicolas SARKOZY, Jacques CHIRAC, François BAYROU…

ADRIEN GINDRE
Il dit : " Les temps ont changé ". La première partie d'interview l'a montré.

BRUNO RETAILLEAU
Les temps ont changé. Attendez, François BAYROU est Premier ministre. Il est maire de Pau. Il est président du MoDem. Non. Moi, je ne suis pas un ministre techno, vous voyez. Ce qui compte, ce n'est pas seulement diriger une administration. C'est aussi s'engager en politique. S'engager en politique, c'est défendre des convictions, défendre une vision. Et en plus, je crois vraiment que ce que je sens, d'ailleurs, depuis que je suis ministre…

ADRIEN GINDRE
Mais Bruno RETAILLEAU, vous essayez d'échapper à la question. Je vais vous faire une citation. Qui disait : " N'y a-t-il rien à faire sur le front de l'insécurité pour que le ministre de l'Intérieur puisse se payer le luxe d'une campagne électorale ? ". C'était vous. C'était vous en 2021. Une campagne, à l'époque, Gérald DARMANIN s'engageait dans une campagne électorale.

BRUNO RETAILLEAU
Mais quelle campagne électorale ?

ADRIEN GINDRE
Campagne des Régionales, à l'époque.

BRUNO RETAILLEAU
C'est une campagne interne qui va concerner 40 ou 50…

ADRIEN GINDRE
Donc, c'est plus facile ?

BRUNO RETAILLEAU
Bien sûr, 40 ou 50 000 personnes. Ce n'est pas du tout la même chose. Et moi, je revendique le fait d'être un homme politique. Et je vois bien ce que je veux, parce que… Vous croyez que je me suis engagé à la légère ? Depuis que je suis ministre de l'Intérieur, il y a une fierté d'être de droite qui s'est levée. On le voit bien dans les sondages. Moi, je veux faire gagner ma famille politique. Croyez-vous, par exemple, pourquoi est-ce que Christiane NIASSE, qui a gagné contre Louis BOYARD, à Villefranche, sur Saint-Georges, ou alors…

ADRIEN GINDRE
À Villeneuve.

BRUNO RETAILLEAU
Villeneuve, pardon, ou encore à Boulogne, par exemple, avec Élisabeth…

ADRIEN GINDRE
Bruno RETAILLEAU.

BRUNO RETAILLEAU
Elles me soutiennent, parce qu'elles sentent très bien qu'il y a eu un élan. Cet élan, il me revient, c'est ma responsabilité, ce n'est pas une affaire d'envie, de plaisir, vous voyez, c'est une affaire de responsabilité.

ADRIEN GINDRE
Tout ça, à condition, pardon, Bruno RETAILLEAU, de pouvoir parler librement. Là encore, Laurent WAUQUIEZ vous met en cause, notamment sur le cas de la nomination de Richard FERRAND au Conseil constitutionnel. Dimanche, vous disiez : " Il y a une séparation des pouvoirs. Je ne peux pas me prononcer sur les décisions à venir des parlementaires ". Laurent WAUQUIEZ vous rétorque : « Ça n'a rien à voir, c'est parce que dans un Gouvernement, il est trop difficile d'exprimer son point de vue ». Le président de parti demain doit pouvoir s'exprimer. Il ne doit pas avoir peur de déplaire à Emmanuel MACRON. Donc, je vous repose la question, sur le cas de Richard FERRAND, Bruno RETAILLEAU, est-ce que vous êtes pour ou contre sa nomination au Conseil ?

BRUNO RETAILLEAU
Mais écoutez, j'ai répondu pour. Vous croyez que j'ai fait la langue de bois sur l'Algérie ?

ADRIEN GINDRE
Vous n'avez pas répondu sur Richard FERRAND.

BRUNO RETAILLEAU
Vous croyez que j'ai exprimé une position du Gouvernement, une position personnelle ? Vous croyez que sur le voile à l'université, sur le voile dans les sorties scolaires, sur le voile dans les compétitions, sur le référendum, vous croyez que j'ai mesuré mes mots ?

ADRIEN GINDRE
Et donc sur Richard FERRAND ?

BRUNO RETAILLEAU
Et sur Richard FERRAND, c'est la différence. Les sénateurs et les députés vont voter. Je ne suis pas... On m'a reproché…

ADRIEN GINDRE
Mais un chef de parti, Bruno RETAILLEAU, ça donne une ligne, ça donne un cap à son parti. Vous ne dites pas aux députés et aux sénateurs LR : " Voilà ce que je souhaite que vous fassiez, voilà ce que je recommande ".

BRUNO RETAILLEAU
Adrien GINDRE, je vais vous répondre très précisément. Si demain, j'ai la confiance des adhérents, que je deviens chef de LR, alors j'aurai encore plus de poids au Gouvernement, et donc plus de liberté. Cela, tous les Français peuvent le comprendre. Tous les Français me connaissent. Je n'ai jamais, jamais cédé sur rien, sur ma liberté, c'est ma force.

ADRIEN GINDRE

Mais vous ne répondrez pas sur Richard FERRAND.
BRUCE TOUSSAINT
Bruno RETAILLEAU, j'ai une question de journaliste naïf. Méfiez-vous.

BRUNO RETAILLEAU
Je vous vois revenir.

BRUCE TOUSSAINT
C'est quoi votre différence avec Laurent WAUQUIEZ ?

BRUNO RETAILLEAU
On n'a pas de différence de ligne. On a une différence de tempérament. Et quand on parle d'incarnation, je pense que les tempéraments, c'est différent. On choisit entre des hommes, des femmes, et je pense que j'ai une capacité, que j'ai montré ces derniers mois, à rassembler. Moi, je veux faire gagner la droite. Vous vous rendez compte ? Pourquoi est-ce qu'il y a un espoir qui s'est levé ? Parce que ça fait près de quinze ans qu'on va de déception en déception, d'échec en échec et tout à coup, il y a une fierté qui se lève. Cette fierté, je veux l'incarner. Cette fierté, je veux la porter. C'est ma responsabilité. Quoi qu'il m'en coûte. C'est tout. J'aime mon pays. J'ai des convictions. Elles sont ancrées. Jamais je ne transigerai avec ma liberté de parole pas plus ce matin que demain. Et croyez-moi, je pense que ça, les Français le savent et d'ailleurs, c'est ce qui me permet, souvent, de convaincre des Français au-delà même de la droite.

BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup Bruno RETAILLEAU. Merci Adrien GINDRE.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 février 2025