Interview de Mme Sophie Primas, ministre déléguée, porte-parole du Gouvernement, à RTL le 17 juillet 2025, sur les annonces faites par le Premier ministre, relatives au budget 2026, pour économiser plus de 40 milliards d'euros.

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Média : RTL

Texte intégral

STEPHANE CARPENTIER
7 h 46, merci de nous rejoindre en ce jeudi 17 juillet. L'invité de RTL Matin est la porte-parole du Gouvernement. Quarante heures maintenant après le traitement de choc dévoilé par François BAYROU. Les annonces pour économiser pas loin de 44 milliards d'euros, annonces qui font causer et raller. Bonjour PRIMAS.

SOPHIE PRIMAS
Bonjour.

STEPHANE CARPENTIER
Sophie PRIMAS, ça fait quoi d'être devant une mission impossible ?

SOPHIE PRIMAS
Ce n'est pas une mission impossible. Je crois que c'est une mission de pédagogie, d'explication, d'écoute aussi, et puis de travail qui nous attend dans les mois qui viennent, notamment avec les groupes parlementaires à l'Assemblée nationale et au Sénat, pour affiner, modeler ce projet dans un cadre et une architecture qui a été présentée par le Premier ministre.

STEPHANE CARPENTIER
Ce n'est pas une mission impossible ça, faire passer un budget que tout le monde rejette ?

SOPHIE PRIMAS
C'est une mission qui est difficile, mais je crois qu'il faut expliquer en responsabilité quels sont les enjeux pour notre pays, pour notre Nation, quels sont les enjeux qui sont des enjeux de liberté, au fait, d'autonomie, de souveraineté financière et ça, je crois que les Français y sont particulièrement attachés. Alors on a essayé, le Premier ministre a expliqué qu'on faisait feu de tout bois, c'est-à-dire qu'on demandait des efforts et surtout une participation en réalité à ce redressement de nos finances publiques à l'ensemble des parties prenantes, à l'État lui-même dans son fonctionnement, avec des réformes de structure qui seront engagées et qui vont payer l'année prochaine, mais aussi dans les années suivantes avec une participation de tous, retraité, actifs, non actifs, de toutes les entreprises. Nous sommes sur deux piliers qui sont, un, moins dépensés, et ça vraiment les Français l'attendent, c'est à peu près extrêmement important, mieux dépensés, pas moins de services publics, mais un service public mieux calibré, plus efficace, moins dispendieux, moins frauduleux aussi, on va s'attaquer beaucoup à la fraude, et puis une participation de chacun.

STEPHANE CARPENTIER
Vous dites que c'est une mission difficile, qui n'est pas impossible, mais quand même, François BAYROU, ce n'est pas Tom CRUISE, Sophie PRIMAS. Je veux dire, le mot "censure", il est partout-là.

SOPHIE PRIMAS
Lui, se rappelait plus à Richard GERE que Tom CRUISE, c'était ça, la référence. Oui, bien sûr, le mot de censure, il est partout, mais vous savez, on vit du mot de censure… Je faisais partie du Gouvernement de Michel BARNIER, effectivement, qui est tombé sur une censure, mais en fait, chaque jour, à chaque décision, à chaque annonce, nous vivons avec la question de la censure. Moi, j'appelle tous les groupes Républicains qui croient en notre Nation, qui croient en sa capacité à acquérir sa liberté, en réalité, les opportunités à travailler avec nous. Nous sommes dans la période du travail aujourd'hui avec les parlementaires, avec les parties prenantes, les partenaires sociaux en particulier avec lesquels nous allons engager des réformes structurelles assez importantes, réformes du chômage, réformes du code du travail. Nous avons devant nous beaucoup de travail avec eux, et nous le faisons, comme dit Amélie de MONTCHALIN, la ministre des Comptes publics, en toute transparence. Ce n'est pas des effets de couloir, ce n'est pas des discussions dans l'ombre, c'est des discussions qui vont avoir lieu avec tout le monde et dans la transparence.

