Texte intégral
Merci beaucoup,
Monsieur le Premier ministre, cher Justin.
Mesdames, messieurs les ministres,
Mesdames, messieurs,
Merci beaucoup au secrétaire général de l'OCDE de piloter ce travail depuis 7 ans avec l'organisation. Et je salue la coprésidence slovaque et serbe et merci d'être là.
Merci Monsieur le ministre de nous accueillir dans votre ministère.
Le Premier ministre TRUDEAU a parfaitement décrit les choses et je veux vraiment d'abord le remercier très sincèrement d'être avec nous ce soir et d'être là pour ce sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle, mais d'avoir voulu venir à cette conclusion de vos travaux de cet après-midi à mes côtés, parce qu'en effet, c'est comme ça que les choses sont nées et que la présidence canadienne du G7 a voulu porter ce sujet. Et ensuite, on a poursuivi à Biarritz l'année d'après et on continue et ensemble, côte à côte, on poursuit ce chemin-là.
Au fond, dès le début, ça a été pensé dans le cadre du G7, impulsé par la présidence canadienne, mais ça a été tout de suite plus large puisqu'on a embarqué avec nous la Corée du Sud, l'Inde, l'Inde qui a assumé d'ailleurs la présidence l'année dernière, et donc on a cherché à avoir une plateforme plus large.
On a considéré que l'OCDE était au fond le bon levier. Pourquoi ? Parce que l'OCDE sait bâtir sur des sujets très complexes où normalement, il y a de la non-coopération des solutions mondiales, au-delà même de ses membres. Rappelez-vous, quand on a parlé d'évasion fiscale ou de choses comme ça, on a su trouver des accords plus longs, et moi, je fais partie de ceux qui continuent à penser que sur la taxe numérique et l'impôt minimal, on ira jusqu'au bout, parce que c'est bon pour l'humanité. Et donc la plateforme OCDE a été retenue, on est aujourd'hui à quarante-quatre et on sera une soixantaine là dans quelques mois. Et je crois que cette idée est très forte pour la raison qu'évoquait Justin, parce qu'il y a une forme de paradoxe si on ne fait pas ce qu'on est en train de faire sur l'intelligence artificielle.
Ça touche toutes les vies et c'est dans la main que de quelques-uns. Et c'est là où les problèmes arrivent. Si les solutions que des milliards d'individus de la planète utilisent, qui sont en train de transformer la manière d'apprendre, de travailler, de soigner, qui changent nos vies, ne sont dans les mains que de quelques-uns, qui sont plutôt des intérêts privés et qui n'y a pas de discussion mondiale pour savoir est-ce que c'est bon, est-ce que ce n'est pas bon, à quel moment on met des limites et comment on est sûrs que tout le monde en profite. On ne fait pas notre travail. C'est-à-dire qu'on décide, de facto, sur quelque chose qui est en train d'impacter la communauté internationale, on reste silencieux. Et donc tout le travail de l'OCDE en lien très étroit avec l'Union internationale des télécommunications, avec les Nations unies, et donc merci à Madame la secrétaire générale d'être là, représentante des Nations unies, avec l'UNESCO et toutes les agences compétentes, en fait, on voit bien, c'est une forme de caléidoscope qu'on est en train de faire pour saisir ce sujet parce qu'il est en fait holistique.
Maintenant, notre défi est assez simple pour nous tous. On veut innover et aller vite, on veut tous être dans la course. Et donc c'est d'ailleurs pour ça qu'on est là, on va tous dire, on fait des investissements, c'est super. C'est un des objectifs de ce sommet. Et on va continuer, c'est formidable, parce que c'est la priorité, ça fait avancer l'Humanité, ça fait avancer nos pays. Et en vérité, il est important dans ce dialogue qu'on s'assure que tout le monde bénéficie de ce mouvement. Et là aussi, que ce ne soit pas totalement concentré.
