Interview de Mme Sophie Primas, ministre déléguée, porte-parole du Gouvernement, à Sud Radio le 14 mai 2025, sur la teneur de l'interview du président de la République sur TF1, le 13 mai, intitulée "Les défis de la France".

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Sud Radio

Texte intégral

MAXIME LLEDO
Il est 8 h 33 sur Sud Radio. Bonjour Sophie PRIMAS,

SOPHIE PRIMAS
Bonjour,

MAXIME LLEDO
Vous êtes la porte-parole du Gouvernement et Dieu sait qu'on a besoin de vous, ce matin, pour nous éclairer sur l'exercice du président de la République qui a duré près de 3 heures sur TF1. Tout y est passé, l'international, le travail, les retraites, l'argent, la dette. Bref, énormément de sujet et de questions à vous poser, parce que s'il y a eu beaucoup de paroles, il y a eu très peu de concrets, donc, on va essayer de voir ça avec vous au fur et à mesure. Mais ma première question est plutôt simple, est-ce qu'il n'était pas trop tôt ?

SOPHIE PRIMAS
Trop tôt ?

MAXIME LLEDO
Trop tôt tout simplement pour faire la démonstration que le macronisme n'avait pas tenu ses promesses.

SOPHIE PRIMAS
Non, je pense qu'on était dans un exercice où le Président de la République avait, d'une part, envie de s'adresser directement aux Français, de faire effectivement un bilan des huit ans de sa présidence, dont une première partie a été vraiment avec une majorité qui lui était totalement acquise, et un premier mandat sur lequel il a pu dérouler sa politique, et puis aussi de parler des grands enjeux qui nous attendent en France, des enjeux géopolitiques sur lesquels évidemment c'est sa prérogative totale, et puis des enjeux en termes de politique intérieure, sur lesquels, aujourd'hui, il travaille avec un Premier ministre qui gouverne.

MAXIME LLEDO
Est-ce que, quand vous dites qu'il a essayé de faire le bilan, est-ce que dans faire le bilan il n'y a pas aussi une part d'autocritique ? Ne pas dire ce que beaucoup de gens ont senti, ce que nous ont dit les auditeurs aussi ce matin au 08 26 300 300, nous dire qu'en réalité il a tout fait bien, à part qu'on a eu quelques crises et j'ai peut-être pas bien fait certaines choses, sur l'économie, sur la dette, finalement pas d'excuse, pas de mea culpa, pas de changement.

SOPHIE PRIMAS
Je pense que le rôle du Président de la République c'est d'avoir une vision assez générale et globale de la situation.

MAXIME LLEDO
Même quand elle ne marche pas pendant 7 ans ?

SOPHIE PRIMAS
Non, je pense qu'il a dit à un certain moment, "Je me suis peut-être trompé sur un certain nombre de décisions", vous n'ignorez pas la famille politique à laquelle j'appartiens, et notamment dans le premier mandat du Président de la République, j'ai eu des différences et des désaccords importants avec lui, donc l'exercice est difficile pour le moment, donc c'est à lui de porter son bilan, il l'a fait avec réalisme. Je trouve que le format d'émission ne prêtait pas à une vision un peu structurée, un peu générale, je pense qu'on aurait préféré peut-être quelque chose d'un petit peu plus structuré, ça aurait été peut-être un peu plus clair, en permettant d'avoir un peu plus de hauteur que de rentrer dans les détails, mais c'est la volonté du Président de la République de s'exprimer sur ce format.

MAXIME LLEDO
Et de s'exprimer parfois un peu longuement, un peu en longueur, parce que même Gilles BOULEAU a été régulièrement débordé par le Président de la République, qui avait envie de défendre certaines choses, une des illusions quand même, il suffit de jeter un œil à la presse, La Marseillaise, "monsieur non", La Provence, "Ni Horizon, ni solution", le Parisien notait : "Un sentiment d'impuissance", et je vous passe l'édito du Figaro qui parle d'un pouvoir désarmé, est-ce que c'était le bon moment pour être porte-parole du Gouvernement, Sophie PRIMAS, vraiment ?

