Texte intégral
NEÏLA LATROUS
7h32 sur BFM TV et RMC, mon invitée est la porte-parole du Gouvernement, bonjour Sophie PRIMAS.
SOPHIE PRIMAS
Bonjour Neïla.
NEÏLA LATROUS
Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation ce matin. On a plusieurs sujets à voir avec vous : les discussions sur les retraites, les négociations entre syndicats, les annonces du Premier ministre sur l'immigration et les négociations commerciales qui s'achèvent dans 48 heures, ça se passe mal et on va y revenir. Avant cela, je voulais vous entendre sur les déclarations de la soirée de Donald TRUMP. L'Union Européenne, dit-il, créée pour entuber les États-Unis. Il annonce d'ailleurs, Donald TRUMP, des droits de douane à venir de 25 % sur les produits européens. Et il dit tout cela 48 heures à peine après qu'Emmanuel MACRON ait quitté la Maison-Blanche, puisqu'il était à Washington lundi ; le Président français. C'est pour le moins déroutant cette façon de faire. C'est quoi, c'est un camouflet pour Emmanuel MACRON ?
SOPHIE PRIMAS
Ce n'est pas la première fois que Donald TRUMP est déroutant. C'est sa méthode, elle a été théorisée d'ailleurs par ses proches. C'est une méthode de provocation permanente, d'outrance permanente. Nous sommes habitués à cette méthode.
NEÏLA LATROUS
C'est un camouflet ?
SOPHIE PRIMAS
Non, ce n'est pas un camouflet, c'est la méthode TRUMP. C'est-à-dire qu'il aime bien provoquer, il aime bien installer un rapport de force. Mais au rapport de force, nous présenterons aussi un rapport de force, car l'Union Européenne n'a pas été créée pour embêter monsieur TRUMP ou nos alliés américains ; elle a été créée pour créer la force dans un monde de blocs, qui sont le bloc asiatique, le bloc américain, le bloc sud-américain, etc.
NEÏLA LATROUS
Cela veut dire que si Donald TRUMP allait au bout de sa logique, l'Union Européenne répondrait, riposterait ? Il y aurait aussi des droits de douane ?
SOPHIE PRIMAS
Bien sûr, la Commission Européenne… Vous savez, personne n'a intérêt à rentrer dans ces rapports de force commerciaux.
NEÏLA LATROUS
Alors nier la guerre commerciale…
SOPHIE PRIMAS
Oui, Donald TRUMP doit regarder aussi l'histoire de son pays. Des droits de douane ont déjà été appliqués sur un certain nombre de produits en provenance de l'Union Européenne. Et en réalité, ça a eu un impact très négatif à la fois sur l'emploi, sur la productivité de ses propres entreprises installées en Europe, mais aussi de ses propres entreprises installées aux États-Unis. Donc personne n'a intérêt à cette guerre commerciale. Mais si nous devons riposter, nous riposterons évidemment. La Commission Européenne l'a déjà dit hier soir.
NEÏLA LATROUS
Ce matin, sur RMC, le président directeur général de l'Institut de liaison des entreprises de consommation, monsieur Nicolas FACON, disait s'inquiéter pour les viticulteurs, pour les produits de beauté que la France, en l'espèce, exporte. Il y a les exportations européennes, il y a ce que la France exporte. Qu'est-ce que vous dites ce matin à ceux qui ont entendu ces déclarations du Président américain et qui, de bonne foi, s'inquiètent en France en disant "mais qu'est-ce qu'il va arriver ?" et notamment les viticulteurs ?
SOPHIE PRIMAS
Oui, vous savez, moi, j'étais au Salon de l'agriculture hier, et j'ai échangé beaucoup avec…
NEÏLA LATROUS
On vous en a parlé ?
SOPHIE PRIMAS
Bien sûr, à la fois la situation avec la Chine, mais aussi la situation et les menaces avec les États-Unis. Ça inquiète évidemment. Nous avons déjà traversé ce genre de situation. Mais je le répète, nous devons être prêts à riposter par rapport aux États-Unis. Et l'intérêt des États-Unis, l'intérêt économique, l'intérêt intérieur de l'économie intérieure des États-Unis, n'est pas à aller vers ces droits de douane.
NEÏLA LATROUS
Donc vous dites aux viticulteurs et aux producteurs français "La France et l'Europe vous protégeront" ?
SOPHIE PRIMAS
Je dis évidemment que l'Europe et la France vous protégeront, et nous sommes prêts à affronter ces difficultés. C'est très important.
