Déclaration à la presse de M. Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur la réserve diplomatique citoyenne et les Français emprisonnés en Iran, à Paris le 3 juillet 2025.

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Circonstance : Lancement de la réserve diplomatique citoyenne

Texte intégral

Bonjour à toutes et tous. Nous sommes au Quai d'Orsay, où je viens de lancer la réserve diplomatique. La réserve diplomatique qui était un engagement du Président de la République, pris en 2023, et qui a vocation d'associer toutes celles et ceux qui le souhaitent à l'action internationale de la France, aux missions qui sont menées par ce ministère au service des Françaises et des Français établis à l'étranger, pour défendre les intérêts de la France dans toutes les enceintes bilatérales, multilatérales et européennes. Et puis pour porter la voix de la France, y compris lorsqu'elle est attaquée sur les réseaux sociaux ou dans le champ informationnel.

C'est très important pour moi de lancer cette réserve diplomatique, dans un moment où ce qui se passe au-delà de nos frontières n'a jamais eu autant d'impact sur notre quotidien, à un moment où les Françaises et les Français veulent avoir les cartes en main et n'être pas seulement spectateurs mais aussi acteurs de l'action internationale de la France. C'est pourquoi, depuis que j'ai pris mes fonctions au Quai d'Orsay, j'ai tenu à tourner ce ministère résolument vers les Françaises et les Français, à resserrer les liens entre les Français et leur diplomatie, dans un moment où nous avons besoin de force morale pour résister à la brutalité du monde. Cette force morale, elle réside aussi et notamment dans l'engagement des Françaises et des Français.

Nous ne partons évidemment pas de rien puisque ce ministère compte 14.000 agents, qui constituent la grande famille de la diplomatie française, s'engagent déjà avec beaucoup de passion dans leur métier, mais aussi pour beaucoup d'entre eux dans des actions à titre volontaire, bénévole, pour concourir à l'action du ministère. Et je pense notamment à la cellule de crise qui a été mise en place pendant la guerre des 12 jours entre Israël et l'Iran, où nous avons dû traiter plus de 12.000 appels en provenance de nos ressortissants en Israël et en Iran, et où c'est grâce à l'action bénévole et volontaire de beaucoup d'agents du ministère que nous avons pu répondre aux Françaises et aux Français qui étaient en attente de solutions pour leur rapatriement. Et donc nous allons continuer à nous mobiliser, y compris avec les parlementaires, pour que puisse vivre cette réserve diplomatique, pour que puisse vivre la diplomatie française.


Q - Monsieur le Ministre, actualité oblige, avez-vous confirmation des charges qui ont été portées sur nos compatriotes Cécile Kohler et Jacques Paris ? Et quelle est la réaction des autorités françaises ?

R - Nous n'avons pas été formellement notifiés par les autorités iraniennes des charges qui pèsent sur nos deux compatriotes. Si les chefs d'accusation qui ont été évoqués étaient confirmés, nous les considérions comme totalement injustifiés et infondés. Le Président de la République, avec son homologue, moi-même avec le ministre des affaires étrangères iranien, je l'ai dit avec beaucoup de force : nous exigeons la libération immédiate, inconditionnelle de Cécile Kohler et Jacques Paris et nous continuerons à nous mobiliser aussi longtemps que nécessaire à leurs côtés, aux côtés de leurs familles, qui traversent une épreuve extrêmement éprouvante.

Q - Vous avez parlé de la force morale de la France, notamment (inaudible). Monsieur le Ministre, comment réagissez-vous à la mort de dizaines de personnes à Gaza après des tirs à proximité d'un centre de distribution d'aide humanitaire ?

R - Nous l'avons dit et répété, l'urgence est à un cessez-le-feu à Gaza, la libération des otages du Hamas, qui doit être désarmé, et l'accès massif et sans entrave de l'aide humanitaire, qui est tant attendue par les populations civiles. Quant au système militarisé de distribution de l'aide humanitaire mis en place depuis un mois par les autorités israéliennes, il doit cesser, puisque depuis un mois, ce sont des centaines de personnes qui ont perdu la vie, ce sont des milliers de personnes qui ont été blessées dans des files alimentaires ou dans des files d'attente de distribution d'aide humanitaire, où ils se pressaient affamés pour aller chercher un sac de farine. J'ai d'ailleurs marqué la disponibilité de la France et de l'Europe pour concourir, si besoin était, à assurer une forme de protection des distributions alimentaires qui doivent reprendre, les distributions des organisations des Nations Unies et des organisations non-gouvernementales, pour alléger les souffrances des populations civiles à Gaza.

Q - (inaudible)

R - Nous sommes mobilisés depuis trois ans. Vous avez sans doute perçu, puisque vous semblez suivre le sujet, qu'il y a quelques mois, j'ai déposé plainte devant la Cour internationale de justice pour violation, par l'Iran, de son obligation de donner droit à nos deux compatriotes à des visites de notre ambassade, visites dont ils étaient privés depuis plus d'un an. Grâce à mon intervention, ces visites ont pu avoir lieu. Depuis le début de la guerre entre Israël et l'Iran, nous avons alerté les autorités iraniennes comme les autorités israéliennes sur le risque que ces hostilités faisaient peser sur la sécurité de nos compatriotes. Nous n'avons cessé d'exiger de la part des autorités iraniennes une libération immédiate, étant donné le climat de grande tension qui règne aujourd'hui à Téhéran. Nous avons exercé une pression maximale pour qu'à nouveau une visite de notre ambassade puisse être obtenue. Elle a été accordée il y a quelques jours, ce qui nous a permis d'entrer en contact direct avec Cécile Kohler et Jacques Paris. Nous exigeons désormais leur libération immédiate. C'est notre priorité.

Q - (inaudible)

R - C'est au régime iranien qu'il faudra poser ces questions.

Q - Quelle est la marge de manoeuvre de la France, quels moyens vous avez ? Est-ce que la non libération de (inaudible) peut entraîner, par exemple, le snapback ou le rétablissement des sanctions à l'endroit de l'Iran ?

R - Ce qui est clair, je l'ai dit, c'est que la libération de Cécile Kohler et Jacques Paris est une priorité absolue pour nous. Nous l'avons toujours dit à nos interlocuteurs du régime iranien. La question de décisions éventuelles sur les sanctions sera conditionnée au règlement de ce problème, de ce différend majeur, et la libération de Cécile Kohler et de Jacques Paris.

Q - Est-ce que vous donnez un délai, est-ce que vous donnez une deadline à l'Iran, sur la libération des otages ?

R - Je vous ai répondu sur ce point.

Q - (inaudible)

R - Les autorités algériennes sont face à un choix, celui de la responsabilité, de l'humanité et du respect. Un choix dont elles doivent se saisir sans délai. Nous les y appelons depuis des mois avec le Président de la République, pour tenir compte de l'état de santé, de l'âge de notre compatriote, il doit pouvoir être libéré pour être soigné.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 juillet 2025