SOPHIE PRIMAS
Je ne sais pas si c'était le bon moment pour être porte-parole, mais en tout cas, moi j'ai choisi, comme un certain nombre de mes collègues ministres venant des Républicains, de participer à ce Gouvernement pour ne pas avoir un autre Gouvernement que nous n'appuyons pas de nos vœux avec une majorité de gauche, c'est la raison de notre présence dans le Gouvernement. Donc, c'est une période politique difficile, c'est une période où il faut prendre les décisions qui sont structurantes pour le pays, donc nous essayons de le faire, nous le faisons sur un certain nombre de sujets, je pense à la sécurité, quand le Président hier a été abstroufé par monsieur MENARD, il a proposé des solutions qui sont en cours.

MAXIME LLEDO
On y reviendra, on va essayer de les comprendre justement.

SOPHIE PRIMAS
Exactement.

MAXIME LLEDO
Et vous parliez de solutions, de décisions à prendre, est-ce qu'acter définitivement un référendum, des référendums, n'était pas une démonstration d'un Président qui acceptait finalement de se remettre un peu au niveau de ses électeurs, au niveau de ses concitoyens ?

SOPHIE PRIMAS
Oui mais le référendum, ce n'est pas une baguette magique, c'est-à-dire que du jour au lendemain…

MAXIME LLEDO
Oui mais ça fait depuis 2024 qu'il promet qu'il en fera un, et pour l'instant, et il l'a dit, "On en fera un sur certains thèmes".

SOPHIE PRIMAS
Je ne vais pas répondre à sa place sur la question du référendum, qui est sa prérogative, et effectivement il avait un petit peu ambiancé cette histoire de référendum avant son intervention. Je pense que le référendum est un outil très puissant qui a été utilisé parfois dans la Ve République, y compris par le Général DE GAULLE, avec un esprit d'ailleurs assez différent qui n'est pas de régler des questions un peu courantes sur la vie de la nation mais qui étaient des questions institutionnelles où il mettait un peu sa tête sur le billot. Ça donnait beaucoup de puissance au référendum. Là, je pense que les pistes ont été clairement indiquées par le Président de la République. Le référendum viendra si nous n'arrivons pas à désenliser la question de la fin de vie, par exemple, à l'Assemblée et au Sénat.

MAXIME LLEDO
Mais on parle par exemple d'un référendum, et on va y venir sur la France du travail, on parle d'un référendum sur les questions du travail, qu'est-ce que ça pourrait être ?

SOPHIE PRIMAS
Oui mais il faut être précis quand on parle d'un référendum parce qu'un référendum, c'est une question auquel on dit oui ou non. Le Gouvernement va proposer un plan d'action de réduction des déficits et de baisse de la dépense publique au mi-juillet.

MAXIME LLEDO
Bon, ça exclut le référendum. Il n'a pas été très emballé par l'idée de François BAYROU, Emmanuel MACRON.

SOPHIE PRIMAS
Mais encore une fois, la question du référendum, c'est la question de la question.

MAXIME LLEDO
Mais il faut enterrer cette première idée qu'a proposée François BAYROU il y a deux semaines, notamment dans le JDD, d'un référendum sur les finances publiques.

SOPHIE PRIMAS
Non, je pense qu'il ne faut pas l'enterrer. D'ailleurs, le Président de la République ne l'a pas enterré à condition qu'il y ait une question précise. Si effectivement, à la mi-juillet, nous avons la question du financement de notre modèle social, par exemple, qui est une vraie question. Et pour le coup, la famille politique à laquelle j'appartiens depuis 2017 travaille sur ces questions de financement du modèle social pour que ça pèse moins sur les salariés, moins sur le travail, et que nous arrivions à plus créer de richesses pour mieux la partager. La question pourra être posée, pourquoi pas ?

MAXIME LLEDO
Alors, allons-y franchement. "Le financement du modèle social français repose trop sur le travail", nous dit Emmanuel MACRON. "Je demande donc au Gouvernement d'ouvrir ce chantier avec l'ensemble des forces syndicales et patronales". Vous êtes la porte-parole du Gouvernement. Quand est-ce que va avoir lieu ce chantier avec l'ensemble des forces syndicales et patronales ?

