Texte intégral
ROMAIN DESARBRES
8 h 13, la grande interview CNEWS/EUROPE 1 avec Marc FERRACCI. Bonjour Marc FERRACCI.
MARC FERRACCI
Bonjour.
ROMAIN DESARBRES
Bonjour. Merci d'être avec nous. Ministre de l'Industrie et de l'Énergie. Je voulais commencer cet entretien en vous parlant d'Olivier MARLEIX. Olivier MARLEIX qui a choisi de se donner la mort hier. Il était le président du groupe LR à l'Assemblée nationale, ancien président du groupe LR à l'Assemblée nationale. La classe politique et tous ceux qui l'ont connu, croisé sont attristés par cette mort violente. Que retiendrez-vous de lui ?
MARC FERRACCI
D'abord ce choc qui a bouleversé, vous l'avez dit, toute la classe politique. Moi, j'ai d'abord une pensée pour ses proches, pour sa famille, pour ses collègues également, notamment ceux du groupe Les Républicains à l'Assemblée. Qu'est-ce que je retiendrai… Je retiendrai l'image d'un parlementaire exigeant, rigoureux, respectueux dans le débat et qui même les désaccords donnaient lieu à des échanges riches, nourris. Et je pense que c'est cela qu'il faut notamment retenir de lui. Je retiens également, parce que je suis ministre de l'Industrie, son engagement pour la souveraineté industrielle de la France, un élément qu'il faut retenir et c'est un élément, je pense, qui restera d'Olivier MARLEIX.
ROMAIN DESARBRES
Est-ce que vous vous dites également que parfois, le monde politique est trop dur ?
MARC FERRACCI
C'est possible. Visiblement, ce qui a mené à cette décision tragique. Ce sont des blessures personnelles, intimes. Et c'est vrai que la vie politique n'exempte pas de dureté à ceux qui la pratiquent. Je pense qu'il faut que chacun ait conscience de cela et que chacun peut-être aussi se protège de cela quand on fait partie de ce monde-là.
ROMAIN DESARBRES
Marc FERRACCI, je voulais revenir avec vous sur ce qu'a dit Mathilde PANOT, la chef de file des LFI à l'Assemblée nationale. Elle a prévenu que dans les villes, LFI, après les municipales, les villes qui seraient remportées par la France insoumise, les maires désarmeront les policiers municipaux et débrancheront les systèmes de vidéosurveillance. Comment est-ce que vous avez réagi quand vous avez appris ça ?
MARC FERRACCI
En me disant qu'il faut à tout prix éviter qu'il y ait des maires LFI l'année prochaine, tout simplement. C'est l'habitude de la France insoumise que d'être dans la provocation, que d'être dans la gesticulation, et surtout dans des propositions qui sont extrêmement dommageables, délétères pour l'intérêt général et la sécurité des Français. Les polices municipales aujourd'hui, elles sont en première ligne face à une délinquance qui est souvent de plus en plus violente, notamment celle qui est liée au narcotrafic. Il est évident que face à cette délinquance, face à cette criminalité même, le fait de désarmer la police, le fait de se priver des moyens de la vidéosurveillance, eh bien ça aboutirait à des conséquences absolument dramatiques. Je veux rappeler que le terroriste de la basilique de Nice en 2020 a été neutralisé par une police municipale armée, que le terroriste de Mulhouse, très récemment, a été désarmé par un policier municipal armé. Donc à un moment ou un autre, il faut prendre la mesure de ce qu'est la réalité du terrain. Je pense que la France insoumise est comme d'habitude dans la provocation sur cette proposition.
ROMAIN DESARBRES
LFI cherche à récupérer quel électorat en faisant cette proposition ?
MARC FERRACCI
Écoutez, je ne sais pas, je ne vais pas rentrer…
ROMAIN DESARBRES
Qui ça peut séduire quand on vous dit : " On débranchera la vidéosurveillance " ?
MARC FERRACCI
Ceux qui ont une inimitié pour la police et pour les forces de l'ordre en règle générale. Je ne vais pas classer les gens suivant ce critère-là. Mais ce qui est certain, c'est qu'il y a une détestation des forces de l'ordre à la France insoumise et dans une partie de l'ultragauche. En général, dans les manifestations, les Black Blocs s'attaquent de manière privilégiée aux forces de l'ordre. Et donc il est évident qu'il y a une sorte de capillarité, de passerelles entre tous ces mondes. Et je pense que cette.... Je ne sais même pas d'ailleurs si c'est un calcul électoral. Je pense que ça fait partie de leur ADN.
