Texte intégral
AGATHE LAMBRET
Bonjour Amélie de MONCHALIN.
AMELIE DE MONTCHALIN
Bonjour.
AGATHE LAMBRET
La France aura-t-elle un budget en 2026 ? Avec quel Gouvernement ? Qui à votre place au Budget ? Une dissolution est-elle inéluctable ? On va parler de tous ces sujets, mais d'abord, on écoute le patron du Rassemblement National, Jordan BARDELLA, hier à la sortie de Matignon.
JORDAN BARDELLA, PRESIDENT DU PARTI RASSEMBLEMENT NATIONAL
Le miracle n'a pas eu lieu, et évidemment que cet entretien ne fera pas changer le Rassemblement National d'avis.
AGATHE LAMBRET
Vous avez fait vos cartons, Amélie de MONTCHALIN ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Alors moi, je ne suis pas dans cette optique-là. Je suis dans l'optique que chaque jour, mon devoir, c'est de servir mon pays. Et aujourd'hui, vous voyez, 3 septembre, mon devoir, c'est de préparer ce qui permettra au pays d'avoir un budget, parce que je suis convaincue que, dans notre débat public, à part peut-être certains députés ou dirigeants de la France Insoumise, je n'ai entendu ni rencontré personne qui pense que la France peut se passer d'un budget.
AGATHE LAMBRET
Et vous y croyez encore.
AMELIE DE MONTCHALIN
Je n'ai aussi rencontré personne qui dit que ce budget va arriver, vous voyez, par miracle, et qu'il ne faudrait pas faire de compromis.
PAUL LARROUTUROU
Mais quand même, arithmétiquement, il y a très très peu de chances que vous en sortiez la semaine prochaine. Est-ce que vous avez commencé à réfléchir à un discours de passation de pouvoir qui pourrait être imminent ?
AMELIE DE MONTCHALIN
D'abord, là, ce qui se joue lundi, c'est, au fond, dans la conscience de chaque député, j'ai été député. Dans un moment comme ça, ce n'est pas une décision que chacun prend pour lui. Ce n'est même pas une décision de vote que chacun prend pour son parti. Chacun, en conscience, prendra une décision pour la France. La conscience, ce n'est pas la morale.
PAUL LARROUTUROU
Vous y croyez encore, lundi prochain ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Moi, je ne suis pas en train de faire des leçons de morale. Ce que je sais, c'est que chaque député a entre ses mains un bulletin qui dira est-ce qu'on garde, au fond, un processus budgétaire qui a commencé sur une base, et je le dis très clairement, qui a toujours été pensée comme une base de négociation ? Parce que nous n'avons pas, la vérité seule, nous n'avons pas raisons tout seules, parce que nous n'avons pas de majorité absolue.
AGATHE LAMBRET
Sauf que toutes les oppositions reprochent unanimement à François BAYROU, justement, de ne pas avoir voulu négocier, et aujourd'hui, de demander la confiance comme ça. Il y a eu un problème de méthode ?
AMELIE DE MONTCHALIN
François BAYROU a fait le choix de dire, pour que le processus de négociation se passe bien, d'abord, est-ce qu'on peut se mettre d'accord sur le cadre, avant de commencer à discuter des mesures. C'est le choix du Premier ministre. Mais ce que je vous dis, et ce qui intéresse, je crois, nos auditeurs, c'est qu'il faut qu'il y ait un budget avant le 31 décembre.
AGATHE LAMBRET
Alors comment vous faites concrètement ? Est-ce que vous allez tendre la main, par exemple, au Parti Socialiste ? Emmanuel MACRON appelle, il a appelé hier les chefs du parti du socle commun, à tendre la main aux socialistes. Qu'est-ce que vous pouvez faire dans leur direction ?
AMELIE DE MONTCHALIN
On va faire un exercice tous ensemble, on va rembobiner le fil. Moi, je suis arrivée dans mon bureau, suite à un appel du Premier ministre, le 23 décembre 2024.
PAUL LARROUTUROU
Vous avez déjà un problème de budget.
AMELIE DE MONTCHALIN
À l'époque, il n'y avait pas de budget, le Gouvernement avait été censuré, et l'ensemble de la France était extrêmement anxieuse, tétanisée, en disant : " Mais qu'est-ce qui va se passer ? " Les agriculteurs étaient dans la rue, les associations n'avaient pas de dotation et de subvention, les maires ne pouvaient pas voter leur budget, c'était il y a exactement huit mois.
