Texte intégral
Madame la Députée, Monsieur le Député,
Monsieur le Délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT, cher Mathias OTT,
Cher Saïd HAMMOUCHE, cher Benjamin BLAVIER,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureuse d'être parmi vous aujourd'hui, dans ce lieu emblématique qu'est devenu en quelques années l'Ascenseur, un espace dédié à la promotion de l'égalité des chances.
Je tiens à saluer l'engagement de ses co-créateurs, Said HAMMOUCHE et Benjamin BLAVIER, ainsi que l'ensemble des associations coalisées qui, ici et partout en France, œuvrent sans relâche pour que chacun ait le droit aux mêmes rêves, aux mêmes opportunités de réussite.
L'Ascenseur n'est pas seulement un lieu, c'est une promesse :
Celle d'une République qui permet à chacune et chacun de s'élever, où les ambitions ne sont pas entravées par des barrières invisibles, où le mérite et le talent priment sur les déterminismes et les préjugés.
Ici, dans cette salle Simone VEIL, nous savons quelle est notre responsabilité collective :
Construire une France où les discriminations reculent jusqu'à disparaître ; où les haines se taisent jusqu'à s'éteindre.
Ces combats que nous menons prennent une résonance toute particulière en cette Semaine nationale d'éducation et d'actions contre le racisme et l'antisémitisme.
Car les faits sont là, insupportables, révoltants.
Ils ne relèvent ni de l'anecdote ni du fait divers.
Ils sont une réalité brutale qui nous défie.
L'antisémitisme, le racisme, la haine anti-LGBT+ et les discriminations sont des fléaux bien vivants, des venins bien actifs qui empoisonnent notre société, qui fracturent notre République.
Chaque jour, la haine s'exprime sans honte, sans retenue, sans peur d'être contredite.
Chaque jour, des regards chargés de mépris et de sous-entendus humilient, des mots blessent, des injures et des ricanements rabaissent, piétinent, salissent.
Chaque jour, la violence explose.
Elle est verbale, insidieuse.
Mais elle est aussi physique, brutale, sauvage : des menaces, des bousculades, des coups ; des portes fermées avec fracas ; des messages anonymes lâches et des tags ignobles ; des visages tuméfiés ; des viols et des meurtres sans ou avec préméditation ; des vies brisées.
Chaque jour, les discriminations persistent, se répètent, se banalisent.
Elles condamnent des parcours, enferment des destins, ravagent des espoirs.
Non pas par manque de talent, non pas par absence de mérite, mais parce que la haine fait loi, parce que l'injustice se répand, parce que le silence laisse faire.
Nous ne pouvons jamais accepter ni les attaques haineuses sous toutes leurs formes, ni les discriminations qui disent à certains de nos concitoyens "Tu ne seras jamais tout à fait des nôtres".
Nous devons les combattre, sans relâche, avec toute la force de nos convictions, avec l'engagement indéfectible de celles et ceux qui refusent que la haine et la violence deviennent une fatalité.
C'est une question républicaine.
Être républicain, c'est être acteur.
C'est refuser l'indifférence, ce poison qui gangrène notre société et permet aux injustices de prospérer.
Je veux le dire très clairement :
Se taire, c'est accepter ;
Détourner le regard, c'est encourager.
Les combats contre le racisme, contre l'antisémitisme, contre la haine anti-LGBT+, contre toutes les discriminations ne sont pas des batailles réservées à celles et ceux qui en sont victimes.
Ce sont des combats qui engagent toute la société.
Car si nous cédons au piège du repli, si nous laissons s'installer l'idée que seul celui qui souffre est légitime à se battre, si nous acceptons l'essentialisation, alors nous avons déjà perdu.
Depuis quand faut-il être victime pour s'indigner ?
Depuis quand faut-il être concerné pour agir ?
L'histoire de notre pays nous enseigne une chose : les grandes avancées se sont toujours faites lorsque des femmes et des hommes, bien au-delà de leur propre condition, ont décidé de défendre la justice et leurs valeurs pour tous.
La République, ce n'est pas une addition de groupes qui se battent chacun pour leur part du gâteau.
La République, c'est un projet commun, un idéal à porter ensemble et à transformer en réalité tangible, indiscutable et irréversible.
Oui, la lutte contre les haines et contre les discriminations est un combat universel.
Un combat pour la liberté, pour l'égalité, pour la dignité, pour la justice.
Un combat pour la République.
Un combat qui exige des moyens, des outils, des décisions fermes et une volonté politique affirmée.
L'ensemble du Gouvernement est pleinement engagé.
Nous traduisons cette volonté en actes, à travers la mise en œuvre de deux grands plans interministériels : le plan national de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et les discriminations liées à l'origine (2023-2026) et le plan national pour l'égalité, contre la haine et les discriminations anti-LGBT+ (2023-2026).
