Interview de M. Philippe Tabarot, ministre chargé des transports, à Sud Radio le 7 mars 2025, sur la découverte d'un obus à la gare du Nord à Paris, la suspension du chantier de l'A69 entre Castres et Toulouse, les voies de covoiturage, les zones à faibles émissions, la surtaxe concernant les billets d'avion et la SNCF.

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Média : Sud Radio

Texte intégral

BENJAMIN GLAISE
Sud Radio, 8h35. Mon invité politique ce matin c'est le ministre chargé des Transports, Philippe TABAROT, bonjour.

PHILIPPE TABAROT, MINISTRE DES TRANSPORTS
Bonjour.

BENJAMIN GLAISE
Et merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio. Beaucoup de sujets à évoquer, la suspension du chantier de l'A69, les ZFE, les zones à faible émission, stop ou encore. Mais d'abord, un mot sur cette découverte assez incroyable, une découverte d'un obus, gare du Nord à Paris, un obus qui date de la Seconde Guerre mondiale qui a été trouvé à proximité des voies, c'est ça ? Les équipes de démineurs qui sont toujours sur place actuellement ?

PHILIPPE TABAROT
Exactement, tout le monde est très fortement mobilisé, à la fois sur la commune de Saint-Denis, à proximité de la gare du Nord, avec une circulation qui est totalement bloquée notamment…

BENJAMIN GLAISE
Pour combien de temps, on a une idée ?

PHILIPPE TABAROT
Écoutez, les équipes sont sur place, essaient de faire au plus vite, mais vous imaginez avec un périmètre de sécurité. Le préfet de police est sur place. Je m'y rendrai très probablement après notre interview, puisque des centaines de personnes sont présentes dans la gare, elles ont besoin d'informations, tout est stoppé au niveau de la circulation des trains ce matin, que ce soit bien sûr les EUROSTAR, que ce soit le RER B, le RER D, la ligne K, la ligne H ; donc vous imaginez la panique que ça peut représenter au niveau ferroviaire. Les TER également des Hauts-de-France. Donc il faut agir rapidement, à la fois prendre toutes les conditions de sécurité nécessaires. Ça peut arriver de déminer un certain nombre de bagages, quelques fois abandonnés, mais c'est plutôt rare pour des bombes de la Deuxième Guerre mondiale.

BENJAMIN GLAISE
Alors on ne sait pas encore…

PHILIPPE TABAROT
Je veux sécuriser pour autant les personnes qui habitent à proximité, et voilà.

BENJAMIN GLAISE
C'est ça. Oui.

PHILIPPE TABAROT
Il n'y a pas de crainte, mais il y a des processus qui existent et qu'on est obligé de mettre en place, par contre au niveau du trafic, ça va fortement chambouler toute la journée.

BENJAMIN GLAISE
Et on ne sait pas combien de temps, au moins pour la journée ?

PHILIPPE TABAROT
Écoutez, les équipes sont très mobilisées. L'idéal, ce serait de pouvoir rétablir des circulations dans un mode un peu dégradé dès l'après-midi, mais j'aurai plus de renseignements tout à l'heure et je ne manquerai pas de les communiquer aux différents médias pour qu'ils puissent les relayer aux usagers. Ce qu'on peut déjà dire aux personnes qui nous écoutent et qui avaient un voyage dans cette gare et par rapport à toutes les dessertes qui existent du point de la gare du Nord, d'éviter de partir, d'aller à la gare et de reporter leur voyage.

BENJAMIN GLAISE
Philippe TABAROT, venons-en à cette suspension du chantier de l'A69 entre Castres et Toulouse. Le préfet qui a fait appel de la décision, c'est effectif, ça a été déposé, cet appel ?

PHILIPPE TABAROT
Oui, ce sera déposé dans les jours qui viennent.

BENJAMIN GLAISE
D'accord.

PHILIPPE TABAROT
On travaille sur un mémoire, bien sûr, pour faire appel et surtout pour demander un sursis à exécution. C'est ça aussi le vrai sujet de la décision.

BENJAMIN GLAISE
Pour continuer le chantier d'ici à l'appel.

PHILIPPE TABAROT
Bien sûr.

