Texte intégral
SONIA MABROUK
Bonjour Catherine VAUTRIN.
CATHERINE VAUTRIN
Bonjour Sonia MABROUK.
SONIA MABROUK
Bienvenue à la grande interview sur CNews et Europe 1. Vous êtes la ministre du quotidien. On va le voir, vous coiffez dans votre ministère beaucoup de sujets qui nous concernent au premier chef. Vous êtes la ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles. Et en parlant de famille, on pense d'abord à celle de Mélanie, bien sûr. Une minute de silence, madame la ministre, sera observée dans toutes les écoles ce midi à la mémoire de cette surveillante scolaire, poignardée par un adolescent de 14 ans qui n'a exprimé ni regret, ni compassion, qui lui a porté froidement plusieurs coups de couteau. Cette minute de silence n'est-elle pas une minute d'impuissance aujourd'hui ?
CATHERINE VAUTRIN
Vous savez, je pense que dans un drame comme celui-là, il doit y avoir le temps de l'hommage. Le temps de l'hommage pour les proches, pour la famille, et j'ose dire le temps du respect de toutes les familles de France. Et si cette minute de silence permet que les enfants rentrant de l'école parlent à la maison de cette minute de silence, que les parents expliquent et échangent avec leurs enfants sur ce drame, sur ce côté absolument inacceptable, et bien à ce moment-là nous passons de l'hommage, du respect à un élément éducatif. Et moi je souhaite que cette minute de silence soit aussi dédiée à cela.
SONIA MABROUK
Aspect éducatif. Mais alors l'aspect politique ? Le Président veut interdire les réseaux sociaux pour les moins de 15 ans. Le mis en cause n'a pas été influencé semble-t-il par les réseaux sociaux, selon le procureur. Le Premier ministre veut interdire la vente de couteaux aux mineurs. Le mis en cause a pris le couteau dans la cuisine familiale. Le Gouvernement parle de santé mentale. L'adolescent ne présente pas, semble-t-il, de signes ou de troubles mentaux, selon le procureur. Est-ce que toutes ces propositions-là, elles se heurtent à une réalité, elles sont déjà inefficaces, inopérantes ?
CATHERINE VAUTRIN
Alors vous savez, comme vous, j'ai écouté le procureur. Je ne suis pas là pour juger le cas d'un enfant que je ne connais pas, que je n'ai jamais vu. Pour autant, j'ai quand même entendu, pas plus tard qu'hier soir, dans la conférence de presse du procureur, le procureur dire que cet adolescent de 14 ans a quand même expliqué être fasciné par la violence, passait du temps devant des jeux éminemment violents. On retient une préméditation avec une volonté de faire du dégât. Enfin des termes qui sont quand même, excusez-moi, des termes qu'on ne doit pas entendre dans la bouche d'un enfant de 14 ans. Donc derrière cela, je pense qu'il n'y a pas de solution miracle et que les Français n'ont pas envie qu'on explique qu'évidemment, en claquant des doigts, on va apporter une solution. Je pense que nous avons un bouquet de solutions. Le premier, c'est évidemment la place éducative des parents parce que l'éducation, elle se passe au sein de la famille.
SONIA MABROUK
Une responsabilité, madame la ministre, des familles ? Parce que là, c'est un, semble-t-il, comment dire, un milieu social inséré. Ce n'est pas une famille démissionnaire, comme on dit souvent.
CATHERINE VAUTRIN
Mais vous savez, madame, je pense que pour cette famille, c'est probablement un drame absolu. Et du moins, je l'espère, de se rendre compte de ce qu'a pu faire leur enfant. Et je ne suis pas là pour critiquer cette famille. Je suis là pour dire qu'évidemment, le rôle éducatif des parents est majeur. Ensuite, oui, l'école est le lieu de l'instruction. On doit pouvoir aller s'instruire à l'école en toute sécurité. Et celles et ceux qui transmettent le savoir, celles et ceux qui accompagnent doivent pouvoir le faire en toute sécurité. Derrière cela, cela nécessite incontestablement des mesures de protection dans le contexte dans lequel nous sommes. Troisièmement, oui, il y a des suivis médicaux.
