Texte intégral
Monsieur le député,
Monsieur le chef d'état-major des armées,
Monsieur le président de la métropole du Grand Paris,
Monsieur le secrétaire général pour l'administration,
Mesdames et messieurs les directeurs,
Mesdames et messieurs les officiers généraux,
Mesdames et messieurs les agents civils et militaires, ingénieurs, techniciens et ouvriers du service d'infrastructure de la défense,
A chaque époque, notre pays a connu de grandes victoires et parfois de dures défaites. Chaque siècle a ses héros, ses batailles, ses révolutions technologiques ou politiques. Tous ces événements forment l'histoire de ce qu'est la France et fondent le génie français.
Mais ce qui reste souvent à la fin, c'est une œuvre de pierre : des donjons du Moyen-Âge aux installations du plateau d'Albion, en passant par les extraordinaires citadelles de Vauban.
On lit beaucoup de choses d'une époque à travers son architecture : l'avancée des technologies, la nature des menaces, le modèle d'une armée, et bien sûr l'attention portée aux soldats, à leur vie comme à leur confort.
Il n'y a de schéma dans lequel les menaces qui visent notre Nation n'auraient pas de conséquences pour le SID. L'infrastructure fait pleinement partie du système de défense. C'est donc une incessante transformation qu'il faut perpétuellement réengager pour inventer et construire des murailles, à la hauteur des dangers. Pour construire les bassins et les quais qui permettent d'accueillir et d'entretenir nos navires ; les pistes aéronautiques d'où décollent nos avions ; les hangars de maintenance dans lesquels nos capacités militaires sont régénérées ; les infrastructures pyrotechniques qui abritent nos missiles ou encore celles qui participent à la mise en œuvre des deux composantes de notre dissuasion nucléaire.
Et ces infrastructures doivent aussi donner à nos soldats les moyens de s'entraîner
pour être à la hauteur, dans les centres d'aguerrissement ; dans les bâtiments qui
les hébergent, ceux où ils se nourrissent comme ceux où ils se forment ; et bien
sûr dans les hôpitaux où ils sont soignés.
Depuis 20 ans, le Service d'infrastructure de la défense forme un modèle unique de maîtrise d'ouvrage étatique – " arsenalisée " - capable d'assurer la construction, de maintenir et d'administrer le patrimoine immobilier du ministère des Armées, le plus vaste de l'Etat. Cette exception, nous devons la protéger car elle est indispensable pour relever les défis de notre défense nationale.
Depuis 20 ans, vous avez démontré votre savoir-faire, votre expertise technique, et votre engagement. Qu'il s'agisse de la remise à niveau des installations de la dissuasion et des bâtiments à propulsion nucléaire, de l'adaptation des infrastructures aux nouveaux équipements des forces tels que les véhicules SCORPION, les avions MRTT ou les SNA de la classe Suffren.
Et cette mission s'est faite plus importante encore ces dernières années avec l'augmentation continue des crédits de la mission défense, faisant basculer l'ensemble du ministère – et votre service en particulier – d'une période de sous-investissement à une crise de croissance pour réparer et rattraper les carences de nos infrastructures.
Ce sont ainsi 20 milliards d'euros d'investissements qui doivent être réalisés durant la programmation militaire, avec la construction d'un nouvel hôpital interarmées ; des infrastructures pour accueillir de nouveaux Rafales et les nouveaux équipements de l'armée de Terre ; d'autres pour prévoir l'arrivée du futur porte-avions de nouvelle génération ; mais aussi la création et la rénovation de 28 000 lits d'hébergements.
Cette mission de bâtisseurs du ministère s'est naturellement poursuivie tout en assurant celle qui est au cœur de votre engagement et qui constitue la dimension singulière et militaire du service : c'est bien entendu le déploiement des infrastructures sur tous les théâtres d'opérations. La citation à l'ordre de l'armée, que le service vient de recevoir pour ses actions dans le cadre de l'opération Barkhane témoigne de cet engagement sans faille.
Je voulais sincèrement et solennellement vous en féliciter, aujourd'hui, sur cette place d'arme illustre des Invalides.
Mesdames et messieurs,
Il y a un peu plus d'un an, j'ai validé la feuille de route de la transformation du SID que votre directeur central, l'ingénieur général hors classe de l'armement Alexandre Barouh, m'avait proposée. Cette transformation doit permettre de relever le défi de l'augmentation du plan de charge du service, afin de répondre aux besoins exprimés dans la programmation, et prendre le virage de l'économie de guerre, dont l'infrastructure militaire est une composante à part entière. Au fond, cette réforme est le point de bascule vers une politique d'investissements massifs, qu'il vous faudra relever après une longue période de gestion des pénuries.
Dès l'été 2024, la direction centrale s'est réorganisée, avant de créer l'académie ministérielle de l'infrastructure (AMI) au 1er septembre dernier. Elle constitue un maillon essentiel, à la fois pour attirer de nouveaux talents, mais aussi pour répondre aux enjeux d'augmentation de son plan de charge et pour monter en compétence.
Au 1er janvier 2025, le nouvel établissement en charge de l'expertise et de la production nationale a vu le jour. Il est la cheville ouvrière d'une nouvelle façon de concevoir et de construire, davantage industrialisée, visant à définir des standards duplicables, pour réduire les coûts et les délais, comme vous avez su le faire avec efficacité pour les hébergements de nos soldats, marins et aviateurs en
générant des économies de près de 22%.
