Interview de Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée, chargée de l'autonomie et du handicap, à BFM TV le 1er juillet 2025, sur la protection des personnes vulnérables pendant la canicule.

Prononcé le 1er juillet 2025

Intervenant(s) : 

Média : BFM TV

Texte intégral

LORÈNE DE SUSBIELLE
Notre invitée ce matin, c'est Charlotte PARMENTIER-LECOCQ, ministre déléguée chargée de l'Autonomie et du Handicap. Vous voulez faire de la protection des plus vulnérables une priorité absolue pendant la canicule ; est-ce que nous sommes prêts ?

CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
Oui, nous sommes prêts. À vrai dire, on a vraiment appris de l'épisode de 2003 et donc suite à ça, il y a des procédures qui ont été définies avec un plan canicule qui se prépare dès le mois d'avril et qui est enclenché dès le 1er juin.

CHRISTOPHE DELAY
Très concrètement, quelles procédures ?

CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
Alors concrètement, ça veut dire que dans les établissements sociaux et médico-sociaux qui prennent charge, qui prennent soin des personnes âgées, des personnes en situation de handicap, le personnel est formé, connaît les procédures à suivre pour bien hydrater les personnes, pour garantir qu'il y a des places, des salles climatisées, rafraîchies qui sont à disposition. Dans le secteur de l'aide à domicile, on forme aussi, on prévient les professionnels qui vont pouvoir alerter, suivre aussi comment se portent les personnes âgées à leur domicile. Ça, c'est très important également. Et il y a aussi tout un volet qui se fait avec les autorités.

CHRISTOPHE DELAY
Elles n'ont pas toujours les moyens de faire le tour de toutes les personnes dont elles ont la charge ?

CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
Alors toutes les personnes âgées ou vulnérables n'ont pas forcément, tous les jours, quelqu'un qui passe à leur domicile. Donc ce que l'on prévoit, c'est une mobilisation générale. C'est ça aussi le message que je suis venue faire passer ce matin. D'abord, les communes sont extrêmement impliquées puisqu'elles ont une liste des personnes vulnérables. Donc chacun aussi doit se poser la question : "est-ce que mon proche est bien inscrit sur cette liste si nécessaire ? Est-ce qu'il est bien accompagné ? Est-ce qu'il a bien à disposition un logement ? Est-ce qu'il est bien dans un logement qui va lui permettre de supporter ces chaleurs ? Est-ce que quelqu'un pourra lui apporter de l'eau ?" Donc les communes… En fait, c'est un maillage de tout le monde qui se joue. Bien sûr, l'État, les ministres, Yannick NEUDER est sur le pont, ont déclenché toutes les procédures déjà depuis juin. Les ARS et les préfectures, donc les agences régionales de santé, les préfectures suivent le déploiement de ces mesures. À date, on n'a pas d'alerte nous indiquant qu'il y aurait un établissement ou un lieu où on n'est pas en capacité de prendre en charge correctement les personnes. Donc c'est suivi de près. S'il y a un bug, s'il y a une difficulté qui est rencontrée, il y a une mobilisation qui se fait localement. Mais ce qui est important, c'est que les choses sont anticipées et que maintenant, c'est l'affaire de tout le monde.

LORÈNE DE SUSBIELLE
Justement, on a tous, vous l'avez évoqué en mémoire l'horreur de 2003, je rappelle quand même que c'était 15 000 morts pour la canicule de 2003. Écoutez justement quand même l'inquiétude d'un infirmier libéral à Nice qui était à notre micro ce matin.

RÉMI BENTURA, INFIRMIER A NICE
Ça change tout, notamment pour les patients, en termes d'hydratation, puisque beaucoup, à un âge avancé, n'ont pas la sensation de soif. Je suis malheureusement certain qu'il va y avoir beaucoup de gens qui vont partir, qui vont décéder parce que tous n'ont pas la clim, tous n'ont pas quelqu'un qui vient leur donner à boire correctement. Et de ce fait, il y aura beaucoup de personnes âgées ou même plus jeunes qui n'auront pas la sensation de soif et qui vont décéder de ce fait.

