Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Notre invitée ce matin, 8h34 sur l'antenne de Sur Radio, Véronique LOUWAGIE qui est ministre déléguée au Commerce, à l'Artisanat, aux PME et à l'Economie sociale et solidaire. Véronique LOUWAGIE, bonjour.
VERONIQUE LOUWAGIE
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous ; Ça me fait plaisir de vous recevoir, parce qu'ici nous défendons les PME, nous défendons les commerçants et l'artisanat. C'est le coeur de l'économie française. Donald TRUMP menace de taxer à 200% vins, champagnes et alcool français et européens si l'Europe ne retire pas son projet de taxe sur le bourbon américain, projet de taxe à 50%, consécutif projet de taxe aux taxes imposées par les Américains sur l'acier et l'aluminium européen. Vous êtes inquiète pour la filière viticole ?
VERONIQUE LOUWAGIE
En tout cas, je regrette évidemment ces décisions, parce que ce sont des mesures préoccupantes. Je note toutefois que l'Union Européenne a répondu de manière très rapide, unie et de manière forte, en répondant avec une première slave de droits de douane également, à hauteur de 8 milliards d'euros. Et je crois qu'il faut éviter l'escalade.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Italiens et Espagnols sur la même ligne que nous ?
VERONIQUE LOUWAGIE
En tout cas, l'Union Européenne, globalement, est sur cette ligne-là. Il y a d'ailleurs une deuxième slave qui est prête, si jamais, effectivement, Donald TRUMP continue dans cette escalade. Ce que je veux dire ici, c'est que ce sont d'abord les Américains qui vont être, je dirais, pénalisés par de telles mesures, et qu'effectivement, il faut que nous protégions des filières, puisque la filière viticole, je pense à la filière du cognac aujourd'hui…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais comment la protéger ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Écoutez, des situations équivalentes se sont déjà produites par le passé. Nous avons eu des réponses, il y aura encore des réponses. Et quand nous voyons finalement Donald TRUMP, là, qui veut répondre dans le cadre d'une escalade, on voit qu'il est perturbé. Effectivement, il faut établir un rapport de force. Il faut toutefois continuer à discuter avec lui. Il y a à la fois de la diplomatie, mais il faut montrer, je dirais, une force.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un rapport de force, c'est-à-dire ? Il ne faut pas céder ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Non, il ne faut pas céder. Il a commencé, et on le voit d'ailleurs avec d'autres États. Je pense au Canada, au Mexique. On a eu autant de reculades que de décisions sur un certain nombre de décisions qui avaient été prises. Donc effectivement, il faut apporter une réponse. Et l'important, c'est que la réponse soit apportée au niveau européen. Je crois que ça, c'est fort, et ça donne une force encore plus importante à la réponse qui doit lui être apportée, et qu'il faut lui être apportée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'il y a d'autres produits américains qui pourraient être taxés ? On parle du bourbon, mais d'autres produits américains ? Beaucoup parlent du coca, mais le coca est fabriqué en France la plupart du temps.
VERONIQUE LOUWAGIE
Oui, il y a trois produits qui sont taxés dans la réponse européenne. Les HARLEY-DAVIDSON, le bourbon et les navires américains. Il y a une autre liste de 90 pages qui est prête au niveau européen pour taxer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon ? d'autres produits ?
VERONIQUE LOUWAGIE
D'autres produits venant des États-Unis.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Par exemple, quelques produits ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Je n'ai pas la liste.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'avez pas la liste.
