Texte intégral
JULIEN ARNAUD
Et bienvenue, Madame BORNE, merci d'être avec nous dans les 4V. Alors évidemment ce n'est pas directement votre champ de compétences, les droits de douane, mais l'information est si importante que je vais vous demander une réaction : plus 20 % pour l'Europe, 34 % pour la Chine, d'autant plus qu'Emmanuel MACRON a dit, il y a quelques minutes, qu'il allait recevoir aujourd'hui à l'Élysée les représentants des secteurs les plus touchés. Quelles conséquences vous redoutez, vous, pour la France ?
ÉLISABETH BORNE
Vous savez, c'est une mauvaise nouvelle pour tout le monde. D'abord, pour les consommateurs américains avec l'impact que ça peut avoir sur l'inflation aux États-Unis. C'est pour ça que la Présidente de la Commission a annoncé que l'Europe se prépare à réagir, mais appelle aussi à reprendre des négociations pour ne pas rentrer dans cette spirale qui est pénalisante pour tout le monde. Et vous l'avez dit, le Président de la République, le gouvernement, échangeront aujourd'hui avec les filières qui sont principalement impactées par ces nouveaux droits de douane.
JULIEN ARNAUD
Donc ça veut dire que pour l'instant, il faut une réponse mesurée, il ne faut pas jouer l'escalade ?
ÉLISABETH BORNE
Je pense que l'escalade, ce n'est dans l'intérêt de personne, mais en même temps, il faut évidemment que Donald TRUMP ait en tête que l'Europe se défendra et souhaite plutôt reprendre les négociations, mais est prête aussi à se défendre.
JULIEN ARNAUD
Allez, revenons maintenant à l'école, si vous le voulez bien, mais en commençant par une série. Est-ce que vous avez vu, vous, la série Adolescence ?
ÉLISABETH BORNE
Je ne l'ai pas vue en entier.
JULIEN ARNAUD
D'accord, mais un petit peu quand même.
ÉLISABETH BORNE
Mais j'ai évidemment regardé, oui, bien sûr.
JULIEN ARNAUD
Alors, je vous en parle parce que le Premier ministre britannique, Keir STARMER, avant-hier, il a souhaité que cette série soit diffusée dans les collèges et les lycées. C'est vraiment une série phénomène sur la violence à l'école. Est-ce que c'est une bonne idée que vous pourriez reprendre ?
ÉLISABETH BORNE
Je pense que c'est une bonne idée de sensibiliser tous les élèves aux risques des réseaux sociaux, de la violence, du sexisme. C'est ce que montre cette série. On a beaucoup de ressources pédagogiques. Je sais qu'on travaille aussi en partenariat avec le service public de l'audiovisuel. Et je pense que c'est bien de montrer concrètement quels sont les risques de tous ces réseaux sociaux et de sensibiliser nos élèves à la nécessité de prévenir ces violences.
JULIEN ARNAUD
Mais pas avec une diffusion gratuite d'Adolescence dans les collèges et les lycées français ?
ÉLISABETH BORNE
Je pense qu'on a aussi de bonnes séries françaises.
JULIEN ARNAUD
On a nos propres outils, d'accord. C'est vrai que c'est une série sur la violence et c'est un phénomène terrible qu'on voit presque tous les jours, dont sont victimes les élèves, mais aussi les enseignants. Il y a une enseignante qui a été agressée, la semaine dernière à Fontenay-aux-Roses. Et une des idées que vous avez mises sur la table, c'est que les enseignants soient équipés d'un bip d'alerte. Est-ce que vous pensez qu'il faut aller plus loin là-dessus ? Et comment fonctionne ce système ?
ÉLISABETH BORNE
Moi, je vais vous dire, je suis déterminé à lutter contre toutes les formes de violence à l'école. Et je voudrais à nouveau exprimer tout mon soutien à cette professeure qui a été agressée.
JULIEN ARNAUD
À l'extérieur de l'établissement.
ÉLISABETH BORNE
Sur un terrain de sport.
JULIEN ARNAUD
Sur un terrain de sport.