BENJAMIN GLAISE
On connaîtra la décision en appel d'ici un an, un an et demi, quoi en gros.

PHILIPPE TABAROT
Comme toutes les décisions en appel, la décision partira à la Cour administrative d'appel de Toulouse, il y aura une instruction de nouveaux magistrats. Mais la question qui se pose à nous, à l'heure où on parle, c'est la situation du chantier, à la fois un chantier qu'il faut sécuriser parce que des personnes essaient d'envahir ce chantier. Vous connaissez le phénomène des zadistes qui ont l'habitude d'occuper un certain nombre de chantiers, ils l'ont déjà fait dans notre pays, donc ça prend du temps. Les entreprises sont mobilisées là-dessus. Et puis c'est une catastrophe également concrète et immédiate sur un plan économique. C'est-à-dire qu'il y a 1 000 personnes aujourd'hui qui sont au chômage, il y a 3 000 à 4 000 personnes qui sont indirectement concernées, qui sont des sous-traitants, qui avaient commandé du matériel, qui sont en cessation de paiement. Donc on ne se rend peut-être pas compte quand on entend une décision comme ça et notamment quand on va la fêter, comme ça a été le cas de quelques dizaines de personnes sur la place du Capitole, mais il y a des personnes qui pleurent aujourd'hui par rapport à l'arrêt de ce chantier.

BENJAMIN GLAISE
Ce que vous leur dites à ces personnes qui pleurent, c'est que l'État ira jusqu'au bout, c'est-à-dire potentiellement jusqu'à saisir le Conseil d'État, si c'est nécessaire ?

PHILIPPE TABAROT
Nous sommes déterminés à amener ce chantier, à ce que le chantier soit mené à bien. Pourquoi ? Parce qu'on pense plus que jamais que c'est un projet qui est indispensable pour désenclaver le Tarn, pour des raisons d'aménagement du territoire, pour des raisons économiques, pour des raisons de sécurité, parce que c'est la crédibilité de l'État qui se joue aussi. Si demain ce chantier est arrêté…

BENJAMIN GLAISE
Et les finances de l'Etat.

PHILIPPE TABAROT
Les finances de l'Etat, ce sera…

BENJAMIN GLAISE
1.2 milliards d'euros.

PHILIPPE TABAROT
Ce sera aux contribuables.

BENJAMIN GLAISE
Vous confirmez ?

PHILIPPE TABAROT
Ce sont les chiffres qui sont sortis. Non, je n'ai pas ce détail de chiffres que certains parlementaires ont pu sortir.

BENJAMIN GLAISE
D'accord.

PHILIPPE TABAROT
Ce que je peux vous dire c'est que c'est la crédibilité de l'État qui se joue et de toutes les collectivités territoriales. Je rappelle que le projet est financé et soutenu très fortement par la région Occitanie, par le département du Tarn et d'autres collectivités. Et cela va faire jurisprudence sur l'ensemble du territoire national. On a aujourd'hui des projets routiers, autoroutiers ou ferroviaires qui sont remis en cause par cette décision. C'est la fin des grands projets. Si cette décision est confirmée…

BENJAMIN GLAISE
La Ligne à Grande Vitesse Bordeaux-Toulouse, celle de Montpellier-Perpignan. Il y a une inquiétude autour de ces projets ?

PHILIPPE TABAROT
Bien sûr qu'il y a une inquiétude. Je reçois un certain nombre d'élus locaux comme je le fais, de parlementaires sur l'ensemble de leurs sujets. Tous les jours, ils viennent me présenter leurs projets en me disant : " On a une déclaration d'utilité publique " donc on est certain que le projet va commencer, va aller au bout. Non, aujourd'hui, tel que cela a été jugé, si l'appel ne vient pas apporter des éléments nouveaux ou si le législateur ne précise pas les choses, vous pouvez arrêter un chantier à n'importe quel moment quand même au bout de sept contentieux qui disaient que le chantier était légal. Au bout d'une procédure qui a commencé pratiquement il y a une trentaine d'années. En tout cas, le projet, on doit sincèrement se dire qu'il y a un droit environnemental aujourd'hui mais le droit de l'environnement, c'est de ne pas empêcher tout projet de développement dans notre pays.