AGATHE LAMBRET
Mais qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui, Amélie de MONCHALIN ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Qu'est-ce qu'on a fait il y a huit mois ? Et c'est pour moi une des plus grandes fiertés, et peut-être le plus grand honneur de ma vie politique, d'avoir été à l'oeuvre pour que nous dépassions ce blocage. Nous avons mis des hommes et des femmes responsables du Parti Socialiste au Républicain, nous avons travaillé pendant, honnêtement, quinze jours de manière extrêmement intense, et nous avons trouvé à nous mettre d'accord sur l'essentiel, et je le dis ici, à faire un meilleur budget. Le budget a été meilleur parce qu'il a été le fruit d'un compromis.
AGATHE LAMBRET
Le Premier ministre n'a pas remercié les socialistes pour ce compromis.
AMELIE DE MONTCHALIN
Je l'ai dit et je vais le redire.
AGATHE LAMBRET
Il y a eu des maladresses.
AMELIE DE MONTCHALIN
J'ai été très fière de ce qui s'est vécu pendant ces quelques semaines.
PAUL LARROUTUROU
Vous parlez à l'imparfait déjà.
AMELIE DE MONTCHALIN
J'ai été très fière. Et je suis certaine que les gens que j'ai vus dans ces pièces sont les mêmes que ceux que vous voyez aujourd'hui à la télévision, c'est les mêmes qu'à l'Assemblée. Ce qui a fait qu'on a dépassé ce blocage, c'est que nous avons pensé aux Français, nous avons pensé à leur vie quotidienne.
AGATHE LAMBRET
Mais vous ne répondez pas à ma question. Est-ce que le Premier ministre aurait dû remercier les socialistes, s'y prendre autrement ? Vous par exemple, le ministre de l'Économie, Éric LOMBARD, vous avez eu des contacts avec les socialistes cet été. François BAYROU, il a dit : " Ils étaient en vacances, il ne les a pas contactés ". Comment renouer un compromis si déjà on ne discute pas ?
AMELIE DE MONTCHALIN
C'est pour ça qu'il y a plusieurs étapes. Et moi je suis devant vous et je ne vais pas, vous voyez, ni lancer des anathèmes ni des critiques. On est dans la situation d'aujourd'hui. Le Premier ministre a dit, et je pense que c'était une bonne chose : " Si on n'est pas d'accord sur le point de départ, on va avoir du mal à négocier des mesures ". Ce que je vous dis aussi, c'est que… et je ne veux pas, vous voyez, mettre le pays dans une forme d'anxiété, de nihilisme, de fatalité. Je pense que quand on est un parti de Gouvernement, qu'on a eu des responsabilités politiques dans le passé et que les décisions d'aujourd'hui, on est prêt à en être comptable pour l'avenir, ce que les extrêmes ne veulent pas.
PAUL LARROUTUROU
À propos d'extrêmes et de comptables, est-ce que…
AMELIE DE MONTCHALIN
Les extrêmes, ils ne veulent pas, d'ailleurs aujourd'hui, assumer le Gouvernement. Ils ne veulent que critiquer et…
PAUL LARROUTUROU
J'aimerais vous dire, s'il vous plaît, pardon de vous interrompre, Madame la Ministre, il faut juste qu'on avance, pardon, excusez-moi, un ministre anonyme, ce matin, n'en revient pas que François BAYROU ait demandé la confiance sans s'assurer avant le soutien du Rassemblement National et du Parti Socialiste. Ce ministre anonyme déclare, donc dans le Parisien, en se pensant porte-parole des 35 ministres, donc vous, je le cite : " Il y a beaucoup de colère vis-à-vis de BAYROU et maintenant, plus il parle, plus il nous agace, exactement comme MACRON lors de la dissolution ". Est-ce que c'est vous ce ministre anonyme ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Non, ce n'est pas moi, parce que d'ailleurs, moi, je parle très peu anonymement.
PAUL LARROUTUROU
Est-ce qu'il vous agace, François BAYROU ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Non, ce n'est pas le sujet.
PAUL LARROUTUROU
C'est vraiment ma question.
AGATHE LAMBRET
C'est un peu le sujet, Amélie de MONTCHALIN, parce que Nicolas SARKOZY parle de suicide politique.
AMELIE DE MONTCHALIN
Je ne souhaite pas, aujourd'hui, que nous revivions un problème majeur pour notre pays et le problème majeur, il est politique.
PAUL LARROUTUROU
Est-ce que ce n'est pas François BAYROU qui le crée, le problème majeur ? C'est ça ma question.
