Texte intégral
GREGOIRE GODEFROY
8 h 14. Le secteur du tourisme recrute à tour de bras en Île-de-France. Si c'est votre cas, que vous cherchez à embaucher, appelez-nous au 01 42 30 10 10. Venez poser vos questions à notre invité exceptionnel ce matin, la ministre déléguée en charge du Tourisme, pour lancer la troisième semaine des métiers du tourisme.
JOURNALISTE
Bonjour Nathalie DELATTRE.
NATHALIE DELATTRE
Bonjour.
JOURNALISTE
Avant de parler de cet événement, d'abord, l'inquiétude du moment. Après la série d'annonces de Donald TRUMP, doit-on s'attendre à voir les touristes Américains bouder Paris, ou au contraire, est-ce qu'ils vont venir pour profiter de produits qui seront moins chers ici que chez eux ?
NATHALIE DELATTRE
Écoutez. C'est vrai que nous avons quelques chiffres, des frémissements qui pourraient nous faire craindre un retrait de certains Américains dans leur destination française. Pour l'instant, sur les voyages d'affaires, je suis en train de regarder si c'est lié à la perturbation de colloques scientifiques, puisque vous avez vu, Donald TRUMP nie les sciences après le climat, le changement climatique. Donc, rien d'inquiétant, parce que les entreprises de voyages d'affaires me disent, elles, que ce chiffre pourrait se stabiliser. Il faut dire que pour les Américains, la gastronomie française, effectivement, est une motivation certaine. Et je pense qu'ils peuvent dépasser simplement le voyage d'affaires, mais le voyage privé, pour continuer à venir visiter notre capitale et l'ensemble de la France.
JOURNALISTE
Frémissements qu'on sait chiffrer, ou en-tout-cas, qui est assez récent, ces derniers jours, ces dernières semaines ?
NATHALIE DELATTRE
Alors, non, pas des chiffres précis. En fait, ce sont des chiffres qui sont donnés par les aéroports. Donc, non, je préfère d'abord consolider, mais pas de réaction hâtive.
JOURNALISTE
Et qu'en est-il des touristes Français, cette fois aux États-Unis, l'inverse ?
NATHALIE DELATTRE
Alors, c'est vrai aussi, il y a un changement de comportement, c'est-à-dire qu'il y a naturellement une sanction de la part de certains Français, de dire : " Je n'adhère pas aux comportements de TRUMP, aux taxes douanières, etc. Donc, je vais changer de destination. " J'espère qu'ils continueront à garder la France au coeur.
JOURNALISTE
Bon, la bonne nouvelle, c'est donc cet effet J.O. C'était un peu mou pendant les Jeux, mais cette fois, ça y est, 12% de nuitées supplémentaires en ce début d'année. C'est une bonne nouvelle, vous en réjouissez ?
NATHALIE DELATTRE
Oui, l'héritage des Olympiques, mais aussi, la réouverture de la cathédrale Notre-Dame est très importante dans la consolidation de ce chiffre. Mais c'est vrai que les images que nous gardons tous, c'est cette ferveur autour des Jeux olympiques et paralympiques aussi, qui ont fait faire un bond aussi sur le tourisme des personnes à mobilité réduite, nous permet de capitaliser et d'avoir d'excellents chiffres dans nos réservations. Nous l'avons vu en fin d'année, où Paris avait, effectivement, accueilli de nombreux, nombreux, visiteurs. Et dans les réservations que nous pouvons avoir pour les prochains mois. Septembre est en hausse, août serait peut-être un peu moins fréquenté pour le moment. Mais on voit bien qu'il y a des réservations de dernière minute, c'est lié aussi au temps qu'il peut faire.
JOURNALISTE
La France, toujours première destination mondiale en termes de visiteurs, mais troisième en termes de nuitées. Est-ce qu'il faut faire quelque chose pour que les touristes restent en France et à Paris notamment ?
NATHALIE DELATTRE
Oui. Alors, ce sont des chiffres aussi à prendre avec précaution, parce que ce sont des chiffres d'Eurostat. Et donc, effectivement, ce qui est intéressant, c'est que ce sont trois pays européens qui sont dans un mouchoir de poche : entre 450 millions et 500 millions de nuitées par an. Espagne, Italie, France. Et en fait, ce que cet organisme, cet observatoire ne prend pas en compte, parce que moins courant en Italie et en Espagne, c'est le marché non-marchand, c'est-à-dire, les résidences secondaires. Et nous sommes les deuxièmes au monde à avoir ce marché. Les résidences secondaires qui sont prêtées aux familles ou louées, ou bien les locations entre particuliers. Donc, en fait, nous, nous comptons plutôt 1,1 - 1,6 milliard de nuitées. Donc, on voit bien qu'on se détache largement. Il n'en reste pas moins qu'il nous faut redynamiser notre hôtellerie, rénover notre hôtellerie et construire de nouveaux hôtels.
JOURNALISTE
Nathalie DELATTRE, vous êtes ministre déléguée en charge du Tourisme. Et vous lancez ce matin la troisième semaine des métiers du tourisme. Combien d'emplois sont disponibles en France et peut-être en Île-de-France ?
NATHALIE DELATTRE
Alors, en hôtellerie - restauration, c'est près de 63 000 emplois qui sont disponibles sur l'ensemble de la France. Et c'est vrai que c'est un frein à la croissance de ce secteur touristique qui, aujourd'hui, nous rapporte 7,5% du PIB, de notre richesse nationale. Donc, on voit que c'est un secteur majeur, mais qui peut être freiné à cause de ces problématiques de ressources humaines et d'emplois. Donc, c'est très, très, important que nous puissions améliorer, en fait, ce lien entre les jeunes, les demandeurs d'emploi et ce secteur qui a besoin de compter sur des forces vives.