ROMAIN DESARBRES
Marc FERRACCI, ministre de l'Industrie et de l'Énergie, invité de la grande interview Cnews/Europe1 ce matin. Beaucoup de sujets économiques et industriels à voir avec vous. Déjà, les droits de douane. Les États-Unis vont possiblement appliquer d'importants droits de douane aux produits européens et aux pays européens, donc aux produits qui vont rentrer sur le sol américain. Qu'est-ce que vous pouvez nous en dire ce matin ? Ces droits de douane vont être appliqués à partir de demain le 9 juillet, à partir du 1er août. Après, qu'est-ce que vous en savez ce matin ?
MARC FERRACCI
Alors aujourd'hui, on est dans une situation assez incertaine. Ce que nous comprenons c'est que l'application des droits de douane pourrait avoir lieu d'ici au 1er août. Que les droits de douane, d'ici là, pourraient être relevés, parce qu'on le voit, d'un jour à l'autre, Donald TRUMP prend des décisions qui remettent en question les niveaux de droits de douane qui avaient été décidés la veille. Donc on est dans une situation qui se résume au fond à un très grand risque. C'est quoi le risque ? C'est que ne se mettent en place des droits de douane pérennes à des niveaux très élevés. Et ça, je veux le dire, c'est une situation que nous devons absolument éviter. La guerre commerciale, ça ne fait que des perdants. Ça détruit les emplois, ici comme aux États-Unis. Ça augmente les prix, ici comme aux États-Unis. Et donc, le but de la France, le but de l'Europe, c'est d'obtenir une désescalade. Aujourd'hui, nous avons, pour être précis, 10% de droits de douane sur un grand nombre de produits. Et sur certains produits bien spécifiques comme l'acier, l'aluminium, nous avons 50% de droits de douane. Il est évident qu'on ne peut pas rester là. Il faut revenir à la situation antérieure. Et pour revenir à la situation antérieure, il n'y a qu'une méthode, c'est d'instaurer une forme de rapport de négociation, de rapport de force. Ça veut dire, riposter à la situation actuelle qui est une situation asymétrique. Je veux bien être précis.
ROMAIN DESARBRES
On est en mesure d'avoir un rapport de force, à notre avantage, avec Donald TRUMP, avec les Américains ?
MARC FERRACCI
Tout à fait, puisque l'Europe représente 450 millions de consommateurs. C'est un marché dont les États-Unis ne peuvent pas se passer. C'est un marché dont les États-Unis dépendent en grande partie. Ça dépend évidemment des industries, mais certaines en sont très dépendantes. Et donc nous devons capitaliser sur cette force collective. Et c'est la raison pour laquelle, en Européens, nous devons absolument rester unis dans la réponse. Et j'espère que dans les prochains jours, il y aura une réponse ferme si la négociation n'aboutit pas à une désescalade.
ROMAIN DESARBRES
Est-ce que vous seriez prêts, comme l'ont fait les Britanniques, par exemple, à baisser les taxes européennes sur les voitures américaines ? En clair, à importer plus de véhicules américains en Europe, au risque d'abîmer notre industrie, comme ce sont des négociations secteur par secteur ?
MARC FERRACCI
Moi, je pense qu'il faut…
ROMAIN DESARBRES
Il va y avoir des gagnants et des perdants ?
MARC FERRACCI
Il y a évidemment des intérêts qui sont différents d'un pays à l'autre et d'une filière industrielle à l'autre. Les intérêts de la filière automobile en Allemagne ne sont pas ceux de la filière automobile en France, ne sont pas ceux des agriculteurs. Tout ça est évidemment très complexe. Donc il faut se ramener à des grands principes. Moi, mon principe, c'est de garder une empreinte industrielle en France.
ROMAIN DESARBRES
Mais c'est à Bruxelles que ça se gère.
MARC FERRACCI
Bien sûr, mais nous sommes en discussion constante avec les services de la Commission européenne. Et moi, en tant que ministre de l'Industrie, j'ai convoqué un Conseil national de l'Industrie exceptionnel, dès les annonces, pour faire remonter les attentes de nos filières industrielles et pour savoir comment nous devions nous protéger, et éventuellement, comment nous devions riposter sans déstabiliser l'ensemble de nos producteurs. Mais il faut bien le dire, nous avons aujourd'hui des filières qui sont déjà dans la difficulté. L'automobile, les équipementiers automobiles, ça fait partie de ces filières en difficulté. Et donc notre objectif, c'est évidemment de les protéger au maximum.
