Texte intégral
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Bonjour Laurent Saint-Martin,
LAURENT SAINT-MARTIN
Bonjour à vous,
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Merci d'avoir accepté notre invitation. Vous êtes au Gouvernement en charge des Français de l'étranger et à ce titre, vous êtes mobilisés pour le retour de nos compatriotes depuis Israël ou l'Iran. Combien sont-ils à ce stade à vouloir rentrer en France, compte tenu de la menace ?
LAURENT SAINT-MARTIN
Bon, nous sommes en train de recenser toutes les demandes de souhaits de rapatriement. Il y a, à peu près 250 000 Français estimés en Israël, un petit millier en Iran. Ce que nous avons dit hier avec Jean-Noël BARROT, le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, nous avons ensemble animé une cellule de crise avec le centre de crise et de soutien du ministère pour assurer aux Français qui souhaitent quitter soit Israël, soit l'Iran, les meilleures conditions possibles.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Combien sont-ils à s'être signalés à l'heure où on se parle pour rentrer en France ?
LAURENT SAINT-MARTIN
Alors, on a eu plus de 2 000 appels avec notre centre de crise depuis maintenant quelques jours. Il y a, à peu près, 300, 400 personnes que nous estimons comme étant particulièrement vulnérables ou qui ont besoin d'un soutien prioritaire. Et pour cela, nous avons annoncé un vol qui sera affrété directement depuis Amman, en Jordanie, probablement à la fin de la semaine, probablement plus tôt dimanche, pour qu'effectivement ces Français-là puissent être acheminés vers ce vol. Pour tous les autres, ce qui est important de retenir, c'est que nous affronterons des bus depuis la frontière jordanienne, pour ceux qui souhaitent prendre un vol depuis Amman ou à la frontière égyptienne pour ceux qui souhaitent prendre un vol depuis Charm el-cheikh. Pour les Français d'Israël, il y aura effectivement des bus de la frontière jusqu'à ces deux aéroports qui leur seront particulièrement affrétés. Pour les Français d'Iran, je termine juste là-dessus, pour les Français d'Iran. Ils peuvent soit passer par l'Arménie, soit par la Turquie sans visa. Et là aussi, l'acheminement par bus sera assuré par la France.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Ça concernerait combien de Français selon vos estimations ?
LAURENT SAINT-MARTIN
Pour les Français d'Israël, aujourd'hui, c'est difficile de savoir combien exactement le souhaitent, mais probablement plusieurs milliers souhaiteront effectivement rentrer dans les prochains jours. Ce qui compte, c'est pour nous, bien de recenser ceux qui sont en difficulté, ceux qui ne peuvent pas rentrer par leurs propres moyens. Ça, c'est notre responsabilité d'assurer leur sécurité pour pouvoir les rapatrier en France. Et tous ceux qui le peuvent par leurs propres moyens, assurent le fait que le passage vers l'aéroport, que ce soit en Jordanie ou en Egypte, soit bien sécurisé.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
La voie maritime est étudiée, disait, hier, Jean-Noël BARROT. Vous en êtes toute cette réflexion ?
LAURENT SAINT-MARTIN
Toutes les voies sont étudiées, c'est-à-dire maritime et aérienne. Aujourd'hui, la plus rapide, très clairement, c'est la voie aérienne et je le répète, à tous nos compatriotes établis, que ce soit en Israël ou en Iran, les frontières sont ouvertes. Ils peuvent accéder aux aéroports des pays limitrophes que j'ai cités et la France assure la sécurité et le convoi jusque aux aéroports. Depuis les frontières des pays cités.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Laurent SAINT-MARTIN, le Royaume-Uni, l'Allemagne évacuent certains de leur personnel diplomatique sur place. Sur place, pourquoi pas la France ?
LAURENT SAINT-MARTIN
D'abord, c'est l'honneur de la France de conserver ses postes diplomatiques et consulaires sur place, ne serait-ce que, tout d'abord, pour répondre à votre première question. Pour assurer la sécurité de nos compatriotes, 250 000 Français estimés à peu près en Israël, à peu près 10 000 de passage, c'est-à-dire qui n'ont pas forcément de domicile pérenne ni d'attache pérenne sur place. Ils ont besoin d'avoir accès à des fonctionnaires et à une protection consulaire…
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Il y a eu une frappe qui est tombée non loin de l'ambassade à Tel-Aviv.
LAURENT SAINT-MARTIN
Donc, nous avons besoin d'être à leurs côtés. Nous avons aussi besoin d'assurer évidemment notre travail diplomatique dans un moment de tension extrême dans la région. Je crois, au contraire, que c'est l'honneur de la France. On le fait régulièrement dans les moments de conflit, de ne pas avoir le réflexe de retirer nos fonctionnaires et nos postes diplomatiques. Et permettez-moi, par la même occasion, de saluer et de remercier vraiment l'engagement au quotidien de nos agents diplomatiques sur le terrain qui font un travail 24 h sur 24, vous vous en doutez, sept jours sur sept. Évidemment, dans les discussions avec les autres. Aux autorités locales, mais aussi au service de nos compatriotes sur place.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
La France, le Royaume-Uni, l'Allemagne qui doivent rencontrer l'Iran, aujourd'hui, à Genève. Que pèse l'Europe face à l'Iran et aux frappes israéliennes ? Quelle est la marge de manoeuvre ?