GREGOIRE GODEFROY
8 h 19 sur votre radio locale ici par Ile-de-France. Nathalie DELATTRE, ministre déléguée au Tourisme, est notre invitée ce matin. Vous êtes un professionnel du tourisme et vous cherchez à recruter, par exemple ? N'hésitez pas à passer le message. Appelez-nous dans tous les cas. Réagissez au 01 42 30 10 10.
JOURNALISTE
Nathalie DELATTRE, vous parlez de problème de recrutement. Ça peut freiner le secteur ? Concrètement, on a un chiffre.
NATHALIE DELATTRE
Oui. En 2022, 60% de professionnels ont dû baisser leur activité, parce qu'ils n'avaient pas assez d'employés à leur côté.
JOURNALISTE
Et alors, quel métier on recrute pour nos auditeurs qui écoutent ce matin ? Quel métier concrètement ?
NATHALIE DELATTRE
Écoutez. En fait, le secteur du tourisme, c'est très large, puisqu'on parle de milliers de métiers. Ça peut être les ports, les aéroports. Je vais visiter, d'ailleurs, cet après-midi les aéroports de Paris. Bien sûr, l'hôtellerie, restauration, les parcs d'attraction, nos musées. Tout ce qui est attrait à l'accueil des visiteurs dans notre pays.
JOURNALISTE
Avec des formations plus ou moins longues ?
NATHALIE DELATTRE
Avec des formations plus ou moins longues, effectivement, et à plus ou moins de niveau. C'est-à-dire qu'on peut passer des CAP, des BEP, et puis monter sur des BAC+5. Donc, en fait, il y a pour toute ambition et toute passion aussi, et vocation.
JOURNALISTE
Vous avez choisi comme marraine la meilleure pâtissière du monde, Nina METAYER. Elle a, pour l'occasion, invité des collégiens, des lycéens ce matin, je crois, notamment, à l'école Ferrandi.
NATHALIE DELATTRE
Oui, tout à fait.
JOURNALISTE
Ces jeunes candidats, est-ce qu'ils sont plus exigeants qu'avant ? Est-ce qu'il est plus difficile de les recruter ?
NATHALIE DELATTRE
C'est vrai que nous recevons 200 jeunes, tout à l'heure, à Bercy, avec Éric LOMBARD et Nina. Et puis ensuite, je vais visiter aussi l'école Ferrandi. Bien sûr, des exigences, mais aussi des passionnés. Je crois que, pour beaucoup, c'est l'envie de pouvoir exceller. Exceller, ce n'est pas forcément dans les études, mais c'est dans son métier. Et je crois que quand je vais à la rencontre de ces jeunes, c'est ça qui leur tient à coeur. C'est aussi d'avoir le meilleur service.
JOURNALISTE
Oui, mais ils ne veulent plus aussi travailler la nuit, en décalé, peut-être pour des métiers jugés pas assez payés, enfin, ce genre de choses. Qu'est-ce que vous répondez ?
NATHALIE DELATTRE
Bien sûr, il y a beaucoup d'idées reçues sur l'hôtellerie, restauration. C'est vrai qu'on a pu connaître, ma génération a pu connaître ces réflexions sur les horaires décalés, sur le fait qu'on ne gagnait pas bien sa vie, parce qu'il y a des temps partiels qui, du coup, ont un effet sur le pouvoir d'achat. Et donc, aujourd'hui, on a énormément d'établissements, comme je vous le disais tout à l'heure, qui ont changé leur façon de faire, et qui peuvent offrir deux jours de suite de congés. Des congés qui vous permettent, dans la semaine, de pouvoir vous occuper de vous, des horaires moins décalés par rapport à ce que nous avons prévu avant.
JOURNALISTE
Est-ce qu'il faut revaloriser ces métiers en termes de salaire ?
NATHALIE DELATTRE
Alors, peu de salaires, au SMIC, dans le secteur des tourismes, bien au contraire. Ce qu'il y a, ce qu'il faut arriver à trouver comme solution, c'est de ne plus avoir de temps partiel. Aujourd'hui, nous avons encore trop de temps partiel dans cette profession. C'est pour ça que les employés ont l'impression, effectivement, de gagner moins qu'ailleurs. Et d'où la stratégie, d'ici 2030, de passer, d'intensifier le tourisme à l'année, d'arrêter nos pics saisonniers. C'est vrai qu'on est connu pour la montagne l'hiver et le littoral l'été. Mais d'arriver à faire en sorte d'avoir un flux constant pour renforcer ces contrats de travail et avoir des contrats à l'année.
JOURNALISTE
Madame la ministre, il y a cinq ans, jour pour jour, le confinement. Quels souvenirs en gardez-vous ? Est-ce qu'on serait prêt pour un nouveau confinement aujourd'hui ?
NATHALIE DELATTRE
Écoutez. C'est vrai que le secteur du tourisme a été très, très, impacté, puisque tous les établissements ont fermé. Un secteur très résilient, puisque, cinq ans après, nous avons rouverts. Nous sommes en capacité d'accueillir et nous accueillons bien, puisque nous accueillons le plus de touristes au monde. C'est vrai que c'est triste de voir Paris sans ses bistrots ouverts. Est-ce que nous serions prêts ? Oui, bien sûr, je pense, mais personne ne le souhaite. Nous faisons tout pour. Et il faut continuer à conserver les gestes barrières, parce que c'est aussi une des conditions pour que nous n'ayons plus d'épidémie.
JOURNALISTE
Merci à Nathalie DELATTRE d'avoir été notre invitée. Ministre déléguée en charge du tourisme pour annoncer sur votre radio locale le lancement de la troisième semaine des métiers du tourisme. Belle journée à vous.
NATHALIE DELATTRE
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 mars 2025