SOPHIE PRIMAS
En fait, nous avons commencé à travailler sur cette question, sur la question des retraites, qui fait partie de notre modèle social.

MAXIME LLEDO
Avec le conclave.

SOPHIE PRIMAS
Avec le conclave. Et il y a effectivement, aujourd'hui, un travail qui est réalisé. D'ailleurs, on a regretté, le Président de la République a dit à Sophie BINET qu'il regrettait qu'elle ne soit plus dans la discussion. Donc aujourd'hui, ce conclave sur les retraites qui fait partie de notre modèle social est en train de se terminer.

MAXIME LLEDO
Là, il parlait visiblement d'autre chose, d'un nouveau, on va dire, d'une nouvelle concertation avec les partenaires sociaux, avec les politiques.

SOPHIE PRIMAS
Et je n'ai pas d'annonce à vous faire sur un nouveau conclave sur les partenaires, mais je trouve que cette idée proposée par le Président de la République est tout à fait intéressante. Et moi, en tout cas, à titre personnel et au nom de mon parti, je suis très favorable.

MAXIME LLEDO
Il y a cette idée, en réalité, quand on dit qu'on taxe trop le travail, qu'il faudrait peut-être remettre sur la table l'idée d'une TVA sociale. Est-ce que vous y êtes favorable ? Est-ce que, comme l'a évoqué Emmanuel MACRON en disant que c'était une possibilité, dans les prochaines semaines, on va avoir le Gouvernement avoir un projet de loi sur ce sujet ?

SOPHIE PRIMAS
La discussion est sur la table. Elle doit être partagée avec les partenaires sociaux. Ça, c'est évident et on ne peut pas faire sans. Elle doit être vraiment partagée avec les Français. La question, c'est, dans les années 70, quand vous gagnez 100 euros, vous gardiez 70 euros. Aujourd'hui, vous en gardez 50.

MAXIME LLEDO
Est-ce que la TVA sociale est une bonne idée ? Est-ce que le Gouvernement va faire un projet de loi de ce sens-là dans les prochaines semaines ?

SOPHIE PRIMAS
Je ne peux pas vous répondre aujourd'hui comme ça parce que la discussion n'a pas eu lieu encore avec le Premier ministre et le Gouvernement. Et pour le coup, c'est du ressort du Gouvernement. Mais je trouve que la question est intéressante et elle doit être posée.

MAXIME LLEDO
On parle du travail. Il a également, dans un échange avec Sophie BINET, évoqué l'égalité salariale. Cette dernière proposait le fait, peut-être, de mettre femmes et hommes au même niveau de salaire pour que les charges soient rééquilibrées. Que, selon elle, on puisse ainsi abroger la réforme des retraites. Est-ce que, selon vous, est-ce que le Gouvernement pourrait avoir cette idée de sanctionner réellement les entreprises qui ne fonctionnent pas à cette égalité salariale parfaite ?

SOPHIE PRIMAS
Écoutez, je pense que c'est un sujet à l'égalité salariale. Alors, je suis bien placée entre les femmes et les hommes.

MAXIME LLEDO
Je n'étais pas inélégant au point de vous le faire remarquer comme ça.

SOPHIE PRIMAS
C'est un sujet, vraiment, de justice sociale et, évidemment, de lutte contre toutes les discriminations, y compris celle-ci. C'est un sujet dont on s'est emparé depuis des années qui progresse. Il progresse lentement, j'en suis d'accord, mais il progresse.

MAXIME LLEDO
Est-ce qu'il faut aller plus loin Sophie PRIMAS ?

SOPHIE PRIMAS
Écoutez, moi, je suis pour la concertation dans chacune des entreprises, pour le pouvoir…

MAXIME LLEDO
Vous l'avez dit, vous êtes dans une famille politique qui porte quand même cette idée forte de travail.

SOPHIE PRIMAS
Je ne suis jamais pour les sanctions. Je suis pour la lutte. Je suis pour les discussions locales. Je suis pour les discussions entre les partenaires sociaux et le patronat dans chaque branche ou dans chaque entreprise.