BENJAMIN GLAISE
En un mot, rapidement, on avait Thomas DIGARD tout à l'heure, porte-parole du collectif La Voix est Libre, opposant à ce projet d'autoroute A69, qui nous dit, je pose sa question, monsieur TABAROT, vous avez osé publiquement remettre en question la décision du tribunal administratif qui a été donnée, statuant qu'il n'a pas de raison impérative d'intérêt public majeur sur ce dossier de l'A69. Est-ce que vous pouvez confirmer, c'est la question qu'il vous pose, que l'Etat a étudié toutes les alternatives routières et ferroviaires à l'A69 et le cas échéant, où peut-on avoir ces études ?

PHILIPPE TABAROT
Écoutez, moi ce que je dis simplement à ce monsieur, c'est que je n'ai jamais contesté la décision de justice. Je vais la contester, non pas dans les paroles, puisque j'ai dit que c'était une situation ubuesque, et pas une décision de justice ubuesque.

BENJAMIN GLAISE
Et pas une décision, ouais.

PHILIPPE TABAROT
Certains de vos confrères ont fait un... ce n'est pas le cas…

BENJAMIN GLAISE
La différence est importante.

PHILIPPE TABAROT
La différence est très importante, je tiens à le rappeler.

BENJAMIN GLAISE
Oui. Tout à fait.

PHILIPPE TABAROT
Et je vais justement utiliser la possibilité que donne la justice de pouvoir faire appel, et ils ne vont pas me reprocher, eux qui ont fait six ou sept fois appel des décisions de justice, de pouvoir le faire au nom de l'Etat aussi, pour pouvoir aller au bout de ce chantier. Je rappelle quand même que les deux tiers sont réalisés, que 300 millions d'euros ont été pratiquement investis, que deux ouvrages d'art sur trois ont été réalisés. Quelles conséquences si demain on est amené à être obligé de détruire ce qui a été réalisé sur ce chantier ?

BENJAMIN GLAISE
Alors vous allez proposer des mesures pour éviter qu'une situation comme celle actuelle de l'A69 ne se reproduise, tout en préservant l'environnement, c'est ce que vous dites. Ce texte va figurer sous forme d'amendement dans le projet de loi de simplification qui doit arriver à l'Assemblée au printemps prochain. Est-ce que vous pouvez donner juste un exemple, un simple exemple de mesures que vous avez prévues ?

PHILIPPE TABAROT
Il y a deux choses. Alors, je sais que... j'ai entendu parler d'initiatives parlementaires du Tarn notamment sur cette question spécifique, mais moi ce que je souhaite faire, ce n'est pas revenir sur la question de l'A69, c'est simplement que ce qui se passe sur l'A69 ne se reproduise plus dans notre pays. Et notamment de considérer que quand on a une déclaration d'utilité publique, quand on a une autorisation environnementale qui sont des procédures déjà excessivement longues et qui sont susceptibles d'être contestées devant la justice en référé ou sur le fond, qu'on considère qu'ensuite le caractère d'utilité publique, d'intérêt général du projet existe et que cette déclaration d'utilité publique puisse tout aplatir, tout écraser, comme on dit, et puis qu'il y a quelques projets qui peuvent être considérés comme des projets d'intérêt national où il y a une prise en compte des contraintes environnementales mais qui sont indispensables pour notre pays.

BENJAMIN GLAISE
En un mot très rapidement, manifestation demain avec les défenseurs du projet à Castres demain matin, est-ce que vous avez prévu d'y passer ou pas et est-ce que vous les soutenez ?

PHILIPPE TABAROT
Alors je les soutiens, je n'y serai pas puisque j'ai d'autres engagements. Par contre, je me rendrai dans quelques jours dans cette région avec plusieurs séquences en Haute-Garonne à Toulouse. J'ai reçu tout récemment monsieur le maire qui m'a invité, on a quelques sujets à traiter. Et puis vous imaginez bien qu'étant à Toulouse, je ne manquerai pas d'aller dans le Tarn tout simplement en plus, et certains m'en avaient fait le reproche en me disant que vous ne connaissez pas le territoire. Mon grand-père est né dans le Tarn, j'ai passé tous mes étés jusqu'à l'âge de 10 ans dans le Tarn, je connais cette zone que j'aime beaucoup et je sais peut-être plus que quiconque le besoin de désenclaver ce territoire et le besoin également économiquement de relancer le Tarn qui souffre depuis un certain nombre d'années.