VERONIQUE LOUWAGIE
En ce qui concerne la vie quotidienne des consommateurs français, un grand nombre de produits, même des marques américaines, sont produits sur le territoire européen. Je pense à tout ce qui concerne, par exemple, une marque COCA-COLA ; c'est produit sur le territoire européen. Là où on risque de souffrir, c'est sur toutes nos exportations. Parce qu'effectivement, s'il y a des droits de douane comme le niveau qui est annoncé par Donald TRUMP à 200%, effectivement il y aura des impacts. Donc il faudra qu'on apporte une réponse, un soutien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un soutien financier, par exemple ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Il faudra réfléchir. Nous n'en sommes pas là. En ayant apporté une réponse déjà de droit de douane à Donald TRUMP, je pense qu'il est perturbé par ça. Et il faut continuer sur ce rapport de force.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Véronique LOUWAGIE, efforts de défense. On parle beaucoup d'efforts de défense. Alors, comment financer ? Le 20 mars prochain, on en saura un petit peu plus. Jeudi prochain, parce que le ministre de l'Économie annoncera les mesures. Mais il y en a une qui est proposée par la CPME. La CPME, c'est la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises, que vous connaissez bien - vous êtes leur ministre, en quelque sorte - qui propose de travailler une heure de plus par semaine, 36 heures par semaine au lieu de 35. Cela permettrait de donner un élan à l'économie française, de produire plus, mais aussi de permettre de sauver, dit la CPME, notre régime de retraite, en permettant à un salarié de capitaliser cette heure pour sa future retraite. Est-ce que vous pensez que c'est une bonne idée ? Est-ce que vous la soutenez ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Alors, vous avez évoqué la question en partant de la défense et de la retraite. Donc, on a des questions de financement pour les deux sujets, mais ils sont de nature différente. En ce qui concerne le financement de la retraite, c'est vrai qu'il y a une difficulté. C'est la raison pour laquelle le Premier ministre a confié, je dirais, aux partenaires sociaux des discussions sur les questions de retraite. Donc, il appartient aujourd'hui aux partenaires sociaux de faire des propositions en matière de retraite.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais la CPME en fait une. Est-ce que vous la soutenez ?
VERONIQUE LOUWAGIE
La CPME fera cette proposition de retraite, je pense que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle l'a déjà faite, ici même, sur l'antenne de Sud Radio, la première…
VERONIQUE LOUWAGIE
Mais là, il appartient aux partenaires sociaux de définir, entre eux, un accord sur le financement des retraites.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça, j'ai bien compris, mais vous, est-ce que vous êtes favorable à cette idée ou pas ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Je considère que nous avons des... Il nous faut rechercher des moyens de financer nos dépenses.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça, on est d'accord.
VERONIQUE LOUWAGIE
Il nous faut rechercher des moyens de financer toutes les dépenses militaires de défense que nous allons devoir assumer. Pour financer ceci, il y a deux moyens : ou d'avoir recours à l'emprunt, mais ça n'est pas forcément une bonne solution, puisque vous savez que nous avons une dette importante.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc pas d'emprunt.
VERONIQUE LOUWAGIE
Il s'agit de baisser également, de rechercher de baisser nos dépenses publiques. Et ça, je pense que nous devons faire des efforts importants. Je sais qu'Éric LOMBARD, Amélie De MONTCHALIN y travaillent, et tout le Gouvernement y travaille. Il nous faut également créer de la richesse, produire de la richesse. Et pour produire de la richesse, c'est par l'activité. Et l'activité, c'est par, effectivement, le travail. Donc nous avons une difficulté. En France, c'est sur le taux d'emploi des seniors, le taux d'emploi des jeunes également. Et effectivement, je pense que nous devons travailler plus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc travailler plus, vous êtes favorable à cette proposition ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Alors, je ne sais pas si c'est la bonne proposition…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est ce que vous dites, sans vouloir le dire. 36 heures par semaine.
VERONIQUE LOUWAGIE
Oui, ça peut être 36 heures, ça peut être aussi une autre modalité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ou 37 ou 38…
VERONIQUE LOUWAGIE
Mais je pense que nous avons intérêt à travailler plus pour créer de la richesse, et pour pouvoir aussi maintenir le modèle social qui est le nôtre, auquel les Français sont très attachés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il faudra travailler plus, donc plus de 35 heures par semaine.
VERONIQUE LOUWAGIE
Il appartient là, en tout cas, aux partenaires sociaux, de faire des propositions concernant le financement des retraites.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, Véronique LOUWAGIE, j'ai bien compris, vous ne voulez pas le dire, parce qu'évidemment, ça va faire du bruit si vous le dites.
VERONIQUE LOUWAGIE
Non, non, moi je suis favorable à travailler plus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais cette proposition est une bonne proposition.
VERONIQUE LOUWAGIE
Moi, je suis très heureuse…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est une bonne proposition ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Oui, c'est une bonne proposition.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah, voilà !
