Texte intégral
ALIX BOUILHAGUET
Bonjour Marie BARSACQ. On va naturellement largement parler sport ensemble ce matin, mais juste une question d'actualité. Hier, François BAYROU a annoncé que la France allait réexaminer la totalité des accords sur les visas avec l'Algérie. Il fallait, de votre point de vue, hausser le ton avec Alger qui refuse de récupérer un bon nombre de ressortissants frappés d'OQTF ?
MARIE BARSACQ
Oui, je crois que c'est absolument indispensable. Aujourd'hui, on s'est donné un objectif, et le Gouvernement l'a rappelé avec François BAYROU, de renouer le dialogue et de décider et d'analyser les choses dans un délai de six semaines. C'est extrêmement important. Et dans le contexte actuel, c'est aussi important de ne pas mélanger non plus les problématiques qu'on peut rencontrer avec l'administration algérienne et les relations qu'on peut avoir avec les Algériens en général, et notamment en France avec nos concitoyens d'origine algérienne.
ALIX BOUILHAGUET
L'Algérie n'a pas encore réagi. Est-ce que vous ne craignez pas une escalade ?
MARIE BARSACQ
Non. Aujourd'hui, il faut aussi montrer notre volonté d'avoir des réponses sur ces situations qui sont quand même critiques et il faut aller de l'avant, et on doit aussi tenir compte de notre volonté, nous, la France, et de nous exprimer auprès des autorités algériennes sur ce sujet.
ALIX BOUILHAGUET
Et dans le sport, est-ce que la coopération avec l'Algérie est bonne ?
MARIE BARSACQ
Oui. Aujourd'hui, on n'a pas d'indicateur contraire. On a une grande culture, vous le savez, notamment au football, avec l'Algérie qui est une terre de football. Donc, on a des relations très cordiales avec le peuple algérien sur le volet du sport.
ALIX BOUILHAGUET
C'est déjà important. Le Sénat vient d'adopter une proposition de loi de la droite pour interdire le port de signes religieux durant les compétitions sportives. Il s'agit du sport amateur, y compris le voile. Est-ce que vous êtes à l'aise avec ça ?
MARIE BARSACQ
Alors, c'est vraiment un sujet sur lequel on a débattu au sein du Gouvernement. On a trouvé à travers cette proposition de loi un amendement Gouvernemental qui a permis de trouver cet équilibre entre à la fois la volonté ferme de lutter contre toutes les dérives et les formes de séparatisme qui viennent dans le sport. Attention, quand je dis ça, ça ne veut pas dire que le sport est un terrain de séparatisme. Dans la société française, il y a des actions de séparatisme. Le sport est parfois un sujet. Pour autant, on a aussi besoin que le sport soit le plus inclusif possible et accueille les filles, les garçons, toutes les pratiques. Il faut trouver comment on trouve l'équilibre entre ce qui est tolérable, ce qui est possible et qui ne remet pas en cause l'accès à la pratique sportive.
ALIX BOUILHAGUET
Alors, par exemple, un voile dans une compétition de foot ?
MARIE BARSACQ
Aujourd'hui, il y a un arrêt du Conseil d'État qui a été la source de l'inspiration de ce projet de loi porté par le sénateur Savin et qui a déjà été traduit dans un certain nombre de fédérations sportives qui ont pris des règlements.
ALIX BOUILHAGUET
Pas toutes.
MARIE BARSACQ
Pas toutes. C'était l'intérêt de ce projet de loi d'uniformiser les situations d'une discipline à une autre puisque certaines fédérations, comme la fédération française de foot, avaient pris un règlement pour ces compétitions.
ALIX BOUILHAGUET
Mais pas le handball.
MARIE BARSACQ
Et pas le handball, tout à fait.
ALIX BOUILHAGUET
Est-ce que vous vous dites qu'il n'y a aucun signe religieux, c'est-à-dire qu'il n'y a aucun port de voile dans aucune compétition sportive amateur ?
MARIE BARSACQ
Aujourd'hui, ce projet de loi a été voté au Sénat. Il a continué son chemin. Nous, au sein du Gouvernement, on est, comme je vous le dis, attachés à trouver ce bon équilibre entre la lutte, contre des dérives, mais surtout l'accès de toutes et tous à la pratique.
ALIX BOUILHAGUET
Je ne comprends pas trop, du coup.