CHRISTOPHE DELAY
La difficulté, c'est évidemment de localiser, d'identifier les personnes qui sont seules et qui n'ont pas forcément une famille en soutien. Comment fait-on pour ces personnes-là ?

CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
Alors ça, d'abord, c'est le travail qu'exécutent les communes. Elles sont préparées aussi à cette démarche, puisque maintenant, ça fait une vingtaine d'années que c'est en place. Ce qu'il faut, c'est que chacun, là encore, son voisin, son proche, on s'assure bien qu'il est identifié dans ce dispositif de liste communale qui va permettre qu'il y ait un suivi particulier.

LORÈNE DE SUSBIELLE
Dans un village, ça me paraît simple, mais pardonnez-moi, mais j'essaye de penser concrètement. Dans une ville, je n'en sais rien, moi, comme Bordeaux, même je ne vais pas, Angers… Comment faites-vous ?

CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
Oui, vous avez ensuite des services techniques qui prennent aussi en charge par quartier, par secteur. Les villes sont bien organisées pour ça. Mais ce qui est important, c'est bien qu'on s'assure qu'il n'y ait personne qui est en dehors du dispositif. Et donc, c'est pour ça que je redis que c'est évidemment le rôle des autorités et toutes les procédures sont bien déterminées et enclenchées pour ça. Mais c'est chacun qui doit se poser la question. Il y a une personne âgée ou une personne en situation de handicap ou une personne vulnérable dans mon entourage. Est-ce qu'elle va bien ? Est-ce qu'elle a bien à disposition les soins, les possibilités ? Ce que dit cet infirmier est vrai. Souvent, les personnes âgées ne ressentent pas forcément la soif. Donc, c'est important de pouvoir régulièrement leur rendre visite, de pouvoir leur proposer régulièrement aussi de l'eau. Donc, c'est tout un maillage qui se fait grâce aux communes, notamment avec, encore une fois, les agences régionales de santé et tous les acteurs du secteur médico-social, les professionnels que j'évoquais de l'aide à domicile. Mais après, c'est chacun d'entre nous…

LORÈNE DE SUSBIELLE
C'est l'affaire de tous. C'est ce que vous voulez dire.

CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
Absolument ! C'est ça le message d'aujourd'hui. On est vraiment sur le pont. On suit la situation. À date, ce qu'on peut dire, c'est que les choses se sont bien enclenchées. Moi, j'étais hier avec Yannick NEUDER dans un EHPAD, mais toutes les ARS suivent la situation nationalement. Aujourd'hui, je me rendrai dans un établissement qui s'occupe de personnes en situation de handicap. À date, ce qu'on voit, c'est que les choses se déroulent bien, qu'on peut identifier si, par exemple, un établissement a un problème avec sa clim, qu'elle ne fonctionne plus. On peut l'identifier. On peut intervenir. Donc, à date, ça se passe bien. D'ailleurs, ce que je peux dire, c'est que les passages aux urgences pour les raisons de canicule ont un peu augmenté hier

CHRISTOPHE DELAY
Oui, 20 % en Ile-de-France.

CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
Mais c'est plutôt les jeunes, en fait, qui sont concernés. C'est les moins de 15 ans et les 15-44 ans. Donc, la vigilance orange et la vigilance rouge, ça doit envoyer un message à toute la population parce que les jeunes sont concernés également. Il ne faut pas aller faire un footing l'après-midi.

CHRISTOPHE DELAY
Et surveillance évidemment des plus âgés.

CHARLOTTE PARMENTIER-LECOCQ
Globalement, voilà. Soyons vigilants, tous ensemble.

CHRISTOPHE DELAY
Merci beaucoup, Charlotte PARMENTIER-LECOCQ, d'être venue nous voir ce matin sur le plateau de "Première édition".


source : Service d'information du Gouvernement, le 9 juillet 2025