Déclaration de M. François Bayrou, Premier ministre, et Mme Marie Barsacq, ministre des sports, de la jeunesse et de la vie associative, sur les Jeux Olympiques et Paralympiques "Alpes françaises 2030", en clôture du Comité interministériel des Jeux Olympiques et Paralympiques, Briançon (Hautes-Alpes) le 27 juin 2025.

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Intervenant(s) : 

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Ministres, 
Messieurs les présidents de régions, 
Madame la présidente du Comité national olympique et sportif français, 
Mesdames et Messieurs les parlementaires qui étiez là (je n'ai pas vu tout le monde), 
Mes chers collègues maires, et notamment vous, Monsieur le maire de Briançon, 
Et tout simplement, chers amis,


C'était une journée importante pour le lancement du travail de préparation que nous avons à assumer pour notre pays, qui a décidé d'organiser les Jeux olympiques d'hiver. C'était très important parce que les Jeux olympiques d'hiver, cela demande une préparation intensive, même étalée sur trois ans et demi, quatre ans, une préparation intensive, et spécialement une préparation intensive pour les territoires, comme on a l'habitude de dire, même si je n'aime pas ce mot-là, pour les régions, pour les départements et les villes qui ont à assumer cette très importante préparation.

Le travail que nous avons conduit aujourd'hui tous ensemble a permis de vérifier deux ou trois choses essentielles. La première, c'est que tout le monde était au rendez-vous. Tous ceux qui se sont exprimés dans tous les domaines sportifs, associatifs, économiques, de la puissance publique et de toutes les puissances publiques, puissance publique de l'État et puissance publique plus locale, tout le monde était au rendez-vous.

Cela a permis de vérifier aussi que tout le monde attendait beaucoup de ces Jeux, et en particulier que tout le monde considérait que l'objectif de performance était un objectif à la hauteur de notre pays, qu'on l'avait montré pour les Jeux olympiques d'été et que vous comptez bien tous les spécialistes des disciplines, et notamment Edgar Grospiron, lui qui a cette expérience-là de la plus haute performance, des plus hautes performances dans les disciplines qui vont être celles des Jeux olympiques. Tout le monde était au rendez-vous. Et tout le monde était mobilisé. Et tout le monde avait défini des objectifs.

Et ce que répète l'équipe de collaborateurs qui, auprès de moi, s'occupe de tout ça, c'est qu'on a probablement déjà battu au moins un record, qui est le record de vitesse de mise en place des outils, des instruments et des programmes qui doivent nous permettre de réaliser un exercice idéal au cours des Jeux olympiques d'hiver que nous allons préparer.

Deuxièmement, on était très heureux de rencontrer ce site sur lequel nous étions. On était très heureux de rencontrer la ville de Briançon et les chances incroyables qui vont être offertes, monsieur le maire, cher Arnaud, à la ville de Briançon. À la fois, chance économique et puis, chance de développement.

Chance économique : on sait bien ce qu'une ville, spécialement si c'est la plus haute d'Europe, peut évidemment trouver dans une manifestation aussi essentielle, mais aussi parce que cela offre des perspectives de développement à la ville. Et, monsieur le maire, tu as beaucoup insisté sur ce point, dans un temps où ce que les élus appellent le ZAN, zéro artificialisation nette – ça veut dire que le foncier sera désormais dévolu principalement, essentiellement, à son exploitation naturelle. C'est évidemment très important de découvrir que des friches séculaires, issues de Vauban, et maintenues au travers même de la deuxième moitié du XXe siècle, après avoir perdu leur vocation militaire, que ces friches séculaires vont retrouver une activité qui permet à la ville de récupérer un poumon de développement, et notamment en matière de logement (en matière de logement pour les habitants et en matière de logement pour les activités touristiques).

J'ai été heureux de vérifier et de constater que sur le programme du comité interministériel, la partie touristique s'intitulait "Éviter les lits froids", ce qui, dans une journée comme celle-ci, sans aucune connotation, comment dirais-je, chaleureuse, mais une journée comme celle-ci permettait au moins d'être assurés que nous avions rempli la première partie du programme. Nous avons évité les lits froids. Mais sans plaisanterie, la ville, et la région qui est célébrissime, va permettre de découvrir ou de faire découvrir à tous ceux qui la visiteront les endroits comme ce parc de la Schappe, qui est extraordinaire, avec cette usine anciennement abandonnée, brûlée depuis longtemps, qui était une grande usine textile qui tissait la soie. Et donc, ce grand passé industriel et presque artistique a été évidemment mis au service d'un lieu de loisirs et de détente aussi naturel, aussi remarquable que celui que nous avons sous les yeux, avec ce plan d'eau qui est une partie du charme de Briançon.