NEÏLA LATROUS
J'évoquais Nicolas FACON, le président et directeur général de l'Institut de liaison des entreprises de consommation. Il était aussi sur notre antenne pour faire le point sur les négociations commerciales qui se terminent dans 48 heures. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça se passe mal. Écoutez ce qu'il disait.
NICOLAS FACON, PRESIDENT ET DIRECTEUR GENERAL DE L'ILEC
Pour l'instant, il reste deux jours de négociations ; on n'a que 10 % de signatures. Ce qui coince, c'est la distribution qui demande des baisses de prix de manière complètement inconsidérée par rapport à la réalité économique des entreprises. Les entreprises ont un peu une inflation sur leur coût de production et aujourd'hui, on fait face à des distributeurs qui demandent des baisses, des baisses, des baisses, des baisses.
NEÏLA LATROUS
Uniquement 10 % des accords signés à 48 heures de la fin. On va vers un carnage, Sophie PRIMAS.
SOPHIE PRIMAS
C'est la première année où je vois une tension extrême. Je vois aussi beaucoup de violence dans ces négociations. J'ai discuté hier aussi avec beaucoup d'entreprises agroalimentaires qui étaient sur le salon et qui sont très inquiètes, qui ont des équipes qui sont à la fois épuisées psychologiquement et physiquement. On est à deux jours. Je suis assez inquiète. En réalité, aujourd'hui, on a d'un côté, si vous voulez, des distributeurs qui signent des chartes et qui disent "voilà, on aime bien le produire en France, on met des étiquettes, etc." Et de l'autre côté des négociations, on demande de la déflation.
NEÏLA LATROUS
Déflation, c'est baisse des prix.
SOPHIE PRIMAS
Baisse des prix et également au détriment d'ailleurs du produire en France, qui est l'objectif, par exemple, affiché par le salon et affiché également par notre ministre de l'Agriculture, Annie GENEVARD. Et de l'autre côté, on a également une pression très forte qui est faite par des négociations qui maintenant se font en dehors de la France pour échapper aux règles d'Egalim.
NEÏLA LATROUS
Ça, c'est le constat, Sophie PRIMAS. Mais qu'est-ce que vous allez faire ? Est-ce que vous allez sévir au niveau du Gouvernement ? Il disait que la grande distribution ne respecte pas la loi. Est-ce que c'est ce que vous constatez ? Et qu'est-ce que vous allez faire ?
SOPHIE PRIMAS
Clairement, je pense que le Gouvernement va demander à la DGCCRF d'intervenir.
NEÏLA LATROUS
C'est la répression des fraudes, c'est ça ?
SOPHIE PRIMAS
La répression des fraudes, qui est en charge, justement, de l'application de la loi dans ses relations commerciales.
NEÏLA LATROUS
Vous allez lui demander de regarder comment se passent les négociations ?
SOPHIE PRIMAS
Bien évidemment. Il y a un médiateur des relations commerciales qui doit regarder ce qui se passe dossier par dossier. Mais il faut faire des contrôles et il faut sanctionner. Il y a un moment, il faut mettre des sanctions quand la loi n'est pas appliquée. Il faudra aussi que l'État s'en mêle pour avoir un rapport de force par rapport à ces centrales d'achat qui ne respectent pas des conditions de négociation qui sont des conditions apaisées et qui nourrissent également la volonté de notre pays de protéger ses producteurs et de protéger aussi son industrie agroalimentaire.
NEÏLA LATROUS
Donc pour bien comprendre ce que vous êtes en train de me dire, Sophie PRIMAS, ce matin, porte-parole du Gouvernement, c'est que le Gouvernement fixe, en quelque sorte, un ultimatum à la grande distribution. Sous 48 heures, s'il n'y a pas d'accord signé, si ça ne se passe pas mieux, il y aura des contrôles, il y aura des amendes.
SOPHIE PRIMAS
Mais c'est la loi, c'est l'application de la loi, donc il n'y a pas de menace. Tout le monde connaît les règles du jeu depuis longtemps. Il y a une marche en avant du prix, il y a des négociations qui doivent se terminer le 28 au soir. Si ce n'est pas terminé, la loi devra s'appliquer et les sanctions devront être prises.
