Interview de Mme Sophie Primas, ministre déléguée, porte-parole du Gouvernement, à Sud Radio le 12 mars 2025, sur la situation en Ukraine et l'actualité internationale, le budget de la défense et les relations tendues entre la France et l'Algérie.

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Média : Sud Radio

Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est 08 h 34. Merci d'être avec nous, Sophie PRIMAS, porte-parole du Gouvernement et notre invitée ce matin.

SOPHIE PRIMAS
Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Sophie PRIMAS, bonjour. Nous allons évidemment regarder l'actualité internationale avec vous. Cessez-le-feu de trente jours conclu, accord trouvé entre Américains et Ukrainiens. Il manque maintenant l'accord de la Russie. Est-ce que vous avez des informations ?

SOPHIE PRIMAS
Non, aucune. Je n'ai pas de lien direct avec Monsieur POUTINE, mais on peut souligner quand même que cet accord, qui a été trouvé entre les Ukrainiens, donc, avec l'accord des Ukrainiens, vous savez à quel point les Européens et la France avaient cela en tête, pas évidemment de cessez-le-feu sans l'accord des Ukrainiens. Bon, on peut saluer cet accord, ce premier accord. Maintenant, la marche la plus haute, reste à faire, c'est-à-dire effectivement convaincre Monsieur POUTINE qu'il faut faire un cessez-le-feu et que pendant ce cessez-le-feu, il faut négocier des conditions de paix qui soient durables.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Un cessez-le-feu de trente jours, le temps de négocier une paix acceptable par tout le monde. C'est l'objectif.

SOPHIE PRIMAS
Une paix acceptable par tout le monde. Monsieur ZELENSKY, d'ailleurs, dans ses négociations avec les États-Unis, a bien précisé que les Européens devaient aussi être dans les négociations, puisque l'acceptation d'une paix qu'on appelle durable, c'est-à-dire sans perspective pour les Russes de recommencer une invasion qui soit belliqueuse, soit également…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il a fait état de cela, le Président ukrainien, aux Américains. Il a dit aux Américains qu'il faut que les Européens soient présents.

SOPHIE PRIMAS
Absolument. Ça fait partie de l'accord.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça fait partie de l'accord. Alors, Emmanuel MACRON dit que l'Ukraine ne sera pas démilitarisée.

SOPHIE PRIMAS
On est bien d'accord. L'Ukraine ne peut pas être démilitarisée, pardon, excusez-moi, pour une raison simple, c'est qu'une paix durable, c'est avec les Européens, mais c'est aussi avec une armée ukrainienne qui soit en capacité d'assurer sa propre souveraineté.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais si TRUMP et POUTINE le décident ? Imaginons que TRUMP et POUTINE décident de démilitariser l'Ukraine. Que ce soit un accord trouvé, que faisons-nous ?

SOPHIE PRIMAS
C'est pour ça que je vous dis qu'il ne peut pas y avoir d'accord possible sans l'avis de l'Ukraine et donc, l'Ukraine n'est pas sur cette position-là. La paix doit être trouvée avec les Ukrainiens, c'est eux qui doivent décider les conditions, le quand, le comment et cette option-là ne sera pas prise par l'Ukraine. L'Europe est tout à fait partie prenante aux côtés du Président ZELENSKY.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors parallèlement, hier, plus de trente chefs d'état-major de pays étaient réunis à Paris, prêts à garantir la sécurité de l'Ukraine. Beaucoup de pays ne faisant pas partie de l'Union européenne d'ailleurs. La Grande-Bretagne, par exemple, l'Australie, la Turquie étaient là, représentée. C'est quoi ? L'objectif, c'est quoi ? C'est construire finalement un front anti-TRUMP, anti-POUTINE ou bien c'est réunir des pays qui seront, dans un temps futur, capables d'envoyer des soldats en Ukraine pour garantir la paix trouvée entre Ukrainiens et Russes ? C'est cela l'objectif ?

