Texte intégral
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Merci, bonjour à tous. Bonjour Nathalie DELATTRE.
NATHALIE DELATTRE
Bonjour.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Merci d'avoir accepté notre invitation. L'actualité ce matin, c'est d'abord cette annonce officielle d'Emmanuel MACRON hier soir : " La France reconnaîtra l'État de Palestine en septembre prochain ". Est-ce que vous saluez cette décision sans réserve ?
NATHALIE DELATTRE
Bien sûr. Vous savez, c'est une position historique que la France se tient depuis longtemps. Nous avions repris les négociations dès 2023 et nous devions tenir avec, sous l'égide de l'Arabie Saoudite, des discussions en juin dernier et puis qui ont été reportées du fait de l'offensive israélienne sur l'Iran. Donc c'est un processus qui reprend et qui doit aboutir. C'est pour ça que le Président s'exprime à un moment où il est important de le faire et nous porterons donc cette voix lors de l'Assemblée Générale des Nations Unies en septembre.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Le Premier ministre israélien Benjamin NETANYAHOU condamne cette décision qui récompense la terreur, selon lui. Il y a un mois, quand on écoutait la porte-parole du Gouvernement français, elle disait que les conditions n'étaient pas encore réunies. Qu'est-ce qui a changé ?
NATHALIE DELATTRE
Écoutez, nous continuons à demander la libération des otages. Bien évidemment, nous soutenons Israël dans ce combat du terrorisme et contre le Hamas. Mais il faut que nous puissions avancer sur cette question.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Au départ, ces conditions devaient être un préalable.
NATHALIE DELATTRE
Et nous avons une pensée aussi sur la population qui vit dans des conditions déplorables à Gaza. Nous devons arriver à trouver une solution et la France est historiquement un médiateur et recherche en permanence la paix. Nous investissons dans tous les conflits mondiaux. Il est important que nous puissions avancer sur cette question de la Palestine.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
La France est le premier pays du G7 à faire ce pas. Emmanuel Macron doit s'entretenir avec ses homologues britanniques et allemands aujourd'hui. Que se passe-t-il si en septembre, aux Nations Unies la France et l'Allemagne ? L'Allemagne, à ce stade, n'est pas très allant pour aller dans ce sens.
NATHALIE DELATTRE
Nous aurons notre voix et nous continuerons à porter cette nécessité.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
C'est symbolique ?
NATHALIE DELATTRE
C'est symbolique, non. Nous espérons effectivement entraîner les autres pays. Je pense qu'il ne vous a pas échappé que nous devons résoudre ce conflit. Il nous apparaît que la solution à deux États, encore une fois, que nous portons historiquement, est celle qui permettra de pouvoir avancer sur ce conflit.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Nathalie DELATTRE, vous êtes ministre du Tourisme. Hier, lors d'un comité interministériel présidé par François BAYROU, 31 mesures ont été présentées pour booster le secteur avec un objectif : cent milliards d'euros de recettes d'ici à 2030. Alors, on en est loin, on est aujourd'hui à 71 milliards. Comment est-ce qu'on peut y arriver alors que, par exemple, rien que cet été, il y a des restaurateurs, il y a des tenants d'hébergement qui tirent la sonnette d'alarme et qui disent en juillet, par exemple, le compte n'y est pas, on est à moins 20, moins 15% de recettes ?
NATHALIE DELATTRE
Oui, mais quand on regarde le chiffre global, c'est vrai que, si on regarde mois par mois, et puis nous avons des effets météorologiques qui impactent, bien évidemment, sur le début de cette saison, la canicule, puis ensuite, on l'a vu tout à l'heure sur la météo, à des endroits plus ou moins pluvieux. Quand on regarde les chiffres, entre janvier et avril, que nous avons déjà consolidés, nous avons plus de 8% d'arrivées, notamment internationales, sur le territoire, et nous avons déjà battu un record sur la rentrée de nos recettes internationales. Donc, le comité interministériel du tourisme s'était réaffirmé. Notre volonté de continuer à être la première destination mondiale, mais à travers un tourisme durable, innovant, inclusif, et puis, effectivement, cette ambition d'avoir cent milliards de recettes internationales, en amenant beaucoup plus de touristes étrangers, en leur permettant de rester plus longtemps, c'est-à-dire en améliorant notre offre touristique, et en montant en gamme cette offre touristique.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Qu'est-ce qui pêche sur la stratégie française ? Parce qu'à la fois, vous dites : " On est encore, peut-être plus longtemps, mais encore première destination en nombre de touristes, mais en même temps, les touristes dépensent peu en France ".
NATHALIE DELATTRE
En fait, c'est la dépense moyenne, c'est-à-dire qu'il nous faut, en France, arriver à proposer des produits qui permettent aux touristes de se poser dans une région, dans une destination.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Ce n'est pas le cas aujourd'hui ?