VERONIQUE LOUWAGIE
Moi, je suis très heureuse que les partenaires sociaux fassent des propositions. Cela montre que chacun prend conscience de la situation dans laquelle le pays est, et aussi du souhait que nous avons de protéger et de maintenir notre modèle social.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dites-moi, un effort de défense, c'est bon pour les PME françaises ? Pour de nombreuses PME et entreprises intermédiaires ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Écoutez, tout ce qui participe à la production, à l'activité, effectivement, est bon pour nos entreprises. En matière de défense, nous avons 4 000 PME…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est énorme.
VERONIQUE LOUWAGIE
C'est un nombre important, c'est 30 milliards de chiffres d'affaires, qui sont organisés dans des filières, dans un écosystème européen. Et tout ce qui participe à l'activité, effectivement, est bon pour l'économie, est bon pour l'emploi, est bon pour les Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
60 000 chefs d'entreprise ont perdu leur emploi en 2024. 60 000 ! Et 1% seulement ont une assurance chômage. Alors que ça coûte quoi ? 70 à 80 euros par an, une assurance chômage. Pourquoi n'est-elle pas obligatoire, pour les chefs d'entreprise, cette assurance chômage ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Vous savez, moi je ne suis pas très favorable à un grand nombre de dispositifs obligatoires. En revanche, il faut probablement faire plus la promotion de ces dispositifs qui ne sont peut-être pas bien connus des entreprises. Je veux juste ajouter que si nous avons eu un nombre de défaillances, un nombre d'arrêts d'entreprises en 2024, c'est parce qu'il y a eu aussi une très forte instabilité politique. Nous avons été une période également sans budget. Tout ça n'a pas favorisé l'économie. Je note qu'aujourd'hui, nous avons retrouvé une stabilité, une confiance également. Je note que la Fédération française du bâtiment, il y a quelques jours, indiquait que finalement, les pertes d'emploi qui avaient été prévues seraient moindres de 50 000, par rapport à ce que la Fédération française du bâtiment avait prévu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, j'ai vu ça. Il y a une reprise dans le bâtiment.
VERONIQUE LOUWAGIE
Donc vous voyez, il y a une confiance qui est retrouvée, et c'est une très bonne chose.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les PGE des entreprises doivent encore combien ? 38 milliards d'euros ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Oui. Alors, sur les PGE, il y a eu un remboursement relativement important. Il reste à peu près 40% des PGE qui doivent être remboursés. On arrive dans des situations un petit peu plus compliquées. Ce que je dis, moi, et je demandais d'ailleurs, que toutes les demandes de rééchelonnement des PGE soient examinées. S'il y a des chefs d'entreprise, des entreprises aujourd'hui, qui ont besoin de rééchelonner, réétaler, il faut qu'ils en fassent des demandes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous demandez aux banques d'accepter des rééchelonnements ? C'est difficile à prononcer, ça.
VERONIQUE LOUWAGIE
Je demande que toutes les demandes de rééchelonnement soient examinées par les organismes financiers. Et j'invite les chefs d'entreprise à aller voir leurs organismes financiers pour apporter une réponse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez entendu, chefs d'entreprises ? Vous avez un PGE encore à rembourser ? Vous allez pouvoir allonger vos crédits.