MAXIME LLEDO
On parle de cette France du travail. C'était quand même la volonté aussi du Président de la République, hier soir. Il y a un sujet, on en a beaucoup parlé ici sur cette radio, la Prime rénov'. L'État a des retards absolument scandaleux sur les versements de la Prime rénov'. Hier, nous étions avec Thierry FLAK qui nous expliquait 800 000 euros d'impayés. Il a dû licencier 14 salariés, perdu 25 % de son chiffre d'affaires. Que va faire l'État pour répondre à cette catastrophe industrielle ?

SOPHIE PRIMAS
Alors, écoutez, on a un chantier, évidemment, sur la simplification.

MAXIME LLEDO
On y reviendra, mais concrètement, c'est très important sur la Prime rénov'. Parce que personne ne l'a appelé au Gouvernement. Et l'ANA, l'agence nationale pour l'habitat, ne leur a même pas ouvert la porte. La grille était fermée. Est-ce que vous allez les appeler ? Est-ce que vous allez demander ou est-ce que Agnès PANNIER-RUNACHER va se saisir de ce dossier rapidement ?

SOPHIE PRIMAS
Bien sûr. Évidemment. Et nous savons parfaitement qu'il y a des retards qui sont considérables de la part de l'ANA sur les dossiers. Donc, Agnès PANNIER-RUNACHER va prendre ce dossier à bras le corps.

MAXIME LLEDO
Dans les prochains jours ?

SOPHIE PRIMAS
Oui. Je sais qu'elle travaille déjà dessus.

MAXIME LLEDO
Parce que ça ne se sait pas. Donc, je préfère vous demander.

SOPHIE PRIMAS
Oui. Mais Agnès PANNIER-RUNACHER est très attentive à ça parce que, évidemment, si on demande aux Français de faire des efforts, si on demande aux entreprises de se certifier, si on demande qu'elles fassent des avances pour les Français, pour permettre de faire des actes de réhabilitation et de rénovation, il faut que derrière l'État puisse suivre. C'est une question d'efficience et c'est la question de la réforme de l'État.

MAXIME LLEDO
Une réponse, donc, peut-être à ce problème d'ici la fin de la semaine au moins de la part d'Agnès PANNIER-RUNACHER.

SOPHIE PRIMAS
Écoutez, voilà, j'en ai pas discuté avec elle donc, je ne veux pas m'avancer directement pour elle mais je sais qu'elle le prend à bras-le-corps et que c'est très important pour elle parce que c'est un signe d'efficacité de l'État.

MAXIME LLEDO
C'est entendu. MACRON, Emmanuel MACRON, pardon, et la volonté d'avancer sur ce sujet clé qui est la simplification administrative, notamment. Il a dit "On va pouvoir, à mon sens, trouver une majorité sur ce sujet pour simplifier en masse". Est-ce que nous allons avoir un projet de loi du Gouvernement dans les prochaines semaines pour avancer sur ce sujet clé ?

SOPHIE PRIMAS
En fait, il y a un projet de loi, aujourd'hui, qui est en discussion à l'Assemblée nationale et qui est quelque peu embourbé d'ailleurs. Et donc, j'appelle, moi, tous les groupes parlementaires qui, aujourd'hui, font beaucoup d'amendements pour retarder le texte à écouter les Français, à écouter les chefs d'entreprise, à écouter tous ceux qui se sont plaints un peu hier en disant "C'est trop lourd" avec, vous avez vu, les codes du travail, etc., le code de l'environnement.

MAXIME LLEDO
C'est que comme on nous l'annonce en permanence,…

SOPHIE PRIMAS
Mais c'est en cours et aujourd'hui, c'est embourbé à l'Assemblée nationale avec des milliers d'amendements pour ne pas faire aboutir ce texte. Donc, nous, Gouvernement, nous appelons, alors, cette loi de simplification, qui est le début, mais il y a aussi tout le travail invisible que vous ne voyez pas, mais qui est réel et qui est fait aujourd'hui par l'ensemble des ministères, avec la société civile pour permettre de la simplification aussi par décret. Donc, nous sommes dans ce chantier.

