Texte intégral
Q - Quelle est votre réaction suite aux déclarations du ministre israélien [de la défense] sur Gaza et sur sa possibilité d'annexer plus de territoires ?
R - La France est opposée à toute forme d'annexion, qu'elle concerne la Cisjordanie ou qu'elle concerne Gaza. Nous avons une vision très claire de ce que doit être l'avenir de la région. C'est une solution à deux Etats qui vivent en paix, côte à côte, avec des reconnaissances réciproques et des garanties de sécurité. C'est la seule voie pour que la paix et la stabilité s'installent durablement dans la région.
Q - L'influenceur Doualemn est une nouvelle fois retenu. Est-ce que vous croyez qu'il y aura une réponse plus favorable cette fois-ci de l'Algérie ?
R - Je le souhaite, puisque cet influenceur s'est rendu coupable de propos totalement inacceptables sur les réseaux sociaux. Il a été condamné pour es propos. Il a donc vocation à être éloigné du territoire français. Sur le fondement des accords qui régissent notre relation avec l'Algérie, il doit être réadmis dans son pays.
Q - Justement, cette relation est un petit peu abîmée avec l'Algérie. Il y a le cas de l'écrivain Boualem Sansal, 10 ans de prison qui ont été requis à son encontre. Est-ce que le bras de fer que le Gouvernement est en train de faire actuellement marche ?
R - Nous souhaitons avoir une relation équilibrée et constructive avec l'Algérie. Et s'agissant de Boualem Sansal, nous sommes évidemment préoccupés par son état de santé, par les conditions de sa détention. La réquisition d'une peine d'emprisonnement de 10 ans de prison qui a été prononcée hier ne vaut pas condamnation. Je rappelle d'ailleurs que nous avons, avec beaucoup d'émotion et beaucoup de satisfaction, accueilli cette semaine le retour d'Olivier Grondeau, qui lui-même avait été condamné à une très lourde peine de prison en Iran, ce qui ne nous a pas empêché de nous mobiliser pour obtenir sa libération.
Q - En revanche, l'Algérie répond par exemple sur l'affaire Bouchouareb qu'il y a une absence totale de coopération judiciaire de la France. Qu'en pensez-vous ?
R - Je pense que nous devons retrouver les voies de la coopération avec l'Algérie dans l'intérêt des Français, avec exigence et sans aucune faiblesse, pour obtenir l'expulsion des Algériens en situation irrégulière dans notre pays, pour préserver la coopération dont nous avons besoin réciproquement en matière de renseignements et de lutte contre le terrorisme, et puis enfin pour obtenir la libération de notre compatriote. Boualem Sansal.
Q - Quels sont justement les leviers que vous pouvez activer à votre niveau ?
R - Les leviers de la diplomatie. Ils ont été présentés de manière très claire à l'issue du comité interministériel de contrôle de l'immigration par le Premier ministre.
Q - Concernant l'Ukraine, il y a des pourparlers lundi. M. Zelensky va être reçu la semaine prochaine à Paris. Quel est l'état des avancées, justement, de ces négociations ?
R - Ce que je constate, c'est que Volodymyr Zelensky a fait une concession très importante et témoigné de sa bonne foi et de sa volonté de cheminer vers la paix en acceptant un cessez-le-feu sans conditions, il y a quelques jours, lorsqu'il a rencontré les émissaires américains et lorsqu'il a échangé avec Donald Trump. Aujourd'hui, le seul obstacle à la paix, c'est Vladimir Poutine. Donc je souhaite que dans les discussions qui s'engagent la semaine prochaine, on puisse aller très vite vers un cessez-le-feu qui permettra que s'engagent des discussions portant sur une paix durable qui éloigne définitivement la menace de l'Ukraine.
Q - Dans le cadre de cette tournée que vous effectuez et qui a été commencée à Nantes, quelle réponse vous avez, justement, des gens que vous rencontrez ? Pas simplement les élus, mais comme par exemple des étudiants ou les lycéens que vous aviez rencontrés à Nantes ?
R - Les Françaises et Français voient bien que jamais, sans doute, les affaires internationales, ce qui se passe au-delà de nos frontières, n'a eu autant d'impact sur leur vie quotidienne. Ils s'y intéressent. Ils ont envie de s'en emparer. Ils ont envie qu'on leur mette les cartes en main. C'est tout l'objet de ces rencontres que j'ai aujourd'hui à Dijon avec les élus, et notamment ceux qui sont impliqués dans l'action internationale par des comités de jumelage ou par de la coopération décentralisée ; avec des étudiants de Sciences Po, tout à l'heure, ou encore avec les acteurs de la filière viticole, qui est en première ligne dans la guerre commerciale qui se lève un peu partout dans le monde.
Q - Vous avez parlé de M. Grondeau. Il y a encore d'autres otages en Iran. Quelles sont justement les avancées de ces négociations pour les autres otages ? Est-ce que vous êtes confiant ?
R - La République n'oublie jamais aucun des siens. Nous sommes très heureux d'avoir pu obtenir la libération d'Olivier Grondeau. C'est le fruit d'un travail sans relâche de la diplomatie française à tous les niveaux, du Président de la République jusqu'à notre ambassadeur sur place. Nous allons continuer à nous mobiliser sans économiser aucun effort pour obtenir la libération de Cécile Kohler et Jacques Paris, qui sont détenus depuis plus de 1.000 jours maintenant dans des conditions indignes, qui sont assimilables en droit international à de la torture.
Q - Merci beaucoup.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 mars 2025