VERONIQUE LOUWAGIE
Oui, je pense qu'il faut apporter une réponse. Au demeurant, les PGE étaient sur une durée courte. Je rappelle qu'il y avait un soutien important de l'État. C'est un dispositif qui a bien fonctionné. Beaucoup d'entreprises s'en sont saisies. Et je note également que les entreprises ont plutôt bien remboursé. Parce que nous avions prévu dans les comptes de l'État des provisions pour une sinistralité. Les provisions n'ont pas été utilisées. Donc il y a eu un bon retour sur les PGE.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Véronique LOUWAGIE, cela fait très longtemps que je fais ce métier. Ça fait très longtemps que j'entends parler de simplification. Tous les Gouvernements, tous les pouvoirs, tout le monde m'a parlé de simplification. Je n'ai jamais rien vu venir. Alors, où est-ce qu'on en est ? Est-ce qu'il y aura bientôt un projet de loi de simplification ? Sur la simplification ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Alors, je peux vous annoncer même la date du projet de loi simplification à l'Assemblée nationale, puisqu'il sera examiné début avril, probablement autour du 7 avril. C'est un projet de loi qui est fortement attendu par le monde économique, par les entreprises, qui va permettre, je dirais, de diminuer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quelle sera la mesure principale ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Il y a un grand nombre de mesures à la fois pour faciliter la commande publique, qui sont des mesures fortement attendues par les entreprises.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire ? Pour simplifier la commande publique ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Pour simplifier l'accès à la commande publique des PME aujourd'hui, quand vous voulez accéder à la commande publique, il faut donner un grand nombre de documents, fournir énormément de documents, c'est très lourd. Donc là, il y aura une plateforme qui va être créée et qui, lorsque l'entreprise saisira son numéro SIRET, un grand nombre de données qui sont déjà dans les circuits de l'administration viendront alimenter cette plateforme. Et il y a une autre mesure qui est fortement attendue par le monde économique, c'est le test PME. C'est-à-dire que c'est un test qui permettra de mesurer, avant un projet de loi, avant un décret, tout l'impact sur une entreprise. Parce que finalement, la norme, il faut certes qu'elle soit lisible, il faut qu'elle soit compréhensible, mais également proportionnée à la taille de l'entreprise. Et là, c'est vrai que nous avons des normes, aujourd'hui, qui, appliquées à une grande entreprise, à un groupe coté, quand elle doit s'appliquer de la même manière à une PME, ça n'est pas le cas. Donc, nous allons faire organiser tout un mécanisme où nous testerons préalablement l'impact de la norme. Ce sont des dispositifs qui existent dans d'autres pays, les Pays-Bas, l'Allemagne, qui fonctionnent très bien, et donc, nous allons le mettre en oeuvre très rapidement. Et d'ailleurs, j'aurai l'occasion de tester le test PME sur une norme avant qu'il soit mis en application dans quelques jours.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Véronique LOUWAGIE, est-ce que aussi les fiches de paie qui sont à rallonge, est-ce que vous allez simplifier les fiches de paie ? Est-ce qu'au lieu d'avoir 50 lignes, nous en aurons 5 ou 6 seulement, bientôt ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Alors, il y avait eu l'idée dans ce projet de loi d'avoir un bulletin de paie simplifié. Mais finalement, nous avons renoncé à ce dispositif parce que cela faisait quasiment deux bulletins de paie, je le fais un petit peu court. Dans l'immédiat, c'est renoncé, et il y aura des travaux qui seront conduits, ça n'est pas forcément dans ce projet de loi simplification. Mais, il y a une volonté, parce qu'il y a ce projet de loi simplification, en matière de simplification, il y a un nombre d'éléments également qui relève du réglementaire, puis il y a des dispositifs opérationnels, je pense au nombre de CERFA. Nous avons 1 800 CERFA. Au niveau du ministère de l'Economie et des Finances, il y en a 500. Je m'engage aujourd'hui, devant vous, je l'ai dit il y a quelques jours, d'un cadre de lancement d'une opération que nous avons conduit avec Laurent MARCANGELI et Éric LOMBARD, je m'engage à diminuer le nombre de CERFA de 200 à la fin de l'année.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes ministre de la Consommation aussi. Est-ce que vous allez vendre le magazine 60 millions de consommateurs ?
VERONIQUE LOUWAGIE
En qualité de ministre de la Consommation, je suis très attachée évidemment à tout le monde de la consommation. Nous avons un opérateur qui est l'INC, qui a deux fonctions, une fonction de service public et une fonction qui gère un journal, 60 millions de consommateurs qu'un grand nombre de Français connaissent. Ce journal connaît un certain nombre de difficultés, conjoncturelles, par une baisse du nombre d'abonnés, qui a diminué de moitié en cinq ans, des difficultés structurelles aussi, par la forme juridique de l'opérateur qui fait qu'il y a l'obligation de passer par une commande publique pour faire un certain nombre de travaux. Il nous faut trouver une situation pour assurer un maintien et un développement je dirais pérenne dans le temps.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous allez vendre le magazine ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Aujourd'hui, ce jour, il y a un conseil d'administration qui va confier une mission au nouveau directeur général que nous aurons dans quelques jours.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour trouver un repreneur ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Non, d'organiser les moyens d'assurer le maintien et le développement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous me garantissez, ce matin, qu'il n'y aura pas de vente au privé ? Vous me le garantissez ou pas ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Ce qui est confié au directeur général, ce que je peux vous garantir, c'est la mission qui est confiée au directeur général de trouver une solution pour assurer un développement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que la solution passe aussi par une vente ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Il peut y avoir la recherche d'un repreneur, mais la recherche d'un repreneur, quand on recherche un repreneur, on ne détermine pas forcément le profil.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce sera un privé, Véronique LOUWAGIE.