NEÏLA LATROUS
Sophie PRIMAS, j'en viens à la question migratoire et notamment avec l'Algérie avec qui le torchon brûle. François BAYROU a fait un certain nombre d'annonces hier, pas que sur l'Algérie… J'aimerais qu'on en commence par là. Il demande à Alger d'accepter une liste de ressortissants, que la France soit expulsée. Et il laisse 4 à 6 semaines à la partie… j'allais dire adverse, mais ce n'est peut-être pas le bon terme… À la partie en face, je vais dire, pour montrer des signes de bonne volonté où à défaut il y aura remise en cause d'accords migratoires. Pour bien comprendre, est-ce que c'est un bras de fer ou est-ce que c'est une main tendue à Alger ?
SOPHIE PRIMAS
Je pense que c'est une main tendue. C'est-à-dire que nous sommes dans des accords de 68 depuis 1968 et aujourd'hui l'Algérie fait des entorses à ces accords de 68 qu'elle n'a jamais respectés. Ils ont été révisés 4 fois. Et aujourd'hui, ça nous pose un problème notamment par l'emprisonnement de Boualem SANSAL, mais également par ces OQTF que nous n'arrivons pas à renvoyer en Algérie. Donc ces accords aujourd'hui ne sont pas respectés par l'Algérie et c'est la sécurité de la France et des Français qui est en cause. Donc ce que nous demandons à l'Algérie, c'est effectivement de respecter ces accords, de libérer notre écrivain franco-algérien et de revenir dans des considérations qui respectent les accords et l'équilibre de ces accords.
NEÏLA LATROUS
Il y a les deux éléments : le respect des accords et la libération de Boualem SANSAL.
SOPHIE PRIMAS
Plus la liste d'expulsion effectivement.
NEÏLA LATROUS
Plus la liste d'expulsion, mais la libération de Boualem SANSAL est aussi un élément de la reprise du dialogue.
SOPHIE PRIMAS
Bien sûr.
NEÏLA LATROUS
Vous venez de dire les accords. Dans le détail, celui dont on parle aujourd'hui, c'est l'accord de 68 essentiellement. C'est pour ça que je voulais vous faire préciser ce point, Sophie PRIMAS, ce matin ; est-ce que dans les termes de la négociation, il n'y a que l'accord de 68 ou est-ce qu'il y a d'autres accords migratoires ? Il y en a un notamment, qui a pu être évoqué par Bruno RETAILLEAU, celui qui régit par exemple le déplacement, la circulation des diplomates. Est-ce que celui-là aussi fait partie de la discussion et peut être révisé si Alger ne répondait pas sous 4 à 6 semaines ?
SOPHIE PRIMAS
Celui-ci peut être activé. C'est-à-dire qu'il y a un certain nombre de dignitaires algériens aujourd'hui que l'on regarde avec attention et dont on pourrait réviser effectivement les visas, la capacité de rentrer en France et de faire des allers-retours. Nous regardons toutes les possibilités pour retrouver d'ailleurs, pour essayer de retrouver des relations qui soient des relations apaisées avec l'Algérie.
NEÏLA LATROUS
Oui, parce que le Premier ministre l'a dit, l'objectif n'est pas d'obtenir la dénonciation de l'accord de 68, qu'il souhaite continuer à voir appliqué, mais appliqué véritablement.
SOPHIE PRIMAS
Il faut que ce soit appliqué.
NEÏLA LATROUS
Mais ce n'est pas ce que dit le ministre de l'Intérieur. Le ministre de l'Intérieur, il est pour la dénonciation de cet accord.
SOPHIE PRIMAS
Écoutez, moi, je m'appuie sur ce que dit le Premier ministre.
NEÏLA LATROUS
La position du Gouvernement, c'est le maintien de cet accord ?
SOPHIE PRIMAS
La position du Premier ministre, c'est d'arriver au maintien de cet accord, mais dans la mesure où il est appliqué et où l'on retrouve des relations qui soient des relations diplomatiques apaisées et normales avec l'Algérie.
NEÏLA LATROUS
Est-ce que c'est aussi la ligne du Président ? D'habitude, quand on vous pose cette question, vous dites "je ne suis pas la porte-parole du Président."
SOPHIE PRIMAS
J'allais vous faire la réponse.
NEÏLA LATROUS
Mais il se trouve que François BAYROU et Emmanuel MACRON ont déjeuné ensemble mardi ; c'est une information du Parisien aujourd'hui en France. Vous nous confirmez que les décisions ont été prises en bonne intelligence avec le Président de la République. Il savait ce qui allait être annoncé.
SOPHIE PRIMAS
Le Premier ministre ne prend pas de telles décisions et de telles positions sans évidemment consulter le Président de la République.