MARIE BARSACQ
Il faut qu'on trouve les conditions pour qu'il puisse y avoir des façons de pratiquer librement.
ALIX BOUILHAGUET
Mais sur le voile dans le handball, par exemple, vous dites non ?
MARIE BARSACQ
Si. Aujourd'hui, la PPL n'est pas une loi, c'est un projet de loi. Le sens de cette PPL, c'est de réduire la possibilité de pratiquer avec un voile dans certaines compétitions pour certaines fédérations sportives.
ALIX BOUILHAGUET
Bon, Edgar GROSPIRON a pris la tête du comité d'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d'hiver. Cela se passera dans les Alpes françaises en 2030. Martin FOURCADE a jeté l'éponge. Est-ce qu'Edgar GROSPIRON a les épaules pour être le Tony ESTANGUET des Alpes ?
MARIE BARSACQ
Écoutez, il a toute notre confiance pour le devenir. On a fait ce choix il y a maintenant dix jours. Cela a été annoncé la semaine dernière. Effectivement, Edgar GROSPIRON a pris ses fonctions mardi dernier. Il est maintenant en train de recruter son équipe pour travailler avec lui. Quand on a choisi, il a caché toutes les cases qui, pour nous, étaient importantes, des cases qui étaient autour de la capacité qu'Edgar GROSPIRON va pouvoir fédérer l'ensemble des acteurs derrière le projet. Les acteurs, évidemment, parties prenantes, mais aussi des acteurs privés pour venir financer le projet des Alpes 2030 et puis, plus largement, pour fédérer les Français, aussi, derrière ce projet, pour que les Alpes françaises 2030 soient le projet de tout un pays
ALIX BOUILHAGUET
Mais est-ce qu'avec le renoncement de Martin FOURCADE, ce n'est pas un mauvais signal ? D'ailleurs, pourquoi il a renoncé ? C'est un très beau projet.
MARIE BARSACQ
Écoutez, les raisons appartiennent à Martin FOURCADE. Ce n'est pas de mon rôle. Ce projet est aujourd'hui lancé. Il a un président. Il a un calendrier de travail qui est déjà acté. On a beaucoup avancé avant même la nomination du président du COJO, donc, pour que quand le président prend ses fonctions, il puisse aller de l'avant très rapidement. Il y a beaucoup d'énergie, aujourd'hui, dans le milieu de la montagne et dans la région sud derrière ce projet. Donc, aujourd'hui, les conditions de réussite sont réunies.
ALIX BOUILHAGUET
Un dernier mot. Il n'y a toujours pas, en revanche, de lettre d'engagement officielle Alpes 2030 signée par le Gouvernement. Le CEO s'impatiente un peu. Pourquoi ça tarde ?
MARIE BARSACQ
Alors, c'est plutôt une question politique française. Le fait qu'il y ait eu la censure et qu'il y a eu une première mouture par l'Assemblée nationale. Une deuxième. On n'a pas pu réintroduire cette garantie de l'État, mais le CEO, je les ai eus au téléphone. Ils sont très confiants. Ils savent qu'on va le signer.
ALIX BOUILHAGUET
Il n'y aura pas de problème donc.
MARIE BARSACQ
Il n'y aura pas de problème.
ALIX BOUILHAGUET
Très bien. Le budget du ministère des Sports. Il y a eu cette pétition des sportifs. C'est vous qui avez poussé Teddy Riner pour qu'il ne soit pas raboté votre budget ?
MARIE BARSACQ
Écoutez, je dialogue avec tous les acteurs du sport. C'est mon rôle en tant que ministre. Il se trouve que comme je travaille depuis trente ans dans le sport, je les connais tous. Évidemment, j'ai été très attentive à leurs revendications et à surtout dialoguer au sein du Gouvernement avec le Premier ministre.
ALIX BOUILHAGUET
Mais ce budget, il a quand même baissé, c’est 593 millions, c’est le budget le plus bas depuis 2021, c'est un peu bizarre. C'est l'héritage de 2024, c’est un budget de sport en baisse.