MAXIME LLEDO
Le versement d'une aide sociale, enfin, le versement social unique, Emmanuel MACRON l'avait promis en 2017, on est sept ans après. Cette fois, il a dit que ça y est, on allait avancer. Là, pareil, concrètement, quand est-ce qu'on peut voir enfin ce dossier réglé ?

SOPHIE PRIMAS
Alors, le dossier réglé, c'est un dossier extrêmement complexe, mais je sais que Catherine VAUTRIN s'y atèle. C'est une volonté du président de la République. Elle a été confirmée par le Premier ministre et c'est une volonté aussi que nous portons depuis très longtemps. Prestation sociale unique, ça évitera les 15 guichets. Ça évite aussi qu'il y ait des personnes qui aient le droit à…

MAXIME LLEDO
Un versement unique.

SOPHIE PRIMAS
Un versement unique et des questions... Alors, c'est presque unique parce qu'il y a des prestations, je crois, qui ne peuvent pas rentrer dedans, comme la location handicapée, par exemple, mais plus importante, de façon plus concentrée, effectivement.

MAXIME LLEDO
Il y a également eu cette question, hier, sur le non-renouvellement du départ de certains fonctionnaires. Emmanuel MACRON a dit qu'il fallait regarder ça. Qu'est-ce que vous pouvez nous dire ? Est-ce qu'avant la fin du quinquennat, en effet, on va arrêter de remplacer certains fonctionnaires, un fonctionnaire sur deux ? C'était notamment une des propositions du Gouvernement Michel BARNIER.

SOPHIE PRIMAS
Oui, moi, je propose surtout qu'on regarde l'efficacité de l'État. C'est ce qui est en cours, aujourd'hui. Tous les acteurs de la fonction publique sont en train de travailler sur la réforme de l'État. Ne pas remplacer un départ à la retraite sur deux, ça ne veut pas dire grand-chose parce que quand c'est une infirmière d'État ou quand c'est un policier, ça ne veut donc rien dire. Là aussi, dans l'administration pure et dure, nous sommes en train de travailler sur une réforme de l'État et du fonctionnement de l'État. Ce n'est pas si facile que ça. Il n'y a pas de baguette magique non plus, mais il y a de la volonté et le Gouvernement est très attentif à cela.

MAXIME LLEDO
Sur la sécurité également, grand thème, vous l'avez dit avec Robert MENARD, de nombreux échanges et de nombreuses annonces, notamment le rapprochement de la police municipale et de la police nationale qui avait été dans un premier temps opérée par Jean CASTEX. Mais Emmanuel MACRON veut aller plus loin. Il a dit "Je souhaite que le Gouvernement puisse prendre une loi qui donnera la possibilité à tous les maires qui le souhaitent que leur police municipale puisse travailler sous l'autorité du procureur". Là aussi, on va devoir le modifier par la loi. Quand est-ce que vous allez vous y atteler ?

SOPHIE PRIMAS
Je suis très heureuse que le président de la République ait fait cette annonce puisqu'en fait, François-Noël BUFFET, qui est ministre auprès de Bruno RETAILLEAU, est en train de travailler dans ce qu'on appelle un Beauvau des polices municipales. Il présentera un texte au mois de juin qui sera étudié à l'Assemblée nationale.

MAXIME LLEDO
Au mois de juin, sur ce sujet, rapprochement de la police municipale ?

SOPHIE PRIMAS
Sur ce sujet, il y a eu un très gros travail sur les compétences de la police municipale et je pense que monsieur MENARD sera satisfait par le texte qui sera porté par François-Noël BUFFET.

MAXIME LLEDO
Voilà, là c'est du concret. On a un mois, on avance ainsi. Vous parliez de Bruno RETAILLEAU. Il a promis dimanche dernier, sous des événements hallucinants de ce week-end à Evian-les-Bains avec ce policier dont le pronostic vital n'est plus engagé mais qui reste dans un état très grave, renversé dans un cas de rodéo urbain, un agresseur qui revient pour lui cracher au visage. Il avait dit qu'il faut absolument poursuivre tous les auteurs. Il faut faire une loi pour obliger que ces auteurs, que la police, la gendarmerie, puissent les poursuivre de façon automatique. Là aussi, est-ce que vous pouvez nous dire quand est-ce que ça arrivera sur la table ?