SOPHIE PRIMAS
Oui, c'est une réunion qui a pour objectif d'abord d'apporter notre soutien à l'Ukraine et de savoir tout de suite quels sont les besoins de l'Ukraine pour se défendre, pour continuer à être forte, pour avoir une armée. Quels sont les besoins immédiats de l'Ukraine ? Et ensuite de faire une stratégie qui soit une stratégie plus large en assurant la souveraineté de cet État, mais aussi la souveraineté européenne au sens très élargi, parce que vous voyez qu'en effet, il y a beaucoup d'États qui seront là en termes d'armement, en termes de défense, en termes de stratégie. C'est donc une nouvelle ère qui commence.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, on prépare l'envoi de troupes en Ukraine pour garantir la paix ?

SOPHIE PRIMAS
On verra les conditions de la paix. On verra les conditions de la paix.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Troupes européennes et autres, d'ailleurs, Turcs, peut-être, je ne sais pas moi.

SOPHIE PRIMAS
Ce n'est pas impossible que, lorsque la paix sera retrouvée aux conditions de l'Ukraine et bien sûr de la Russie, s'il faut renforcer l'armée ukrainienne avec une force internationale, pourquoi pas. Et c'est l'objet de tout le…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Le Gouvernement français est favorable ?

SOPHIE PRIMAS
Écoutez, le Président s'est déjà exprimé là-dessus. Il ne s'agit pas d'envoyer des soldats français à la guerre. Il s'agit d'envoyer éventuellement une force internationale.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc des troupes françaises pourraient faire partie de cette force internationale.

SOPHIE PRIMAS
Des forces internationales dans lesquelles il peut y avoir des soldats français.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Des soldats français. Aujourd'hui, l'Assemblée nationale vote sur une résolution sur le renforcement du soutien à l'Ukraine. Le RN ne votera pas cette résolution. Est-ce que vous soutenez cette résolution, le Gouvernement ?

SOPHIE PRIMAS
Le Gouvernement soutient cette résolution, en effet. En précisant, puisqu'il y a, je crois, un article qui précise qu'il est souhaitable que l'Ukraine rentre dans l'Union européenne, en précisant effectivement pour le Gouvernement que si l'Ukraine rentre dans l'Union européenne, c'est aux conditions d'entrée habituelles de l'Union européenne, c'est-à-dire dans plusieurs années et dans un temps long, en fonction des conditions…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors oui, parce que la résolution parle de faciliter l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne. Vous préférez accompagner le terme…

SOPHIE PRIMAS
Non, ce n'est pas accompagner. Pour rentrer dans l'Union européenne, il y a des conditions.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a des conditions.

SOPHIE PRIMAS
Il y a des conditions sur la propriété, sur la lutte contre…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que l'Ukraine ne remplit pas ces conditions aujourd'hui ?

SOPHIE PRIMAS
Pour l'instant, l'Ukraine ne remplit pas ces conditions. Et donc, c'est un chemin de rentrer dans l'Union européenne.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, le texte appelle aussi à la saisie des avoirs russes. Plus de 230 milliards d'euros. Est-ce que le Gouvernement... Parce que ce n'est pas très clair. Alors, j'ai envie de savoir. Est-ce que le Gouvernement soutient fermement la saisie de ces avoirs russes ?

SOPHIE PRIMAS
Non, pas pour l'instant. Pour des raisons qui sont... Alors, évidemment, c'est très tentant quand on a 200…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que Bercy dit non. On a peur des marchés.