ÉLISABETH BORNE
Et moi, ce que je peux vous dire, c'est qu'on travaille très étroitement avec le ministre de l'Intérieur. Les réponses, elles ne sont pas nécessairement nationales. Elles se bâtissent localement. C'est pour ça qu'en fin de semaine dernière, avec Bruno RETAILLEAU, on a envoyé des instructions aux préfets, aux recteurs, pour leur dire d'avoir des réunions. Préfet-recteur-procureur, pour apporter des réponses adaptées. Regarder aussi à l'échelle d'un département quelles sont celles qui ont le plus de risques de violence. Et apporter des réponses aussi en lien avec…
JULIEN ARNAUD
Mais qu'est-ce qu'il y a de plus grave à ces réunions ? Parce qu'on imagine que c'est un sujet que vous évoquez depuis longtemps.
ÉLISABETH BORNE
Ça peut être, par exemple, vous savez que moi, je souhaite lutter contre les armes blanches à l'école. Il y en a dans la société, chez des jeunes de plus en plus jeunes. C'est notamment dans ces réunions que peuvent être décidés les établissements sur lesquels on organise des contrôles aléatoires des sacs, des fouilles aléatoires de ces sacs. Et ces réponses, elles se bâtissent localement. Je vous dis, entre le recteur, le procureur, le préfet, les collectivités, il faut vraiment qu'on fasse bloc face à la violence.
JULIEN ARNAUD
Et il faut faire du sur-mesure. Bloc contre la drogue également. On a vu dans le journal ce sujet ce matin. Les parents d'élèves d'une école maternelle de Saint-Ouen qui doivent voter pour savoir si leur école doit déménager parce qu'il y a des dealers qui occupent l'espace, ce qui paraît invraisemblable. Comment est-ce qu'on peut faire ? Comment en arrive-t-on là ? Est-ce que vous, vous souhaitez ce déménagement ou pas ?
ÉLISABETH BORNE
Je vais vous dire très clairement. L'école ne reculera jamais face à la violence. On en a parlé avec Bruno RETAILLEAU. Évidemment, le Gouvernement est déterminé à rétablir un environnement sûr pour cette école. Donc, si les classes peuvent déménager provisoirement, notre objectif, c'est que l'école puisse se réinstaller, le cas échéant avec des travaux de sécurisation mais surtout avec un travail pour rétablir un environnement sûr et que l'école puisse revenir là où elle est aujourd'hui.
JULIEN ARNAUD
Donc déménagement provisoire. Vous, c'est ça que vous appelez de vos vœux ?
ÉLISABETH BORNE
Si finalement les décisions qui sont prises, aujourd'hui, sont de bouger les classes, notre détermination avec Bruno RETAILLEAU c'est de rétablir un environnement sûr que l'école puisse se réinstaller là où elle est aujourd'hui.
JULIEN ARNAUD
Mais c'est possible de le rétablir avec les élèves qui restent dans l'école ou pas ?
ÉLISABETH BORNE
C'est le choix du maire de bouger les classes. De toute façon, la police, la justice, tout le Gouvernement est mobilisé pour qu'on recrée un environnement sûr autour de cette école.
JULIEN ARNAUD
Quelle que soit la réponse à ce vote.
ÉLISABETH BORNE
Quelle que soit la réponse qu'apporteront, effectivement, les parents sur leur choix.
JULIEN ARNAUD
Alors autre sujet qui concerne tous les élèves, c'est juste après la primaire en 6e, c'est le sport à l'école. Parce qu'il y a eu un test qui a été mené dans certains collèges, cette année, pour un test de sport. Est-ce que vous nous confirmez ce matin que ce test va être généralisé à la rentrée prochaine sur l'ensemble du pays ou pas ?
ÉLISABETH BORNE
Alors, je vous confirme et on sera en déplacement tout à l'heure avec la ministre des Sports, Marie BARSACQ, pour présenter les mesures qu'on veut continuer à porter pour soutenir le sport.
JULIEN ARNAUD
Dont celle-là ?
ÉLISABETH BORNE
Dont celle-là, pour pouvoir aussi mieux répondre. D'abord détecter des élèves qui peuvent avoir des difficultés et puis mieux les accompagner. La pratique du sport à l'école, et on en a beaucoup parlé l'an dernier avec les Jeux Olympiques, c'est quelque chose de très bénéfique pour lutter contre la sédentarité. Ce qu'on constate, c'est que les élèves qui ont des bons résultats en sport ont aussi des meilleurs résultats au plan scolaire.
JULIEN ARNAUD
Ça va consister en quoi ces tests ?