MARIE BARSACQ
Aujourd'hui, on est dans un contexte qui n'était pas propre au sport. Un contexte global très compliqué, vous le savez. Chacun devait prendre sa part pour la réduction du déficit. L'objectif pour mon ministère, c'était de trouver le bon équilibre entre l'effort collectif qu'on devait consentir et quand même la capacité à pouvoir répondre aux attentes au lendemain des Jeux de tous les pratiquants qui sont venus taper à la porte des clubs pour avoir des moyens, pour des nouveaux équipements et de l'encadrement. Donc, c'est cet équilibre-là qu'on a trouvé qui permet aujourd'hui d'avoir un budget qui va répondre à la demande.
ALIX BOUILHAGUET
Un mot de foot. Le diffuseur de la Ligue 1 DAZN menace de ne pas payer une partie des droits TV au club. Il reproche notamment à la Ligue de foot professionnelle de ne pas l'aider dans sa lutte contre le piratage. La Fédération française de foot reçoit tous les acteurs lundi prochain. Qui dit vrai ?
MARIE BARSACQ
Alors, sur le piratage, c'est typiquement un point pleinement mobilisé puisque j'ai rencontré d'ailleurs l'association de prévention du piratage sportif et le sénateur SAVIN d'ailleurs avec Monsieur LAFFONT qui vont être les deux sénateurs qui vont porter un projet de loi pour nous outiller, parce que nous avons besoin de mieux nous outiller pour lutter contre le piratage. Vous savez le piratage, c'est un peu comme le dopage. On est toujours en train de courir derrière les technologies de ceux qui piratent.
ALIX BOUILHAGUET
Mais j'en profite pour vous poser la question. C'est un peu comme le dopage. On est toujours en train de courir derrière les technologies de ceux qui piratent.
ALIX BOUILHAGUET
J'en profite pour vous poser la question. Il y a beaucoup de fans de foot qui utilisent IPTV pour regarder les matchs. Qu'est-ce que vous attendez pour interdire ce boîtier qui est illégal ?
MARIE BARSACQ
Nous avons justement un projet de loi en cours avec, je vous le disais, porté par des sénateurs qui va nous permettre d'agir beaucoup plus rapidement et beaucoup plus efficacement. Quand ?
ALIX BOUILHAGUET
Ce sujet du piratage, là, dans les toutes prochaines semaines, on est en train de finaliser la copie rédactionnelle et donc on va dialoguer avec le Parlement pour pouvoir inscrire ce projet de loi. C'est une des pierres indispensables à l'édifice, mais ce n'est pas la seule. Ce n'est pas parce qu'on va répondre à la problématique du piratage qu'on va répondre à toutes les problématiques du foot français. Donc, c'est pour ça que la réunion du 3 mars, qui est organisée à l'initiative de Philippe GALLO, est une très bonne chose pour mettre tout sur la table et parler vraiment concrètement des problématiques structurelles que rencontre le football professionnel.
ALIX BOUILHAGUET
Vincent LABRUNE, c'est lui qui a choisi DAZN, c'est le président de la ligue professionnelle de foot. Il a fait un mauvais choix parce que DAZN ne parvient pas à atteindre ses objectifs de subscription d'abonnés.
MARIE BARSACQ
C'est un peu plus compliqué que ça. Quand vous faites un appel d'offres, vous faites aussi avec les réponses que vous avez. Je crois que le diffuseur et la ligue ne rencontrent pas, ce n’est pas l'harmonie parfaite. Pour autant, il y a un intérêt majeur à continuer de pouvoir diffuser dans de bonnes conditions le championnat français. On a des spectateurs et des fans de foot, vous le savez, en France, qui ont besoin de voir des matchs. Donc il va falloir améliorer le produit et ils vont le faire dans les prochaines années.
ALIX BOUILHAGUET
Un dernier mot rapide, Vincent LABRUNE, sa position semble assez fragile. Il garde toute votre confiance ?
MARIE BARSACQ
En fait, Vincent LABRUNE est élu par les présidents de club. Donc, moi, je n'ai pas à gérer les décisions avec lui.
ALIX BOUILHAGUET
Vous avez un dialogue constructif avec lui ?
MARIE BARSACQ
J'ai un dialogue constructif. Je le rencontre, je rencontre les présidents. Je serai à la réunion du 3 mars. Mais évidemment, c'est les instants du football qui décident de leur dirigeant.
ALIX BOUILHAGUET
Merci beaucoup, Marie BARSACQ.
MARIE BARSACQ
Avec plaisir.
ALIX BOUILHAGUET
Bonne journée à vous.
source : Service d'information du Gouvernement, le 10 mars 2025