Texte intégral
MARIE-ÉLISABETH DESMAISONS
Le futur hôpital de Bastia sera sorti de terre dans dix ans, le ministre de la Santé, Yannick NEUDER s'y est engagé hier, à sa sortie de visite des urgences de l'actuel hôpital, il n'a pu que constater la vétusté des lieux, construits en 1985 et dimensionné pour 15 000 personnes de moins, aujourd'hui, ministre qui est ce matin l'invité de la rédaction. Il répond aux questions de Clémence GOURDON NEGRINI.
CLÉMENCE GOURDON NEGRINI
Bonjour Monsieur le Ministre.
YANNICK NEUDER
Bonjour.
CLÉMENCE GOURDON NEGRINI
Dans dix ans, l'hôpital sera là ?
YANNICK NEUDER
Alors, je crois que qu'un hôpital ne se construit pas en un claquement de doigts. Je vois beaucoup d'avancées positives sur ce dossier depuis quelques semaines. Il y a eu une dernière délibération du Conseil municipal le 10 juillet. Monsieur le préfet a été aussi particulièrement actif, puisqu'il a saisi la présidente du tribunal administratif le 7 août dernier. Et hier, lundi, 11 août, la Présidente a pu désigner les commissaires enquêteurs qui vont pouvoir instruire la DUP pour pouvoir obtenir le terrain. Je crois que c'était la première des conditions pour envisager de reconstruire cet hôpital. Donc, d'ici la fin de l'année, la ville de Bastia sera donc propriétaire des terrains, ce qui permet de pouvoir envisager une pose de première pierre en 2026 sur la première tranche. Une première tranche de 66 millions d'euros qui va surtout être consacrée à la reconstruction de la psychiatrie, des lits d'hospitalisation de psychiatrie, des lits du centre de réadaptation et également le médico-social avec les lits d'EHPAD. Et puis dans une deuxième phase qui sera menée de façon concomitante en 2026, il va y avoir un programmiste qui va pouvoir travailler avec l'ensemble des équipes médicales paramédicales du centre hospitalier de Bastia pour justement définir un projet qui permettra de définir l'an budgétaire et le calendrier ? Mais oui, nous avons pris l'engagement de pouvoir, dans dix ans, avoir cet hôpital sorti de terre.
CLÉMENCE GOURDON NEGRINI
Pour l'instant, l'enveloppe n'est pas connue du tout. On parle d'une fourchette, mais c'est trop compliqué pour l'instant pour le dire.
YANNICK NEUDER
Je crois que ce n'est surtout pas tellement l'enveloppe qui va définir le projet. C'est surtout de voir quel est le projet médical. L'hôpital actuel a été construit en 1985. On voit qu'il n'est plus du tout adapté au volume de la population de Corse. La population de Corse a presque doublé. On voit que le passage des urgences, l'hôpital actuel est dimensionné pour moins de 20 000 passages par an et actuellement, il y en a 36 000. Donc, je crois qu'il faut surtout prévoir un hôpital qui permet d'avoir des urgences bien dimensionnées, des blocs opératoires qui permettent aussi de faire face à l'activité chirurgicale, des lits d'hospitalisation en nombre. Donc, je crois que c'est normal que les équipes médicales construisent leurs projets et puis ensuite, on adaptera le projet. Mais effectivement, on sait que ce sont des enveloppes qui sont autour de 250 à 300 millions d'euros.
CLÉMENCE GOURDON NEGRINI
Dix ans, malgré tout, c'est long. C'est court pour un tel projet, mais c'est long pour les équipes. Qu'est-ce que vous garantissez d'ici-là pour travailler et accueillir les patients dans de meilleures conditions ?
YANNICK NEUDER
Je crois que déjà, c'est long, mais c'est court à la fois. Un hôpital de cette ampleur-là, c'est à peu près le temps consacré. Il faudra d'ailleurs être très réactif et suivre vraiment le calendrier semaine par semaine. Ça permet aussi de donner des perspectives d'évolution pour le personnel actuel qui sent que la situation va bouger. C'est aussi un facteur important sur l'attractivité parce que c'est un hôpital vieillissant et on sait que ça joue dans l'attractivité. Les plus jeunes professionnels de santé ont plutôt envie de se tourner vers des structures plus récentes avec de meilleurs plateaux techniques. Et puis, surtout, tout ça va permettre d'accompagner aussi une autre phase importante pour la Corse qui est l'universitarisation de l'île et de permettre à nos étudiants en médecine, à nos étudiants en santé, de se former encore jusqu'en troisième année et puis après de pouvoir faire leur stage. Et effectivement, en tant que ministre de la Santé, moi, je souhaite augmenter le nombre de lieux de stage pour nos internes en formation. Il y a à peu près 290 stages lieux à agrémenter et nous avons plus quinze internes encore cette année. Je crois qu'il faut pouvoir permettre à tous ces jeunes de pouvoir faire, de découvrir la Corse quand ils sont du continent et puis pour ceux qui sont des Corses, de pouvoir faire un maximum de stages et de leur étude de médecine sur site parce qu'on sait très bien qu'on ne s'installe pas dans un territoire qu'on ne connaît pas, ce qui n'empêche pas non plus les mesures d'attractivité vis-à-vis du continent pour permettre à des professionnels de santé, je pense notamment à des médecins spécialistes qui font grandement défaut sur l'île, de pouvoir venir s'installer.
CLÉMENCE GOURDON NEGRINI
L'universitarisation, qu'est-ce que c'est exactement, justement, au-delà des deux et troisièmes années qui s'ouvrent désormais en Corse de médecine ?
YANNICK NEUDER
L'universitarisation, c'est de pouvoir faire son cursus d'études en santé sur l'île et de pouvoir avoir différents hôpitaux. Et là, c'est plus global puisque l'hôpital de Bastia est aussi celui qui gère celui de Calvi et qui gère celui de Corte. Mais c'est aussi de pouvoir permettre à Ajaccio, à Bonifacio, à Porto-Vecchio d'avoir aussi des étudiants en formation, en stage et j'ai pu aussi échanger avec le président de l'université qui encourage cette formation de former des étudiants de Corse pour la Corse tout en continuant d'accueillir les étudiants du continent. Je crois que c'est aussi les mesures d'attractivité qui doivent être spécifiques puisque la Corse a une spécificité, c'est son côté insulaire.
CLÉMENCE GOURDON NEGRINI
Un dernier point en conclusion, je suppose qu'on vous a parlé du CHU, au moins de sa maison mère ?
YANNICK NEUDER
Alors, je crois que l'idée, justement, pour ce territoire, c'est de pouvoir universitariser l'ensemble de la Corse, l'ensemble des établissements. Donc, quand je dis que je suis favorable à un CHU de la Corse, c'est un CHU hors les murs qui va travailler avec les CHU, notamment de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, que sont le CHU de Nice, mais également le CHU de Marseille, comme il y a aussi des liens avec l'AP-HP, le CHU de Paris et pourquoi pas avec d'autres CHU en métropole. En fait, c'est de pouvoir faire finalement du CHU un peu partout dans nos différentes structures pour pouvoir naturellement faire face aux besoins de la population, le premier recours, mais aussi de pouvoir être aussi un des centres de référence pour éviter les 26 000 transports sanitaires vers le continent chaque année qui représentent plus de 35 millions d'euros et je crois que c'est aussi des mesures d'efficience à terme.
CLÉMENCE GOURDON NEGRINI
Merci beaucoup d'avoir été l'invité de la rédaction de RCFM.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 août 2025