SONIA MABROUK
Nous allons en parler, bien sûr.
CATHERINE VAUTRIN
Je suis consciente, évidemment, des difficultés aujourd'hui en termes médical. Mais pour autant, je pense que c'est sur l'ensemble des différents domaines que nous devons travailler.
SONIA MABROUK
Vous avez dit, à raison, l'école instruit, la famille éduque. Et quand la famille n'a pas ce rôle éducatif, est-ce qu'il faut conditionner, madame la ministre, des aides aux familles qui ne respectent pas, qui ne remplacent pas cette mission essentielle ?
CATHERINE VAUTRIN
Alors je ne sais pas si vous avez suivi, mais il y a une proposition de loi qui vient d'être discutée, qui est la proposition de loi de l'ancien Premier ministre Gabriel ATTAL. Et dans cette proposition de loi, il y a, pour la première fois, la création d'un délit de soustraction, précisément à ses obligations légales, d'un parent. Ce qui montre bien qu'être parent, c'est une responsabilité.
SONIA MABROUK
Et vous êtes favorable ?
CATHERINE VAUTRIN
Bien sûr. Et que chaque parent doit assumer les responsabilités qui sont les siennes. Ça ne veut pas dire qu'il faut laisser un parent tout seul. Je ne suis pas là pour porter un jugement sur la façon dont les gens éduquent leurs enfants. Je suis là pour dire qu'on a une responsabilité, en tant que parent, et que cette responsabilité d'élever, d'accompagner son enfant, on doit la porter.
SONIA MABROUK
Alors la question de la santé mentale des jeunes doit être traitée, évidemment, également. Dans Le Parisien, ce matin, des propositions sont formulées qui font partie du plan santé mentale, mais antérieure à ce drame, il est question d'avoir deux référents dans chaque école, à partir de la rentrée 2025-2026, qui seraient chargés de détecter des signes précoces. Avant de rentrer dans le détail, Catherine VAUTRIN, santé mentale, grande cause nationale ou grande oubliée national, en réalité ?
CATHERINE VAUTRIN
Je pense que d'abord, il y a un travail très important qui a été fait par Yannick NEUDER, mon ministre auprès, en charge de la Santé et de l'Accès aux soins. Et l'idée, c'est de dire que la cause, c'est bien, la réalité, c'est encore plus important. Et le travail que propose Yannick NEUDER dans son interview de ce matin, c'est précisément plusieurs choses. D'abord, cette capacité, en lien avec la ministre d'État en charge de l'Education nationale, de travailler sur le repérage, c'est-à-dire des enfants qui ont des signes de fragilité psychologique qu'il faut être en capacité d'accompagner. C'est ensuite de former, former les infirmières scolaires. Autant, il y a une difficulté…
SONIA MABROUK
Attendez, donc les référents seront les infirmières scolaires ?
CATHERINE VAUTRIN
Non. Vous avez d'une part des référents.
SONIA MABROUK
Mais qui seront-ils, madame la ministre ?
CATHERINE VAUTRIN
Ce seront des personnes qui sont des personnels de l'éducation nationale, qui seront…
SONIA MABROUK
Qui ? Médecins scolaires, assistants d'éducation, infirmiers, professeurs ?
CATHERINE VAUTRIN
Non. On est sur des personnels d'encadrement, d'accompagnement et qui auront une formation spécifique pour répondre à ces situations qui, malheureusement, on le voit bien, sont de plus en plus fréquentes. On sait tous qu'un marqueur extrêmement important sur les violences faites aux enfants, c'est le Covid. Tous les professionnels mettent en avant qu'en post-Covid, on a une recrudescence de la violence très importante. Cette recrudescence de la violence, on la trouve dans les établissements scolaires, c'est pour ça qu'il faut répondre. Ensuite, vous avez évidemment les professionnels du soin. Ce sont les infirmiers scolaires, bien sûr, qui ont besoin d'être accompagnés. Et vous allez me dire, il n'y a pas assez de médecins scolaires. Et vous avez raison. La question…
SONIA MABROUK
C'est un délabrement.
