Conférence de presse de M. Thani Mohamed Soilihi, ministre délégué, chargé de la francophonie et des partenariats internationaux, sur la lutte contre la malnutrition, à Paris le 28 mars 2025.

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  • Thani Mohamed Soilihi - Ministre délégué, chargé de la francophonie et des partenariats internationaux

Circonstance : Sommet Nutrition for Growth

Texte intégral

Merci beaucoup, Mesdames et Messieurs, d'être là.

Pendant deux jours, la communauté de la nutrition s'est réunie pour trouver des conditions concrètes afin de lutter contre la nutrition sous toutes ses formes.

Comme vous le savez, ce sommet était particulièrement important pour la France. Le ministère de l'Europe et des affaires étrangères s'est beaucoup mobilisé depuis des mois pour garantir le succès de ce sommet - et il l'était notamment pour moi qui ai souhaité porter des événements "pré-N4G", puisque dès le départ, sensibilisé par Brieuc, j'ai tenu à vraiment y mettre ma patte, si vous me passez l'expression.

D'ailleurs, ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux le savent. J'ai par exemple organisé à Washington un grand événement de mobilisation des banques de développement, en octobre dernier, afin qu'elles soient pleinement associées au sommet N4G. Dans plusieurs de mes déplacements, j'ai visité et appuyé les projets portés par la France et le Programme alimentaire mondial. Et je participais encore la semaine dernière, à Madagascar, à la réunion ministérielle de la Commission de l'Océan Indien dédiée - devinez à quoi ? - à la sécurité alimentaire. C'est vous dire si nous attendions collectivement ce sommet "Nutrition pour la croissance".

Et je suis profondément heureux de constater le succès de notre mobilisation. 106 Etats étaient représentés pour cette nouvelle édition, 106. Au total, nous avons plus de 500 participants, représentants d'Etats, d'organisations internationales ou de la société civile qui ont répondu présents durant ces deux jours.

Nous avons eu des échanges riches et constructifs autour d'enjeux décisifs : changement climatique, égalité de genre, transition vers des systèmes alimentaires durables, intelligence artificielle. Nous avons démontré collectivement combien la nutrition s'infiltre dans tous les sujets. Et cette liste n'était pas exhaustive. S'il fallait en donner une preuve, la nutrition a un effet sur 11 des 17 Objectifs de développement durable définis par les Nations unies. C'est donc un véritable levier central de développement que ce sommet a permis de mettre davantage en lumière.

J'en profite aussi pour souligner le fait que c'est un des outils mondiaux les plus rentables car, je rappelle ces deux chiffres : selon la Banque mondiale, un dollar investi en faveur de la nutrition génère en moyenne 23 dollars de richesse. Je retiens par ailleurs que quasi unanimement, les interventions ont marqué une conviction profonde, c'est que l'amélioration de la nutrition est un fondement essentiel pour prévenir, atténuer et combattre les crises récurrentes auxquelles le monde est confronté. C'est un socle pour le développement humain et social, pour des communautés en meilleure santé et plus autonomes. En un mot, pour des sociétés plus prospères.

Nous savons que la malnutrition est un des plus grands défis de notre siècle, car il touche les continents et tous les âges, les populations vulnérables étant exposées à des risques accrus. Mais nous avons établi aussi que pour lutter contre la malnutrition, des solutions existent. Elles passent par des politiques ambitieuses, des investissements accrus et des partenariats renforcés entre gouvernements, organisations internationales, sociétés civiles, secteurs privés et monde de la recherche.

Les efforts déployés par les parties prenantes du sommet ouvrent la voie à des résultats de grande envergure. Collectivement, nous avons réaffirmé que nous pouvions renverser le cercle vicieux de la malnutrition qui nourrit le cycle de la pauvreté intergénérationnelle en un cercle vertueux qui émancipe et soutient le développement durablement. À travers la déclaration finale du pays hôte du sommet "Nutrition pour la croissance", nous réaffirmons l'engagement commun visant à améliorer la nutrition mondialement afin d'atteindre les objectifs nutritionnels de l'Assemblée mondiale de la santé et l'Objectif du développement durable numéro 2 consacré à la faim.