SOPHIE PRIMAS
Non, ce n'est pas de... On a peur des effets systémiques. Parce qu'aujourd'hui…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, des marchés. Oui, marchés financiers, oui, questions d'argent…

SOPHIE PRIMAS
Il y a des effets systémiques sur notre économie. Vous savez que dans notre pays et en Europe, il y a beaucoup d'avoirs de pays qui ne sont pas des pays européens. Je pense aux pays du Golfe. Je pense aux pays asiatiques. Je pense même aux États-Unis. On a des avoirs aujourd'hui et des investissements sur notre pays. Que peuvent imaginer ces pays-là si nous saisissons des avoirs russes à l'inverse du droit international ? Donc, c'est à la fois très tentant pour vous dire également qu'on utilise quand même les intérêts de ces avoirs aujourd'hui. Et eux, par exemple, c'est ce qui fait que Sébastien LECORNU a annoncé 200 millions d'euros qui seront destinés à l'Ukraine. Il y a trois milliards d'intérêts de ces avoirs.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, clairement, Sophie PRIMAS, vous dites non. Il n'est pas question de saisir ces avoirs russes.

SOPHIE PRIMAS
Donc, la position du Gouvernement, pour l'instant, c'est non. Mais le président de la République et le Premier ministre ont demandé à Éric LOMBARD d'étudier plus en profondeur les conséquences d'une telle décision.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Pardon, mais je me mets à la place de celles et ceux qui nous écoutent. Nous ne cessons de répéter qu'il faut aider l'Ukraine, qu'il faut armer l'Ukraine, qu'il faut reconstruire l'Ukraine. Nous sommes derrière l'Ukraine. Il y a une résolution aujourd'hui. Vous dites : "Oui, oui, on est favorable à cette résolution. Oui, mais attention, dans la résolution, il y a un article, on est contre". Alors, moi, j'aimerais comprendre.

SOPHIE PRIMAS
Est-ce que nous ne serions pas complètement fous de ne pas étudier les effets systémiques, économiques sur l'ensemble de l'Union européenne, voire du globe ?

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais beaucoup de pays de l'Union européenne sont favorables. À la saisie de ces avoirs.

SOPHIE PRIMAS
Mais évidemment, c'est très tentant, Monsieur BOURDIN. On a 230 milliards qui sont là. D'ailleurs, qui ne sont pas que des liquidités, il faut savoir, et sortir. On n'a pas que des liquidités. Je suis bien placé dans les Yvelines pour savoir qu'on a quelques propriétés qui sont gelées aujourd'hui, qui sont des avoirs russes dont on ne sait pas quoi faire.

JEAN-JACQUES BOURDIN
On pourrait les vendre.

SOPHIE PRIMAS
Oui, ce n'est pas si simple que ça. C'est des très, très grosses propriétés. Ça demande du temps. Mais peu importe, ce n'est pas le sujet. Le sujet, c'est quels sont les effets systémiques sur l'économie ? Ça demande à être regardé. En attendant, on utilise les intérêts des avoirs pour aider les Ukrainiens et on étudie cette possibilité-là avec nos partenaires européens.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Parlons de la défense européenne. Au moins, c'est clair. Vous soutenez la résolution, mais vous êtes contre cet article. On est bien d'accord.

SOPHIE PRIMAS
On étudie la possibilité d'utiliser…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes comme le Rassemblement national, finalement, qui est globalement d'accord sur la résolution, mais qui est contre un des articles.

SOPHIE PRIMAS
Alors, d'abord, je ne suis pas comme le Rassemblement national. Premièrement. Et deuxièmement, on met des prudences. Mais c'est normal que le ministère de l'Économie et que le Gouvernement regardent les effets sur notre propre économie. Vous savez, les décisions faciles, elles ont toujours un revers. Donc, il faut vraiment les étudier en responsabilité et il ne faut pas monter les Français les uns contre les autres sur des sujets aussi importants.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Sophie PRIMAS, autonomie stratégique européenne, industrie de la défense, augmenter le budget de la défense en France jusqu'à 100 milliards d'euros. Vous confirmez le chiffre ?