Ces stratégies ne sont pas de simples déclarations : elles sont notre feuille de route, notre engagement pour une société plus juste.
Dans ce combat, la DILCRAH sous mon autorité joue un rôle essentiel, et je tiens à saluer son action ainsi que celle du délégué interministériel, Mathias OTT.
En tant que Ministre de l'Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, je suis heureuse de lancer aujourd'hui l'édition 2025 de l'appel à projet national de la DILCRAH.
Cette année, nous renforçons notre soutien pour que chaque projet, chaque initiative, puisse être un levier concret dans la lutte contre la haine et les discriminations.
Nous y mettons les moyens : 7,7 millions d'euros seront consacrés à cet appel à projets en 2025, soit une hausse de 7 % par rapport à l'an dernier.
Derrière ces chiffres, il y a une ambition : soutenir ceux qui, sur le terrain, luttent contre la haine et les discriminations.
Associations, établissements publics, institutions éducatives et culturelles : vous êtes les acteurs essentiels de ce combat, et je vous invite à candidater pour faire avancer, ensemble, cette cause qui nous rassemble.
Et parce que l'égalité doit se construire partout, au plus près des citoyens, nous avons augmenté de 15 % les fonds dédiés à l'appel à projet local, piloté par les préfets.
L'an dernier, plus de 1 000 projets ont été accompagnés partout en France grâce à ce dispositif.
Mais pour agir efficacement, il faut d'abord regarder la réalité en face.
Trop souvent, les discriminations restent invisibles, minimisées, contestées.
Nous ne pouvons pas lutter efficacement contre ce que nous ne mesurons pas.
C'est pourquoi je tiens à saluer votre initiative de baromètre des inégalités ressenties par la jeunesse.
Car il ne s'agit plus de débattre à l'aveugle, mais d'objectiver, de quantifier et de rendre visibles ces injustices et mieux les corriger.
Parce que la République n'est pas un espace de déni, mais un espace de vérité, je souhaite que nous mettions rapidement en place le premier Baromètre national des discriminations.
Cet outil inédit permettra d'éclairer nos politiques publiques, d'évaluer leur efficacité et d'apporter des réponses ciblées là où elles sont le plus nécessaires.
Car ce que l'on peut mesurer, on peut le transformer.
Avec ce baromètre, nous donnerons aux pouvoirs publics, aux chercheurs, aux associations et aux citoyens un instrument fiable et transparent pour suivre l'évolution des discriminations et garantir que nos actions portent leurs fruits.
Agir avec précision et efficacité, c'est ainsi que nous ferons vivre pleinement notre idéal d'égalité.
Face aux discriminations persistantes, nous devrons aller plus loin, frapper plus fort.
Car il ne suffit pas de proclamer l'égalité des chances, encore faut-il s'assurer qu'elle devienne une réalité tangible pour toutes et tous.
Il faut agir, et agir avec détermination.
Aujourd'hui, des travaux parlementaires sont en cours.
Parmi eux, une proposition de loi sur les testings, que je soutiens pleinement et qui représente une avancée décisive.
En établissant la preuve des discriminations, de tels dispositifs pourraient ouvrir la voie à un dialogue exigeant avec les entreprises et à des mesures correctives indispensables dès lors que nous voulons agir sur le réel.
Trop souvent, ceux qui discriminent se cachent derrière des justifications fallacieuses :
Un prétendu "choix subjectif", un soi-disant "manque d'adéquation", ou encore des critères opaques et insidieux.
Avec le testing, ces subterfuges ne tiendront plus.
Refuser un emploi à un candidat à cause de son nom.
Écarter un locataire en raison de sa couleur de peau.
Fermer une porte sous couvert de critères jamais avoués.
C'est inacceptable.
Et cela doit cesser.
Mesdames et Messieurs,
Trop souvent, l'injustice a prospéré sous couvert d'habitude, de fatalisme ou d'indifférence.
Il est temps de dire : ça suffit.
Il est temps de dire que nous ne céderons ni aux discours de haine, ni aux discours de résignation.
Car l'égalité n'est pas un slogan, c'est un combat.
Ce combat, nous le menons ensemble.
Vous êtes les visages de cette République qui agit, qui protège, qui redonne confiance.
Une République où chacun est reconnu pour sa valeur, pour son mérite, pour son engagement, et non pour son nom, son origine, son sexe, son orientation sexuelle ou son adresse.
Car la République, c'est cette promesse universelle : celle de citoyennes et de citoyens unis par des principes communs, où chacun est libre de construire son avenir sans être enfermé dans une identité assignée, un destin qu'il n'a jamais choisi.
L'universalisme républicain, ce n'est pas nier les différences.
C'est affirmer que ces différences ne doivent jamais être des barrières.
Au contraire, elles sont autant de chances.
Des chances pour notre République !
Des chances pour la France !
Source https://www.dilcrah.gouv.fr, le 15 mai 2025