ROMAIN DESARBRES
Je voulais vous parler bien sûr de l'énergie, avant de parler de ce qui va se passer au Sénat. Globalement, la guerre des éoliennes sévit au Gouvernement. Il y a deux camps irréconciliables. Le camp de Bruno RETAILLEAU qui dit stop aux éoliennes, stop aux subventions publiques pour les éoliennes et pour les photovoltaïques. Et on accélère sur le nucléaire, position de Bruno RETAILLEAU. Et en face de lui, on va dire qu'il y a le camp d'Agnès PANNIER-RUNACHER qui veut continuer, elle, à développer les énergies renouvelables, donc l'éolien et le photovoltaïque. Vous vous situez où, vous ?
MARC FERRACCI
Alors je me situe très clairement dans le camp de ceux qui défendent les énergies renouvelables et qui défendent de manière générale un mixte équilibré entre le nucléaire et les énergies renouvelables. Moi, je n'ai pas de leçons à recevoir de ceux qui défendent le nucléaire et qui pourfendent les renouvelables. Je me suis battu au niveau européen et j'ai obtenu de la Commission qu'on finance le nucléaire, ce que beaucoup de pays ne voulaient pas, grâce au Fonds européen.
ROMAIN DESARBRES
Quand vous dites ça, je n'ai pas de leçons à recevoir de Bruno RETAILLEAU, c'est ça ?
MARC FERRACCI
Non, pas de Bruno RETAILLEAU, parce que Bruno RETAILLEAU a sa logique. Je note simplement, et je pourrais être un peu taquin avec mon collègue Bruno RETAILLEAU du Gouvernement, qu'il a défendu les éoliennes par le passé, lorsqu'il était président du Conseil général de Vendée. Et j'étais moi-même dans son département il y a quelques jours pour visiter un parc d'éoliens en mer. Je peux vous dire qu'il y a des emplois industriels associés à l'éolien, associés aux énergies renouvelables. Donc cette idée d'un moratoire ou d'arrêter de financer les énergies renouvelables, je pense que ça n'est pas une bonne idée pour des raisons pragmatiques. D'abord, parce qu'un moratoire sur les énergies renouvelables, c'est d'abord un moratoire sur l'emploi. Ça veut dire plein de projets d'investissement qui vont s'arrêter, ça veut dire des filières entières qui vont licencier. Et ça, je pense que tous les gens qui sont soucieux de l'emploi dans leur territoire ne le souhaitent pas.
ROMAIN DESARBRES
Mais où sont les emplois dans l'éolien ? Parce que les éoliennes sont très peu fabriquées en France, à Saint-Nazaire et à Cherbourg.
MARC FERRACCI
Pas du tout. À Cherbourg, à Saint-Nazaire, au Havre. Je visitais il y a encore quelques mois l'usine SIEMENS GAMESA du Havre.
ROMAIN DESARBRES
Mais quel est le pourcentage d'éoliennes installées en France, construites en France ?
MARC FERRACCI
Mais il est croissant.
ROMAIN DESARBRES
Il est combien, au niveau national ?
MARC FERRACCI
Ici, aujourd'hui, ça dépend des parcs éoliens. Il y a des parcs éoliens à Noirmoutier, le parc que je visitais. Les éoliennes ont tous leurs composants produits en France.
ROMAIN DESARBRES
Ça, c'est un exemple, mais au niveau national.
MARC FERRACCI
Ce que nous faisons aujourd'hui, c'est d'introduire des clauses de contenu local pour que tous les appels d'offres sur l'éolien achètent des pales, des turbines qui soient fabriquées en France. C'est ça que nous faisons. Et donc, nous avons des emplois à la clé. Il y a 8 000 emplois aujourd'hui qui dépendent simplement de l'éolien en mer, j'insiste. Et si on étend cela à toutes les énergies renouvelables, le photovoltaïque, ce sont des dizaines de milliers d'emplois. Si on arrête tous ces projets, c'est des filières entières qui vont licencier. C'est des filières entières. Et j'ajoute que ce n'est pas simplement un enjeu pour l'emploi, c'est un enjeu de souveraineté énergétique. Quand le parc nucléaire en 2022-2023 a eu des difficultés, vous vous souvenez, il y avait la corrosion sous contrainte, beaucoup de réacteurs à l'arrêt. On relève grâce aux importations d'électricité, mais grâce aux énergies renouvelables aussi. C'est pour ça que le mix énergétique, il est pertinent, il est vertueux. Et j'insiste en terminant pour dire que certaines énergies renouvelables, l'éolien, en particulier l'éolien terrestre, le photovoltaïque, les grands champs photovoltaïques, ils sont aussi compétitifs. Autour de 70 euros du mégawattheure pour le coût de production que le nucléaire existant. Donc, il faut arrêter cette guerre de religion entre les énergies renouvelables et le nucléaire. Le sujet, ce n'est pas renouvelable contre le nucléaire. Le sujet, c'est électricité décarbonée contre énergie fossile. Moi, ce que je veux, c'est qu'on sorte de cette dépendance au gaz, au pétrole que nous importons.