SOPHIE PRIMAS
Non, je ne confirme pas. Aujourd'hui, le chiffre n'est pas confirmé, ni par le Gouvernement, ni d'ailleurs par le ministère de la Défense. Nous sommes en train d'étudier. Évidemment, c'est une progression par rapport aux…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Jusqu'à 3,5 % du budget ?

SOPHIE PRIMAS
Entre 3 et 3,5 dit-on. C'est-à-dire un point, un point et demi de PIB.

JEAN-JACQUES BOURDIN
À quel horizon ?

SOPHIE PRIMAS
Dans un horizon plus rapproché que la loi de programmation militaire. Ça demandera donc une accélération des efforts. Je n'ai pas de date aujourd'hui.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Dès l'année prochaine ? Dès le prochain budget ?

SOPHIE PRIMAS
Écoutez, il est vraisemblable que des décisions dans ce sens soient prises. Je voudrais juste dire par rapport…

JEAN-JACQUES BOURDIN
On va augmenter le budget de la défense dans le prochain budget ?

SOPHIE PRIMAS
Probablement. C'est probablement une décision à laquelle il faudra faire face pour assurer notre souveraineté et nos ambitions au niveau français et international.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, il va falloir trouver de l'argent. Comment ? Je ne sais pas, il y a plusieurs pistes : Livret spécifique, livret A, emprunt…

SOPHIE PRIMAS
Tout ça est à l'étude. Aucune décision n'est prise.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Tout ça est à l'étude. Aucune décision n'est prise.

SOPHIE PRIMAS
Non, aucune décision n'est prise. Ce sont des décisions qui sont... Je voulais... Quand on monte d'un point de PIB, il faut bien se rendre compte, ce n'est pas un effort non plus démesuré et inatteignable. On dépense chaque année 56 % de notre PIB en dépenses publiques. Donc ce qu'on demande, c'est un effort de 1 % du PIB pour réarmer la France et lui permettre de faire face à ses obligations en termes de souveraineté et de défense au niveau français et au niveau européen. Donc, il faut repositionner les choses, et puis on a des atouts considérables, notamment une industrie de l'armement qui est tout à fait exceptionnelle.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Évidemment, cinquante milliards, un peu plus de cinquante milliards d'euros. Le budget de la défense en 2025, en 2026, il pourrait être quoi ? 60, 70 milliards ?

SOPHIE PRIMAS
Écoutez, on est sur une trajectoire qui nous amène à 67 milliards normalement en 2030.

JEAN-JACQUES BOURDIN
En 2030 ? On va aller plus vite ?

SOPHIE PRIMAS
On va aller plus vite. Donc, on va aller un peu plus vite. Je n'ai pas le chiffre aujourd'hui et on est bien sûr à l'étude, parce que tout ça doit se faire sans oublier qu'on doit lutter aussi contre notre déficit, ce qui est aussi une question de souveraineté économique.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ursula von der LEYEN va annoncer l'effort européen la semaine prochaine, 800 milliards. Il y a une divergence au sein de l'Union européenne. Emprunt ? Est-ce que le Gouvernement français est favorable à un emprunt européen ?

SOPHIE PRIMAS
Alors, dans les 800 milliards, il y a 650 milliards qui sont des autorisations à dépasser les 3 % de déficit. C'est une première chose.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et pour le reste ? Un emprunt ?

SOPHIE PRIMAS
Et pour le reste, pour l'instant, Ursula von der LEYEN n'annonce pas d'emprunt, la France y est favorable.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, alors que d'autres pays sont opposés, comme les Pays-Bas, par exemple, Sophie PRIMAS.

SOPHIE PRIMAS
Mais vous savez, les Pays-Bas et un certain nombre d'autres pays sont en train de changer leur doctrine. Vous avez vu le virage exceptionnel de l'Allemagne et d'autres pays.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et la CPME qui propose de travailler 36 heures, une heure de plus par semaine. CPME, les petites et moyennes entreprises. Une heure de plus par semaine pour financer les efforts de défense. Vous y êtes favorable ?

