Déclarations à la presse de M. Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur le conflit en Ukraine, à Caen le 12 mai 2025.

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Texte intégral

Q - Est-ce que vous confirmez avoir eu un appel aujourd'hui avec Marco Rubio et d'autres homologues des affaires étrangères ? Et quelle a été la teneur de ces discussions ?

R - Oui, à la demande du Président de la République, je me suis entretenu avec mon homologue, ministre des affaires étrangères américain, les ministres des affaires étrangères des pays européens qui étaient présents à Kiev ce week-end, et puis le ministre ukrainien. Nous avons réitéré notre souhait de voir un cessez-le-feu de 30 jours sans condition et sans délai. Et puis nous avons marqué notre soutien à cette idée qu'un contact puisse avoir lieu jeudi prochain entre le président Zelensky de l'Ukraine et le président Poutine de la Russie.

Q - Vladimir Poutine, lui, a déclaré aujourd'hui que tout ultimatum était inacceptable. Qu'est-ce que vous lui répondez ?

R - Je lui réponds que Vladimir Poutine a proposé un contact direct avec Volodymyr Zelensky. Volodymyr Zelensky l'a accepté. Vladimir Poutine doit désormais tenir sa part du contrat. Il doit se présenter jeudi à Istanbul pour un contact avec Volodymyr Zelensky. Ensuite, pour que des discussions puissent avoir lieu sereinement et conduire à la paix, il faut impérativement un cessez-le-feu, parce qu'on ne peut pas négocier sous les bombes ni sous les attaques de drones.

Q - Si tel n'était pas le cas, quelles pourraient être les sanctions ?

R - Nous nous préparons à mettre en place des sanctions particulièrement puissantes et massives, de manière à contraindre Vladimir Poutine, s'il n'allait pas au cessez-le-feu, à le faire. Ces sanctions, elles seraient coordonnées avec les sanctions américaines que les sénateurs américains ont préparées, avec des droits de douane de 500%, s'appliquant aux importations de pétrole et s'appliquant aux pays qui importent aujourd'hui du pétrole russe.

Q - Et concernant la France, à proprement parler ?

R - C'est au niveau européen que nous prenons des sanctions. Ça fait 17 fois que nous prenons des paquets de sanctions visant les entités, les individus russes qui contribuent à contourner les sanctions, qui contribuent à déstabiliser les opinions publiques européennes, et puis les institutions financières, les institutions énergétiques. Ce que nous préparons, ce sont des sanctions supplémentaires qui seront massives et qui viseront le secteur énergétique et le secteur financier.

Q - Est-ce que vous pouvez détailler ces sanctions sur les secteurs pétroliers, par exemple ?

R - Il y a déjà eu un certain nombre de sanctions de prises, et nous avons demandé ce week-end, après les échanges qui ont eu lieu à Kiev, à la Commission européenne de préparer de nouvelles sanctions, plus importantes encore, pour contraindre Vladimir Poutine à entrer dans une logique de paix.

Q - Sur le gaz et le pétrole ?

R - Sur le pétrole en particulier, qui représente 25% du budget de la Russie aujourd'hui.

Q - Donald Trump s'est dit prêt à rejoindre les négociations. C'est une bonne chose ?

R - Il est évidemment bienvenu. C'est lui qui a proposé au départ un cessez-le-feu de 30 jours inconditionnel, à la fois dans les airs, en mer et sur terre. Une proposition qui a été acceptée par les Ukrainiens il y a deux mois maintenant et qu'il faut désormais que Vladimir Poutine accepte à son tour.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 mai 2025