NEÏLA LATROUS
Vous avez dû voir la réponse d'Alger hier… – enfin la réponse avant le comité interministériel – qui menace de mesures de rétorsion. Est-ce que vous avez le sentiment que cette main tendue va être saisie ?
SOPHIE PRIMAS
Écoutez, je le souhaite. Je le souhaite vraiment parce que c'est un bras de fer, si l'on peut dire, entre gouvernements et ce n'est pas un bras de fer entre populations. Nous avons des relations avec les Algériens et le peuple algérien qui sont très anciennes. On a une histoire commune qui a été difficile, qui a été aussi riche. Et donc, tout ça, on ne peut pas... Les peuples algériens et français ne peuvent pas s'asseoir sur cette histoire. Nous avons une communauté algérienne en France qui est paisible, intégrée, pour 99,9 % d'entre elles. Donc, il ne faut pas qu'on arrive à une situation de confrontation qui serait un ferment de discorde qui n'est pas souhaité.
NEÏLA LATROUS
Sophie PRIMAS, la liste de ressortissants qui va être adressée à Alger, est-ce qu'on sait combien il y a de noms dessus ?
SOPHIE PRIMAS
Non, je ne sais pas. Je pense que c'est une information du ministère de l'Intérieur et qui, à ce jour, n'est pas connue.
NEÏLA LATROUS
Elle sera communiquée ?
SOPHIE PRIMAS
Je n'en sais rien.
NEÏLA LATROUS
Elle doit l'être, au nom de la transparence ?
SOPHIE PRIMAS
Écoutez, je ne sais pas si, entre sécurité et transparence, il y a parfois un équilibre à trouver.
NEÏLA LATROUS
Est-ce qu'on sait au moins le type de profil qui figure sur la liste, Sophie PRIMAS ? Est-ce qu'on sait au moins le type de profil ?
SOPHIE PRIMAS
Ce sont des individus, évidemment, qui présentent des risques de sécurité pour les Français. Vous voyez ce qui s'est passé à Mulhouse. Les Français ne comprennent pas ce qui s'est passé à Mulhouse. Quelqu'un de déjà condamné pour apologie du terrorisme, qui a un profil psychologique pour le moins fragile, qui 14 fois a été présenté au gouvernement algérien pour retour, qui présente véritablement un profil d'insécurité pour les Français et qu'on laisse en liberté parce qu'on n'en a pas…
NEÏLA LATROUS
C'est ce type de profil que l'on trouvera sur cette liste-là.
SOPHIE PRIMAS
C'est ce type de profil.
NEÏLA LATROUS
Le Premier ministre a aussi demandé un audit interministériel sur la politique des visas de la France pour mettre en concordance, en quelque sorte, la délivrance des visas avec la qualité de la coopération migratoire des pays d'origine. De ce que je comprends, la qualité notamment de retour des personnes sous obligation de quitter le territoire. Quels sont les pays dans le viseur, si j'ose dire ?
SOPHIE PRIMAS
On verra à la fin de cet audit quels sont…
NEÏLA LATROUS
Vous avez dit, vous-même, qu'il y a d'autres pays avec lesquels on a des problèmes de retour.
SOPHIE PRIMAS
Oui, bien sûr. Il y a d'autres pays. Il y en a presque une vingtaine avec lesquels on peut améliorer cette qualité des retours, qualité des relations ; c'est une relation dans les deux sens. Cet audit permettra de déterminer les pays qui sont concernés. Évidemment, on pense aux Comores, par exemple. Vous voyez, quand on parle de Mayotte, il y a probablement des négociations à mener avec ces pays-là.
NEÏLA LATROUS
Là aussi, il y a une restriction de visa s'il n'y a pas de réponse en face ?
SOPHIE PRIMAS
On verra. En tout cas, cet audit est là pour ça. Et il est là pour accompagner d'autres mesures qui sont prises dans le cadre de cette réunion hier et qui sont là pour protéger les Français dans leur sécurité.
NEÏLA LATROUS
Bruno RETAILLEAU, le ministre de l'Intérieur, est aujourd'hui, dès ce matin, d'ailleurs en ce moment même, sur la côte d'Opale, au Touquet. Il y a une visite sur le thème du bras de fer à mener avec le Royaume-Uni. Il souhaitait la dénonciation des accords du Touquet si le Royaume-Uni ne faisait pas d'efforts. C'est ce qu'il disait en novembre 2024, le ministre de l'Intérieur. Est-ce que c'est une position personnelle ? C'est la position du Gouvernement ?