SOPHIE PRIMAS
C'est les propositions de la CPME. Pour l'instant, ils sont très focalisés sur le retour à l'équilibre du régime des retraites. Donc, on va les laisser travailler là-dessus. Et puis, toutes les idées sont bonnes à prendre. Donc, on écoute tout. Et ensuite, on tranchera. Et le Parlement tranchera.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est certain.

SOPHIE PRIMAS
C'est ça, la vie politique.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous soutenez cette idée ou pas ?

SOPHIE PRIMAS
Moi, je serais, à titre tout à fait personnel, je pense que nous sommes dans un moment où il faut changer notre modèle. Alors, est-ce que c'est par ça, ce type de précision ? Est-ce que c'est ce type de proposition ? En tout cas, il faut changer notre modèle. Oui, à titre personnel.

JEAN-JACQUES BOURDIN
À titre, personnel, vous êtes favorable.

SOPHIE PRIMAS
À titre tout à fait personnel, je suis favorable. Mais ce n'est que ma modeste contribution.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais c'est important. Référendum à la fin du conclave sur les retraites ?

SOPHIE PRIMAS
On va laisser les partenaires sociaux travailler. On va voir ce qui sort. Et puis, le référendum n'est pas exclu, mais il n'est pas obligatoire. On verra ce qui sort.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais le référendum n'est pas exclu ?

SOPHIE PRIMAS
Non, il n'est pas exclu, comme sur tout autre sujet, puisqu'il fait partie, comme l'article 11 de la Constitution l'indique, des sujets sur lesquels on peut faire un référendum.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Sophie PRIMAS, je voulais vous parler de l'Algérie aussi. Parce qu'hier soir, il y a eu…

SOPHIE PRIMAS
Un sujet sensible.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, un sujet particulièrement sensible. Est-ce que Boualem SANSAL est détenu arbitrairement ?

SOPHIE PRIMAS
Il est détenu contre toutes les règles du…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Arbitrairement ?

SOPHIE PRIMAS
Arbitrairement, je ne sais pas si c'est le terme. En tout cas, contre toutes les règles du droit international. Donc, on peut dire arbitrairement.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est détenu arbitrairement. Il est détenu. Est-ce que vous avez des informations sur son état de santé ?

SOPHIE PRIMAS
Non, pas du tout, à titre personnel, je n'ai pas de…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Le Gouvernement ne sait rien ?

SOPHIE PRIMAS
On sait qu'il est malade. Écoutez, ce sont des négociations avec Boualem SANSAL qui sont très sensibles, qui sont dans un climat de tension, évidemment, entre l'Algérie et la France, pour des raisons que vous connaissez, notamment les dispositions de retour des OQTF, etc.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que des négociations sont en cours pour obtenir sa libération ?

SOPHIE PRIMAS
Écoutez, le président de la République est très impliqué, le ministre des Affaires étrangères est très impliqué, et c'est tout ce que je vous dirai là-dessus.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que des négociations sont en cours ?

SOPHIE PRIMAS
C'est tout ce que je vous dirai là-dessus.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Sophie PRIMAS, parce qu'on sait que des négociations sont en cours. Tout le monde le sait. Bien, je comprends que vous soyez discrète, mais tout le monde sait que des négociations sont en cours. Il faut, je ne sais pas moi, imposer un rapport de force. J'entends des voix discordantes au sein du Gouvernement. J'entends la voix de Bruno RETAILLEAU, j'entends celle du ministre des Affaires étrangères. Est-ce que l'Algérie piétine le droit international comme le dit Bruno RETAILLEAU ?

