Texte intégral
Monsieur le sénateur [Daniel] Laurent, vous avez parfaitement raison : notre responsabilité, c'est de soutenir la filière viticole dans son ensemble et, au-delà, l'ensemble de la filière des vins et spiritueux face à la double menace que vous avez pointée : d'une part, les enquêtes antidumping menées par la Chine ; d'autre part, plus récemment, la guerre commerciale voulue par les Etats-Unis.
Concernant ce dernier point, je rappelle la position de la France : cette guerre commerciale, nous n'en voulons pas ; elle n'est bonne pour personne, à commencer par les Américains. Nous menons un dialogue constant avec eux pour continuer à les convaincre que la hausse des droits de douane n'est dans l'intérêt de personne, tout simplement en raison des effets qu'elle aurait pour nos propres exportateurs, mais aussi parce qu'elle provoquerait une hausse des prix et une baisse des marges outre-Atlantique.
Très concrètement, que faisons-nous ? En cas d'augmentation des droits de douane, nous l'avons dit, l'Europe doit savoir riposter, mais riposter intelligemment, c'est-à-dire sans mettre en danger les filières, notamment celles que vous avez évoquées.
Nous dialoguons en permanence avec la Commission européenne, avec laquelle nous avons mené des discussions au plus haut niveau. Je suis moi-même quotidiennement en lien avec Maros Sefcovic, commissaire européen chargé du commerce et de la sécurité économique.
Nous avons jusqu'au début du mois d'avril pour définir la meilleure réponse à apporter, celle qui permettra de ne pas impacter la filière des vins et spiritueux, qui dépend tant de ces exportations pour vivre.
Je veux dire un mot également au sujet de la Chine. La situation est certes très différente, mais l'enjeu est, là aussi, vital pour la filière cognac et armagnac, notamment.
Dans le cadre d'un dialogue s'inscrivant dans un agenda diplomatique, le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, se rendra en Chine à la fin du mois. Là encore, nous entretenons un dialogue constant avec ce pays pour trouver la meilleure réponse à apporter à cette situation, que nous considérons pour notre part comme inacceptable et injustifiée, ces enquêtes ne permettant pas d'établir un rapport diplomatique serein.
J'ajoute que les produits en question sont retirés des espaces de vente duty free, ce qui est absolument inacceptable. Pour résumer très simplement les choses, nous poursuivrons cette bataille pour protéger la filière cognac et armagnac, et nous ne l'abandonnerons pas.
Monsieur le sénateur [Franck] Montaugé, ce fait ne vous a pas échappé : ni la France ni aucun autre pays européen n'a souhaité cette guerre commerciale. La hausse des droits de douane procède de la seule volonté des Etats-Unis.
Nous l'avons dit depuis le début, la priorité est de démontrer que cette guerre commerciale n'aura que des effets néfastes, non seulement pour l'Europe, bien sûr, mais aussi pour les Etats-Unis.
Nous continuerons de mener ce dialogue, en proposant un agenda positif à nos amis et alliés américains. Nous avons avant tout besoin de flux commerciaux mutuels en augmentation, d'investissements croisés en augmentation.
Si toutefois de nouveaux droits de douane venaient à être imposés à l'Europe, comme c'est le cas depuis quelques jours pour l'acier, l'aluminium et leurs dérivés, la Commission européenne aurait le devoir de riposter, et la France la soutiendrait en ce sens.
Vous m'interrogez précisément quant au contenu de ces mesures de rétorsion. À quels produits américains pouvons-nous appliquer une augmentation des droits de douane ? Le cas échéant, il reviendra à la Commission européenne d'en proposer la liste. Comme je l'indiquais en réponse au sénateur Laurent, nous devons être intelligents ensemble pour ne pas fragiliser nos propres filières.
Je vous garantis que nous ne laisserons pas tomber la filière des vins et spiritueux.
Vous l'avez dit, le cognac et l'armagnac connaissent déjà de grandes difficultés sur le marché chinois. Il est de notre devoir de protéger cette filière et d'adapter en conséquence les mesures de rétorsion européennes à l'égard des États-Unis.
Nous avons quelques semaines pour mener le dialogue dont il s'agit avec la Commission européenne. Sur ce sujet, je travaille au quotidien avec le commissaire européen Maros Sefcovic. Au plus haut niveau, la France travaille pour que la réponse européenne ne mette pas en difficulté la filière des vins et spiritueux, pôle d'excellence pour l'export français. Vous pouvez compter sur le Gouvernement pour la défendre jour et nuit jusqu'au mois prochain, lorsque ces mesures de rétorsion seront mises en oeuvre.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 avril 2025