AMELIE DE MONTCHALIN
Non, le problème majeur, il s'appelle la fragmentation politique. Le problème majeur, c'est que nous n'avons pas de majorité absolue.
PAUL LARROUTUROU
Alors pourquoi demander leur vote de confiance lundi ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Je vais vous faire un scoop. Cette majorité absolue, elle ne va pas revenir par magie. Vous avez plein de gens qui vous disent que la solution, c'est la dissolution. Je vous donne mon intuition. Je pense que les Français, si on les appelait au vote dans quelques semaines, de manière assez conforme à ce qu'ils nous disent dans les sondages, et à ce qu'ils ont voté il y a un peu plus d'un an et demi. Et ce que je viens vous dire aujourd'hui, c'est qu'on peut jeter tous les anathèmes, on peut faire toutes les critiques, on peut avoir tous les regrets du monde. Ça ne résout rien pour les Français, et surtout, ça ne résout pas le coeur de notre difficulté.
AGATHE LAMBRET
La dissolution, Nicolas SARKOZY, ancien président de la République, la réclame. Édouard PHILIPPE, ancien Premier ministre d'Emmanuel MACRON, dit qu'elle est inéluctable.
AMELIE DE MONTCHALIN
J'imagine que vous êtes une journaliste précise. Vous avez lu, Nicolas SARKOZY, la phrase d'après. Il dit : " Je ne pense pas que cette dissolution amènerait une majorité absolue. Donc, c'est quoi le sujet ? "
AGATHE LAMBRET
Mais il dit aussi que c'est la seule chose qui pourrait apporter plus de clarté.
AMELIE DE MONTCHALIN
De la clarté, mais pas de majorité absolue.
AGATHE LAMBRET
Ça ne vous interpelle pas, mais dites-moi, chère, que même Édouard PHILIPPE appelle à une dissolution, en disant qu'elle est peut-être inéluctable, si on ne fait pas de langue de bois.
AMELIE DE MONTCHALIN
Zéro langue de bois, ce n'est pas mon style.
PAUL LARROUTUROU
Parce qu'on n'a pas compris le scoop. Vous nous expliquez le scoop.
AMELIE DE MONTCHALIN
Tout le monde parle de dissolution. Tout le monde parle de solution. La mécanique électorale, la mécanique politique, la fragmentation de notre pays, qu'on peut déplorer, mais qui est réelle. On peut voter autant de fois qu'on veut, je pense. Et d'ailleurs, y compris après 2027, il y a une probabilité très grande que nous en restions à une assemblée coupée en trois, quatre, cinq…
PAUL LARROUTUROU
Vous êtes en train de nous dire que, selon vous, les Français ne donneraient pas une large majorité au Rassemblement National, permettant à Jordan BADELLA de devenir Premier ministre. C'est ce que vous pensez ?
AMELIE DE MONTCHALIN
C'est ce que je pense, parce que je vois aussi que la dynamique à l'extrême gauche, je vois que la dynamique dans beaucoup d'autres géographies de notre pays, n'amènent pas à cette conclusion.
PAUL LARROUTUROU
Que préconisez-vous ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Ce que je dis, c'est que soit on change de culture politique, et on se remet au travail pour les Français, et on est d'accord pour se remettre d'accord sur l'essentiel, ce qui compte dans la vie des Français, comme on l'a fait en février. Et alors, on ne sera à la hauteur du moment. Soit on laisse bloquer. Et vous savez, en 2027, tous ceux qui s'imaginent Président, il faut qu'ils se souviennent d'une chose. Les Français, eux, auront de la mémoire. Ils se souviendront très bien de ceux qui, à un moment donné, auront su mettre leur différence de côté pour, pendant deux ans, donner un avenir au pays. Pas que pendant deux ans. Juste bâtir l'avenir.
AGATHE LAMBRET
Amélie de MONTCHALIN, le dialogue, ça ne se décrète pas. Qu'est-ce que vous faites aujourd'hui, concrètement ? Vous dites, il faut qu'on travaille ensemble. Quel gage, par exemple, vous donnez au Parti Socialiste ? Je vous repose la question. Emmanuel MACRON a appelé le socle commun à tendre la main aux socialistes. Qu'est-ce que vous pouvez faire ? Qu'est-ce que vous reprenez de leur contre-budget ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Il y a une chose que je ne reprends pas, il y a plein de choses que je reprends, sur lesquelles vous savez que nous sommes prêts à travailler. Sur l'écologie, on est prêts à travailler.