Alors, on a été très, très heureux de voir tout ça, et je suis très heureux que Michel BARNIER ait été là pour aborder un sujet important, précieux, que je veux traiter directement devant ceux qui nous écoutent. Il y a beaucoup de gens qui disent : "ça ne vous suffisait pas, les Jeux olympiques d'été, il faut encore que vous vous lanciez dans des Jeux olympiques d'hiver". Et c'est une question qui est naturellement une question, messieurs les Présidents, pour les gestionnaires, dont nous sommes responsables pour l'argent public.

Et nous faisions la réflexion avec Michel BARNIER qu'il y a une chose certaine : c'est que nous n'avons jamais vu un grand événement sportif, un grand événement de performance à l'échelle du monde, dont les organisateurs ne se soient félicités d'avoir pris le risque de les organiser. Parce qu'une partie du rayonnement du pays, une partie de la preuve de sa capacité d'organisation, de sa capacité de sécurité, de sa capacité d'animation et tout simplement de sa capacité de rayonnement est apportée par de tels événements. On l'a vu avec les coupes du monde de football, on l'a vu avec les coupes du monde de rugby, on l'a vu avec les Jeux olympiques, on le voit avec le Tour de France. Jamais personne ne regrette, une fois l'événement intervenu, de l'avoir soutenu pour que cet événement porte le développement du pays et de la région et des villes dans lesquelles il est organisé. Parce que c'est (il faut le considérer comme tel) un investissement.

C'est-à-dire que quelque chose qui se porte vers l'avenir, ça n'est pas de l'argent qu'on dépense uniquement pour le jour où il est mis en œuvre. C'est de l'argent qui est pour la ville, la région et l'État qui l'organisent, ce qui est un gage de développement pour l'avenir. Voilà pourquoi c'est d'avenir dont nous avons parlé, l'avenir immédiat avec les Jeux olympiques, l'avenir plus lointain avec ce que ces Jeux olympiques vont apporter à notre pays. J'ajoute un mot. Nous avons tous pris un engagement : pas un euro de plus. Je regarde les organisateurs, je regarde la ministre chargée des Sports, je regarde le président du comité d'organisation des Jeux olympiques et le parrain du comité d'organisation des Jeux olympiques.

Donc, je suis très, très heureux, très content que nous ayons pu lancer ce conseil interministériel, que nous ayons pu vérifier le degré de préparation, l'engagement que chacun a manifesté, et je suis très content que ces Jeux se présentent, à Briançon, monsieur le maire, sous les meilleurs auspices. Merci à tous.

[Applaudissements].


Marie BARSACQ

Merci, Monsieur le Premier ministre.

Bonjour à toutes et tous. Évidemment, je voulais remercier tous ceux qui ont contribué à l'organisation de ce CIJOP, qui, vous l'avez compris, est une étape très importante dans ce projet et qu'on a plaisir à avoir organisé ici au cœur des Alpes pour traduire un engagement fort, que cet héritage il doit être au service des territoires.

C'est un engagement, évidemment, que nous partageons tous. Chacun et chacune, au sein de l'État, vous le savez maintenant, est mobilisé derrière ce projet pour construire une stratégie d'héritage et maximiser le bénéfice de ce projet pour toute la population, mouvement sportif, collectivité haute, mais également l'État dans toutes ses dimensions, évidemment sous la houlette du comité d'organisation, qui va nous challenger sur ces sujets, on le sait, et on n'attend que ça.

Cette semaine était une étape importante parce que le Sénat a voté la première version de la loi olympique et paralympique, qui pose aussi des fondements, notamment juridiques, importants pour avancer sur ce projet. Et puis, aujourd'hui, le CIJOP, évidemment, va donner à voir des priorités en matière d'héritage que nous allons collectivement porter. Nous avons un CIJOP avec un contenu rigoureux, un contenu, évidemment, d'excellence. C'est un CIJOP aussi qui fait l'exercice d'être concis avec un nombre de mesures limité pour nous assurer, finalement, que nous serons bien au rendez-vous des résultats de ce CIJOP.

Les différentes mesures : de quoi parle-t-on ? Première catégorie de mesures : le sport, bien sûr. Si nous organisons les Jeux, monsieur le Premier ministre, c'est aussi parce que nous voulons continuer à être une nation sportive, aller de l'avant. Et donc, pour ça, il faut deux choses. Il faut d'abord investir auprès des athlètes, leur donner la chance de performer comme ils ont performé avec Paris 2024. Et donc, ça veut dire qu'on poursuit la stratégie "Ambition bleue" et la stratégie "Gagner aux Jeux" qui était avant "Gagner en France". Et donc, on donne des moyens aux athlètes avec des programmes scientifiques, un accompagnement avec un programme de recherche dédié pour qu'ils aillent chercher ces gains marginaux qui font qu'ils passent de la 5e place à la première marche du podium.