SOPHIE PRIMAS
Non, ça a été évoqué d'ailleurs hier. Alors, pas en ces termes-là, mais la nécessité de rediscuter avec nos collègues de l'autre côté de la Manche pour remettre en considération, en tout cas, renégocier les termes de ces accords. Parce qu'on voit bien que là aussi, on a des problèmes de sécurité. Ce qui se passe sur la côte d'Opale n'est humainement pas tenable. On a des difficultés avec ces migrants. On a des difficultés sociales, humaines. Enfin bon, il y a des gens qui meurent… Ce n'est pas possible. Donc, il faut qu'on trouve d'autres solutions.
NEÏLA LATROUS
Mais ça pourrait aller jusqu'à la dénonciation des accords du Touquet.
SOPHIE PRIMAS
On va rentrer dans une négociation. On n'est pas dans la menace. On n'est pas dans l'escalade verbale.
NEÏLA LATROUS
Le ministre de l'Intérieur dit qu'il faut assumer les rapports de force.
SOPHIE PRIMAS
Oui, il faut assumer les rapports de force avec ceux qui sont dans ces rapports de force. TRUMP en est un bon exemple ; un peu l'Algérie en ce moment. Mais avec l'Angleterre, nous sommes aujourd'hui dans l'ouverture de négociations. En tout cas, la volonté du ministre de l'Intérieur, elle est forte, vous le savez. Il faut qu'on travaille avec eux parce que ce n'est pas possible de laisser des gens dans des conditions pareilles et d'insécurité.
NEÏLA LATROUS
Volonté forte du ministre de l'Intérieur, dites-vous, Sophie PRIMAS.
SOPHIE PRIMAS
Oui.
NEÏLA LATROUS
Les Français lui reconnaissent, lui font crédit de cette volonté. Le sondage est là pour BFMTV. 6 Français sur 10, 6 personnes interrogées sur 10 jugent que le ministre de l'Intérieur est entravé pour autant dans son action. Est-ce que vous partagez l'opinion des Français ?
SOPHIE PRIMAS
En fait, non, il n'est pas entravé. D'abord, il fait preuve de beaucoup de détermination, vous l'avez dit, mais il n'est pas entravé. En fait, il recherche aujourd'hui quelles sont les entraves législatives, par exemple, les entraves d'exécution et il est en train d'y apporter des réponses petit à petit. Ce que nous sommes en train de faire sur le narcotrafic, ce que nous sommes en train de faire dans l'ouverture de 3 000 postes supplémentaires pour accueillir des personnes dangereuses en rétention. Il est en train, petit à petit, de faire sauter des verrous législatifs qui lui permettent d'agir plus facilement et de façon plus efficace.
NEÏLA LATROUS
Sophie PRIMAS, porte-parole du Gouvernement, les partenaires sociaux se retrouvent ce matin pour faire sauter un autre verrou, celui des retraites. La mission que leur fixe le Premier ministre, c'est de rétablir l'équilibre financier. Je cite la lettre qu'il leur a adressée : "Rétablir l'équilibre financier de notre système de retraite à horizon 2030 et ce, sans dégrader les comptes publics et sans remettre en cause la compétitivité." Si je comprends bien, vous préparez les esprits à une nouvelle réforme des retraites.
SOPHIE PRIMAS
Ce sont les partenaires sociaux qui vont déterminer.
NEÏLA LATROUS
Rétablir l'équilibre financier à horizon 2030 avec la Cour des comptes qui dit que la réforme de 2023 ne suffira pas. Ça veut dire "nouvelle réforme des retraites".
SOPHIE PRIMAS
Le Premier ministre a donné un cahier des charges aux partenaires sociaux. C'était toujours l'objectif de la création de cette réunion des partenaires sociaux, de leur donner les objectifs en termes de réduction des déficits. Nous sommes obligés… Vous savez, c'est la moitié de la dette aujourd'hui en France, les retraites. Si on ne regarde pas ça avec calme, sérénité et avec responsabilité, ce n'est pas la peine. Les partenaires sociaux, aujourd'hui, vont discuter avec cet objectif qui est la réduction des déficits à l'horizon 2030 et ils feront leur proposition.
NEÏLA LATROUS
Sauf que la mission a changé, Sophie PRIMAS. Je le répète puisque dans la déclaration de politique générale de François BAYROU, du Premier ministre, il leur réclamait, concernant les retraites, de réfléchir à des améliorations sans dégrader le régime actuel. Désormais, il leur dit qu'il faut rétablir les comptes. Ce n'est plus la même mission.