PAUL LARROUTUROU
Concrètement, quelle mesure ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Sur le travail qui paye plus. J'ai été, depuis des mois, à dire que les gens, les actifs, les 21 millions d'actifs du secteur privé, les fonctionnaires, les indépendants, aujourd'hui, payent la solidarité nationale pour 70 millions de Français. Si nous ne changeons pas cette équation, si le travail ne paye pas davantage, si nous ne changeons pas notre fiscalité, si nous disons à ces 21 millions de Français : " C'est sur vous que tout repose. Vous ne gagnerez pas plus, mais vous payerez plus ".
AGATHE LAMBRET
Ça veut dire qu'il faut renoncer à la suppression des deux jours fériés, Amélie de MONCHALIN ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Ça veut dire que produire plus, c'est essentiel, que nous soyons plus nombreux à travailler, c'est essentiel, mais que les actifs s'y retrouvent, que les classes moyennes s'y retrouvent, que les gens qui, entre 25 et 60 ans, gagnent mieux leur vie par leur travail, c'est essentiel. On ne peut pas, dans notre pays, dire : " Travaillons tous plus, mais ne gagnons pas plus. "
AGATHE LAMBRET
Vous n'avez pas répondu sur les deux jours fériés.
AMELIE DE MONTCHALIN
Les deux jours fériés, je vous le dis, depuis le début, depuis l'annonce, depuis le 16 juillet, si vous retrouvez ce que j'ai dit, cette mesure ne peut être compréhensible et acceptée par les Français que si elle s'accompagne d'un gain, soit par l'intéressement, soit par l'apparition, soit par du salaire. Sinon, elle n'est pas acceptable.
AGATHE LAMBRET
Donc il faut renoncer à cette mesure.
AMELIE DE MONTCHALIN
Il y a énormément de choses que les socialistes disent sur la fiscalité. À l'époque, on disait : " Ah, elle lance des ballons d'essai. " Il y a des choses sur les niches fiscales pour s'assurer qu'elles bénéficient bien à tous les Français et pas seulement à quelques-uns. Et puis surtout, je veux le dire, et je vais vous le dire très clairement, dans ce qui me gêne, dans ce qui a été présenté par le Parti Socialiste, c'est l'idée qu'on puisse repousser à 2032, le moment où on sort de ce problème de déficit. Pourquoi 2032, c'est un problème ?
AGATHE LAMBRET
L'objectif de 3% est décalé.
AMELIE DE MONTCHALIN
Parce que 2032, c'est la fin du prochain quinquennat. Et donc, ce que dit le Parti Socialiste, au fond, c'est parce que nous n'aurions pas, aujourd'hui, le courage de prendre les choix aussi ambitieux qu'ils soient nécessaires, on confisque la prochaine élection présidentielle et on oblige le prochain Président, quel qu'il soit, à passer cinq ans à s'occuper de la dette.
PAUL LARROUTUROU
Un vrai problème de la dette, selon vous.
AMELIE DE MONTCHALIN
Là où les Français, je pense, ont raison d'attendre que le prochain président passe cinq ans à ce qu'on lui mette d'ailleurs un pays avec un déficit plutôt plus proche de 4% que de 5%, et qu'il puisse faire autre chose ces cinq prochaines années, parce que sinon, c'est la démocratie qu'on confisque. Moi, je ne souhaite pas qu'on passe encore sept ans de notre vie politique à avoir le maille-bas continuellement. Est-ce qu'on peut faire des économies ? Est-ce qu'on augmente les impôts qui sont déjà très élevés ? On ne va pas faire ça. Donc, on se ressaisit maintenant. On se dit qu'il y a des sujets sur lesquels il y a des points d'accord. Et je peux vous donner plein de points de consensus. Que le travail paye plus, c'est consensuel….
AGATHE LAMBRET
Justement, on en parle dans un instant…
AMELIE DE MONTCHALIN
Que nous investissions pour nos enfants, c'est consensuel.
AGATHE LAMBRET
Amélie de MONCHALIN…
AMELIE DE MONTCHALIN
Que nous investissons pour l'Église, c'est consensuel. Et je suis, moi, convaincue que les hommes et les femmes que j'ai vus trouver un compromis en février peuvent de nouveau trouver un compromis pour peu. Ça dépend d'une chose : Est-ce qu'on travaille pour les Français ? Est-ce qu'on leur donne de la stabilité ? Ou est-ce qu'on s'occupe des logiques partisanes qui vont, un, nous bloquer, bloquer les Français et nous emmener nulle part, parce que le déficit, lui, je peux vous dire, il sera toujours là. Il ne va pas se résorber par magie. Et donc, c'est ça qui est notre responsabilité aujourd'hui.