CATHERINE VAUTRIN
Mais attendez, on ne va pas se mentir. Le problème, c'est que ce n'est pas quelque chose de 2025. C'est quelque chose de peut-être même siècle dernier.
SONIA MABROUK
Donc… Alors puisqu'on ne claque pas des doigts.
CATHERINE VAUTRIN
On forme actuellement, nous sortons 10 000 médecins par an. C'est 10 000 médecins que nous sortons tous les ans. Nous avons besoin de généralistes, nous avons besoin de psychologues, nous avons besoin de psychiatres, nous avons besoin évidemment de gynécologues obstétriciens. Toutes les spécialités à garde sont particulièrement des spécialités dans lesquelles on a moins de monde. Notre difficulté, pour reprendre le fait générateur, ce sont les années 95. On avait à l'époque 3 200 médecins formés.
SONIA MABROUK
Alors on paie aujourd'hui ces années-là.
CATHERINE VAUTRIN
10 ans de formation, n'oubliez pas.
SONIA MABROUK
D'accord. Mais ça veut dire qu'à la rentrée, c'est une promesse, ça sera tenu, deux référents ?
CATHERINE VAUTRIN
Non. Il y a d'une part ça, il y a d'autre part…
SONIA MABROUK
Attendez, ça sera tenu, deux référents ?
CATHERINE VAUTRIN
Oui.
SONIA MABROUK
Pour chaque école ?
CATHERINE VAUTRIN
Oui, puisque c'est du personnel existant qui va être formé. Donc ça, ça sera tenu.
SONIA MABROUK
On verra qui sera volontaire. Je pense que ce n'est pas obligatoire.
CATHERINE VAUTRIN
Non, ce n'est pas obligatoire, mais ça sera tenu. De la même manière, les infirmières scolaires seront formées. Moi, je voudrais souligner l'immense travail fait par les infirmières scolaires. Je vais vous donner un autre exemple. Le travail qui a été fait en matière de prévention sur, par exemple, la prévention du cancer de l'utérus sur les très jeunes filles, ce sont les infirmières scolaires qui ont mené cette action avec succès. Donc mettons en avant l'excellent travail qui est le leur.
SONIA MABROUK
Nous sommes d'accord, mais vous vous heurtez à la réalité, au manque de moyens. Aujourd'hui, à chaque problématique, il y a un référent.
CATHERINE VAUTRIN
Manque de moyens, je…
SONIA MABROUK
Référent harcèlement, référent laïcité, référent égalité, référent psychiatrie.
CATHERINE VAUTRIN
Non. Alors permettez-moi de vous dire, manque de moyens, je rappelle quand même que le budget de la santé dans notre pays, c'est 243 milliards, 9 milliards de plus que l'année dernière. Donc le sujet, il n'est pas que sonnant et trébuchant. Il est d'abord un choix de spécialité, une des choses très concrètes. On a besoin de sortir plus d'internes en psychiatrie. Yannick NEUDER le dit très justement. Notre objectif, c'est 600 internes en psychiatrie, horizon 2027. C'est comme ça qu'on avancera. C'est en mettant en avant cette spécialité et en formant des gens dans cette spécialité.
SONIA MABROUK
Alors autre sujet dans l'actualité, vous êtes attendue sur ce sujet, parce que c'est toujours en lien avec les familles d'ailleurs. Il s'agit du complément de libre choix du mode de garde qui permet de financer une partie des dépenses liées à la garde d'un enfant de moins de 6 ans. Pour beaucoup de familles. Catherine VAUTRIN, c'est fondamental, en particulier pour les familles monoparentales. Mais pas seulement. Qu'est-ce qui va concrètement évoluer et changer ?
