Texte intégral
Mesdames, Messieurs, bonjour. . Bien, donc, ce Conseil Agripêche est important. Il traite de la vision des ministres de l'Agriculture sur la future PAC. Et sur notre conception en matière d'alimentation. Ce que je voudrais dire d'emblée, c'est que nous sommes très attachés à défendre la sécurité alimentaire sur le continent, dans l'espace de l'Union européenne. Et que cette question de la souveraineté alimentaire est une question qui est au cœur du débat en France. Équilibrer une position entre le respect de l'environnement et la nécessité de produire de l'alimentation qui garantisse notre souveraineté alimentaire est quelque chose, à nos yeux, de tout à fait fondamental.
L'autre point que nous défendrons ce matin lors ce Conseil Agripêche est évidemment la conception que nous nous faisons de la future politique agricole commune. Un point primordial à nos yeux est de conserver le caractère commun de la politique agricole, qui est un trésor précieux que nous ont légué les initiateurs de la construction européenne et que nous voulons voir pérennisés parce que dans un monde si chahuté en matière de relations internationales, si l'Union européenne veut peser de tout son poids, notamment en matière agricole, il faut véritablement que nous défendions cette conception commune qui est la nôtre et beaucoup de voix s'élèvent aujourd'hui sur le danger qu'il y aurait à dissocier les deux piliers de la PAC.
Il nous faut par ailleurs garantir un cadre financier pluriannuel à la hauteur des enjeux. Enfin, sur la question de la simplification, qui est l'autre sujet de ce Conseil Agripêche, la France est particulièrement satisfaite de ce premier volant de simplification. Certaines mesures d'ailleurs sont inspirées par la France. Je pense notamment au contrôle administratif unique que j'ai mis en place au niveau national et qui a désormais une déclinaison au niveau européen. C'est une très bonne nouvelle et j'espère qu'elle sera confirmée de même que la révision de la moyenne olympique. Avec ces années de crise de rendement qui se succèdent, il nous faut revoir les modalités de la moyenne olympique pour véritablement que l'Union européenne soit une réponse aux défis climatiques, aux désordres météorologiques et aux conséquences en matière de volume de production, de baisse des rendements. Donc il faut un outil de gestion des crises qui soit dimensionné à ces nouvelles réalités.
Question : Première question, est-ce-que vous allez soutenir l'Italie et la Grèce dans leur demande de séparation des budgets de l'agriculture et de la pêche et deuxième question, vous êtes allées en Autriche , en Hongrie, en Allemagne récemment pour parler de l'accord UE-Mercosur, est-ce-que vous allez remettre ce sujet sur la table pour essayer de convaincre vos homologues de s'opposer à l'accord ?
Annie GENEVARD : Sur le premier point, oui, nous y sommes favorables. Concernant le projet d'accord commercial UE-Mercosur, je continue mes consultations au sein de l'Union européenne et je rencontre de nombreux pays, soit en me déplaçant moi-même dans les pays, soit dans les entretiens que je peux avoir en bilatéral à Paris ou en visioconférence. J'observe avec intérêt que la question de l'accord UE-Mercosur et de son adoption sont loin de faire l'unanimité. Beaucoup de pays s'interrogent sur les conséquences que cela emporterait sur leurs propres systèmes agricoles. Et j'y vois là quelque chose de tout à fait encourageant. Vous savez que la France a une position très claire. Elle n'est pas contre les accords de libre-échange dans un monde évidemment ouvert, mais sur quatre productions très importantes pour la France (la volaille, le bœuf, le sucre et l'éthanol), l'accord - le projet d'accord, parce qu'il n'y a pas d'accord encore, je tiens à le rappeler - tel qu'il a été adopté à Montevideo compromet véritablement l'équilibre économique de ces filières et ça nous ne pouvons pas l'admettre. De façon générale, il y a toujours un volet agricole dans les accords de libre-échange et particulièrement contre l'élevage. Donc il y a un moment, si vous voulez, il y a un effet cumulatif qui ne peut pas être accepté. J'observe qu'il y a deux façons d'aborder les choses. Il y a la minorité de blocage ou la majorité d'adoption. Or aujourd'hui, force est de constater, d'après les contacts que j'ai en de nombreux points de l'Union européenne, il ne me semble pas qu'une majorité d'adoption soit une évidence. J'observe aussi que la question fait débat au Parlement. Certains amendements, notamment un amendement de Renew, a été récemment adopté s'opposant à l'adoption de l'accord UE-Mercosur en l'État. Donc on voit que c'est une question qui demeure très débattue. D'ailleurs, je dirais qu'un projet d'accord qui est sur la table depuis 20 ans et qui n'a pas abouti, c'est que véritablement, il pose question. Donc je continue mon travail de collecter les avis de mes collègues de l'Union européenne. Et je dois dire que les échos sont assez proches de la position de la France, c'est-à-dire une grande réserve, voire une opposition.
Question : En parlant d'échanges commerciaux avec les homologues européens, vous recevez aujourd'hui le ministre de l'Ukraine. Que pensez-vous de la manière dont la Commission européenne gère la question des importations ukrainiennes ? Est-ce que vous favorisez la production de ces mesures de transition qui m'ont été proposées récemment ? Malgré le fait que l'Ukraine explique que ça a été fait plusieurs milliards d'euros ?
Annie GENEVARD : Moi, je soutiens toute position qui fait l'équilibre entre le nécessaire soutien à un pays agressé et la préservation de nos propres productions. Vous savez que lorsque les droits de douane ont été levés, ça a déstabilisé immédiatement et profondément un certain nombre de filières dans notre pays. Je pense à la volaille. Je vois aussi qu'en matière céréalière, les céréales ne sont pas dans les accords et que, si on regarde l'évolution des importations, notamment ukrainiennes, elles déstabilisent là aussi nos propres productions. Donc le soutien à l'Ukraine ne peut pas se faire sans considérer les conséquences que cela peut avoir sur nos propres productions. Donc cette recherche d'un équilibre me paraît indispensable. Je vous remercie.
Source https://ue.delegfrance.org, le 27 mai 2025