BENJAMIN GLAISE
Philippe TABAROT, après Lille, Nantes, Lyon et Grenoble, Paris a mis en place donc une voie de covoiturage notamment sur son périphérique pour les heures de pointe, est-ce qu'il faut généraliser ces voies de covoiturage ?

PHILIPPE TABAROT
Il faut en tout cas les tester, c'est un projet qui a souhaité, suite à ce qui avait été fait pendant les Jeux olympiques, par Madame la maire de Paris. Je rappelle qu'elle est compétente sur le périphérique.

BENJAMIN GLAISE
Elle peut revenir là-dessus d'ailleurs ou pas ?

PHILIPPE TABAROT
Écoutez, les parlementaires peuvent avoir un avis sur la question et peut-être la poser. Ce qu'on sait c'est que toutes les décisions qu'elle ait amenées à prendre sur le périphérique prêtent à discussion, c'est le moins qu'on puisse dire. Elle est en lien avec le préfet de police régulièrement qui lui peut être prescripteur de certaines mesures. Madame PÉCRESSE, comme vous le voyez, a des avis bien arrêtés aussi sur la question.

BENJAMIN GLAISE
Alors est-ce qu'on généralise cette voie de covoiturage ?

PHILIPPE TABAROT
Moi je pense, et c'est ce que j'ai souhaité, avec le préfet de police et madame Pécresse, présidente de la région, qu'on puisse être sur une période d'expérimentation. Je rappelle que le constat, on le fait, on va le faire pour les ZFE, il y a 40 000 personnes qui meurent aujourd'hui des particules fines chaque année.

BENJAMIN GLAISE
Chaque année en France.

PHILIPPE TABAROT
Il y a 500 000 personnes qui sont impactées par la pollution du périphérique. Et que bien sûr, je comprends les personnes qui souhaitent mettre fin à ça. Il y a eu huit mois, un an de perte d'espérance de vie pour toutes ces personnes. Donc c'est une question de santé publique. Pour autant, est-ce que cette mesure peut permettre de réduire le nombre de véhicules sur le périphérique ? La question se pose. Je ne veux pas y répondre au préalable. Ce que je veux simplement, c'est que l'expérimentation qui a été faite en partie pour les Jeux olympiques, mais qui était difficilement appréciable, parce qu'on l'a tous reconnu, il y avait beaucoup moins de monde que d'habitude à Paris pour les Jeux olympiques, savoir si cette mesure peut fonctionner. Madame HIDALGO était sur cinq années d'expérimentation. Pour moi, cinq années, ce n'était pas une expérimentation. Une expérimentation, c'est quelques mois.

BENJAMIN GLAISE
C'est trop long. D'accord.

PHILIPPE TABAROT
Donc ce qu'on veut rappeler, c'est qu'il faut que cette mesure soit réversible cas échéant, à la fois dans le temps, dans quelques mois, qu'on puisse faire une analyse avec des personnes qui ont l'objectivité nécessaire et qui ne sont pas parties sur le dossier. Et puis qu'en cas de situation très dégradée, la situation soit réversible dans la journée même, quand il y a des kilomètres de bouchons qui sont trop importants. L'idée, c'est de se dire que, essayons de lutter contre l'autosolisme. 80% des personnes sont seules dans leur voiture. Certaines, c'est par choix. D'autres, c'est par obligation.

BENJAMIN GLAISE
Voiture de fonction.

PHILIPPE TABAROT
Et celles pour qui c'est obligatoire, et notamment je pense aux artisans qui vont travailler et autres, on sait qu'on ne pourra pas changer les choses. Si pour les personnes qui ont d'autres solutions en matière de transport en commun, ou peuvent se réunir en matière de covoiturage, la décision, ou en tout cas le test, peut nous permettre de baisser le nombre de véhicules sur le périph'. Je pense que tout le monde en sera content.