VERONIQUE LOUWAGIE
Ce qui est important, parce qu'il y a des agents, derrière qui font un travail remarquable que j'ai rencontré dans quelques jours avec une revue qui est connue et il est important de maintenir le titre, et je fais tout pour maintenir le titre, mais il faut que nous assurions, à ce titre, les moyens de poursuivre leur mission et de se développer, c'est tout le sens. Si cela passe par un repreneur, c'est bien, mais cela peut-être passer aussi par d'autres moyens, ce sera la mission.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'écartez pas la vente à un privé.
VERONIQUE LOUWAGIE
Non, je n'écarte rien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai bien compris, la Fast fashion, toujours pas de loi. Rien pour freiner le développement de sites comme SHEIN, c'est bien cela, ou TEMU.
VERONIQUE LOUWAGIE
Nous aurons une proposition de loi qui sera examinée au Sénat avant l'été, il y en a une, cette proposition de loi avait été examinée l'année passée à l'Assemblée nationale.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le 14 mars 2024, et nous sommes le 14 mars 2025.
VERONIQUE LOUWAGIE
Vous n'ignorez pas qu'il y a eu un petit peu d'événements politiques qui ont modifié les agendas parlementaires de l'Assemblée nationale et du Sénat. J'ai une attention très particulière sur ce sujet, nous avons travaillé avec Agnès PANNIER-RUNACHER pour améliorer un certain nombre de dispositifs et renforcer des mesures dans cette proposition de loi, parce que ce qui est important c'est surtout qu'il ne faut pas pénaliser nos entreprises françaises et il faut surtout atteindre les cibles que l'on veut atteindre. Il faut se le méfier.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce de la concurrence déloyale ?
VERONIQUE LOUWAGIE
C'est tout à fait, mais c'est un combat. La Fast fashion, aujourd'hui, il y a des impacts en matière environnementale, des impacts en matière sociale, des impacts en matière économique. Ces plateformes, aujourd'hui que vous avez citées, c'est le président de LA POSTE, Philippe WAHL, qui faisait état que 22 %des colis de LA POSTE émanent de deux plateformes. C'est un combat que nous menons à travers une proposition de loi pour atteindre ces plateformes. De l'autre côté, nous avons aussi des contacts au niveau européen, et moi je me réjouis que la Commission européenne, le 5 février dernier, ait décidé de revoir le dispositif d'exemption des droits de douane jusqu'à 150 euros, parce que ça c'est une mesure qui, effectivement, participe à faire rentrer des flux au niveau européen. De l'autre côté, j'ai demandé à la DGCCRF également de faire un certain nombre de contrôles sur toutes ces plateformes étrangères, et à faire en sorte que au moins la moitié des prélèvements des articles contrôlés par la DGCCRF émanent de ces plateformes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, donc, vous soutenez ce texte de loi.
VERONIQUE LOUWAGIE
Oui, il faut que nous agissions pour faire en sorte que notre commerce, ce que j'appelle le commerce de boutiques, toutes nos filières commerciales en France, et qu'il y ait une concurrence loyale, une concurrence équitable, une concurrence à égalité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Véronique LOUWAGIE, je voudrais terminer avec les ZFE. Pourquoi les ZFE ? Parce que la colère est grande. J'avais encore, ce matin, le maire d'une commune de la métropole de Montpellier qui me disait, " Moi j'ai pris, j'ai décidé, après avoir consulté mes habitants, j'ai décidé de ne pas dresser d'amende ". C'est, franchement, franchement, vous pénalisez, vous avez pénalisé, avec cette ZFE, je dis vous, parce que c'est le Gouvernement qui a paralysé, vous pénalisez les commerçants, les artisans, vous paralysez des Français qui n'ont pas les moyens d'acheter une voiture électrique aujourd'hui, ou autre, une voiture neuve, vous les pénalisez.