Et donc nous, au sein du G7, on a des économies, si je puis dire, partageant les mêmes valeurs, mais les plus fortes. On a évidemment les Chinois qui ne sont pas au G7, mais qui sont aussi une très grosse puissance de l'IA. On a, en fait, les puissances du G20, mais on veut s'assurer qu'au fond, la plupart des pays soient dans la course, et qu'il n'y ait pas de retard. C'est ce qui a été dit dans la diffusion internationale. Et c'est aussi pour ça que je crois que c'est très important d'avoir le continent latino-américain, la zone pacifique, le continent africain, qui sont à nos côtés, et qu'on aide tout de suite à diffuser, et dans lesquels on aide aussi à avoir des bons investissements. Parce que ce sont des marchés pertinents aussi pour l'IA.
La deuxième chose, c'est de s'assurer dans nos sociétés que l'IA est inclusive. Et ça a été très bien dit par Justin, par Mathias, vous en avez parlé cet après-midi, c'est de s'assurer qu'on forme bien les gens, qu'on diffuse les pratiques, et qu'en fait, les gains de compétitivité, productivité et les transformations seront accompagnées. Mais aussi que les impacts que ça a sur beaucoup de domaines, la santé, l'éducation, sont bien pris en compte.
Et la troisième, on veut, quand on dit une IA sûre, transparente, qu'est-ce que ça veut dire ? En fait, on veut être sûr que ça respecte nos principes, les règles dont on s'est dotés dans la vie de tous les jours. Et ça, c'est un vrai défi, c'est-à-dire qu'en fait, on veut réduire les biais, en tout cas, y voir clair. Et donc, on veut la transparence des algorithmes. On veut réussir à avoir des bases de données ouvertes pour entraîner les modèles qui soient équitables. Et là-dessus, on est, je dirais, main dans la main.
Le discours de Justin l'a montré, comme toujours, dans le plurilinguisme canadien. Mais on n'a pas envie d'avoir que des modèles de langage qui sont 100% entraînés sur des bases anglo-saxonnes, parce que ça crée plein de biais. Et donc, on a aussi besoin de les engager. On veut continuer à défendre le droit de propriété intellectuelle, les droits voisins, les droits de nos créateurs. Bon, tous ces sujets qui sont des sujets de principes fondamentaux de fonctionnement de la démocratie, de nos valeurs collectives et de diffusion de notre économie, méritent cette discussion internationale qui est celle, en effet, du PMIA. Et elle va continuer de se structurer.
Alors, c'est grâce à cette discussion qu'on avance. On va lancer demain un partenariat public-privé qui va s'appeler Current AI dont l'objectif est de lier des partenariats entre public, privé, gouvernement, ONG, un peu comme on l'a fait, d'ailleurs, ensemble encore, avec Jacinda ARDERN et d'autres dans l'appel de Christchurch. C'est, je crois, des bonnes méthodes qui vont permettre de continuer à avancer sur la base de ce qui est fait au PMIA. Mais ma conviction, c'est qu'au fond, on doit progressivement, en même temps qu'on innove, qu'on va vite, qui est cette course à l'innovation, à l'investissement, être très vigilants pour penser ces changements et s'assurer que ce cheminement se fait conformément à la vision du monde qui est la nôtre. Une certaine coopération, une capacité à inclure et des principes qui ont constitué nos démocraties et un ordre international et qui est, en fait, l'inverse de l'état de nature.
Et donc, je ne crois pas qu'en fait, l'accélération technologique qui va avec l'IA pourra se marier avec un retour à l'état de nature des principes d'organisation de la vie collective. C'est, en fait, ça, ce qu'on dit avec le PMIA. On dit, il y a une accélération technologique, mais enfin, il faut garder tout ce qu'on a su faire par le passé, il y a un processus de civilisation qui est celui qui a permis de construire l'ordre international. Il faut l'inventer à l'aune de cette technologie nouvelle, la pensée, autour de ces trois -S qu'on a au coeur de la discussion et qui, je pense, sont fondamentaux, la science. Et la science ouverte.
