Texte intégral
LÉOPOLD AUDEBERT
De retour dans Première édition. "Sun Tatoo", "Burn lines", ou encore "Tine lines", ces mots ne vous disent peut-être rien mais c'est cette nouvelle tendance très inquiétante diffusée sur TikTok dont on voulait vous parler, elle pousse cette tendance à faire que les adolescentes que vous voyez à l'écran s'exposent à des bronzages volontaires. On va en parler dans quelques instants avec notre invitée.
PAULINE PIOCHE
Oui, effectivement, et quelle chance on a ce matin en plein mois de juillet. Merci d'avoir fait le déplacement Yannick NEDEUR, ministre de la Santé et de l'accès aux soins de France. Évidemment, on va en parler en longueur de ce qu'on appelle une trend, en fait, pour être tout à fait complète sur le sujet sur TikTok. Ces jeunes qui, volontairement, s'infligent des coups de soleil, sauf que c'est extrêmement dangereux et c'est ce dont on va parler ce matin, parce qu'il y a des conséquences à vie après des coups de soleil, monsieur le ministre.
YANNICK NEUDER
Bien sûr, 85 % des cancers de la peau sont dus à des expositions dans l'enfance, 8 enfants sur 10. Donc, c'est énorme. Et je crois qu'ils ne se rendent pas compte, nos plus jeunes, avec cette amplification des réseaux sociaux, que pour quelques secondes de buzz sur les réseaux sociaux, en fait, ils détruisent leurs cellules à vie. Une peau, on n'en a qu'une seule. Et je crois que c'est le message d'alerte de dire "Attention, on se protège. Et puis surtout, on ne s'expose pas" parce qu'en fait, ils mettent de l'huile, ils mettent du monoï pour accentuer ces brûlures qui vont modifier l'ADN, qui vont créer des lésions dans quelques années. Et on sait qu'on a entre 150 et 250 000 cancers de la peau chaque année, en grande partie, je vous disais, dans 8 cas sur 10 dus à des brûlures de l'enfance. Et je crois qu'avec Clara CHAPPAZ, nous allons saisir les autorités européennes chargées du numérique et surtout saisir les plateformes pour interdire ces messages qui sont dangereux. Le mélanome, ça tue en France. Et donc, je crois que nos jeunes, notamment nos jeunes filles qui font toutes ces photos, toutes ces vidéos, ne se rendent pas compte que ces quelques minutes de buzz sur les réseaux sociaux, elles vont le payer très cher dans quelques années avec des mélanomes qui métastasent et qui provoquent le décès. Donc, je crois que c'est criminel de propager ça sur les réseaux sociaux. Et je crois que nous allons faire tous les moyens qui sont en notre possession avec Clara CHAPPAZ, la ministre du numérique, pour aller contre les plateformes et interdire ces messages qui sont dangereux.
LÉOPOLD AUDEBERT
Alors justement, ça veut dire quoi ? Très concrètement, peut-être pour les parents aussi qui sont inquiets, qui découvrent pour certains cette pratique, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que vous allez directement interdire la diffusion de ces contenus, mais par quels moyens vous pouvez faire ça ?
YANNICK NEUDER
Alors là, c'est des moyens juridiques vis-à-vis des plateformes.
LÉOPOLD AUDEBERT
Mais c'est possible ?
YANNICK NEUDER
Il y a une réglementation européenne, ce n'est pas simple, mais c'est possible. C'est le même sujet avec l'extrême maigreur, vous savez, les skinny-talk qui montrent cette extrême maigreur. En fait, tous ces sujets de mode amplifiés par les réseaux sociaux mettent gravement en danger la santé de nos adolescents. Et je crois que c'est aussi l'occasion de rappeler ces messages. Alors, on n'est pas sous des canicules, mais on est en période d'été, de se protéger des UV avec un chapeau, des lunettes, de mettre de la crème avec des forts indices, des indices 50 et de ne pas s'exposer entre midi et 16 h. Ça, c'est les règles, on va dire, classiques. Mais surtout, dire à nos enfants, à nos adolescents, de ne pas rentrer dans ces jeux mortifères amplifiés par les réseaux sociaux, de se brûler volontairement. J'ai vu aussi sur les réseaux sociaux des dessins qui sont posés à coller avec des motifs pour avoir des tatouages éphémères.
LÉOPOLD AUDEBERT
Le sun tattoo, on appelle ça.
YANNICK NEUDER
Voilà, le sun tattoo, c'est extrêmement dangereux pour la santé. Donc, merci de le relayer et merci de dire à tous les adolescents de France et à leurs parents, si vous voyez ça, mais il faut surtout leur dire de ne pas recommencer, c'est très dangereux.
PAULINE PIOCHE
Alors là, on parle des adolescents, est-ce que la prévention est une solution ? Je pense par exemple, je crois que c'est la ville du Touquet qui a mis en place à l'entrée de la plage un système où il y a une distribution de crèmes solaires. Est-ce que finalement, ça ne passe pas par ça aussi la prévention chez les plus jeunes pour éviter ce genre de situation quand ils sont adolescents ?