STEPHANE CARPENTIER
Il va falloir qu'ils viennent autour de la table, quand même. Sophie BINET, qui a été dans votre fauteuil, hier, la leader de la CGT, elle n'avait pas l'air convaincue.

SOPHIE PRIMAS
Oui, mais je pense que Sophie BINET, ce qu'elle veut, et je comprends, elle veut protéger les travailleurs, elle veut que les modestes dans notre pays, et ceux qui ont les revenus les plus importants gagnent en pouvoir d'achat, dans le plan qui a été proposé par le Premier ministre.

STEPHANE CARPENTIER
Tout le monde perd de l'argent.

SOPHIE PRIMAS
Oui, mais il y a un travail également pour se dire : "Comment est-ce que, pas exactement l'année prochaine, mais peut-être déjà l'année prochaine, on peut réfléchir sur le financement de notre modèle social". Ça, ça veut dire quoi ? Ce sont des mots qui veulent dire comment est-ce qu'on peut rapprocher notre salaire net de notre salaire brut. C'est-à-dire gagner en pouvoir d'achat sur note fiche de paie. Ça, c'est un sujet que Sophie BINET devrait embrasser et je pense qu'elle le fera parce que c'est quelqu'un de responsable. C'est quelqu'un qui voit bien qu'aujourd'hui, il faut, à la fois, se remettre la France dans une trajectoire qui est une trajectoire de réduction de nos déficits et de meilleurs partages, de meilleures rémunérations du travail.

STEPHANE CARPENTIER
Ce que vous allez faire de maintenant, en fait, c'est du service après-vente, une séance d'explication avec tout le monde, du dialogue, de l'échange avec les partenaires sociaux…

SOPHIE PRIMAS
Pour ma part, parce que mon rôle, c'est un rôle de porte-parole, c'est d'expliquer continuellement aux Français pourquoi nous faisons ça. Et la deuxième chose, il y a évidemment toute l'équipe gouvernementale qui est au travail à Bercy où on a modelé effectivement cette architecture, mais également dans tous les ministères ou chaque ministre va se dire : "Comment je priorise les actions, comment je pousse les feux sur certaines actions qui sont des actions qui mettent la France dans un cercle vertueux".

STEPHANE CARPENTIER
Mais ce n'est pas vos équipes qu'il faut convaincre, en l'occurrence Sophie PRIMAS, c'est les autres, c'est-à-dire que les Insoumis, ils veulent la tête du Gouvernement. Le Rassemblement National, il va censurer si la copie n'est pas modifiée. Les socialistes, ils auraient pu être des alliés, ils sont dans le camp adverse et même François HOLLANDE, même la droite classique fait un peu la moue, les LR, Édouard PHILIPPE n'est pas convaincu.

SOPHIE PRIMAS
Nous sommes au début de cet exercice et on a jusqu'à la fin du mois de décembre. On a jusqu'à la fin du mois de décembre pour discuter et pour travailler. Moi, je pense qu'évidemment, on est au début de la négociation, donc tout le monde met la barre très haut. Mais tout le monde en même temps, je vois aussi que les principales formations politiques sont d'accord sur le diagnostic. Nous ne pouvons pas continuer à nous endetter à cette vitesse-là et à cette hauteur-là parce que nous allons perdre notre souveraineté. Les instances financières mondiales qui nous prêtent de l'argent sont nos prêteurs, ont mis des signaux d'alerte, ils sont plutôt contents de ce qu'on a présenté en architecture globale, à nous de travailler tous ensemble, donc je les appelle au travail.

STEPHANE CARPENTIER
Ce travail, ce dialogue, ces échanges que vous allez planifier ces prochaines semaines et prochains mois, donc avec les partenaires sociaux, avec les autres partis, j'imagine, peut-être recevoir les chefs de partis s'ils viennent. Et ça, ce n'est pas gagné. Ça veut dire quoi concrètement ? Ça veut dire corriger, arrondir les angles sur les sujets qui font rêver aujourd'hui ?

SOPHIE PRIMAS
Écoutez toutes les alternatives. Il y a des sujets et après, c'est le temps d'en considération.