SOPHIE PRIMAS
Mais c'est exactement la même mission. Nous sommes tous responsables devant le déficit des retraites. Il faut donc les rééquilibrer. Il faut les rendre pérennes.
NEÏLA LATROUS
Vous demandez aux syndicats en fait d'écrire une nouvelle réforme ?
SOPHIE PRIMAS
Mais c'est ce qu'ils voulaient. Puisque les solutions qui avaient été trouvées dans la réforme de l'année dernière ne leur convenaient pas, nous leur demandons de prendre leurs responsabilités et d'écrire, effectivement, un système de retraite. On parle de déficit, mais en réalité, qu'est-ce qu'il y a derrière ce déficit ? C'est la pérennité des systèmes de retraite qu'il faut assurer. Et ça, ça parle à tous les Français. S'assurer que nos enfants, nos petits-enfants auront un système de retraite qui soit fort, pérenne et qui puisse convenir à tout le monde, c'est la moindre des choses. Et c'est notre responsabilité du générationnel.
NEÏLA LATROUS
Chaque ministre a pu y aller de son avis sur la question. La ministre du Travail disant, par exemple, qu'il faudra travailler plus. Est-ce que vous, vous partagez ce qu'elle dit ? On en a entendu d'autres parler de capitalisation. Est-ce que vous aussi, vous avez des pistes à dessiner pour les partenaires sociaux, Sophie PRIMAS ?
SOPHIE PRIMAS
À titre personnel, j'en ai. Mais je respecte le dialogue qui s'instaure aujourd'hui. Il y a feuille blanche, avec un objectif pour les partenaires sociaux. Et on les laisse. Moi, je leur fais confiance pour y arriver.
NEÏLA LATROUS
Et vous pensez qu'ils peuvent parvenir à un accord alors que certains menacent déjà de boycotter ou de quitter la table des discussions ?
SOPHIE PRIMAS
Oui. On est là aussi dans le rapport de force. Et je pense que l'ensemble des partenaires sont responsables. Ils savent que c'est de la pérennité du système des retraites français dont il s'agit. Et donc je pense qu'ils sont responsables, qu'ils vont y arriver.
NEÏLA LATROUS
Sophie PRIMAS, un dernier mot, si vous le permettez, parce qu'on a appris ce matin… a été confirmé le décès de notre compatriote Ohad YAHALOMI. La dépouille du dernier otage franco-israélien détenu par le Hamas, qui a été restitué à Israël et aux familles. Le Président de la République, ce matin, Emmanuel MACRON, écrit sur le réseau social X : "Je partage la douleur immense de sa famille et de ses proches." Des familles, qui expliquent ne pas avoir été beaucoup accompagnées par la France. Est-ce qu'on a été impuissants pendant tout ce processus ?
SOPHIE PRIMAS
Je voudrais d'abord saluer la mémoire de notre compatriote, penser effectivement à sa famille. On est dans une situation, au Proche-Orient, qui est une situation dramatique où, après les attentats du 7 octobre, cette barbarie du 7 octobre, un grand nombre de nos compatriotes, de compatriotes israéliens et même palestiniens, ont perdu la vie. C'est une période de chaos épouvantable. Je pense à toutes les victimes, de part et d'autre, et je pense en particulier à cette famille française aujourd'hui, qu'on accompagnera, évidemment.
NEÏLA LATROUS
Qu'on accompagnera le temps qu'il faudra. J'imagine qu'il y a des liens, des coups de téléphone qui ont été passés cette nuit.
SOPHIE PRIMAS
Je l'ignore ce matin, mais bien sûr, la France entière est en compassion avec cette famille-là, et on sera avec eux.
NEÏLA LATROUS
Merci Sophie PRIMAS, porte-parole du Gouvernement, d'être passée nous voir ce matin. Je retiens le mot que vous avez repris : il faut assumer les rapports de force ce matin avec les États-Unis, avec l'Algérie, avec les Comores, avec les pays qui ne respectent pas les accords migratoires. Rapport de force au cœur également des discussions qui s'ouvrent entre les partenaires sociaux pour la réforme des retraites. Et je note une forme d'optimisme dans ce que vous avez dit ce matin, Sophie PRIMAS.
SOPHIE PRIMAS
Il en faut un peu quand même. L'actualité est rude.
NEÏLA LATROUS
Il est bientôt 8h52 sur BFM TV et RMC. Je vous remercie d'être venue sur notre plateau ce matin.
SOPHIE PRIMAS
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 10 mars 2025