AGATHE LAMBRET
Très concrètement, on va se demander dans un instant, qu'est-ce que vous faites pour convaincre le Parti Socialiste, notamment, comment sortir de cette crise avec vous, Amélie MONTCHALIN, ministre en sursis, ce matin. Mais d'abord, il est 8 h 45, et c'est l'Info en une minute avec Maureen SUIGNARD.
(…)
Toujours avec Amélie de MONTCHALIN, ministre des Comptes Publics, on parlait du PARTI SOCIALISTE, il réclame plus de justice fiscale, Paul.
PAUL LARROUTUROU
Vous dites que vous êtes prêt, Gouvernement Madame de MONTCHALIN, à faire plus de justice fiscale sauf que vous êtes incapable de détailler concrètement les contours d'une potentielle contribution des plus hauts revenus. Avant de vous écouter, on va d'abord écouter David, il a 49 ans, il est confortablement installé en terrasse à Neuilly. Il fait partie de ces privilégiés qui pourraient être mis davantage à contribution si vous le vouliez. À la question, si on vous demande de payer plus d'impôts, écoutez ce qu'il répond sur le micro France Info de Marc BERTRAND.
DAVID, AUDITEUR, 49 ANS, DENTISTE DE NEUILLY
Je trouverais des solutions pour ne pas les payer. Il n'y a pas de raison de demander à ceux qui ont pris le risque d'être entrepreneurs et de gagner plus d'argent, de payer pour les autres. On doit être à des prélèvements entre 45 et 50%. On ne comprend pas pourquoi les autres pays d'Europe s'en sortent et nous on ne s'en sort pas avec tout ce qui nous prennent. C'est incompréhensible.
PAUL LARROUTUROU
Est-ce que vous allez, oui ou non, le taxer ? David, dentiste de Neuilly.
AMELIE DE MONTCHALIN
Qu'est-ce qu'on doit absolument, absolument soutenir ? Les chefs d'entreprise, l'investissement, ceux qui créent des emplois, parce qu'il n'y a plus d'entreprise dans notre pays. S'il n'y a plus d'entrepreneurs, on doit se le dire franchement, encore plus avec un modèle social qui repose encore aujourd'hui massivement et je pense trop sur le travail, nous n'y arriverons plus.
AGATHE LAMBRET
Donc ce sont les plus riches qui décident dans la Startup Nation ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Pas du tout. C'est mon premier point. Deuxième point. Est-ce que dans notre pays, ce qui me choque dans ce qui vient d'être dit, c'est je m'organiserais pour ne pas payer ces impôts. C'est intolérable. C'est insupportable. La ministre des Comptes Publics que vous avez devant vous, dans mes responsabilités, devant les Français, dans la Constitution, je dois m'assurer que les Français payent l'impôt. Et lutter contre la fraude, lutter contre la suroptimisation, changer la loi quand la loi permet, justement, légalement de contourner l'impôt que tous les Français payent, c'est ma responsabilité. J'y ai travaillé. D'ailleurs, à l'époque, en mois de février, c'était un des éléments que Le Parti Socialiste nous avait demandé de préparer et je peux vous faire une annonce. Nous avons, sur la table, travaillé avec les services de Bercy. Nous avons plusieurs options, des options via les holdings, des options via des mécanismes de lutte contre la suroptimisation. Ils sont compliqués à expliquer, vous voyez, à 8 h 45.
PAUL LARROUTUROU
Essayons quand même, parce que ce sont des annonces concrètes, allons-y.
AMELIE DE MONTCHALIN
Le but, c'est de quoi ? Il faut que les Français aient confiance dans le système fiscal parce que Si chacun paye l'impôt, il doit avoir confiance que leur voisin, surtout s'il a plus de moyens qu'eux, paye plus d'impôts.
PAUL LARROUTUROU
Donc vous nous annoncez ce matin que, par exemple, sur les holdings, vous allez les taxer.
AMELIE DE MONTCHALIN
Mais c'est dans le débat depuis des mois.
PAUL LARROUTUROU
Oui, mais vous allez le faire ou pas ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Bien sûr. Le Premier ministre, d'ailleurs, dans son plan, le dit. Il dit, nous voulons moins de milliards d'euros de rentrées fiscales sur la lutte contre la fraude et la suroptimisation des plus riches. La manière de le faire, les modalités, qu'est-ce qui est le plus efficace ?
AGATHE LAMBRET
C'est encore très flou pour l'instant, Amélie de MONCHALIN.