SOPHIE PRIMAS
Il n'y a pas besoin de loi. Elle existe, aujourd'hui. En fait, les instructions qui avaient été données étaient de poursuivre de façon systématique et de prendre les véhicules et de les vendre immédiatement. C'était valable uniquement en Ile-de-France. Et quand on le fait, ça fonctionne. Et il faut le généraliser à l'ensemble de la France.

MAXIME LLEDO
Quand est-ce que ce sera fait ?

SOPHIE PRIMAS
Il y a une circulaire, elle est partie, c'est effectif.

MAXIME LLEDO
Elle est partie quand, ce matin ?

SOPHIE PRIMAS
Elle est partie ou elle est en train de partir mais en tout cas, il n'y a pas besoin de loi. On avait déjà légiféré il y a quelques mois et quelques années sur ce sujet.

MAXIME LLEDO
Mais pour le généraliser, on le saura au moins dans les prochaines heures. On a également eu dans ce sujet important de la sécurité la question des prisons. 15 000 places de prison avaient été annoncées par Emmanuel MACRON. Nous n'en sommes qu'à 5 000. De nouvelles règles seront mises en place pour accélérer la construction de 5 000 supplémentaires. Et au milieu de cela, une proposition étonnante qui a été validée par le chef de l'État, Emmanuel MACRON, l'idée de louer des places de prison à l'étranger. Concrètement, comment ça pourrait marcher ? Est-ce qu'on va s'y précipiter le plus rapidement possible ? Parce que la question des questions de l'insalubrité de certaines, du manque de places, est un sujet absolument fondamental aussi bien pour les forces de l'ordre que pour la justice en soi.

SOPHIE PRIMAS
Le manque de places, c'est surtout dans les maisons d'arrêt. C'est-à-dire tout ce qui est préventif et puis les peines courtes, un certain nombre. Là, on a 200 % d'occupation dans des conditions qui ne sont pas des conditions dignes de notre pays. Donc, la question de la construction des prisons, elle est importante. La construction aussi de la sélection, et c'est ce que présente le garde des Sceaux, Gérald DARMANIN. Vous avez aussi la question de comment on peut mieux répartir les prisonniers en fonction de leur dangerosité. Et puis, sa proposition, qui est très importante, de créer des prisons plus rapidement, avec des modulaires. C'est beaucoup plus facile à faire. Ça demande beaucoup moins de droits de l'urbanisme. C'est beaucoup plus facile à accepter pour les élus locaux. Et ça peut être un élément de désengorgement des prisons. Je pense qu'il faut majoritairement aller sur ces questions et sur ces propositions qui ont été faites par Gérald DARMANIN. Il y a une proposition qui est passée par monsieur MENARD, qui a été commentée par le Président de la République. On verra dans quelle mesure elle est possible avec le garde des Sceaux. Pour l'instant, ce n'est pas la priorité. La priorité, c'est de faire une sélection à l'intérieur des prisonniers, pour les mettre notamment en raison de leur dangerosité dans des établissements particuliers pour les narcotrafiquants. De désengorger les maisons d'arrêt, de regarder les courtes peines, de regarder les fins de peine, et de faire des prisons modulaires, qui sont des prisons qui sont beaucoup plus rapides à réaliser.

MAXIME LLEDO
Il y a eu le grand oral du Président de la République hier soir. Il y en a un autre grand oral, avec beaucoup plus d'enjeux cette fois-ci. C'est celui de François BAYROU, qui est auditionné tout à l'heure, à 17 h par l'Assemblée Nationale. François BAYROU, dans cette commission d'enquête, avec le scandale en fond, évidemment, des agressions sexuelles qui a eu lieu dans l'établissement Notre-Dame de Bétharram, dont il est accusé d'avoir été au courant et qu'il dément ses proches. Eux, ils voient un procès politique. C'est votre cas ?