VERONIQUE LOUWAGIE
Alors, l'exemple que vous donnez là, c'est tout à fait l'exemple, et ça va en faveur de l'argument que je vais développer tout à l'heure sur le test PME. Il faut tester préalablement à des textes, que ce soit des lois ou des textes réglementaires, l'impact, et le mesurer de manière préalable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais l'impact on le connaît maintenant, maintenant on l'a mesuré l'impact.
VERONIQUE LOUWAGIE
Maintenant on le connaît, mais l'idéal c'est quand même de le mesurer en amont, de le mesurer avant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, est-ce qu'on revient sur la loi ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Il ne faut jamais rien s'interdire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
À un moment donné…
VERONIQUE LOUWAGIE
Vous ne vous interdisez pas de revenir sur ce texte.
VERONIQUE LOUWAGIE
Il faut toujours faire un état des lieux, faire un diagnostic, effectivement s'il y a eu une erreur d'appréciation, s'il faut corriger, oui, il faut revenir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes prête à demander la correction sur ce texte ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Je pense que c'est un sujet qui doit être abordé avec l'ensemble des acteurs, je ne l'ai pas abordé moi-même, mon ministère, je ne l'ai pas dans ma mission, mais je crois qu'il ne faut jamais rien s'interdire en matière d'évaluation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous, Véronique LOUWAGIE, est-ce que vous êtes favorable à ce qu'on revoie ce texte, à ce qu'on le modifie ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Je ne sais pas s'il faut à ce stade le modifier, mais le revoir, évaluer l'impact, réunir tous les acteurs qui sont concernés, donc les élus…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça va être fait ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Je ne sais pas si ça va être fait, ça n'est pas moi qui porte cette politique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord, mais vous avez votre droit de le dire.
VERONIQUE LOUWAGIE
Oui, cela peut être fait, c'est un point que nous devons voir, parce qu'effectivement les commerçants, les artisans sont impactés par cette mesure, pour rentrer dans un certain nombre de villes, il y a également les consommateurs qui sont concernés, un certain nombre n'auront peut-être pas les moyens de renouveler leur véhicule automobile, il y a également les consommateurs qui sont concernés, un certain nombre n'auront peut-être pas les moyens de renouveler leur véhicule automobile, donc tous ces éléments doivent être pris en compte avec l'ensemble des partenaires et ne jamais rien s'interdire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
À titre personnel, franchement Véronique LOUWAGIE, est-ce que vous auriez pris cette mesure ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Je ne suis pas sûre d'ailleurs que je l'avais votée, il faudrait que je vérifie, mais je ne crois pas en tout cas que…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez voté contre, vous avez voté contre Véronique LOUWAGIE, c'est pour ça que je vous pose la question, vous avez voté contre, et maintenant vous êtes au Gouvernement, vous êtes chargé de l'appliquer.
VERONIQUE LOUWAGIE
Ah non mais attendez, à un moment donné, je suis légitime, je ne suis pas favorable forcément à tous les textes, toutes les lois, toutes les normes qui s'appliquent, mais je suis aussi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, vous avez voté contre, vous avez envie qu'on revote quoi, enfin peut-être pas qu'on revote mais qu'on revoit le texte.
VERONIQUE LOUWAGIE
Non mais Jean-Jacques BOURDIN, il m'est arrivé quelquefois de voter contre des textes, et après avoir constaté aussi que j'avais eu tort de voter contre, et que finalement à un moment donné il faut voter pour. Je crois qu'on a droit…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez eu tort ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
De voter contre ?
VERONIQUE LOUWAGIE
Ah non, pas sur ce texte-là, mais sur d'autres textes, il m'est arrivé de voter contre, et reconnaître après que peut-être j'aurais dû voter pour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, mais là vous êtes contente d'avoir voté contre.
VERONIQUE LOUWAGIE
Ah oui, je ne regrette pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais ça j'ai bien compris. Il est 8 h 55, merci beaucoup.
VERONIQUE LOUWAGIE
Merci à vous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Véronique LOUWAGIE, merci d'être venue nous voir, ce matin, sur l'antenne de Sud Radio, les choses sont claires au moins, c'est bien, merci de répondre.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 mars 2025