AMELIE DE MONTCHALIN
Ce n'est pas flou du tout. Soit on taxe via les holdings, c'est-à-dire on taxe les entreprises, et on regarde si elles permettent à certains de contourner l'impôt, soit on regarde ceux qui ont des hauts patrimoines.
AGATHE LAMBRET
Donc les particuliers les plus riches.
AMELIE DE MONTCHALIN
Et on s'assure que quand on fait un calcul, je ne vais pas détailler, c'est la formule, et on s'assure qu'ils ont payé l'impôt que tous les Français payent. Qu'ils ont payé l'impôt sur le revenu, qu'ils ont payé le prélèvement forfaitaire unique sur le revenu du capital, qu'ils ont payé l'IFI, bref, qu'ils ont payé les impôts que nous tous payons.
PAUL LARROUTUROU
Et le revenu, c'est combien ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Et la question, alors, on peut le faire soit par la taille de la holding, on peut le faire soit par le niveau de patrimoine, est-ce que c'est deux millions, est-ce que c'est cinq millions ? Et on peut surtout se dire une chose, c'est que ce combat aussi des ultra-riches, il se mène au niveau international.
AGATHE LAMBRET
Vous vous refusez le taxe ZUCMAN au niveau de la France ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Pas du tout. Si la France le fait toute seule, on le sait.
PAUL LARROUTUROU
Vous avez peur de l'évasion fiscale ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Vous avez vu ce monsieur, il est à Neuilly, il voit un journaliste et il dit : « Je m'organiserai pour ne pas payer ». D'abord, c'est scandaleux.
PAUL LARROUTUROU
Je pense qu'il pensait d'abord en termes d'optimisation fiscale.
AMELIE DE MONTCHALIN
Oui, d'optimisation.
AGATHE LAMBRET
Gabriel ZUCMAN, l'économiste auteur de cette taxe, dit que ça n'aurait quasiment aucun effet sur l'exil fiscal.
AMELIE DE MONTCHALIN
On ne va pas avoir ce débat quand on demande à cent fois moins de gens que ceux qui payaient l'ISF de payer à eux tous cinq fois plus. Donc c'est des gens qui vont avoir des augmentations fiscales de vingt, trente, cinquante fois plus d'impôts.
PAUL LARROUTUROU
Parce qu'ils n'en payent vraiment pas du tout beaucoup actuellement.
AMELIE DE MONTCHALIN
Vous savez qu'aujourd'hui, et c'est bien le sujet, la France, Emmanuel MACRON, moi-même, parce que c'était la responsabilité qui était la mienne entre 2022 et 2024.
PAUL LARROUTUROU
Et d'ailleurs, vous avez milité pour la suppression de l'ISF.
AMELIE DE MONTCHALIN
Nous avons, au G20, à l'OCDE, encouragé ce travail. Et vous savez, il y a des résultats. La semaine dernière, grâce à nous, vous aves, on a beaucoup parlé pendant des années du secret bancaire. Il y a un autre secret qui existait jusqu'à hier, jusqu'à la semaine dernière. Ça s'appelait le secret immobilier. Vous pouviez, par des montages très complexes, avoir des grandes propriétés immobilières dans le monde entier, et à la fin, personne ne sait à qui elles appartiennent. Donc quand vous avez des oligarques russes qui sont sous sanction internationale, parfois, vous n'arrivez pas à savoir que tel joli château, telle grande propriété est à eux. Vous ne pouvez pas les saisir. La semaine dernière, nous avons trouvé un accord mondial, mondial, sous l'impulsion de la France, pour que nous résorbions cette question.
AGATHE LAMBRET
Vous pensez convaincre le PS avec ses propositions, Amélie de MONTCHALIN ? C'est suffisant ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Moi, ce qu'on sait, c'est qu'ils veulent parler de niches fiscales. Ça fait six mois que j'en parle. Pourquoi j'en parle depuis six mois ? Parce que je dis que les Français ont raison de vouloir savoir si ça marche, si leur argent…
AGATHE LAMBRET
On vous a entendu, Amélie de MONTCHALIN. François BAYROU a eu des mots très très durs contre le PS dimanche dernier. Il a dit qu'Olivier FAURE voulait seulement être à Matignon, qu'il ne voulait pas discuter avec un parti qui ne propose rien. Est-ce que ce n'était pas un peu contre-productif ?