BENJAMIN GLAISE
Sur les ZFE, les zones à faible émission, ça crée énormément de crispations. 35 députés de la droite et du centre ont déposé une proposition de loi qui vise à suspendre l'application de ces ZFE pour cinq ans. Est-ce que vous soutiendrez ce texte ? Est-ce que le Gouvernement y donnera un avis favorable ?

PHILIPPE TABAROT
J'aurais pu en être, j'ai été celui qui a commis un rapport. Je suis venu presque une dizaine de fois en parler sur votre antenne.

BENJAMIN GLAISE
Tout à fait. Vous avez un avis sur les ZFE ?

PHILIPPE TABAROT
Bien sûr que j'ai un avis. J'avais titré « Sortir de l'impasse ». Et je ne vais pas aujourd'hui, parce que je suis ministre, renier le parlementaire que j'ai été et qui a écrit un certain nombre de choses. Je considère, et je demandais à l'époque déjà, un report du calendrier. Donc la proposition de loi va en ce sens. Après, je pense que ça doit se faire de manière plus affinée en fonction des territoires qui sont dits des territoires de vigilance où les dépassements ne dépassent pas les critères qui sont fixés et d'autres territoires qui sont plus émetteurs de NOx, notamment, et qui créent des problèmes en matière de santé publique. Mais moi, ce que je souhaite…

BENJAMIN GLAISE
Donc moratoire, mais pas d'abrogation ?

PHILIPPE TABAROT
Moratoire pour un certain nombre de territoires. Mais ce que je dis, et je le répète, et je l'avais écrit, l'idée c'est, avant de prendre des décisions comme celles-là, il faut voir les choses dans le bon ordre. Le bon ordre, c'était une meilleure information. Le bon ordre, c'était un meilleur accompagnement à travers différentes primes à la conversion, le leasing social, toutes ces mesures qui ont été mises en place et qui aujourd'hui, on le voit, faute de financement public, sont un petit peu freinées. De se dire qu'il faut développer les transports en commun, notamment à travers tout ce qui est RER métropolitain, tout ce qui est services express régionaux métropolitains sur nos territoires. On développe le transport en commun, c'est très bien, mais ne mettons pas en place les ZFE et on développe ensuite le transport en commun. C'est l'inverse qu'il faut faire. Et puis, même si je laisse, et je souhaite laisser la main au territoire, c'est le plus important, il faut une forme de coordination. Il y a certaines régions où vous avez six ou sept ZFE et les règles sont toutes différentes. Comment vous expliquer à quelqu'un qui va travailler, là aussi un artisan qui va aller faire des travaux dans les six ZFE de la région, qu'il est obligé d'avoir son guide, des exemptions, des horaires où il peut aller dans la ZFE, où il ne peut pas y aller. Donc là aussi, la coordination est indispensable tout en laissant la main au territoire. Ce sont les territoires qui doivent prendre les décisions et elles ne s'en privent pas, puisqu'on voit que c'est un sujet qui n'est plus clivant politiquement. Ça l'était avant. Aujourd'hui, tout dépend du territoire. Et je vois que des communes qui se disaient hyper écolo, voire qui avaient été élues sur ces thématiques, ont souhaité lever le pied, n'ont pas souhaité appliquer l'interdiction des vignettes Crit'Air 3 et notamment des diesels et des voitures essence qui ont plus d'une quinzaine ou une vingtaine d'années pour les voitures essence. Donc c'est du bon sens. Et ce bon sens, je le pense, plus près des territoires, quelques fois, de certaines décisions un peu déconnectées.

BENJAMIN GLAISE
Philippe TABAROT, je rappelle, vous êtes ministre en charge des transports pour ceux qui nous rejoignent sur Sud Radio. Des nouvelles liaisons aériennes régionales seront lancées à partir du 30 mai prochain. Parmi elles, Nîmes-Nice. C'est moins de 300 kilomètres entre ces deux villes. Est-ce que vous comprenez que ça puisse choquer ?

PHILIPPE TABAROT
Je n'y suis pour rien. Déjà, ce n'est pas parce que j'habite à côté de Nice. Je peux vous rassurer.

BENJAMIN GLAISE
Ce n'est pas vous.