YANNICK NEUDER
Moi, je pense que c'est un moyen de sensibiliser quand vous rentrez dans un espace public, et en l'occurrence une plage, et qu'on vous distribue de la crème, ça vous incite à dire "Mince, je n'y ai pas pensé" parce que souvent, en fait, c'est un oubli de partir à une exposition au soleil sans chapeau, sans… Après, je ne suis pas complètement sûr non plus que c'est à l'État de fournir la crème solaire aux Françaises et aux Français. Je crois que c'est des messages de santé publique importants, de prévention, de dire qu'on ne s'expose pas au soleil, ça provoque le vieillissement de la peau et ça provoque des cancers de la peau qui peuvent conduire au décès. Donc, c'est pour ça que le ministre de la Santé que je suis, alerte en disant "Attention, attention".
LÉOPOLD AUDEBERT
Le président de la République martèle qu'il a pour projet d'interdire les réseaux sociaux au moins de 15 ans. Quand on voit cette tendance dangereuse dont vous parlez, vous êtes favorable à cette mesure ?
YANNICK NEUDER
Je suis très favorable puisque c'est un sujet qui s'est invité lors du dernier Conseil européen des ministres qui a eu lieu à Luxembourg. J'en avais déjà parlé au Conseil des ministres en Pologne, à Varsovie. Je pense qu'il faut supprimer l'exposition aux écrans avant 3 ans et puis notamment les réseaux sociaux avant 15 ans. Et d'une façon générale, attention à l'utilisation des écrans. Je l'ai rappelé encore la semaine dernière sur le sommeil. Nous avons un gros problème, une grosse dette de sommeil vis-à-vis de nos adolescents. Et en 50 ans, les Français ont perdu 1 h 30 de sommeil. Et on sait très bien que le manque de sommeil, par tout motif que ce soit, mais notamment les réseaux sociaux, sont cause de maladies chroniques, de cancers, de troubles métaboliques, de maladies cardiovasculaires. Donc, il faut rappeler ces messages de bonne santé publique. Il faut dormir.
PAULINE PIOCHE
Monsieur le ministre, on profite de votre venue également pour parler quand même du budget 2026. Le Premier ministre en a fait les propositions il y a maintenant quelques semaines. Les arrêts de travail notamment, les arrêts-maladie sont dans le viseur du Premier ministre. Est-ce que ça veut dire qu'il y a trop d'arrêts de travail, de complaisance aujourd'hui en France ?
YANNICK NEUDER
Je pense que ça veut surtout dire que c'est important de poser ce sujet parce qu'ils ont augmenté de près de 6,4 %, je crois. Ça représente 17 milliards d'euros pour le secteur privé. Si on rajoute les arrêts maladie des fonctionnaires, on arrive à 27 milliards. Donc, c'est des chiffres significatifs. Et moi, je crois que c'est la responsabilité de tous. Je crois qu'il s'agit de culpabiliser personne.
LÉOPOLD AUDEBERT
Hier, on avait un médecin généraliste ici qui nous disait "Moi, je me sens visé", il a fait ce tournoi qu'on accuse.
YANNICK NEUDER
Je crois que c'est une chance en France que quand on est malade, on peut justement pouvoir s'arrêter de travailler pour se soigner, se protéger et surtout en cas infectieux, par exemple la grippe, de ne pas contaminer tout votre plateau si un de vos collègues a la grippe. Donc, je crois que c'est une chance que le système français permet. Il faut l'utiliser avec modération et bon usage. Donc, ça veut dire que pour les patients, on ne va pas chez son médecin traitant. Moi, je suis toujours choqué quand j'entends quelqu'un qui dit "Puisque c'est comme ça, pour quel ou quel fait, je me mets en arrêt de travail". Rappelez que l'arrêt de travail, c'est un acte médical, c'est un médecin qui prescrit un arrêt de maladie si votre état de santé ne permet pas de pouvoir poursuivre le travail. Donc, on ne sollicite pas soi-même, on est citoyen, un arrêt de travail si notre état de santé, qu'il soit psychique ou organique, ne le nécessite pas. Le médecin traitant, effectivement, ou le médecin en général, est précautionneux sur ce genre de signatures. Et j'en appelle effectivement mes confrères à faire attention. Et puis surtout, les employeurs, parce que c'est un problème de santé au travail. Et il faut toujours se poser la question pourquoi il y a beaucoup plus d'arrêts dans telle ou telle entreprise à activités identiques. C'est une prise de conscience collective si on veut sauvegarder notre système de protection sociale.
LÉOPOLD AUDEBERT
Merci beaucoup, monsieur le ministre, d'avoir été notre invité dans Première édition. On suivra évidemment les suites de ce budget dans quelques semaines maintenant. Et tout de suite, c'est l'écho.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 30 juillet 2025