STEPHANE CARPENTIER
Et après ? Modifier donc ?

SOPHIE PRIMAS
C'est très important et vraiment, je redis, dans l'architecture, 44 milliards pour tenir notre déficit l'année prochaine, qui est un premier pas sur quatre années pour rétablir nos finances publiques, ça, c'est le... Il ne faut pas y toucher, c'est vraiment notre objectif. Et ensuite, travailler à la fois sur les réductions de dépenses, mais aussi sur remettre de l'essence dans le carburant, remettre dans le moteur de la croissance et permettre aux entreprises de créer de la richesse pour pouvoir la distribuer. C'est ça notre modèle social et c'est ça que nous voulons faire perdurer.

STEPHANE CARPENTIER
Sophie PRIMAS, au moment où on se parle, en tous les cas, tout le monde perd de l'argent dans l'histoire.

SOPHIE PRIMAS
Tout le monde contribue au redressement de la France.

STEPHANE CARPENTIER
On parle que, ou presque que, des deux jours fériés supprimés depuis mardi soir. Il faut travailler plus sans gagner plus. D'ailleurs, si ces deux jours disparaissent un jour, dans la série des idées sur la table, il y a la ministre du Travail qui a évoqué la possibilité de faire une croix sur la cinquième semaine de congés payés. En échange d'une rémunération supplémentaire. Ça, c'est sérieux ? On va en discuter vraiment ?

SOPHIE PRIMAS
Je n'ai pas la même analyse que vous. Ce n'est pas faire une croix sur la cinquième. C'est se dire qu'on peut travailler. Peut-être qu'il y a certaines entreprises ou certaines situations familiales qui font qu'on a besoin d'un petit peu plus de rémunération. C'est une possibilité qu'évoque effectivement la ministre du Travail qui sera discutée avec les partenaires sociaux dans le cadre des discussions qui s'entament là, à l'été.

STEPHANE CARPENTIER
Vous anticipez leur réponse ?

SOPHIE PRIMAS
Plus de flexibilité.

STEPHANE CARPENTIER
Vous anticipez leur réponse ?

SOPHIE PRIMAS
Je ne sais pas. Il y a des salariés qui, aujourd'hui, aimeraient pouvoir disposer de cette cinquième semaine pour travailler. Il y a, vous savez, depuis les 35 heures, pas mal, dans certaines entreprises, beaucoup de jours de RTT. Donc, finalement, ça fait un capital en jours non travaillés qui est assez important.

STEPHANE CARPENTIER
Si certains salariés, dans certaines entreprises, dans certaines conditions, avec une rémunération supplémentaire le souhaite, pourquoi leur empêcherions-nous ?

STEPHANE CARPENTIER
Affaire à suivre. Rachida DATI, Sophie PRIMAS, qui entrevoit l'idée de rentrer dans la bataille pour la législative partielle à Paris, se serait face à Michel BARNIER, qui, lui, est déjà candidat. C'est une bataille à droite qui est lancée ?

SOPHIE PRIMAS
Écoutez, il y aura d'autres candidats, j'imagine, pour cette circonscription. Il y a des discussions qui sont en train d'être menées. Il va y avoir des envies, naturellement. Moi, je me réjouis que Michel BARNIER, que Rachida DATI sont des personnes de valeur.

STEPHANE CARPENTIER
Une ministre contre son ancien chef de Gouvernement, c'est bien ça ?

SOPHIE PRIMAS
Écoutez, on va discuter. Je pense que la raison viendra. Je peux m'engager. Personne n'a dit qui y allait officiellement, donc, on a va attendre quelques jours avant de trop avoir d'opinions sur la situation.

STEPHANE CARPENTIER
Vous allez beaucoup, discutez, vous, ces prochains temps.

SOPHIE PRIMAS
Ah, mais moi, je veux discuter beaucoup, voilà.

STEPHANE CARPENTIER
Sophie PRIMAS, la porte-parole du Gouvernement.

SOPHIE PRIMAS
Merci.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 juillet 2025