Entretien de M. Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, avec TF1 le 20 mars 2025, sur la libération d'un otage français retenu en Iran et sur Boualem Sansal, l'écrivain franco-algérien emprisonné en Algérie.

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Média : TF1

Texte intégral

Q - Bonjour Jean-Noël Barrot.

R - Bonjour.

Q - Ministre des affaires étrangères. Merci d'avoir accepté notre invitation. Vous l'avez trouvé comment [Olivier Grondeau] à sa descente d'avion ?

R - Je l'ai trouvé ému de retrouver son pays, sa famille, ses proches. Il m'a exprimé sa gratitude à l'égard des services du ministère des affaires étrangères qui l'ont accompagné dans cette épreuve. Et il m'a effectivement appelé à ne relâcher aucun de nos efforts pour obtenir la libération de Cécile Kohler et de Jacques Paris.

Q - On va en dire un mot. On dit que les négociations ont duré deux mois, qu'elles ont été difficiles, intenses.

R - Ce que je peux vous dire, c'est que dès le jour de ma prise de fonction, je me suis saisi de ce dossier, qui a fait l'objet d'une mobilisation à tous les niveaux, du Président de la République jusqu'à notre ambassadeur à Téhéran, pour obtenir ce résultat, qui est donc le fruit d'un travail de longue haleine de toute la diplomatie française.

Q - Y a-t-il eu une contrepartie de la France à l'égard de l'Iran ?

R - Il n'y a pas de contreparties aux libérations d'otages. C'est le fruit d'une pression continue et la République n'oublie jamais aucun des siens.

Q - Vous avez négocié directement avec le régime de Téhéran ou par des intermédiaires ?

R - Au départ, à mon niveau, j'ai échangé avec mon homologue, ministre des affaires étrangères iranien ; des discussions qui se sont interrompues puisque nous n'obtenions pas de résultats. Et c'est ensuite par d'autres moyens que nous avons obtenu ce résultat.

Q - On a entendu la maman de l'ex-otage. Il a été assez souvent maltraité ?

R - Je crois qu'il a traversé une épreuve inhumaine et qu'en réalité, cette épreuve ne s'arrête pas au jour de sa libération. Il va commencer aujourd'hui un long chemin de convalescence, et nous serons à ses côtés.

Q - Venons-en à Cécile Kohler et Jacques Paris. Depuis mai 2022, ils sont donc retenus en Iran. Quelles sont les négociations en cours ? Est-ce qu'elles avancent ? Est-ce qu'on a bon espoir de les revoir ?

R - Nous allons redoubler d'efforts pour obtenir leur libération. Je le rappelle, ils sont retenus otages en Iran depuis maintenant plus de 1.000 jours, dans des conditions qui sont assimilables, qu'on peut décrire en droit international comme de la torture. C'est pourquoi nous allons accentuer la pression sur l'Iran. J'ai moi-même demandé lundi, à Bruxelles, que l'Europe prenne des sanctions à l'encontre des responsables de cette politique d'otage d'Etat.

Q - Vous avez des informations sur leur état de santé ?

R - Nous n'avons quasiment aucun contact avec Cécile et Jacques. C'est un motif d'indignation et de colère de notre part. Je veux rassurer leurs proches et leurs familles. Nous n'allons économiser aucun effort pour obtenir leur libération.

Q - Monsieur le Ministre, on vient d'apprendre que 10 ans de prison ont été requis à l'encontre de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Il est emprisonné depuis la mi-novembre à Alger. Où en est-on ?

R - Nous sommes préoccupés par sa santé, ses conditions de détention. Olivier Grondeau avait lui aussi été condamné à une peine de prison très lourde. Ça ne nous a pas empêché de poursuivre nos efforts pour obtenir sa libération. C'est dans le même esprit que nous traitons de cette question.

Q - 10 ans, c'est beaucoup. Vous êtes scandalisé par ce réquisitoire ?

R - C'est un réquisitoire, ce n'est pas une accusation. Ce que je vous dis, c'est que malgré les peines de prison très lourdes, y compris, dans le cas d'Olivier Grondeau, qui avaient été prononcées contre lui, nous avons maintenu la pression et nous avons fini par obtenir sa libération.

Q - Merci beaucoup, Monsieur le Ministre.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 mars 2025