Enfin, mettons en avant la mobilisation exceptionnelle des équipes en charge de la maintenance des infrastructures qui ont été capables l'an dernier de réaliser, au pied levé, une augmentation de moitié de leurs missions. Peu d'organisations peuvent relever ce défi.
Mesdames et messieurs,
Cette transformation est bien engagée, elle avance, je veux aujourd'hui en prendre acte et vous en féliciter collectivement.
Mais beaucoup reste encore à faire : qu'il s'agisse de la tenue des délais et calendriers, ou de la structure des coûts des opérations. Il faut encore aller plus vite sans pour autant renoncer à la performance. Cela suppose une profonde remise en question et une capacité d'innovation, afin d'obtenir des résultats sur l'ensemble du triptyque coût/délais/performance.
De plus, je demande à votre directeur central, sous l'autorité du Secrétaire général pour l'administration, de développer une offre de service de proximité permettant de répondre aux attentes des nouveaux espaces de travail, afin d'améliorer la qualité de vie des agents et de contribuer à leur fidélisation. Cela doit s'accompagner d'une rationalisation de l'occupation immobilière en privilégiant la rénovation des bâtiments existants à des constructions nouvelles, afin d'optimiser les coûts d'entretien et de maintenance.
J'attends de vous que vous soyez force de proposition, en levant l'obstacle de la norme.
Rien n'est immuable et rien n'est impossible.
Si la norme vous empêche d'être au rendez-vous des impératifs de sécurité et de défense de notre Nation, alors vous avez le devoir de me proposer de l'adapter.
Je pense en particulier aux normes environnementales et d'urbanisme, mais également aux normes internes, parfois superfétatoires, qui sont trop souvent le résultat du temps qui passe et donc des habitudes. Au regard du contexte sécuritaire que nous vivons, notre singularité ne peut plus se réduire à l'impératif de protection du secret.
J'attends de vous que vous assumiez votre rôle et vos convictions, en particulier dans le dialogue avec vos partenaires. Vous avez le pouvoir – et même le devoir – d'interroger le besoin exprimé. Les armées, directions et services ont quant à elles l'obligation de vous appuyer dans cette démarche. L'effort budgétaire demandé à la Nation doit conduire à refuser tous besoins superflus. Les estimations financières des projets portés par le SID devront désormais être respectées. C'est impératif pour la soutenabilité globale de notre réarmement.
J'attends enfin du SID qu'il rayonne, qu'il attire et garde les meilleurs talents pour consolider les compétences acquises et bâtir l'avenir avec des idées nouvelles. J'attends qu'il détecte au plus tôt et accompagne tout au long de leur carrière les futurs cadres du service, pour leur offrir les parcours qui développeront leurs aptitudes à diriger.
Tout cela doit s'incarner et prendre vie afin d'unifier, de donner un cap de long terme au SID et de structurer son action au quotidien. C'est pourquoi, je souhaite renforcer la mission de votre directeur central, pour qu'il pilote la politique d'infrastructure du ministère, de la conception des projets, jusqu'à leur livraison et leur maintenance, afin de donner plus de cohérence à nos investissements en la matière. Cette nouvelle politique devra m'être proposée d'ici la fin du mois de septembre.
Enfin, nous devons remettre les responsabilités au bon endroit. C'est pourquoi le SID devra être conforté dans ses prérogatives en lui donnant les moyens de réaliser de bout en bout les missions qui lui sont confiées. Le service conduira désormais son action sans attendre la validation systématique des armées, directions et services pour chaque étape du projet, qu'il s'agisse d'une étude préalable ou d'un devis de maçonnerie.
Par ailleurs, le ministère devra mettre en place une organisation simplifiée, plus subsidiaire, qui remettra chacun dans son rôle et permettra à tous les acteurs de remplir leur mission plus efficacement et plus rapidement.
Dès le mois de septembre, j'attends que me soit proposée une organisation dans laquelle le niveau central se concentrera sur les objets de niveau stratégique et redonnera aux niveaux subsidiaires – notamment zonal – les responsabilités et les marges de manœuvre nécessaires pour être efficace sur le terrain. Les opérations qui ne relèvent pas du niveau central devront être décidées, financées et pilotées par les niveaux subsidiaires.
La refonte de l'instruction ministérielle 1707 traduira cette nouvelle ambition, et dans cette nouvelle organisation chaque acteur aura sa juste place, sans redondance bureaucratique ni déresponsabilisation du SID – y compris dans le domaine budgétaire.
Nous devons sortir de la logique " client-fournisseur ", pour entrer dans celle où le commanditaire exprime son besoin opérationnel et où le maître d'ouvrage réalise la commande. Cette nouvelle méthode est également valable pour les autres chaînes de soutien.
Mesdames et messieurs les agents civils et militaires, ingénieurs, techniciens et ouvriers du service d'infrastructure de la défense.
Ce que je veux aujourd'hui, c'est impulser une prise de conscience à un moment où l'ensemble du ministère n'a jamais autant compté sur vous. Les défis d'un monde qui se réarme sont les vôtres, et ils vous appellent à vous engager collectivement dans cette transformation qui est en marche. Ils appellent aussi vos partenaires à s'engager à vos côtés en vous donnant tous les moyens pour réussir.
J'ai pleinement confiance en chacun des agents du SID pour garantir la résilience, la disponibilité et l'excellence de nos infrastructures de défense, qui forment, les fondations solides pour garantir le succès des armes de la France.
Vive le SID !
Vive la République !
Et vive la France !
Source https://www.defense.gouv.fr, le 18 juin 2025