C'est de dire, ce n'est pas des opinions qui s'affrontent, ce n'est pas des dogmes, ce n'est pas du complotisme. Non, ce sont des principes scientifiques qui doivent guider notre approche de l'intelligence artificielle. Mais ça veut dire aussi qu'on ne peut pas laisser cette science dans la main d'intérêts privés totalement. C'est très bien qu'il y ait de la science qui se fasse dans le privé. C'est formidable. Il faut, on l'encourage. Mais on a besoin pour qu'il puisse y avoir un échange, que cette science soit ouverte et libre. C'est le modèle même de l'université qui fait partie des institutions les plus anciennes de nos pays qui nous a fondés.
Ensuite, on veut définir des solutions. Face au deepfake, il y a des choses comme ça. On veut des solutions communes. On veut dire comment on va les craquer, comment on va les révéler aux gens. Qui peuvent être des solutions ou de régulation ou de coopération ou de bon comportement et qui vont supposer d'ailleurs du partenariat public-privé. Et puis derrière, on va définir des standards et en quelque sorte commencer à normer l'approche. C'est ce qui a déjà commencé à plusieurs égards dans l'intelligence artificielle. Science, solutions, standards, c'est, je crois, trois bons piliers pour continuer d'avancer.
Et donc sur la base de cette conversation, de cette enceinte qui est donc multi-acteurs, multi-continents, multi-compétences, moi, ce que je veux vous dire, c'est que c'est très important que vous continuiez le travail. Et nous, en tout cas, on ne va pas lâcher du tout avec Justin et poursuivre notre énergie parce qu'en fait, on est à un moment de renaissance. Et la renaissance, c'est exactement ça, c'est l'honnête homme, au sens générique du terme, c'est-à-dire la capacité à embrasser toutes les compétences à un moment de l'humanité. Et c'est très dangereux quand on a un moment d'humanité où on dit tout est décidé par les techniciens pour eux-mêmes et par eux-mêmes.
Le PMIA, c'est de dire des gouvernements, se mettent avec tous les experts très pointu, d'une science dure, il y a des philosophes aussi autour de la table, il y a des ONG, il y a des citoyens. Mais on a la même discussion parce qu'on vit dans le même monde. C'est ça, l'honnête homme. Ce que la renaissance nous a appris, ce que les lumières ont ensuite poursuivi, ce qui fait nos systèmes. Et je crois que c'est ça qui fera une IA au service de l'humanité. C'est de garder le génie des femmes et des hommes de la renaissance qui, en quelque sorte, ont pensé des innovations technologiques au service d'un humanisme. Et nous, nous voulons l'IA au service d'un humanisme.
Voilà, je ne serai pas plus long, mais je veux vraiment remercier, pas simplement Justin d'être là aujourd'hui, mais de l'avoir poussé dans son G7, il y a 7 ans et qu'on ait la même ténacité l'un l'autre. Et remercier Mathias pour vraiment piloter ces travaux de manière ouverte avec tous les partenaires. Mais merci à vous, toutes et tous, pour la contribution que vous apportez et ne lâchez rien à cela.
Les solutions très simples paraissent parfois beaucoup plus séduisantes. Mais c'est qu'elles ont oublié beaucoup de complexités à gérer. Nous, nous savons, pour avoir vécu depuis maintenant assez longtemps, et pour certains pour gouverner ou présider dans des mondes compliqués, que les solutions simples sont généralement les plus fallacieuses. Et donc c'est très bien de penser la complexité, d'essayer de l'articuler dans un temps d'innovation accélérée. Je crois que c'est le progrès en acte.
Donc merci pour cela.
Merci à tous, en tout cas, et merci pour vos travaux.
Bonne continuation.
Service de presse de la présidence de la république, le 27 février 2025