CATHERINE VAUTRIN
Alors déjà, on se rappelle la situation. Ça concerne 700 000 familles. Et très concrètement, ce sont des familles qui font le choix de confier leur enfant à une assistante familiale ou qui ont quelqu'un à la maison qui garde leur enfant. Jusqu'à maintenant, il y a trois forfaits qui vous permettent d'avoir un financement de l'État pour prendre en charge une partie du financement de la garde de votre enfant. Si vous avez un enfant, 2 000 euros de revenus mensuels, ça vous coûte 350 euros de reste à charge.
SONIA MABROUK
Par mois.
CATHERINE VAUTRIN
Par mois. Ce qui n'est pas neutre. Là, l'idée, c'est de regarder le revenu de la famille, sa composition, le nombre d'enfants, le nombre d'heures nécessaires en fonction de vos activités professionnelles. Et ça permet, sur cet exemple de cette famille, d'avoir un reste à charge qui passera à 200 euros par mois
SONIA MABROUK
D'accord, 350 euros à 200 pour une famille qui a des revenus de 2 000 euros par mois.
CATHERINE VAUTRIN
Et ce qui est intéressant, c'est que c'est vrai sur tout l'éventail des revenus familiaux, ce qui veut dire que même des familles plus aisées peuvent avoir un complément plus important. Quel est l'intérêt ? L'intérêt, c'est de permettre de répondre à cette difficulté pour certaines familles de trouver un mode de garde. Je rappelle que nous avons aujourd'hui 40% des familles qui n'ont pas de mode de garde. Et dans l'immense majorité des cas, ce sont les femmes qui gardent les enfants à la maison ou bien des solutions qui ne sont pas pratiques. Deuxième point sur lequel je veux venir sur ce décret qui sort ce matin, c'est très concrètement que nous parlions du rôle des familles et de l'accompagnement des enfants. Jusqu'à maintenant, cet accompagnement financier allait jusqu'aux 6 ans de l'enfant. J'ai décidé que dans le cadre des familles monoparentales, nous allions aller jusqu'à 12 ans. Je ne veux plus d'enfants avec la clé de la maison autour du cou parce qu'il n'y a personne pour s'occuper d'eux.
SONIA MABROUK
D'enfants avec la clé de la maison autour du cou, l'image est frappante.
CATHERINE VAUTRIN
À 7 ans, vous ne pouvez pas rentrer tout seul à la maison sans être accompagné. Eh bien là, avec cette augmentation du forfait, ça permet aux familles monoparentales, on va se le dire la plupart du temps, des mamans solos qui sont toutes seules à gérer, elles ont besoin de cette aide. Troisième élément, les familles de France ont évoluée. De plus en plus…
SONIA MABROUK
Garde alternée ?
CATHERINE VAUTRIN
Exactement.
SONIA MABROUK
Alors comment on fait dans ce cas-là ?
CATHERINE VAUTRIN
Eh bien on va permettre que chacun des parents, dès lors qu'il…
SONIA MABROUK
Verser aux deux parents ?
CATHERINE VAUTRIN
À due proportion, du moment où il a l'enfant. C'est juste normal. La maman peut aller travailler, son enfant est gardé. Le conjoint peut aller travailler, son enfant est gardé. C'est du bon sens mais qui permet de répondre concrètement et qui peut aussi permettre… garde alternée, vous le savez comme moi, on vit au même endroit. Sinon ce n'est pas possible. Ça veut dire qu'en plus pour l'enfant, il peut y avoir une continuité du mode de garde puisque par définition, les deux parents bénéficiant…
SONIA MABROUK
Ça va parler évidemment à beaucoup de nos auditeurs et téléspectateurs ce matin. Alors puisque vous parlez du bon sens, on va voir si dans ce dossier, il va y avoir du bon sens puisque les taxis ont repris leur mobilisation, Catherine VAUTRIN, mobilisation contre la tarification du transport sanitaire. Ils ont bloqué les axes hier à l'aéroport d'Orly, de Roissy et également Bercy. C'est un rapport de force qui s'installe très concrètement. Vous allez reculer ou vous allez tenir ?