SOPHIE PRIMAS
Écoutez, je vais répondre d'abord sur les questions de voix différentes. Chacun est dans sa mission. La mission du ministre de l'Intérieur, c'est de faire appliquer la loi française et de faire appliquer éventuellement la loi internationale en ce qui concerne les retours. Donc, sur cette question-là, l'Algérie ne répond pas aux droits internationaux. Le fait qu'elle ne reprenne pas des ressortissants algériens qu'on lui renvoie est contraire aux droits internationaux. Donc ça, c'est le premier élément. Le ministre des Affaires étrangères et par extension le Premier ministre et donc le Président de la République s'occupent des affaires étrangères, des relations avec les pays et donc forcément, leur mission est assez différente. Mais au total, il ne nous a pas échappé que Bruno RETAILLEAU a dîné avec le Président MACRON mercredi dernier et qu'ils sont absolument sur la même ligne, c'est-à-dire une ligne d'équilibre entre les relations qui nous permettent de négocier la sortie de Boualem SANSAL et des relations qui nous permettent d'être fermes par rapport au retour.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc première mesure possible parce que la réponse peut être graduée, on est bien d'accord Sophie PRIMAS ? Première mesure possible, réduction des visas.

SOPHIE PRIMAS
Réduction des visas, c'est une première mesure, notamment pour tous les dignitaires, qui est envisagée et nous attendons, alors vous savez que la liste qui a été créée par le ministre de l'Intérieur et le garde des Sceaux est, aujourd'hui prête, elle va être envoyée aux autorités algériennes, on attend un geste de l'Algérie.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Aujourd'hui, vous allez envoyer une liste aux autorités algériennes de personnalités pas de personnalités…

SOPHIE PRIMAS
D'OQTF de personnes dangereuses sur le sol français de nationalités algériennes qu'on demande à l'Algérie de reprendre.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et si l'Algérie ne les reprend pas ?

SOPHIE PRIMAS
Eh bien à ce moment-là les premières mesures graduées pourront être mises en place. Donc les visas.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Réduction de visa par exemple.

SOPHIE PRIMAS
Condition d'entrée plus compliquée, de dignitaires, de personnes qui ont l'habitude de faire les allers-retours.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que nous sommes trop naïfs sur la Syrie ? Est-ce que nous avons été trop naïfs ?

SOPHIE PRIMAS
On ne peut pas être trop naïfs sur la Syrie quand vous aviez un Gouvernement et une personne qui exterminait les personnes civiles. Je pense que Jean-Noël BARROT qui est allé lui-même en Syrie visiter ces prisons où on torturait et où on tuait des civils par milliers est revenu extrêmement marqué. La fin du régime ASSAD c'est une bonne nouvelle pour la Syrie. Est-ce que nous sommes naïfs ? Pas du tout. Est-ce que nous essayons diplomatiquement en relation avec la Syrie de mettre en place dans ce pays bouleversé par la guerre, bouleversé par les milices, bouleversé par la guerre entre les chiites et les sunnites depuis des dizaines d'années, un Gouvernement qui prend en compte les communautés ? Nous essayons, mais nous ne sommes pas naïfs.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais est-ce que vous avez reçu des assurances du nouveau Gouvernement, du nouveau pouvoir syrien que les massacres cesseraient, cessent et ne se reproduiraient pas ?

SOPHIE PRIMAS
Écoutez, nous avons demandé que des enquêtes d'ailleurs conduites par des organismes extérieurs à la Syrie soient menées. C'est ce que le nouveau dirigeant temporaire s'est engagé à faire. Que les personnes soient condamnées, qu'elles soient punies, qu'elles soient... Il faut que nous protégions l'ensemble des communautés. Bien sûr, on pense aux Alaouites et aux chrétiens d'Orient qui ont subi les derniers massacres insupportables la semaine dernière, mais aussi les Kurdes à qui nous devons beaucoup. Il faut qu'on arrive à protéger ces communautés et en même temps à retrouver des relations avec la Syrie qui soient des relations apaisées parce que la Syrie est un pays important pour nous, pour l'équilibre de cette partie du monde et pour la lutte contre le terrorisme en Europe.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Sophie PRIMAS, où est passé François BAYROU ?