Des engagements politiques importants ont été pris durant ce sommet. Nous pouvons y revenir en détail si vous le souhaitez. Je suis en mesure de vous assurer que nous dépassons le montant global précédemment acquis au sommet de Tokyo. C'est un résultat considérable, à rebours des pronostics déclinistes et qui est à la hauteur des attentes. C'est plus de 27,55 milliards de dollars qui font l'objet d'engagements. Donc voilà, encore une fois, les engagements politiques. Nous pouvons revenir dessus si vous voulez, nous allons vous les passer.

Et concernant la France, nos engagements nationaux établis dans le travail avec tous les autres ministères permettront d'améliorer concrètement la prise en compte des enjeux de nutrition dans les politiques publiques de santé, d'agriculture, d'éducation nationale et de jeunesse.

J'ajouterais qu'en termes de solidarité internationale, la France a, ces dernières années, réinvesti fortement le domaine de la sécurité alimentaire. Nous prévoyons de continuer sur cette tendance jusqu'en 2030. Et très concrètement, je suis en mesure d'annoncer à cet horizon que plus de 750 millions d'euros d'investissement seront mobilisés pour des projets dédiés à la sécurité alimentaire et à la lutte contre la malnutrition, ici en France, que ce soit des projets portés par l'Agence française du développement ou nos programmes d'aide alimentaire, comme l'a annoncé le Président de la République hier.

Donc vous le voyez, la France est et restera au rendez-vous dans le contexte de la guerre d'agression que subit l'Ukraine depuis maintenant trois ans, qui a eu de lourdes conséquences sur la stabilité alimentaire, y compris du continent européen. L'Europe est pleinement engagée pour faire vivre les enjeux de la nutrition et de la sécurité alimentaire. D'ici à 2027, ce sont plus de 6,5 milliards d'euros qu'elle consacrera à des projets dédiés à renforcer la sécurité alimentaire.

Un dernier mot, si vous permettez, pour remercier les nombreux partenaires qui ont contribué au succès de cette édition en mettant toute leur expertise, détermination et engagement à son service, notamment au mouvement Scaling Up Nutrition et à la République de Côte d'Ivoire, co-présidents de la gouvernance internationale du sommet. Je salue aussi les forts engagements pris par les banques de développement, les philanthropies et le secteur privé, qui montrent que la lutte contre la malnutrition est vraiment l'affaire de tous.

Nous devons refuser collectivement un monde où la malnutrition est à l'origine de la moitié des décès d'enfants de moins de 5 ans. Grâce à la solidarité et une action coordonnée, nous avons les clés pour construire un avenir plus sain, équitable et résilient. Je remercie aussi l'envoyé spécial de ce sommet, Brieuc Pont. Il a fait un travail formidable, à commencer par me sensibiliser, sensibiliser toute la classe politique, et cette réussite est en grande partie due par cette mobilisation.

Merci et merci à vous, de votre attention.

J'aimerais quand même revenir sur les engagements politiques, qui valent la peine d'être dits ici.

Plusieurs pays s'engagent à ce qu'au moins 80% de leur stratégie d'adaptation climatique intègre systématiquement les politiques et programmes de sécurité alimentaire et de nutrition.

Nous souhaitons, autre engagement, renforcer les capacités des travailleurs de santé qui luttent contre la malnutrition.

Il y a aussi des engagements à accroître la production locale bio pour fournir les cantines scolaires. La quantité c'est bien, la qualité aussi est dans les engagements.

Il y a aussi des engagements politiques à prendre en compte, de façon transversale, le genre dans les stratégies de nutrition, d'égalité des genres.

Et autres engagements que je voulais souligner, ce sont les engagements à assurer la couverture en action essentielle de nutrition d'au moins 80 % des enfants d'au moins 5 ans et des femmes enceintes allaitantes d'ici 2030.

Et moi, de mon côté, naturellement, comme je l'ai fait depuis le début de cette aventure, je mettrai un point d'honneur à suivre tous ces engagements pour voir leur concrétisation. Et là aussi, vous savez que je ferai le job.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er avril 2025