ROMAIN DESARBRES
Mais aujourd'hui, en France, c'est déjà décarboné.
MARC FERRACCI
Mais c'est décarboné, mais aujourd'hui, nous avons besoin d'électrifier nos usages pour moins dépendre du gaz et du pétrole. 60% de notre consommation énergétique, c'est du gaz et du pétrole importé, c'est 70 milliards d'euros de déficit sur notre balance commerciale et c'est une dépendance vis-à-vis de la Russie.
ROMAIN DESARBRES
Là, vous parlez de l'énergie globale, pas uniquement de l'électricité.
MARC FERRACCI
Oui, bien sûr, mais justement, l'enjeu, c'est de faire progresser l'électrification et de s'appuyer sur ce mix électrique équilibré entre le nucléaire et les énergies renouvelables. C'est à la fois compétitif, qu'on le veuille ou non, et c'est surtout un facteur d'équilibre, qui nous permet de pallier aux difficultés de l'un ou de l'autre et le nucléaire a pu avoir des difficultés par le passé même si je le défends avec beaucoup d'ardeur, notamment au niveau européen.
ROMAIN DESARBRES
Marc FERRACCI, ministre de l'Industrie et de l'Énergie. La réindustrialisation. Vous lancez un appel avec vos homologues de l'Union Européenne, un appel à l'Europe pour un grand plan d'action pour relancer l'industrie de l'acier et de la chimie. Il y a une urgence ?
MARC FERRACCI
Tout à fait. L'acier et la chimie, c'est un peu ce qu'on appelle les industries des industries. C'est des industries qui sont en amont des autres. On a besoin d'acier pour la défense, pour l'automobile. On a besoin de la chimie pour à peu près toutes les industries. Et elles sont en difficulté, ces filières. Pourquoi elles sont en difficulté ? Parce qu'elles subissent des coûts de l'énergie qui sont plus compétitifs dans d'autres pays, en Chine, aux États-Unis, au Canada. Elles subissent une concurrence déloyale, notamment de la part de la Chine, qui subventionne massivement sa production. Donc, face à ça, on a besoin, un, de plus de protection commerciale. Et c'est ce que nous essayons d'obtenir de la Commission. Et j'espère que dans les prochains jours, on mettra des quotas d'importation sur l'acier chinois qui soit beaucoup plus forts qu'aujourd'hui. Et sur la chimie, nous avons fait un certain nombre de propositions pour protéger notre filière chimique. Parce que là aussi, il y a des surcapacités qui viennent de Chine, qui viennent d'Inde, qui sont extrêmement subventionnées, et donc une concurrence déloyale. Moi, mon travail de ministre, c'est de faire en sorte que nos industriels se battent à armes égales avec leurs concurrents internationaux. Et c'est particulièrement le cas pour ces filières.
ROMAIN DESARBRES
Vous êtes ministre de l'Industrie. La situation économique française : les entreprises françaises sont inquiètes selon des chiffres exclusifs fournis par le cabinet ALTARES aux Echos. 109 entreprises de plus de cent salariés se sont retrouvées en cessation de paiement et placées en redressement ou liquidation judiciaire au premier semestre 2025. Est-ce que vous confirmez ces chiffres ? Et est-ce que vous partagez l'inquiétude des chefs d'entreprise ?