SOPHIE PRIMAS
Je ne veux pas trop m'avancer sur cette audition, qui est évidemment une audition extrêmement importante et que le Premier ministre a acceptée dans un esprit de transparence, dans un esprit de responsabilité. Une fois de plus, je voudrais penser aux victimes, parce que ce qu'on a découvert à Bétharram, c'est quand même hallucinant et c'est quand même terrible, donc, je pense surtout à elles. Je crois que le Premier ministre va à cette audition avec la volonté de faire la totale transparence.

MAXIME LLEDO
Vous croyez seulement, vous n'êtes pas totalement convaincue ?

SOPHIE PRIMAS
Non, je suis sûre, pardon, j'emploie le mauvais mot, vous avez raison de me reprendre, je suis absolument sûre qu'il y va avec la volonté de faire la totale transparence. Le centre de l'affaire Bétharram, pardonnez-moi, mais ce n'est pas le Premier ministre. Et le centre de l'affaire Bétharram, ce sont d'abord les victimes et je rappelle que la commission d'enquête est une commission d'enquête sur les violences au milieu scolaire. Donc, Bétharram n'est même pas le centre total de cette commission d'enquête. Donc, je pense que le moment est important parce que le Premier ministre va répondre à une commission d'enquête. Donc, c'est toujours un moment très important. Il fera la preuve, je pense, de la façon dont il n'était pas au courant. Moi, je ne peux pas croire que quand on a des enfants, on met des enfants dans un établissement où on sait qu'il y a des violences extrêmes, voire des violences. C'est quelque chose que je ne peux pas croire. Donc, je pense que le Premier ministre fera la démonstration de son innocence.

MAXIME LLEDO
Pourtant, il y a eu différentes contradictions, on ne va pas les reprendre à de nombreuses reprises ici, à l'Assemblée, devant les familles des victimes. Si jamais il s'avère que François BAYROU ne passe pas ce cap important de faire toute la vérité, rien que la vérité, devant cette commission d'enquête, quelles conséquences on devra en tirer ? Il devra démissionner ?

SOPHIE PRIMAS
Moi, je pense qu'il fera la démonstration de son honnêteté.

MAXIME LLEDO
Mais si jamais ce n'est pas le cas ? Parce qu'une fois plus, il y a déjà eu des contradictions. Il devra démissionner, selon vous ?

SOPHIE PRIMAS
Je ne vais pas sur ce sujet-là. Je pense qu'il fera la démonstration de son honnêteté.

MAXIME LLEDO
François BAYROU, qui est également en ligne de mire, pas que dans cette affaire de commission d'enquête, mais d'une censure. On parle d'une prochaine censure, parce que député RN, qui était encore à votre place hier, disait : "Si le Gouvernement n'avance pas très concrètement, alors que ce soit sur l'affaire Bétharram, si nous ne sommes pas convaincus par François BAYROU, si à un moment ou à un autre, sur le pouvoir d'achat, le Gouvernement ne prend rien de concret, nous censurons, nous déclencherons la censure".

SOPHIE PRIMAS
Mais vous savez, nous vivons, depuis le mois de septembre, sous la menace permanente de la censure. Depuis la nouvelle formation de cette Assemblée nationale, qui n'a pas de majorité absolue, nous vivons sur cette menace de la censure. Donc, chacun utilise la menace de la censure en permanence. LFI, le Parti socialiste parfois, le Rassemblement national également.

MAXIME LLEDO
Mais est-ce que c'est la dernière semaine que vous ne la sentez pas arriver, beaucoup plus que de raison ?

SOPHIE PRIMAS
Non, nous faisons notre chemin. Nous proposons à partir du mi-juillet, nous allons faire des propositions sur le désendettement de la France et la réduction des déficits, sur la réforme de l'État, sur un budget 2026 qui sera raisonnable. Nous prendrons les Français à témoin, c'est ce qu'a voulu faire le Premier ministre. Chacun se positionnera. La France a besoin de stabilité. C'est une période qui est difficile d'un point de vue géopolitique, d'un point de vue intérieur. Je pense que la stabilité…

MAXIME LLEDO
Et d'un point de vue intérieur, notamment sur le pouvoir d'achat, énormément d'élus demandent des mesures concrètes. Qu'est-ce que vous leur mettez sur la table pour justement qu'ils ne sortent pas le carton rouge à l'Assemblée nationale ?