AMELIE DE MONTCHALIN
À nouveau, là aussi et pour que les choses soient clairement dites. On voit bien que notre sujet, il est collectif. Imaginez demain Olivier FAURE à Matignon. Olivier FAURE, comme François BAYROU, comme Michel BARNIER, comme à l'époque Élisabeth BORNE, comme... Il n'aura pas de majorité absolue. Donc Olivier FAURE à Matignon devra travailler avec d'autres députés, d'autres partis que le sien. François BAYROU, aujourd'hui, a la même équation, c'est-à-dire qu'on doit travailler avec d'autres gens que notre propre socle commun.
AGATHE LAMBRET
Donc plutôt que de critiquer le Parti Socialiste, le Premier ministre aurait mieux fait de leur tendre la main.
AMELIE DE MONTCHALIN
Ce que je dis, c'est que je pense qu'il faut qu'on arrête de se crier les uns les autres. Il faut qu'on prenne le sens de nos responsabilités devant les Français. Vous savez, quand les portes sont fermées, et moi, je travaille en ce moment beaucoup à préparer ce qui sera la base de négociation, le texte qui permettra de négocier. Quand les portes sont fermées, et vous imaginez que je travaille beaucoup et que je rencontre beaucoup d'acteurs de tous bords. Tout le monde est d'accord pour dire qu'avoir un budget est essentiel et urgent. Tout le monde est d'accord pour dire qu'il faut un compromis. Et tout le monde est d'accord pour dire, : " Bon, je te présente ce qui me semble important ". Évidemment, si tout le monde présente des choses et ne renonce à rien, on ne pourra pas avancer.
PAUL LARROUTUROU
A propos de compromis…
AMELIE DE MONTCHALIN
Donc, on arrête de se critiquer et on se dit qu'une chose, c'est que les Français, qu'est-ce qu'ils veulent qu'on fasse pour eux ? Est-ce qu'ils veulent qu'on fasse tomber des Gouvernements ? Je ne suis pas sûre. Est-ce qu'ils veulent que les mesures que nous mettions dans le débat soient bonnes pour eux ? Qu'elles changent leur vie ? Qu'elles leur donnent un avenir ? Qu'elles les protègent ? Qu'elles les aident à se projeter dans leur vie personnelle ? Dans leur vie professionnelle ? Bien sûr que c'est ça, notre responsabilité ?
AGATHE LAMBRET
Alors, on attend toujours ces mesures, justement, Paul.
PAUL LARROUTUROU
Merci, Agathe. Le Premier ministre se dit, à l'instant, chez nos confrères de BFM, prêt à examiner, je le cite : " Toute solution alternative à la suppression des deux jours fériés ". Est-ce, pour vous, une bonne nouvelle, Madame la ministre des Comptes Publics ?
AMELIE DE MONTCHALIN
La nouvelle, qui n'est pas à nouveau une nouvelle, c'est que nous…
PAUL LARROUTUROU
C'est une entendue, en tout cas.
AMELIE DE MONTCHALIN
Moi, je suis, vous voyez, membre d'un parti qui s'appelle Renaissance. Nous avons tous des convictions. Conviction, en parti Renaissance, c'est qu'il faut que le travail paie mieux, et c'est qu'on doit lutter contre la précarité des jeunes qui veulent travailler et qui sont au chômage, et en lutter contre la précarité des seniors qui veulent travailler et qui sont au chômage. Les jours fériés, c'était quoi l'intention politique ? De dire, dans notre pays, si on ne produit pas plus, si notre PIB, s'il n'y a pas plus de croissance, nous n'arriverons pas, dans le temps, à financer notre modèle social, nos services publics, et ce qui fait, je crois, une forme de fierté des Français.
AGATHE LAMBRET
En tout cas, Amélie de MONTCHALIN, vous avez réussi…
AMELIE DE MONTCHALIN
Et donc, s'il y a d'autres solutions, d'abord, on ne sait pas s'il y en a, il y a évidemment plein d'autres manières d'engager à produire plus. Il y a évidemment plein d'autres manières d'assurer que si on travaille plus, on gagne plus. Et je l'ai dit, pour moi, la plus grande conviction, c'est qu'il faut que les actifs ne soient pas les seuls à financer la solidarité nationale, la santé et tous les enjeux de modèle social pour 70 millions de Français. 21 millions d'actifs dans le secteur privé, plus 5 millions de fonctionnaires, plus 3 millions d'indépendants, ça fait un peu moins de 30. Vous voyez bien que dans un pays où on est 60 millions, on ne peut pas dire aux 30 millions d'actifs : " Vous payez pour tout le monde "
AGATHE LAMBRET
Et donc qu'est-ce que vous proposez ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Je propose qu'une partie des cotisations sur le travail, payées par les entreprises, payées par les salariés, payées par les fonctionnaires, payées par nous, actifs qui travaillons, soient réparties sur toutes les richesses. Toutes les richesses doivent contribuer à la solidarité nationale et au modèle social. Toutes les richesses, c'est quoi ? C'est le capital, c'est l'épargne, c'est le foncier, c'est l'héritage, certains parlent de consommation. Donc ça veut dire qu'on re-répartit l'effort, que chacun contribue avec ses moyens, indépendamment, ou en tout cas de manière moins directe, au travail. Parce que sinon, ça déprime tout le monde, ça déprime les entrepreneurs qui disent : " Mais pourquoi voulez-vous... "
PAUL LARROUTUROU
Ça veut dire quoi concrètement ? Très concrètement, ça veut dire quoi ? On comprend le principe, mais concrètement.