MARC FERRACCI
Oui, j'ai vu ces chiffres. Je n'ai aucune raison de les infirmer. Ils font partie d'une source sérieuse. On est sur une tendance qui est effectivement préoccupante. Il y a beaucoup de défaillances d'entreprises depuis quelques mois, même un peu plus d'un an maintenant. Il y a un phénomène de rattrapage après le Covid. On a beaucoup aidé les entreprises pendant le Covid. On leur a donné des prêts garantis par l'État qu'elles doivent aujourd'hui rembourser. Et les entreprises, les PME que vous évoquez, parce que ce sont plutôt des PME, sont particulièrement soumises à cette contrainte. Il y a beaucoup de défaillances. Et à un moment ou à un autre, évidemment, ça se voit dans les chiffres. Et puis il y a, il faut bien le dire, une incertitude très forte de l'environnement économique. Il y a eu une incertitude de l'environnement politique, notamment au moment de la censure avec une absence de budget, qui fait que beaucoup de projets d'investissement sont suspendus. Et quand un grand donneur d'ordres, une grande entreprise, qui suspend ses projets d'embauche ou d'investissement, ou suspend ses commandes, c'est les fournisseurs, c'est les sous-traitants qui trinquent. Et c'est notamment les ETI qui sont en amont. Donc tout cet environnement, il doit nous amener, un, à essayer d'obtenir plus de stabilité. J'en appelle, notamment dans la perspective des textes budgétaires, à prendre à chacun, à ce que chacun prenne ses responsabilités au Parlement, pour donner de la stabilité, de la visibilité à nos acteurs économiques. Et ensuite, je pense qu'on reviendra à une situation un petit peu plus favorable.
ROMAIN DESARBRES
Une question sur SFR. L'opérateur téléphonique est en vente. Aujourd'hui, il y a quatre opérateurs téléphoniques. Il pourrait y en avoir bientôt plus que trois ?
MARC FERRACCI
C'est une possibilité, mais il y a beaucoup d'autres options qui sont ouvertes. Effectivement, aujourd'hui, SFR veut céder ses actifs dans la téléphonie. Moi, je dis simplement que le Gouvernement est sensible à trois choses. Un, protéger le consommateur. Donc éviter que les concentrations ne se traduise par des hausses de prix qui soient trop significatives et qui pénalisent la facture téléphonique des Français. Ça, c'est un élément. Et en même temps, c'est là qu'il faut trouver un équilibre. Il faut que nos opérateurs aient des capacités pour continuer à investir dans les réseaux. Vous savez qu'on a beaucoup investi dans la fibre. On est le pays le plus couvert par la fibre, le plus couvert par la téléphonie mobile. Donc, il faut conserver ces capacités. Le troisième élément, si d'aventure des acteurs étrangers s'intéressaient à SFR, c'est d'être préoccupés par notre souveraineté. Les réseaux téléphoniques, ce sont des enjeux de souveraineté.
ROMAIN DESARBRES
Il y a des pays que vous bloqueriez ?
MARC FERRACCI
Je ne peux pas le dire aujourd'hui. J'attends de voir si des offres se manifestent. Mais c'est un élément de préoccupation. Les infrastructures de téléphonie, ce sont des éléments de souveraineté. Donc, le Gouvernement sera très vigilant aux éventuels acheteurs qui se présenteraient.
ROMAIN DESARBRES
Marc FERRACCI, Emmanuel MACRON a laissé entendre ce week-end qu'il allait continuer la politique après l'Élysée, dans deux ans au plus tard. Vous souhaitez qu'il se représente en 2032 ? Il sera là dans deux ans, dans cinq ans, dans dix ans. Vous l'avez entendu comme moi.
MARC FERRACCI
Oui, on l'a tous entendu. Je pense qu'on a d'abord une préoccupation, c'est de maintenir tout le monde sous tension pendant les deux ans qui viennent. Parce que si on lève le crayon, et si on arrête de transformer le pays, de faire des réformes dans les deux ans qui viennent, je pense que le pays sera perdant. On a besoin de protéger nos industries, on a besoin de protéger les Français sur l'aspect sécuritaire, vous l'avez évoqué au début. Nous avons besoin de continuer à travailler. Donc, je pense que c'était ça, le fond du message du Président, c'était de dire : « Je reste dans le paysage parce que je me préoccupe du devenir du pays ». Après, son avenir personnel, très sincèrement, je ne sais pas le prédire et peut-être d'ailleurs que lui-même ne sait pas le prédire. Il y a toujours, quand on quitte le pouvoir, ce qu'on appelle le temps de Venise, c'est-à-dire le fait de s'éloigner du pouvoir. Peut-être qu'il le saisira, peut-être qu'il le saisira pendant une période longue, peut-être pendant une période plus courte, ça, je ne sais pas le dire.
ROMAIN DESARBRES
On dit aussi que la politique est une drogue dure.
MARC FERRACCI
Ça peut l'être, mais il faut faire très attention et moi, je préfère éviter les addictions.
ROMAIN DESARBRES
Merci Marc FERRACCI, ministre de l'Industrie et de l'Énergie, d'être venu ce matin sur le plateau de CNEWS et d'EUROPE 1. Bonne journée à vous, à bientôt.
MARC FERRACCI
Merci à vous. Merci
source : Service d'information du Gouvernement, le 8 juillet 2025