Texte intégral
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Il est 7h21. Bonjour et bienvenue si vous nous rejoignez sur LCI. François BAYROU contre-Attaque et charge Elisabeth GUIGOU dans l'hémicycle hier. Le Premier ministre mis en cause dans l'affaire des violences physiques et sexuelles dans un établissement catholique Bétharram dit qu'il n'est jamais intervenu et dit en revanche que le Gouvernement de l'époque, en 1997, de Lionel JOSPIN était au courant, dont sa garde des Sceaux, Elisabeth GUIGOU. Elle dénonce une misérable politique et polémique politicienne. Bonjour Juliette MEADEL.
JULIETTE MEADEL, MINISTRE DÉLÉGUÉE CHARGÉE DE LA VILLE
Bonjour.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Merci d'être avec nous. Vous êtes ministre déléguée chargée de la Ville. Est-ce que c'est une misérable polémique politicienne ?
JULIETTE MEADEL
Je trouve que cela abîme profondément la politique. Aucun des personnages cités, que ce soit à gauche ou que ce soit le Premier ministre, ne peut honnêtement couvrir ces faits qui sont ignobles. Quand on entend les témoignages des victimes, on a la nausée. Et donc je connais et ces membres du Gouvernement de JOSPIN, je connais le Premier ministre. Aucun de ces hommes politiques et de ces femmes politiques-là ne peut couvrir. Je les connais. Et donc je pense que ce qui est en train de se passer est très grave parce qu'on parle là depuis plusieurs jours maintenant de l'une des pires affaires de pédophilie. Et en attendant, on ne parle pas de ce qui se passe à nos portes et de sujets très graves comme, en particulier, la guerre à nos portes, le Sommet qui s'est tenu hier et le risque que nous avons d'être profondément déstabilisés.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Nous, en tout cas, nous en parlons beaucoup et quotidiennement ici, il n'y a aucun doute sur ce sujet.
JULIETTE MEADEL
Absolument. Et vous avez bien raison.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Pourquoi est-ce que si c'est grave, il cite ? Pourquoi est-ce que François BAYROU met en cause des hommes et des femmes ? vous dites, vous, ce matin, je n'ai pas de doute, ils n'ont pas couvert. Pourquoi donne-t-il donc leur nom en insistant sur le fait qu'ils savaient, et notamment un des éléments qui choque un ministre qui est mort en début d'année ? Claude ALLEGRE, qui évidemment, ne peut plus se défendre.
JULIETTE MEADEL
Ce qui est très difficile en ce moment, c'est qu'on a un Gouvernement qui va devoir répondre aujourd'hui à une motion de censure. Cette motion de censure va s'appuyer sur tous les scandales et en particulier sur le scandale du moment. Et je pense que c'est ce qu'on appelle une démarche toxique. Pourquoi ?
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Mais ça vient d'où alors ?
JULIETTE MEADEL
Cette motion de censure est toxique parce qu'elle déstabilise. Or, la gauche a l'habitude d'avoir du recul, de travailler, de faire en sorte qu'on est un pays stable.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Ça, c'est le sujet de la motion de censure cet après-midi. On va y revenir. Mais je voudrais rester un instant sur qui Bétharram. Qui visez-vous quand vous dites c'est toxique ? Ça vient d'où alors ? Ce n'est pas François BAYROU qui remet lui-même une pièce dans la machine hier ?
JULIETTE MEADEL
Il y a un débat à l'Assemblée nationale. Il faut bien répondre et donc c'est légitime. C'est légitime que chacun réponde. C'est légitime que la presse enquête, mais je pense qu'il faut essayer d'aller plus loin. Essayer d'aller plus loin en se disant que la priorité que nous avons aujourd'hui au Gouvernement, c'est de mettre en place les politiques pour lesquelles nous avons tous été nommés. Et les Socialistes sont les premiers à me dire qu'ils ont besoin que le budget puisse aujourd'hui être promulgué, appliqué. Ils ont besoin qu'on commence à travailler, à avancer. Moi, je m'occupe de quartiers très difficiles, dans des situations de pauvreté très graves.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
C'est-à-dire que vous craignez l'issue de cette motion de censure cet après-midi. Alors, je vais rappeler ce dont il s'agit. C'est un 49.2. En fait, au moment où sur ce plateau, François BAYROU utilise l'expression de submersion migratoire, vos camarades socialistes... Vous êtes Socialiste Juliette MEADEL.
JULIETTE MEADEL
Je n'ai plus ma carte, mais je suis de cette gauche responsable qui d'ailleurs ne néglige pas qu'il faut assumer aussi les problématiques sur la question migratoire.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Ben alors, ils se sont émus de ce terme et du coup ils déposent une motion de censure sur le sujet. Vous qui êtes Socialiste d'origine, alors comment est-ce que vous vous situez dans cette affaire ?