CATHERINE VAUTRIN
Mais tout le sujet, c'est bien évidemment de continuer à travailler. Nous avons besoin, nous parlons de 65 millions de courses par an. Pour être très concrète, ce budget des transports a augmenté de 45% entre 2019 et 2024.
SONIA MABROUK
Sur cinq ans.
CATHERINE VAUTRIN
Oui. 19 - 24. Sur la seule année 2024, la hausse est de 7%. 3 milliards 100 millions d'euros. 7%, ça fait 200 millions.
SONIA MABROUK
L'effort demandé, oui, 200 - 300 millions.
CATHERINE VAUTRIN
Et donc si vous voulez, le sujet, pour être très précis, c'est de regarder la tarification, la géolocalisation. C'est une discussion qui date de 2024. C'est une convention cadre. Nous deux, nous sommes prêts à faire des améliorations mais je souhaite que nous continuions. Et je remercie la ministre des Comptes publics et le ministre de la Santé qui travaillent avec les taxis. Et je ne doute pas que nous allons trouver une solution. Et je rappelle que je suis…
SONIA MABROUK
Une solution sans lâcher sur ce que vous demandez.
CATHERINE VAUTRIN
Sans lâcher…
SONIA MABROUK
Parce que, pardonnez-moi, le Premier ministre veut grimper l'Himalaya mais alors si c'est 300 millions, la petite colline qui vous bloque, vous n'irez pas très loin.
CATHERINE VAUTRIN
Notre sujet, c'est très concrètement de pérenniser. Rien n'est gratuit. Le transport, ça coûte au budget de l'État. Ce n'est pas du soin, c'est du transport. C'est pris sur le budget de l'assurance maladie. Et c'est normal que l'assurance maladie veuille travailler avec les taxis pour avoir quelque chose qui permette des transports partagés, pour prendre un seul exemple. Et je n'oublie pas, en disant cela, que la France est diverse. Je suis une élue d'un territoire champenois qui sait ce que c'est que la ruralité. Je mesure que quand on est dans un village rural et qu'on a besoin d'aller au centre hospitalier, au centre hospitalier universitaire, on a besoin d'être transporté. Maintenant, en fonction des pathologies, la façon dont on est transporté peut être un peu différente. Et je pense que chaque Français, je dis bien chaque Français, ce n'est pas que…
SONIA MABROUK
Peut le comprendre, selon vous ?
CATHERINE VAUTRIN
Mais oui, ça ne concerne pas que les taxis, ça concerne chacun d'entre nous. Vous savez, la phrase est simple. Vous vous rappelez, KENNEDY ? Plutôt que de te demander ce que ton pays peut faire pour toi, demande-toi ce que tu peux faire pour ton pays.
SONIA MABROUK
Certains estiment qu'ils ont beaucoup fait depuis des années.
CATHERINE VAUTRIN
Moi, je vais vous donner un exemple très simple. La Sécurité sociale va avoir 80 ans au mois d'octobre. On veut la garder. Qu'est-ce que chacun d'entre nous fait pour la Sécurité sociale ? Rien n'est gratuit. Tout a un coût. L'effort de chacun permet de pérenniser la Sécurité sociale.
SONIA MABROUK
Madame la ministre, il nous reste une minute ou un peu plus, mais je voudrais une réponse rapide pour conclure sur des sujets très différents. Vous êtes la ministre des Familles. Est-ce que vous êtes pour ou contre les hôtels ou les restaurants "no kids" interdits aux enfants ?
CATHERINE VAUTRIN
Non.
SONIA MABROUK
C'est rapide. Vous êtes en charge de la Santé. Vous avez récemment interdit la cigarette sur les plages. Et dans le même temps, vous interdisez des alternatives comme les vapoteuses jetables. Alors là, vous êtes pour le tout répressif ? Vous croyez que ça va marcher ?
CATHERINE VAUTRIN
Non. Je suis sur un phénomène extrêmement important, c'est que vapoter, c'est un outil de sevrage. Et ce que je vais faire, c'est baisser le taux de nicotine d'un côté, arrêter 50 000 parfums qui peuvent eux aussi créer une addiction.