LAURENT SAINT-MARTIN
D'abord, il faut se féliciter du fait que, à l'initiative de la France, avec nos amis britanniques et Allemands et européens, on discute avec l'Iran. Nous considérons, en France, que la voie militaire n'est pas la bonne solution pour faire reculer l'Iran sur son programme militaire et balistique. Il faut le répéter, la voie du dialogue, la voie de la diplomatie d'abord, elle fonctionne. Pourquoi je dis qu'elle fonctionne ? Parce qu'il y a dix ans, sous ce même format, qu'on appelle techniquement le E3, le Royaume Uni, Allemagne, France, nous avons réussi à faire reculer l'Iran sur leur programme.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Si on vous entend, cela veut dire que si Donald TRUMP qui se donne quinze jours pour intervenir, le faisait par voie aérienne, ce serait une mauvaise idée ?
LAURENT SAINT-MARTIN
Nous, on encourage le dialogue et la négociation parce qu'encore une fois, on a démontré que ça fonctionnait. Ce n'est pas un voeu pieux, ce n'est pas quelque chose d'accessoire, c'est quelque chose qui fonctionne. Croire en la diplomatie, ce n'est pas faire preuve de naïveté. Croire en la diplomatie, c'est éviter des dizaines, parfois des centaines, des milliers de morts civils qui n'y sont pour rien, que ce soit en Iran, en Israël. Et surtout, le plus important, c'est de ne pas mettre la région. Donc, indirectement, l'avenir de la sécurité de l'Europe dans une situation d'incertitude et d'embrasement qu'aujourd'hui, nous ne saurions maîtriser et donc, toujours passer par la voie du dialogue et de la diplomatie avec l'Iran permettra, un de reculer sur la question du programme nucléaire. Parce que, soyons très clairs, nous ne voulons pas que l'Iran puisse se doter de l'arme nucléaire. Nous voulons que l'Iran recule sur ces programmes là, mais nous considérons, comme nous l'avons fait ces dernières années, que cela est d'abord aussi par la voie diplomatique et que cela nous protège davantage en Européens.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Il nous reste peu de temps, monsieur le ministre, hier, à la surprise générale, pour revenir à l'actualité en France, la droite et le Rassemblement national ont réussi à faire voter un amendement qui suspend tout nouveau projet sur les. Le projet sur les énergies renouvelables. On parle d'éolien, on parle de solaire. Est-ce que c'est un échec pour le bloc central que vous représentez ?
LAURENT SAINT-MARTIN
C'est surtout totalement contraire à ce qu'il faut faire, aujourd'hui, dans la décarbonation de nos pays. Nous avons un agenda que les différents Gouvernements de ces dernières années ont réussi à mettre en place, permettant de baisser considérablement les émissions de gaz à effet de serre dans notre pays grâce à un mix énergétique, comme on dit, qui est extrêmement bon. Nucléaire, énergie renouvelable…
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
On le disait, le RN, LR qui étaient en lutte sur ce texte.
LAURENT SAINT-MARTIN
Bien sûr, on a besoin de poursuivre, au contraire, nos investissements dans les énergies renouvelables. Cela a marché ces dernières années. Ce moratoire et cet arrêt-là est totalement à rebours du sens de notre agenda industriel et économique…
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Vos députés ne semblaient pas tellement être mobilisés sur ce texte dans vos rangs.
LAURENT SAINT-MARTIN
Bien, je pense que c'est effectivement une erreur. On doit défendre non seulement notre bilan écologique en la matière, mais surtout ce qui est devant nous en termes d'investissement, d'énergies renouvelables, qui fait partie intégrante de ce mix et de cette solution de décarbonation de notre pays. C'est l'avenir de la planète et de nos enfants qui se joue là-dessus.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Une autre loi qui fait parler d'elle également. Le Conseil constitutionnel a retoqué, hier, plusieurs mesures phares de la proposition de loi portée par Gabriel ATTAL visant à renforcer l'autorité de la justice à l'égard des mineurs délinquants et de leurs parents. Est-ce que ce texte a été suffisamment bien préparé ?
LAURENT SAINT-MARTIN
En tout cas, les institutions fonctionnent dans notre pays et comme chaque texte, le Conseil constitutionnel, s'il est saisi, peut corriger, censurer, inviter à réécrire aussi un certain nombre d'articles. C'est ce qui aura lieu sur cette proposition de loi sur la justice des mineurs. Il y aura un…
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Les députés macronistes avaient alerté sur le fait que certaines dispositions pouvaient ne pas passer.
LAURENT SAINT-MARTIN
Oui, et dont acte le Conseil constitutionnel, non seulement a dit que certains articles, aujourd'hui, étaient contraire à la Constitution et que, avec un certain nombre d'amendements et de modifications, ils pourraient l'être à nouveau. Donc, rien de neuf sous le soleil.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Sauf qu'il y a six dispositions qui n'ont pas été adoptées.
LAURENT SAINT-MARTIN
Il y en a aussi beaucoup d'autres qui l'ont été.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
C'est l'excuse de minorité.
LAURENT SAINT-MARTIN
C'est une proposition de loi qui est importante parce qu'elle permet d'adapter notre droit à une réalité de société qui est, aujourd'hui, alarmante, mais il faut le faire effectivement dans le cadre du respect de la Constitution. Si de nouveaux articles venaient à être réécrits pour être conformes à notre Constitution, c'est tout à fait normal. Il n'y a, évidemment, aucune difficulté là-dessus.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 juin 2025