JULIETTE MEADEL
Moi, je suis pour la politique par les actes et je trouve qu'en ce moment, il y a aussi un contexte de congrès qui se présente pour Olivier FAURE.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Pour le PS.
JULIETTE MEADEL
Et donc je trouve qu'on est en train d'instrumentaliser des problématiques politiciennes, des problématiques de congrès qui touchent... qui sont importantes pour la vie des partis politiques, mais qui ne sont pas du tout aussi importantes que ça pour les Français. Donc c'est pour ça que je vous dis que c'est une motion de censure et c'est une démarche qui tord le cou à l'intérêt général. C'est une motion de censure qui est toxique. Je pense que Jean-Luc MELENCHON se frotte les mains et il se frotte les mains parce qu'il déstabilise le pays et il déstabilise le pays parce que cette motion de censure va donner l'occasion de déstabiliser un Gouvernement et donc les institutions de la République dans un moment où la France est assiégée.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Donc ça veut dire que sur la question de la submersion migratoire, vous aviez dit à l'époque : " Je n'aurais pas utilisé l'expression ", façon de vous mettre à distance individuellement, mais en même temps, vous ne la condamnez pas.
JULIETTE MEADEL
Mais pourquoi je ne la condamne pas ? Est-ce que cela justifie honnêtement qu'on renverse un Gouvernement ? Est-ce que cette motion de censure sur ce mot... Est-ce que ce mot, pardon, justifie une motion de censure dont on va parler jeudi à l'Assemblée nationale, encore jusqu'à l'écoeurement de cette affaire de la responsabilité présupposée maintenant de toute la classe politique sur le scandale le plus ignoble de ces dernières années. Qu'est-ce qu'on est en train de faire là ?
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Est-ce que vous avez peur, Juliette MEADEL, que le Gouvernement soit censuré ?
JULIETTE MEADEL
J'ai l'impression qu'on est en train ... Ce n'est pas un problème de peur que le Gouvernement soit censuré. La question n'est pas nos destins personnels. La question, c'est est-ce que la France n'est pas en train d'être attaquée et de s'affaiblir ? Qu'est-ce qui va se passer au lendemain ?
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Alors madame MEADEL, la gauche dénonce notamment, au-delà des propos de François BAYROU, l'attitude, les propos de Bruno RETAILLEAU, qui est désormais candidat à la présidence LR. Est-ce que c'est un bon ministre de l'Intérieur ?
JULIETTE MEADEL
Mais c'est un bon ministre de l'Intérieur du point de vue de la ministre de la Ville que je suis parce qu'il lutte contre le narcotrafic. La seule chose que me disent les habitants…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Vous faites la précision pour vous mettre à distance, là aussi personnellement ?
JULIETTE MEADEL
Mais non. Je suis dans un Gouvernement dont le Premier ministre est François BAYROU, qui fixe la ligne politique de François BAYROU. Est-ce que François BAYROU est en train de remettre en cause la préférence nationale, est en train plus exactement de porter la prise en charge ? Non.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Non mais des ministres du Gouvernement auquel vous participez, disent qu'il faut discuter du droit du sol, par exemple.
JULIETTE MEADEL
Oui, mais moi je pense qu'il ne faut pas discuter du droit du sol. Et j'ai été nommée dans ce Gouvernement en assumant que je suis contre la préférence nationale.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Donc c'est-à-dire que si le débat, par exemple, était relancé par un des membres du Gouvernement, officiellement, vous quitterez ce Gouvernement ?
JULIETTE MEADEL
Non, ça veut dire que nous avons un débat. Et quand moi, je dis que j'ai accepté de rentrer dans ce Gouvernement tout en étant contre la préférence nationale et que je le dis ouvertement et que le premier ministre nous laisse nous exprimer, c'est qu'il fait vivre une diversité de points de vue. Vous savez, l'Assemblée nationale est composée de groupes politiques dont personne n'a la majorité. Donc le Gouvernement est aussi composé de personnalités politiques dont aucune n'a la majorité.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Un dernier mot. Est-ce que Richard FERRAND sera un bon président du Conseil constitutionnel ?
JULIETTE MEADEL
C'est au Parlement d'en décider. On est dans un régime de séparation du pouvoir.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Mais quel est votre avis ?
JULIETTE MEADEL
Moi, mon avis, c'est qu'on va attendre que le Parlement décide et c'est le président de la République, comme la Constitution le veut, qui propose et c'est le Parlement qui décide.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Vous, vous ne voulez pas vous prononcer sur ce sujet ?
JULIETTE MEADEL
Non, je ne me prononcerai pas sur ce sujet.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Merci Juliette MEADEL d'avoir été avec nous ce matin sur LCI.
JULIETTE MEADEL
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 février 2025