NATHALIE DELATTRE
Aujourd'hui, on a plutôt des touristes de plage, et c'est vrai qu'on arrive à avoir des formules de trois jours à Paris, trois jours à Bordeaux, trois jours dans des destinations, alors que nous souhaitons renforcer, et nous, cette offre touristique, il faut que nous arrivions à rénover notre hôtellerie, plutôt moyen, haut de gamme, quatre et cinq étoiles, qui nous manquent aujourd'hui, dans cette offre touristique. Mais nous avons d'autres atouts. Nous sommes le pays le plus équipé en plein air, et ça plaît, puisque on voit que, notamment dans la ruralité, on a une augmentation des touristes qui cherchent des activités de plein air, mais aussi des visites patrimoniales, de la gastronomie, de l'oenotourisme. Nous avons des marges de progression sur l'ensemble de nos tourismes, et les marges de progression, ça veut dire des recettes, et ça veut dire contribuer aussi à l'amélioration de la situation de l'économie française.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Nathalie DELATTRE, vous appartenez à un Gouvernement manifestement musical, je ne sais pas si vous jouez d'un instrument.
NATHALIE DELATTRE
J'essaye de jouer juste, ça dépend de quel instrument.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Le Gouvernement polyphonique, rappelle souvent la porte-parole du Gouvernement, Bruno RETAILLEAU, a été recadré par le Premier ministre hier après ses propos sur la fin du macronisme. Vous étiez à Angers avec lui quand il a fait cette déclaration. Est-ce que vous, qui êtes présidente d'une formation politique, le Parti Radical, est-ce qu'il est allé trop loin, Bruno RETAILLEAU ?
NATHALIE DELATTRE
Écoutez, nous le savons, nous avons un Gouvernement qui est formé de sensibilités différentes, et j'en suis à l'illustration. Ce qui est recherché, c'est que nous puissions, et c'est ce que demandent les Français, c'est que nous puissions nous entendre, trouver des compromis pour faire en sorte que la France, que nous puissions prendre des décisions importantes pour le désendettement de la France, pour objectiver…
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Et sur le fond, est-ce que vous partagez le diagnostic de Bruno RETAILLEAU, sur l'impuissance du " en même temps " ?
NATHALIE DELATTRE
Écoutez, comme l'a dit le Premier ministre, nous ne sommes pas là pour, effectivement, invectiver les uns les autres, mais pour travailler, avoir des actions concrètes. C'était le cas de mon comité interministériel du tourisme hier. Travailler à ce que nous puissions améliorer la situation en France, je pense qu'effectivement, il y a des propos qui n'ont pas à être tenus, par rapport à…
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Très concrètement, Madame DELATTRE, est-ce que monsieur RETAILLEAU parle trop fort ? Est-ce que sa voix vous gêne, vous, qui êtes du Parti Radical ?
NATHALIE DELATTRE
Je pense que nous ne sommes pas là pour faire ça quand on est un membre du Gouvernement, nous sommes là pour trouver des solutions au service des Français.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
On aura entendu ce que vous voulez dire. Vous avez annoncé que vous serez candidate à la mairie de Bordeaux en 2026, mais un autre candidat dans votre camp, dans le bloc central, comme on dit, s'estime plus légitime, l'ancien ministre du budget Thomas CAZENAVE. Est-ce que vous irez jusqu'au bout ?
NATHALIE DELATTRE
Écoutez, en tout cas, effectivement, nous sommes plusieurs à dénoncer aujourd'hui la situation bordelaise et la gestion catastrophique de la municipalité de Bordeaux par les écologistes, les socialistes et la gauche extrême. Donc, je ne doute pas que nous puissions nous réunir. En tout cas, je passe énormément de temps et d'énergie à ce que les personnes qui souhaitent changer le cours des choses à Bordeaux puissent le faire ensemble, et je n'y appelle…
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
CAZENAVE s'estime plus légitime, il parle de sondages plus favorables. Est-ce que vous êtes prêts à laisser la place à ce candidat ?
NATHALIE DELATTRE
Nous verrons, nous discutons plus souvent avec Thomas et d'autres candidats qui sont aujourd'hui sur la place. Et je ne doute pas qu'après les vacances, nous trouvions des solutions pour faire en sorte de gagner et d'assurer l'alternance à Bordeaux, qui en a besoin, parce que c'est une ville, aujourd'hui, qui devient de plus en plus insécure, qui est moins attractive. Nous avons besoin de retrouver une ambition nouvelle pour Bordeaux.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Merci beaucoup, Nathalie DELATTRE…
NATHALIE DELATTRE
Merci.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
D'être passée nous voir ce matin et vous irez tout à l'heure, je crois, sur le Tour de France.
NATHALIE DELATTRE
Tout à fait. Je serais à l'arrivée.
CYRIL ADRIAENS-ALLEMAND
Et on suivra ça également. Merci beaucoup. Bonne journée.
NATHALIE DELATTRE
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 28 juillet 2025