Ensuite, évidemment, ça passe par les pratiquants. Une nation sportive, c'est une nation qui fait du sport, et notamment parce que ces athlètes performent et donnent envie, notamment aux enfants, de faire du sport. Là, il faut également être ambitieux. On vise + 3 millions de licenciés, voulus aussi par le président de la République, pour montrer qu'après les 3,4 millions entre 2018 et 2024, on ne lâche rien des ambitions, + 3 millions. Et là, on va aller chercher des pratiquants qui sont aujourd'hui intéressés par les sports en extérieur. On va avoir une vitrine extraordinaire avec nos Alpes, nos montagnes, pour encourager les Français à pratiquer du sport en extérieur. Et donc, on va structurer, évidemment, le développement de ces sports outdoor. Et puis, on va aussi encourager les enfants à faire du sport, en continuant la dynamique du label "Génération 2024" vers le label "Génération 2030" parce que les enfants, vous le savez, sont beaucoup trop sédentaires, trop devant leurs écrans, et qu'il y a pourtant une solution. Elle est facile, elle est simple, en plus, elle est joyeuse, elle construit des amitiés pour longtemps : c'est le sport, à l'école et aussi dans les clubs, bien évidemment, avec une belle mobilisation à venir du mouvement sportif.

Deuxième priorité, évidemment, dans ce CIJOP : c'est la transition écologique. Les Jeux des Alpes françaises, vous le savez, vont s'organiser en milieu naturel. Cette feuille de route environnementale est évidemment indispensable. Elle est déjà très aboutie, notamment dans le cadre du dossier de candidature. Et aujourd'hui, par le ministère de la Transition écologique, on doit évidemment réduire nos empreintes, mais on doit aussi accompagner les mobilités douces. Et puis, on doit utiliser l'innovation comme une locomotive pour penser la montagne de demain et, évidemment, continuer à vivre à la montagne tout en respectant la transition écologique et les milieux naturels, la biodiversité.

Troisième objectif : l'impact économique. C'est important parce que pour l'acceptabilité d'un tel projet dans un pays, vous le disiez, monsieur le Premier ministre, c'est important que les Français comprennent pourquoi on accueille un tel événement. Eh bien, parce qu'on va avoir un impact économique pour les entreprises du territoire, les entreprises de la montagne, les entreprises du sport en extérieur. Et que ces entreprises, elles vont gagner des marchés grâce aux opportunités des jeux et demain, elles gagneront des marchés à l'international parce que les événements sportifs à l'international, il y en aura et il y aura des opportunités pour les entreprises françaises. Et donc, il faut travailler sur les enjeux d'export, sur les enjeux d'attractivité. Ces sujets sont vraiment essentiels.

Le dernier enjeu sur lequel nous travaillons, c'est évidemment des jeux comme vecteurs d'inclusion sociale. Nous devons encore franchir une étape pour l'inclusion des personnes en situation de handicap. Le sport et les événements comme les Jeux olympiques et paralympiques sont un moment unique pour aller plus loin. Améliorer l'accessibilité des transports, des gares, notamment celles qui vont accueillir massivement des visiteurs pour les Jeux, mais aussi accueillir davantage dans les stations, mais aussi en milieu naturel pour que les personnes en situation de handicap, elles aussi, profitent du outdoor et de la montagne pleinement.

Les enjeux, quand on parle d'inclusion, ce sont aussi des opportunités économiques et d'emploi pour les publics qui sont souvent éloignés de l'emploi et pour lesquels les opportunités d'emploi des Jeux peuvent être un tremplin pour penser une carrière, penser une orientation professionnelle à laquelle ils n'auraient jamais pensé, mais pour lesquelles on va les accompagner parce que quand on fait un CJOP, tout le monde est mobilisé, des collectivités, à l'État, aux acteurs associatifs, pour donner sa chance à chacun, y compris aux demandeurs d'emploi.

Pour conclure, vous avez compris que nous sommes tous très mobilisés. La réussite ne passera que par cette démarche collective. Et puis, nous avons un cap clair, des objectifs concrets. Nous avons un cadre partagé avec l'ensemble des acteurs. Et je me réjouis évidemment de pouvoir travailler avec l'ensemble de ces acteurs pour la réussite des jeux de 2030.

Nous sommes très bien partis.


Source https://www.info.gouv.fr, le 7 juillet 2025