ÉLISABETH BORNE
C'est des tests d'endurance, de rapidité, donc c'est des tests de base. En tout cas, ça permet de situer le niveau des élèves, leurs éventuelles difficultés, et de mieux les accompagner.
JULIEN ARNAUD
Il y a aussi une réforme que vous avez annoncée sur le recrutement des professeurs. Et ça fait beaucoup parler parce que jusqu'à maintenant, je fais très simple, mais en gros, c'était Bac plus 5. Aujourd'hui, vous dites que ce sera Bac + 3, avec ensuite deux ans de formation rémunérée. Et on entend des voix pour dire : "Ça va faire baisser le niveau général". Évidemment, à Bac + 3, on est moins fort qu'à Bac + 5. Vous répondez quoi à ça ?
ÉLISABETH BORNE
C'est vraiment le contraire. L'objectif, c'est de mieux former nos professeurs. Quand on est passé à un recrutement à Bac + 5, on a eu 45 % de candidats de moins.Donc c'était une catastrophe.
Je pense que ça a forcément tarit le vivier de professeurs qu'on peut recruter. Moi, je souhaite, notamment pour les professeurs des écoles, qu'ils puissent suivre une licence pluridisciplinaire. Ça paraît assez logique. On enseigne des maths, du français, de l'histoire-géo et qu'ils puissent se former pendant leur licence sur toutes ces matières. Et qu'ensuite, ils soient recrutés à la fin de la licence et qu'ils soient formés jusqu'au niveau Master 2, comme c'est le cas aujourd'hui, en étant rémunérés. Donc, on espère être attractifs et attirer beaucoup de jeunes, leur donner envie d'enseigner. Et des professeurs bien préparés, c'est comme ça qu'on pourra mieux accompagner, élever le niveau des élèves.
JULIEN ARNAUD
Alors, on lit un chiffrage autour de 500 millions d'euros par an sur cette réforme. Est-ce que la France en a les moyens ?
ÉLISABETH BORNE
C'est une priorité pour notre pays. Vous voyez, Je pense que vouloir faire des économies sur la formation des professeurs, c'est une très mauvaise idée. Je pense que c'est un investissement qui est essentiel pour notre pays.
JULIEN ARNAUD
Le 15 avril, il y a une grande conférence sur les finances publiques. Évidemment, l'Éducation nationale, c'est un très gros budget. Est-ce qu'il y aura un effort de fait sur le plan budgétaire ? Est-ce que ce budget va baisser ou pas ?
ÉLISABETH BORNE
Je vous aurais compris qu'on a des besoins qui sont essentiels. Bien former nos professeurs, bien former nos élèves, c'est préparer notre pays pour demain.
JULIEN ARNAUD
Donc on sanctuarise, c'est ce que vous nous dites…
ÉLISABETH BORNE
Je pense que vous avez entendu le Premier ministre qui considère que c'est une priorité nationale, et donc on va continuer à investir dans l'éducation de nos jeunes, dans nos universités. C'est vraiment prioritaire pour notre pays.
JULIEN ARNAUD
On l'a entendu aussi sur Parcoursup, il se trouve que les inscriptions se sont closes hier et François BAYROU n'est pas très fan de ce système, il dit : "Je suis interrogatif parce que c'est l'organisation de l'orientation précoce et ça, c'est une orientation sociale." Est-ce que cet avis, vous le partagez ? Est-ce que vous dites qu'il faut changer le système ?
ÉLISABETH BORNE
Je pense que la réflexion sur l'orientation, elle est très importante. Il y a une concertation qui est en cours. Évidemment, moi, je souhaite que chaque jeune puisse être accompagné pour trouver sa voie de réussite. Parcoursup est un élément, mais réfléchir à la meilleure façon d'accompagner les jeunes, permettre de découvrir des métiers, ouvrir les horizons pour les jeunes, c'est fondamental. Une concertation a été lancée à la fin de l'année dernière, elle s'est terminée à la fin du mois de février, et je présenterai des mesures en lien évidemment avec les régions qui ont aussi leurs responsabilités dans ce domaine. L'orientation, ça doit être vraiment l'occasion pour chaque jeune de trouver la voie qui lui plaît et là où il peut réussir.
JULIEN ARNAUD
La réponse sur la voie terminale, ce sera le 2 juin. Merci beaucoup Élisabeth BORNE qui nous confirme la généralisation du test de sport à la rentrée prochaine en sixième. Merci
source : Service d'information du gouvernement, le 4 avril 2025