SOPHIE PRIMAS
Vous savez, la question du pouvoir d'achat, elle va revenir sur un sujet qu'on a vu tout à l'heure. Je vous disais que dans les années 70, quand on gagnait 100, on gardait 70. Aujourd'hui, on en garde 54. C'est ça, le pouvoir d'achat. C'est combien on gagne quand on travaille ? Quel est l'argent disponible ? Aujourd'hui, on fait beaucoup de bruit autour de l'alimentation. Par exemple, on me dit qu'il y a de l'inflation sur l'alimentation. L'alimentation, c'est, aujourd'hui, 10 % de nos dépenses. Ce n'est pas ça, le sujet. C'est combien en termes de recettes on gagne dans son porte-monnaie ? Et puis après, quels sont les secteurs les plus importants ? Il faut libérer le logement. Voilà un sujet qui est très important.

MAXIME LLEDO
Qu'est-ce que vous proposez ? Qu'est-ce que le Gouvernement va proposer ?

SOPHIE PRIMAS
La ministre du Logement, Valérie LETARD, travaille, a obtenu déjà dans le budget 2026 qu'on puisse libérer des fonds propres pour les bailleurs sociaux, pour qu'on puisse continuer à construire. On pousse des mécanismes qui permettent l'accession à la propriété. Il faut aller beaucoup plus loin. Il faut débloquer le logement, la construction. D'abord, ça sera bon pour la croissance. Mais aussi, ça réglera un problème qui est un problème majeur qui est aujourd'hui le coût du logement. Voilà une question de pouvoir d'achat qui est vraiment le cœur de ce sur quoi nous travaillons.

MAXIME LLEDO
Quelques questions encore. Sophie PRIMAS, porte-parole du Gouvernement. Ce week-end, c'est l'élection des LR. Bruno RETAILLEAU affronte Laurent WAUQUIEZ. Votre cœur porte davantage de ce que j'ai cru comprendre, à Bruno RETAILLEAU. Est-ce que ça ne posera pas problème s'il est élu à la tête des Républicains de cumuler la tête du parti et en plus le ministère de l'Intérieur et sans doute encore après la préparation de 2027, il va s'y retrouver ou il va devenir un peu schizophrène ?

SOPHIE PRIMAS
Il y a des bons exemples dans l'histoire des gouvernements et des partis et de la vie politique française. Je pense que Bruno RETAILLEAU fait un travail considérable dans le Gouvernement. Il donne une empreinte qui est une empreinte très forte à l'intérieur du Gouvernement par son action et par la vision qu'il donne de la société. Je pense qu'il arrivera parfaitement s'il gagne l'élection dimanche à être à la tête de ce parti avec une équipe qui constituera autour de lui parce que quand vous êtes patron d'un parti, vous n'êtes pas tout seul. Il y a une équipe autour de vous et à être un ministre de l'Intérieur très volontariste et très déterminé.

MAXIME LLEDO
"Je ne suis pas macroniste", c'est ce que dit Bruno RETAILLEAU. "Certes, j'ai rejoint le Gouvernement d'Emmanuel MACRON mais je ne suis pas macroniste". C'est votre cas ?

SOPHIE PRIMAS
Moi non plus.

MAXIME LLEDO
Vous restez quoi alors ?

SOPHIE PRIMAS
Je reste des Républicains. Je reste quelqu'un qui est plutôt libéral. C'est pour ça que je suis très contente quand on parle du financement du modèle social, quand on parle du versement de la prestation sociale unique. Ce sont des propositions que nous avions faites en 2017 autour de François FILLON. On en voit, aujourd'hui, l'intérêt. On en voit l'acuité aujourd'hui. Je reste dans ma famille politique et je reste fidèle à un certain nombre de règles et de projets que nous avons portés depuis longtemps avec Bruno RETAILLEAU.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 mai 2025