Texte intégral
ADRIEN GINDRE
Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER,
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour Adrien GINDRE,
ADRIEN GINDRE
Avant de revenir aux questions d'environnement dans le journal, un mot du réquisitoire même contre Nicolas SARKOZY hier, puisque le parquet a demandé 7 ans de prison, 300 000 euros d'amendes notamment dans l'affaire du financement libyen de la campagne de 2007. Dans un communiqué, l'ancien chef de l'Etat a dénoncé l'outrance de la peine réclamée. Est-ce que vous voyez de l'outrance ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Vous savez, quand on est un responsable politique, on ne commande pas une procédure judiciaire, a fortiori quand elle n'est pas arrivée jusqu'à son terme. Ça s'appelle aussi la séparation des pouvoirs. Donc, je ne commenterai pas cette procédure judiciaire.
ADRIEN GINDRE
Ça devrait s'appliquer à Nicolas SARKOZY qui dénonçait l'outrance de la justice, en l'occurrence.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je crois que c'est celui qui est en face du juge, donc, il est libre de ses propos. Il n'a plus de fonction politique, aujourd'hui.
ADRIEN GINDRE
Venons-en à ce sujet qui vous concerne tout directement. D'abord, ce vote des députés en commission à l'Assemblée, cette semaine, la suppression des ZFE, les zones à faibles émissions. Je rappelle qu'elles interdisent, dans certaines villes, les véhicules les plus polluants au nom de la qualité de l'air. Est-ce que vous êtes près de vous à vous incliner devant ce vote du Parlement ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi, je suis prête à me battre pour faire en sorte que la qualité de l'air n'enlève pas des vies, aujourd'hui, comme c'est le cas. C'est-à-dire que vous savez, la pollution, je suis allée jusqu'au bout parce que les aides feux, c'est un outil parmi d'autres. C'est un outil. Et s'il a des problèmes, on peut l'améliorer. Mais je crois qu'il faut partir de ce qui est le sens qui nous a conduits et qui a conduit à mes prédécesseurs à mettre en place ce cadre qui est un outil qui est donné aux collectivités locales.
ADRIEN GINDRE
Oui à l'amélioration, non à la suppression, si je comprends bien à ce que vous dites.
AGNES PANNIER-RUNACHER
On va jusqu'au bout. La qualité de l'air, c'est 48 000 décès précoce par an. C'est plusieurs mois de votre vie en moins pour moi, pour vous, pour vous. Parce que le niveau, aujourd'hui, de la pollution de l'air, en particulier dans les grandes villes, dans les villes où il y a de la concentration de circulation automobile, n'est pas satisfaisant, on est entre deux fois et quatre fois les normes de l'Organisation mondiale de la santé.
ADRIEN GINDRE
Karl OLIVE, député de votre famille, dit non à l'écologie punitive. Même dans votre famille, des députés s'opposent à ces ZFE.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je vais jusqu'au bout. Ensuite, sur les ZFE, on a entendu beaucoup de choses. J'ai entendu des gens qui disaient ça concerne 13 millions de véhicules. Bien sûr que non, Et heureusement, 13 millions de véhicules. Moi qui suis une femme qui est à gauche, je serai absolument révolté que des gens ne puissent pas entrer dans les villes parce qu'ils n'ont pas le bon véhicule. Cela concerne, par exemple, sur l'agglomération de Lyon, 40 000 véhicules. Sur celle autour de Paris, c'est 600 000 à peu près, de véhicules. Donc, on est sur des nombres de véhicules beaucoup moins importants.
ADRIEN GINDRE
Donc, je vous repose la question. Vous vous battrez contre cette suppression ? Vous refusez ce vote du Parlement ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
J'ai dit que je ne me mettais pas à disposition des députés et des sénateurs parce que les sénateurs devront aussi valider ce texte et des élus locaux qui sont, aujourd'hui, à la manoeuvre pour lutter contre la pollution de l'air, pour regarder ce qui peut être fait. Est-ce que cet outil, on ne peut pas l'améliorer ? Ce que nous demandent, au fond, les gens, ce n'est pas qu'on lutte contre la pollution de l'air. Ils sont les premiers à le vouloir. Et vous savez que ces maladies, elles concernent les plus précaires. Parce que ce n'est pas les bourgeois qui vivent au-dessus du périphérique.
ADRIEN GINDRE
Ça peut-être adapter le calendrier, par exemple ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est, par exemple, de voir s'il y a des aides surtout à apporter, parce que les gens attendent des solutions.
ADRIEN GINDRE
Pour changer de voiture.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Vous savez que l'année dernière, il y avait des gens qui allaient jusqu'à 22 000 euros dans l'agglomération parisienne pour aux gens de changer de véhicule. Regardons le niveau des aides, regardons les dérogations, regardons le calendrier. Mais attention, ne perdons pas de vue que l'enjeu, c'est la qualité de l'air. Qu'elle coûte 48 000 décès chaque année, 30 000 enfants asthmatiques de plus. Et qu'elles vont coûter des mois de vie.
ADRIEN GINDRE
C'est très clair. Au-delà de la lutte contre la pollution de l'air, vous êtes aussi en charge de la lutte contre le réchauffement climatique. Cela comprend notamment les émissions de gaz à effet de serre. Est-ce que vous êtes satisfait des résultats obtenus ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ecoutez, le CITEPA, qui est l'organisme indépendant qui mesure la baisse de nos émissions de gaz à effet de serre, nous dit qu'elle continue à baisser, moins 1,8%, l'année dernière. C'est la bonne nouvelle. Nous sommes toujours sur la bonne trajectoire. La mauvaise nouvelle, c'est que, alors que sur l'énergie, on fait une très bonne performance, que l'industrie est à l'heure, que l'agriculture est à l'heure. Il y a deux secteurs où c'est compliqué, les transports, où ça continue à augmenter, et le bâtiment, vous faisiez un repartage à l'instant. Et pour cette raison, il ne faut pas baisser la garde. D'abord parce que la politique de planification écologique que le président de la République a porté ces dernières années nous a permis, en 7 ans, de baisser nos émissions de gaz à effet de serre deux fois plus vite que les 27 années qui ont précédé.