SONIA MABROUK
C'est facile d'interdire la cigarette sur les plages ?
CATHERINE VAUTRIN
Non. Ce sont des tonnes de mégots à détruire. C'est une gêne pour nombre de Français. Le tabagisme passif, ce n'est pas non plus une bonne solution. Partout où il y a un enfant, on doit éloigner le tabac. Mon objectif, c'est quoi ? Que les enfants nés en 2025 constituent la première génération sans tabac.
SONIA MABROUK
Il faudrait peut-être l'interdire, qu'il soit vraiment interdit à l'école. Sur les retraites, madame Catherine VAUTRIN, les syndicats sont, semble-t-il, ouverts, ce qui reste autour de la table, à un compromis, même sans revenir sur les 64 ans. Est-ce que ça veut dire qu'un retour en arrière sur les 64 ans n'est plus un prérequis ? C'est acté désormais ?
CATHERINE VAUTRIN
Écoutez, pour l'instant, nous n'avons pas encore la copie, donc je me garde bien de tirer des conclusions. Mais en tout cas, ce que je sais, c'est qu'il y a un gros bougé sur l'usure professionnelle, la prise en compte des carrières des femmes, ce sont deux éléments importants. On est évidemment très attentifs aux travaux menés et on va regarder ça dans les jours qui viennent puisque maintenant, nous sommes presque à la fin des travaux de la délégation paritaire permanente.
SONIA MABROUK
Plus que deux questions. Création d'un délit d'entrave, sanctionnant le fait d'empêcher ou de tenter d'empêcher quelqu'un de réclamer l'aide à mourir, comment peut-on vraiment, madame VAUTRIN ? Alors là, ça nécessiterait des heures, en réalité, mais comment on peut sanctionner quelqu'un, une personne, un soignant, qui privilégie leur vie ?
CATHERINE VAUTRIN
Alors d'abord, le soignant, il a sa clause de conscience, premier élément. Deuxièmement, ça ne s'adresse pas réellement aux soignants. C'est une initiative parlementaire, pas du tout une initiative gouvernementale.
SONIA MABROUK
Vous êtes défavorable. Est-ce que vous êtes défavorable ?
CATHERINE VAUTRIN
Que cette notion, elle a été votée par les parlementaires sur une initiative…
SONIA MABROUK
Mais je vous pose la question madame Catherine VAUTRIN.
CATHERINE VAUTRIN
Madame Catherine VAUTRIN, elle a donné un avis de sagesse sur le délit d'incitation. Donc vous voyez qu'était l'autre élément.
SONIA MABROUK
Donc vous n'y êtes pas favorable.
CATHERINE VAUTRIN
Mais pour être très concrète avec vous, je suis très précise parce que ça a fait l'objet d'un débat. Le sujet, ce serait des gens qui seraient devant un établissement et qui empêcheraient l'activité de l'établissement. Ce n'est pas du tout le lien du médecin avec son patient.
SONIA MABROUK
Dernière question, Catherine VAUTRIN. Vous êtes LR ?
CATHERINE VAUTRIN
Ah non, je ne suis plus chez LR depuis 2019.
SONIA MABROUK
Et vous êtes macroniste pour autant ?
CATHERINE VAUTRIN
Je suis adhérente de Renaissance.
SONIA MABROUK
Ce qui veut dire que vous êtes macroniste ?
CATHERINE VAUTRIN
Depuis 2024.
SONIA MABROUK
Soutien.
CATHERINE VAUTRIN
Je suis détentrice de la confiance du président de la République et du Premier ministre.
SONIA MABROUK
Mais ce n'est pas ma question. C'est difficile de se définir aujourd'hui.
CATHERINE VAUTRIN
Bien évidemment, je soutiens l'un comme l'autre. C'est le minimum de loyauté qu'on peut attendre d'un ministre.
SONIA MABROUK
Merci Catherine VAUTRIN. C'était votre grande interview. Et à bientôt
source : Service d'information du Gouvernement, le 13 juin 2025