SOPHIE PRIMAS
Il travaille, comme l'ensemble du Gouvernement.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais parce qu'on le voit peu, on l'entend peu. Quel projet de loi important d'ici l'automne ?

SOPHIE PRIMAS
Par exemple, le narcotrafic qui arrive dans les jours qui viennent.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Demain, je reçois le ministre de la Justice d'ailleurs, Gérald DARMANIN.

SOPHIE PRIMAS
Voilà, par exemple la fin de vie, par exemple le projet de loi sur la simplification. Nous sommes au travail et nous faisons, les ministres sont peut-être trop discrets, le Premier ministre prend la parole quand il le souhaite et quand il veut aborder un certain nombre de sujets qui lui semblent structurants, notamment les relations internationales ou l'objectif de réforme de l'État.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Les relations internationales, c'est le président de la République.

SOPHIE PRIMAS
Le Président de la République et lui, il a aussi évidemment son mot à dire dans les conséquences que ça a pour la France, mais nous sommes en… Nous travaillons tous et nous travaillons tous avec des feuilles de routes à rendre pour faire la réforme de l'État qui est nécessaire à une amélioration de nos comptes publics.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, Sophie PRIMAS, ça c'est un sujet qui intéresse moins, quoique ça intéresse les parisiens, les lyonnais et les marseillais, la fameuse loi PLM, quelle est la position du Gouvernement ? Vous êtes favorable ?

SOPHIE PRIMAS
Paris-Lyon-Marseille.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous êtes favorable au changement de mode de scrutin ? Pour élire un maire, pourquoi ne pas à Paris-Lyon-Marseille faire comme on fait partout ailleurs en France ?

SOPHIE PRIMAS
Alors la différence entre ces trois communes, enfin entre ces trois villes, ces trois communes très importantes, c'est qu'effectivement il y a des arrondissements à l'intérieur. Quand vous êtes dans une commune, vous n'avez pas de quartier, vous n'avez pas d'abord des élections de président de quartier ou de maire de quartier et ensuite des élections de maire. Donc, la promesse qui est faite par cette proposition de loi qui est portée par le groupe Renaissance, c'est une proposition de loi qui est très alléchante puisqu'elle dit "Une voix, un homme" et, aujourd'hui, vous pourrez voter pour le maire de Paris, le maire de Marseille. Ça paraît séduisant et logique. Il y a des oppositions, aujourd'hui, en tout cas des réticences d'une partie des élus locaux qui sont des réticences plutôt exprimées par les maires d'arrondissements à Paris par exemple et qui disent "Attention, si on élit notre maire au suffrage direct avec une liste au suffrage direct, il ne faut pas que les arrondissements disparaissent". Donc, vient aussi la question de la compétence. Vous savez que les arrondissements à Paris n'ont pas beaucoup de compétences et si elles ne sont pas représentées au Conseil de Paris elles n'existent plus en réalité.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Le Gouvernement soutient cette proposition de loi ?

SOPHIE PRIMAS
Le Gouvernement soutient et en particulier le Premier ministre soutient cette proposition de loi auquel nous apporterons nous-mêmes d'ailleurs des amendements pour être certains par exemple que les arrondissements à Paris ou dans les autres communes que vous avez citées, Lyon et Marseille, soient bien représentées.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle viendra à l'Assemblée rapidement ?

SOPHIE PRIMAS
Elle viendra à l'Assemblée rapidement au mois d'avril.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et vous soutenez ?

SOPHIE PRIMAS
On soutient avec des amendements.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Deux mots encore parce que ça j'ai promis, les médecins étrangers est-ce qu'il n'est pas temps de faire un effort ? Ce matin j'avais le témoignage d'un médecin qui est diabétologue qui gagne 2 000 euros par mois, qui fait 70 heures de travail par semaine, qui forme des médecins français, des internes, et qui n'est pas reconnu.