PHILIPPE TABAROT
Non, ce n'est pas moi. On est souvent mis en accusation quand il y a un certain nombre de lignes aériennes qui sont remises et qui sont relancées en fonction de…

BENJAMIN GLAISE
Ce n'est pas une décision personnelle, mais bon, est-ce que ça vous surprend comme décision ?

PHILIPPE TABAROT
Moi, simplement, au moment de Climat et Résilience, je m'étais exprimé sur ces questions. Je pense qu'il faut arrêter de monter les modes de transport les uns contre les autres. Je pense qu'il doit y avoir une complémentarité des modes de transport, que les modes de transport doivent se décarboner, que l'aérien doit prendre sa part également dans cette décarbonation. L'aérien est un secteur qui souffre beaucoup aujourd'hui. Il y a eu différentes taxes, notamment gouvernementales. Il y a des compagnies qui sont en grande difficulté.

BENJAMIN GLAISE
D'ailleurs, sur la surtaxe, sur les billets d'avion, ça sera maintenu. Le Gouvernement ne reviendra pas là-dessus.

PHILIPPE TABAROT
Le Gouvernement ne revient pas dessus puisqu'elle est applicable depuis le 1er mars. Pour autant, est-ce qu'elle sera pérenne dans le temps ? Moi, je ne suis pas de ceux qui le souhaitent, notamment parce que le produit de cette taxe ne revient pas au secteur des transports et ne revient pas pour décarboner également le secteur de l'aviation principalement. Donc, je suis réservé sur cette taxe. Il fallait sortir un budget à notre pays. On a eu le courage de le faire avec 30 milliards d'économies, ce qui était la première fois depuis très longtemps. Mais pour autant, on ne doit pas taxer certains secteurs qui rayonnent au niveau mondial et dans le cadre de notre balance commerciale font que la France, aujourd'hui, sur tous ces secteurs des transports, exporte plus qu'elle n'importe.

BENJAMIN GLAISE
Donc l'idée n'est pas de pérenniser en tout cas…

PHILIPPE TABAROT
Et rapportent des richesses à notre pays, notamment en termes d'emplois.

BENJAMIN GLAISE
Le ferroviaire, Jean-Pierre FARANDOU, qui est le PDG de la SNCF, va quitter son poste en mai prochain. Ce serait quoi le bon profil pour lui succéder ? Quelle qualité il devrait avoir, selon vous ?

PHILIPPE TABAROT
Jean-Pierre FARANDOU a l'avantage de bien connaître la maison. Il a fait pratiquement toute sa carrière à la SNCF et même si on a eu des désaccords sur un certain nombre de sujets quelques, l'avantage avec lui, c'est qu'on se dit les choses. Il n'y a pas de non-dit. Et on a eu l'occasion, quelques fois, de s'engueuler, de se dire les choses. Mais c'est un grand président de la SNCF. Il a beaucoup fait. Je pense que sa succession sera compliquée. On a de très bonnes candidatures. Nous allons échanger avec les différents ministres qui ont à prendre cette décision et nous essaierons de trouver…

BENJAMIN GLAISE
Vous avez des préférences à première vue ?

PHILIPPE TABAROT
Non, des préférences. Simplement, c'est plus ce qu'on attend du président de la SNCF.

BENJAMIN GLAISE
Qu'est-ce que vous attendez ?

PHILIPPE TABAROT
Qu'est-ce qu'on attend ? On attend quelqu'un qui puisse continuer, bien sûr, à développer à l'international cette société. C'est ce que je fais. J'accompagne dans le monde entier. Parce que c'est là où la SNCF gagne véritablement de l'argent. Ce qui lui permet de le réinvestir ensuite dans le réseau français. Certains ne comprennent pas qu'on dit que la SNCF va partout ailleurs et ne s'occupe pas de la ligne ou de notre gare en face de chez nous. Mais ce qui est gagné à l'international permet de financer les réseaux au niveau national. Je pense qu'il faut également un dialogue social avec les cheminots, ce qu'a toujours eu, il y a peut-être quelques fois même pour certains, trop reproché Jean-Pierre FARANDOU, un contact avec les collectivités parce que je rappelle que les régions financent une grande partie de la SNCF à travers les trains express régionaux. Et également avec l'État puisqu'on a beaucoup de sujets sur la desserte des territoires. Trouver le juste prix également sur le SNCF Voyageurs parce qu'on sait qu'une petite musique existe aujourd'hui de dire que les tarifs quelques fois sont trop importants pour les InOui et ce n'est pas totalement une musique.

