Texte intégral
Madame la Ministre, chère Martine Aubry,
Monsieur le Président-directeur général, cher Marc Schwartz,
Monsieur le graveur général, cher Joaquin Jimenez,
Chers amis, chère Elisabeth Guigou, Madame la ministre, cher Clément Beaune Monsieur le ministre, cher Jean-Claude Trichet, cher Gérard Mestrallet, cher Pascal Lamy, cher Pierre-Yves Bournazel,
Mesdames et Messieurs,
Je suis honoré d'être reçu pour la première fois dans cette vénérable institution qu'est la Monnaie de Paris. Emu de nous voir réunis autour de la mémoire d'un de mes plus illustres prédécesseurs, une des grandes figures de l'économie française, de la politique, française comme européenne, Jacques Delors. Un des plus grands hommes d'Etat français et européen, et à titre plus personnel une référence clef de ma pensée politique.
Et cela a beaucoup de sens de le faire ici, à la Monnaie de Paris, qui vient de célébrer ses 1 161 ans. Elle représente assurément l'une des plus anciennes entreprises du monde et la plus ancienne institution française en activité. Dans un monde traversé par l'instabilité, les bouleversements technologiques, les crises géopolitiques et économiques, la Monnaie représente une leçon de stabilité, de continuité et de confiance, qui fait écho à sa vocation fiduciaire.
C'est donc ici, en cette institution où l'histoire a frappé chaque pièce de son immense édifice, que nous rendons hommage à Jacques Delors. Il fut lui-même un des grands bâtisseurs de l'Europe, l'un des architectes du marché unique, l'initiateur du programme Erasmus, et surtout l'un des principaux artisans de ce qui allait devenir la monnaie unique, cet Euro qui aujourd'hui nous fédère et nous protège.
Dans ce contexte géopolitique parcouru de fractures, cette vision nous éclaire. Jacques Delors, dont nous célébrons le centenaire et à qui nous devons tout, déjà, peut inspirer un réveil de l'Europe. Un réveil politique, pour faire entendre une voix commune, en allant au bout de nos projets si importants pour notre souveraineté : l'Union bancaire, l'Union des marchés de capitaux, les infrastructures communes, la défense de nos industries.
Jacques Delors nous a légué, et, très immodestement, m'a légué une conviction forte, que je tiens aujourd'hui encore comme un viatique : " Il n'y a pas d'économique sans social, pas de social sans économique, et pas d'économique sans modernisation. " Plus que jamais, l'héritage de Jacques Delors est notre feuille de route.
C'est aussi ici, à la Monnaie de Paris, que se joue un autre pan de cette modernisation à laquelle appelait Delors. Entreprise publique, industrielle, patrimoniale, culturelle, et stratégique, la Monnaie s'est engagée dans une transformation remarquable ces dernières années.
Elle a su réduire sa dépendance à la seule commande de l'État, qui représente aujourd'hui moins du quart de son chiffre d'affaires et s'imposer à l'international : deux tiers des pièces frappées le sont pour l'export, avec des partenaires fidèles, dans la zone franc, en Afrique, en Amérique centrale, mais aussi au Moyen-Orient.
Deuxième exportateur mondial de monnaies courantes avec plus d'un milliard de pièces frappées en 2024, la Monnaie de Paris incarne aujourd'hui un instrument de rayonnement, un vecteur de confiance, et un atout diplomatique pour notre pays. Elle a aussi développé de nouveaux segments, avec les monnaies de collection qui connaissent une belle croissance. Et désormais, elle prépare l'avenir, avec un projet particulièrement structurant, que je veux saluer : le lancement du Bullion.
Bullion, Claude de Bullion, lui aussi un illustre prédécesseur au portefeuille des finances comme surintendant de Louis XIII. Le Bullion c'est cette nouvelle offre d'investissement dans l'or, que votre Conseil d'administration vient d'adopter à l'unanimité.
Ce projet est tout sauf anecdotique. Il marque un retour aux fondamentaux de l'histoire monétaire française, tout en répondant à une demande contemporaine : celle de diversification, de résilience, de valeurs refuge.
Le Bullion incarne une souveraineté ouverte sur le marché, une innovation ancrée dans la tradition. Il sera lancé en 2026, avec des pièces d'or physiques ou dématérialisées, accessibles au plus grand nombre, indexées sur le cours de l'or, dans un contexte où le métal doré continue de battre des records.
La Monnaie de Paris, c'est aussi un acteur de l'inclusion financière. Le Gouvernement y est très attaché. Les espèces restent un moyen de paiement privilégié pour des millions de Français.
Elles constituent un outil de résilience en période de crise, comme on l'a vu récemment à Mayotte. Et, elles restent indispensables à notre vie économique, même à l'heure du numérique.
L'État-actionnaire souhaite voir la Monnaie de Paris poursuivre sa transformation et affirmer sa place parmi les références monétaires européennes et internationales. Le plan stratégique Ambition 2027, en constitue l'armature.
Et c'est dans un bâtiment qui fête cette année ses 250 ans, le 11 Quai Conti, que tout cela s'écrit. Ce lieu exceptionnel, classé monument historique, a trouvé un nouvel épanouissement grâce au développement d'espaces culturels qui cohabitent avec les ateliers industriels.
Pour l'ensemble de ces réalisations, je veux ici adresser mes remerciements et mes salutations amicales à l'ensemble des collaborateurs de la Monnaie de Paris.
Tous, sous l'impulsion de leur président, Marc Schwartz, forgent au quotidien cet alliage unique entre tradition et modernité, entre souveraineté financière et ambition internationale, entre performance industrielle et exigence culturelle, qui fait l'originalité et la fierté de la Monnaie de Paris.
Cher Marc Schwartz, cette Nouvelle Guerre des monnaies entre les enjeux de dédollarisation, de cryptoactifs et de concurrence monétaire mondiale que vous décrivez dans votre dernier livre, c'est aussi ici qu'elle s'écrit.
Et que l'histoire monétaire, dont le bien-nommé Jacques Delors fut l'une des plus illustres incarnations, se poursuit ici, chaque jour, à travers vos équipes, vos savoir-faire, vos innovations.
Chère Martine Aubry, chère amie dont le parcours lui aussi force le respect, en rendant cet hommage à celui qui a porté l'euro sur les fonts baptismaux, qui a cru en l'Europe et en ses peuples et en a incarné le leadership, en honorant Jacques Delors dans cette maison, nous faisons plus qu'un geste de mémoire.
Nous embrassons sa vision et poursuivons son héritage.
Je vous remercie.
Source https://www.economie.gouv.fr, le 11 juillet 2025