SOPHIE PRIMAS
Je ne peux vous répondre qu'à titre personnel parce que ce n'est pas quelque chose qu'on a abordé et je veux l'aborder avec Yannick NEUDER.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Dommage parce qu'il y a eu des promesses qui ont été faites et qui n'ont pas été tenues jusqu'à maintenant par d'autres gouvernements précédents.

SOPHIE PRIMAS
Je peux vous dire à titre personnel parce que dans les Yvelines on a pas mal de médecins et notamment de médecins syriens voyez-vous qui sont venus au début de la guerre et qui ont du mal à se faire reconnaître. C'est un sujet parce que ce sont des médecins à part entière. Il est normal que nous reconnaissions les diplômes, que nous soyons sûrs que les diplômes de ces médecins soient équivalents à nos médecins. C'est souvent là que le bas blesse, mais je suis d'accord avec vous que la reconnaissance de ces médecins qui sont aujourd'hui essentiels dans le système de santé français, il faut s'y atteler rapidement.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça va être fait par le Gouvernement ?

SOPHIE PRIMAS
Écoutez, je n'ai pas la feuille de route de Yannick NEUDER, donc je lui poserai la question, mais c'est un sujet qui me semble effectivement très important.

JEAN-JACQUES BOURDIN
RETAILLEAU où WAUQUIEZ ? Ben quoi ?

SOPHIE PRIMAS
Ben quoi ?

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a une présidence LR. Bon, ce n'est pas ce qui agite les français.

SOPHIE PRIMAS
Ça n'agite pas les français. Ce qui agite les français, c'est que les LR sont de retour. Et qu'on parle d'eux.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes satisfaite de ça.

SOPHIE PRIMAS
Absolument, et je suis surtout satisfaite de voir qu'un ministre LR peut, sans renoncer à ce qu'il est, faire avancer les sujets qu'il tient à cœur.

JEAN-JACQUES BOURDIN
On peut être ministre et président d'un parti sans aucun problème.

SOPHIE PRIMAS
Beaucoup dans le passé l'ont été. Je pense à Nicolas SARKOZY qui exerçait toutes ces fonctions-là en même temps. Nous, c'est très bien qu'on parle des LR, c'est très bien, aujourd'hui…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous avez choisi Bruno RETAILLEAU ?

SOPHIE PRIMAS
Non, je n'ai pas forcément choisi Bruno RETAILLEAU. Je donnerai ma réponse lorsque d'abord j'aurai la connaissance de tous les candidats. Vous savez qu'on a jusqu'au 18 mars pour déposer sa candidature. Et je ne désespère pas…

JEAN-JACQUES BOURDIN
On est déjà le 12.

SOPHIE PRIMAS
Je ne désespère pas qu'une troisième candidature arrive. Je donnerai ma position. Mais sans psychodrame.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais entre les deux, vous penchez quoi ?

SOPHIE PRIMAS
Je connais les deux très bien. Je connais les deux très bien. Bruno RETAILLEAU depuis dix ans, puisqu'il a été mon patron de groupe lorsque j'étais sénatrice. Et Laurent WAUQUIEZ parce qu'en 2010, quand je deviens député, je trouve séduisant cet homme qui a quelque chose à dire sur le modèle social. Et je m'embarque avec lui dans un mouvement qui s'appelait la droite sociale. Peut-être vous vous rappelez de ça. Donc, je le connais bien. Je connais bien les deux hommes. Je connais leur qualité. Et donc je choisirai en toute connaissance.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'avez pas choisi, sincèrement, franchement ?

SOPHIE PRIMAS
En tout cas, je garde ma décision pour moi.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez choisi.

SOPHIE PRIMAS
Je garde ma décision pour moi.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, Sophie PRIMAS, merci.

SOPHIE PRIMAS
Merci beaucoup

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est 8h57. Vous êtes sur l'antenne de Sud Radio. Merci d'être avec nous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 mars 2025