Texte intégral
Monsieur le sénateur Roger Karoutchi,
Merci pour votre excellente question, à laquelle je vais essayer de répondre en quelques minutes.
Nous ne savons pas très bien ce que l'avenir nous réserve, parce qu'effectivement, le Premier ministre l'a rappelé à la tribune du Sénat comme il l'avait fait à la tribune de l'Assemblée, nous assistons au réveil des logiques d'empire qui, ne reconnaissant pas les frontières, foulent du pied l'ordre international fondé sur le droit que nous avons contribué à bâtir sur les ruines de la Deuxième Guerre mondiale. Le Premier ministre rappelait les premiers mots de la Charte des Nations unies lundi devant l'Assemblée nationale, qui rappelle que les Nations unies ont été fondées pour écarter le risque de la guerre sur ce principe simple de respect de l'intangibilité des frontières. Et nous voyons ces logiques d'empire se déployer sous différentes formes ici et là. Et nous retrouvons dans les déclarations de la nouvelle administration américaine les germes de cet impérialisme que l'Organisation des Nations unies avait réussi à contenir.
Alors soyons clairs, dans un moment comme celui-ci, nous pouvons nous détourner de cet héritage, de cette construction dont nous sommes les dépositaires, considérant qu'à notre tour, nous devons rentrer dans ces logiques d'empire. Mais nous ne le ferons pas, car nous considérons que seul le droit et la justice peuvent garantir à la communauté internationale une paix durable. Et que les logiques d'empire dans lesquelles certains voudraient nous entraîner, nous emmèneront un jour ou l'autre, nous entraîneront dans des guerres que nous n'aurons pas choisies.
Mais pour défendre nos intérêts, les intérêts de la France et notre vision du monde qui repose sur le droit international et la justice, nous n'aurons pas d'autre choix que d'être beaucoup plus forts et d'être beaucoup plus indépendants. Parce que si nous restons dans la situation de vassalisation et d'asservissement dans laquelle nous nous sommes laissés enfermés, alors inévitablement, nous laisserons les empires dicter la loi à l'échelle internationale, et nous n'aurons plus voix au chapitre. C'est pourquoi le moment que nous vivons est si important, parce qu'en renforçant l'Europe et en renforçant la France, nous avons l'occasion, le choix - et quand il y a un choix, il y a encore de l'espoir, c'est ce que disait le Premier ministre - d'infléchir le cours des choses et de faire entendre notre voix.
Maintenant, je vais vous laisser exprimer la vôtre, Monsieur Karoutchi.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 mars 2025