ADRIEN GINDRE
" Pas baisser la garde ", est-ce que ça veut dire qu'il faut durcir les règles pour que les baisses s'accentuent, au lieu de ralentir, puisque vous nous dites qu'on a ralenti la baisse par rapport à l'année précédente ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça veut dire que j'ai demandé au Président de la République de réunir un conseil de planification écologique qui va regarder ce qui fonctionne bien et qui va regarder dans les deux secteurs où nous n'allons pas assez vite quelles sont les mesures que nous pouvons prendre pour aller plus vite. Dans le transport, ce n'est pas que des questions d'interdiction. C'est avoir des transports en commun plus nombreux, plus confortables, plus sécures. Dans le bâtiment, vous le mentionniez aussi, c'est comment on aide les gens à rénover leur logement. Et ce n'est pas qu'une question de budget, puisque l'année dernière, on n'a pas consommé tout le budget qui était consacré à cette politique. C'est aussi une question de facilité pour aller vers ces dispositifs d'aide qui sont peut-être trop compliqués. Il y a une responsabilité politique à faire en sorte que les gens puissent bénéficier de ces outils qui leur permettent, à la fois, de baisser leur facture, donc, c'est un enjeu de pouvoir d'achat, d'avoir plus de confort, et nous, collectivement, de baisser nos émissions de gaz à effet de serre.
ADRIEN GINDRE
Vous dites, Agnès PANNIER-RUNACHER, que ce n'est pas qu'une question de budget. Tant mieux, parce que la porte-parole du Gouvernement a déjà dit que ce serait un cauchemar à préparer le budget 2026. Autrement dit, votre budget va encore baisser…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Mon budget a augmenté, Adrien GINDRE, je le précise, mais effectivement, j'ai dû batailler pour faire en sorte qu'il augmente.
ADRIEN GINDRE
Et pour l'année prochaine ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et pour l'année prochaine, je bataillerai aussi. Pourquoi ? Parce qu'il y a un euro investi dans l'adaptation au changement climatique, pour lutter contre les inondations…
ADRIEN GINDRE
Donc vous refuserez une baisse du budget de l'écologie pour l'année prochaine ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce n'est pas comme ça que ça se passe. Ce que je ferai... Je ferai la démonstration, Adrien GINDRE, que quand on investit dans la lutte contre les inondations, ce sont des économies. Les assurances ont publié le chiffre du coût des inondations et de tous les impacts qu'il y a eu l'année dernière.
ADRIEN GINDRE
Vous l'avez dit au Premier ministre et à vos collègues de Bercy, j'imagine.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, évidemment, c'est plusieurs milliards.
ADRIEN GINDRE
Mais vous n'avez pas encore de garantie.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais personne n'a de garantie à ce stade de l'année. Vous savez qu'un budget, ça se finalise au mois de décembre et parfois, comme cette année, ça se finalise au mois de février. Donc effectivement, à moi de faire la démonstration que nous avons besoin de cet argent pour protéger les Français, protéger leur santé et faire en sorte d'éviter des coûts massifs derrière qui sont liés aux dérèglements climatiques.
ADRIEN GINDRE
Un petit mot, pardon, Agnès PANNIER-RUNACHER, sur le Marineland d'Antibes. Vous gérez également ce dossier. Je rappelle qu'il a fermé au mois de janvier avec toujours une interrogation sur l'avenir des orques et des dauphins. D'après nos confrères du Parisien, cette semaine, on apprenait qu'une requête devrait bientôt être déposée devant le Conseil d'Etat pour demander à l'Etat de tout mettre en oeuvre pour que les orques restent au Marineland au nom du bien-être animal plutôt que de les transférer à l'étranger, ce qui était l'une des pistes évoquées. Vous, vous aviez évoqué un sanctuaire européen. Où est-ce qu'on en est ? Qu'est-ce qu'il va devenir de ces orques et de ces dauphins ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Très précisément, il y a, aujourd'hui, deux projets de sanctuaires pour des animaux marins. Je précise une chose, aujourd'hui, aucun sanctuaire n'existe dans le monde pour accueillir des orques. Il y a deux projets de sanctuaires, un en Italie, un en Grèce. Je me suis mis en contact avec les autorités italiennes et grecques. Ils ne seront pas disponibles avant l'année prochaine et à ce stade, ils ne sont susceptibles d'accueillir que des dauphins. Il y a deux orques et douze dauphins.
ADRIEN GINDRE
Qu'est-ce qu'on va faire des orques, en attendant ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous travaillons avec le propriétaire du parc, Parkes Reunidos, pour trouver des solutions. Eux avancent des solutions. Ma boussole, c'est de faire en sorte que ces animaux soient les mieux traités possibles par rapport à la réalité des solutions qui sont disponibles.
ADRIEN GINDRE
Jusqu'à nouvel ordre, elles restent au Marineland d'Antibes ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Le Marineland est fermé. Le 15 avril, il n'y aura plus de soigneurs et plus de capacités à entretenir les bassins. Il va falloir trouver une solution, mais pas l'année prochaine. C'est clair.
BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup. Merci d'avoir répondu à nos questions, ce matin. Merci beaucoup Adrien.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 31 mars 2025