BENJAMIN GLAISE
Souvent, ça a bien…

PHILIPPE TABAROT
C'est vrai et ça a été expliqué pourquoi et comment. C'est un poste qui est important pour notre pays. Je rappelle que c'est plus de 140 000 collaborateurs également dans le monde entier. Donc oui, on doit absolument trouver un bon profil, on va s'y mettre à plusieurs et on sait qu'on a une décision lourde de conséquences pour l'avenir de notre ferroviaire dans le pays. Et en disant également qu'il n'y a jamais eu autant d'envie de ferroviaire, les Français reviennent au train, veulent du train. On voit le succès que peuvent avoir les trains de nuit qui étaient enterrés il y a quelques années que Jean CASTEX a permis de ressusciter. Donc aidons la SNCF à pouvoir mettre en place une politique pro ferroviaire dans notre pays mais pas contre les autres modes de transport mais en complémentarité et en ayant une obsession la qualité du service pour les usagers.

BENJAMIN GLAISE
C'est entendu.

PHILIPPE TABAROT
L'information pour les usagers et il faut les informer rapidement à la gare du Nord à l'heure où on parle.

BENJAMIN GLAISE
On vous a compris. Tout à fait. Oui. Exactement, ça c'est important effectivement. Un mot quand même pour conclure. Le temps nous manque mais rapidement c'est important, sur cette proposition loi concernant la sécurité dans les transports. Accord trouvé entre sénateurs et députés, commission mixte paritaire conclusive. C'est un accord qui vous satisfait ?

PHILIPPE TABAROT
Oui, c'est mon bébé. J'ai deux bébés. Enfin ça fait trois bébés maintenant puisque j'ai ma petite Marie et mon grand Louis que j'embrasse. Et j'ai travaillé sur cette proposition de loi depuis des années et je suis heureux qu'après des embûches terribles, elle puisse enfin voir le jour et grâce au travail remarquable et des députés et des sénateurs, elle pourra rentrer dans le droit français. Les usagers le demandent. Je rappelle que le choix d'un mode de transport se fait principalement si on s'y sent en sécurité et je pense que cette proposition de loi va aider à sécuriser les usagers et les personnels eux-mêmes. J'irai tout à l'heure à Argenteuil pour voir les équipes qui sont sur quelquefois des réseaux compliqués et qui sont heureuses, parce qu'en l'occurrence ce sont des dames, d'avoir des caméras piétons, de pouvoir avoir un pouvoir d'éviction auprès de certaines personnes indésirables dans ces transports en commun. Donc je trouve que le bébé est très bien sorti.

BENJAMIN GLAISE
Je vais me faire engueuler par mon réalisateur Djamel, je vais me faire engueuler par Maxime TROULEAU qui nous rejoint dans un instant donc je vais vous demander une réponse courte, Philippe TABAROT, Martine VASSAL, la présidente de la métropole Marseille-Aix-Provence, qui veut utiliser la reconnaissance faciale et l'intelligence artificielle pour garantir la sécurité dans les transports. Vous y êtes favorable ou pas ?

PHILIPPE TABAROT
C'est en partie le cas à travers ma proposition de loi ou sur les caméras algorithmiques. On va continuer l'expérimentation des Jeux olympiques qui a plutôt bien fonctionné. On la garde encore pour deux années. Et ensuite j'espère qu'on pourra, si tout fonctionne bien, la décliner sur l'ensemble des territoires.

BENJAMIN GLAISE
La généraliser.

PHILIPPE TABAROT
Et d'une manière générale, je suis très en phase avec Martine VASSAL qui est une très bonne présidente de la métropole et du département des Bouches-du-Rhône.

BENJAMIN GLAISE
Merci beaucoup Philippe TABAROT, ministre chargé des Transports. Merci d'avoir été avec nous. Très bonne journée et donc direction pour vous la gare du Nord à Paris avec cet obus de la Seconde Guerre mondiale qui a été retrouvé.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 12 mars 2025