AMELIE DE MONTCHALIN
Concrètement, je prends votre feuille de paie, et on pourrait dire : " On retire des charges qui paient sur les entreprises pour qu'elles puissent investir et vous augmenter ". Et je retire des charges qui paient sur les salariés pour que directement sur votre feuille de paie, il y ait plus d'argent. Et ensuite, par d'autres impôts, foncier, héritage, capital, épargne, peut-être un peu de consommation si on veut. Mais on dit…
PAUL LARROUTUROU
C'est quoi ? C'est la TVA ?
AMELIE DE MONTCHALIN
On n'est pas... Ça peut être, mais ce n'est pas obligé.
PAUL LARROUTUROU
D'accord.
AMELIE DE MONTCHALIN
Et on dit : " Ben imaginons qu'on retire 20 milliards de charges. 10 milliards pour les entreprises, 10 milliards pour les salariés ". Ces 20 milliards de charges, on peut les financer autrement et on peut les financer de manière plus juste. On peut les faire financer par toutes les richesses qui sont produites dans notre pays.
AGATHE LAMBRET
Et est-ce que c'est de nature à convaincre les Républicains qui réclament eux aussi des mesures ? ...décidément fait l'unanimité contre lui. Écoutez, Bruno RETAILLEAU, un instant, Amélie de MONTCHALIN, et vous réagissez après.
BRUNO RETAILLEAU, MINISTRE DE L'INTERIEUR
Ce que nous avons dit au Premier ministre, c'est qu'il fallait pour que les choses soient claires, qu'un certain nombre de mesures qui heurtent les Français puissent être soustraites, retirées du plan.
AGATHE LAMBRET
Qu'est-ce que vous lui répondez à Bruno RETAILLEAU ? Qu'est-ce que vous répondez aux LR ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Vous voyez ce que je viens de dire. Je n'ai rencontré personne dans le pays qui est contre. Et d'ailleurs, je crois que si on expose, et d'ailleurs beaucoup de gens nous écoutent ce matin, cette idée que ce ne sont pas les seuls actifs, ce ne sont pas les seuls travailleurs qui financent la solidarité pour les 70 millions de Français, je ne connais personne qui va être contre. Donc vous voyez, ce que je vous dis, c'est que, oui, il y a un blocage politique. Je ne pense pas qu'une nouvelle élection le règle. Je pense d'ailleurs qu'après 2027, nous en serons toujours là. Soit on part de ce qui peut, aujourd'hui, réunir les Français. Que le travail paie plus. Que la justice fiscale soit plus grande. Que les scandales d'évasion et d'optimisation fiscale qu'on a entendus à votre antenne, on y mette fin.
AGATHE LAMBRET
Et restreindre les soins liés à l'Aide médicale d'État, ça aussi, ça rassemble les Français ? Ou c'est un geste désespéré pour convaincre le Rassemblement National ? Parce qu'on a appris hier que le Gouvernement voulait restreindre ces soins.
AMELIE DE MONTCHALIN
Attendez. Ça, je vais y revenir.
AGATHE LAMBRET
On va terminer dans une minute Amélie DE MONTCHALIN.
PAUL LARROUTUROU
Il faut y revenir maintenant…
AMELIE DE MONTCHALIN
Le 4 décembre 2023, Claude EVIN, un homme de gauche, Patrick STEFANINI, un homme de droite, remettent à la Première ministre de l'époque un rapport pour dire : " Sur ce sujet qui génère fantasmes, anxiétés, démagogie et toutes sortes d'idées qui n'ont plus rien à voir avec la réalité, voilà dix propositions pour que ça fonctionne mieux, que ça soit mieux contrôlé, qu'il y ait moins d'abus et qu'on retrouve de la confiance dans notre pays ". Un homme de droite, un homme de gauche. Ils proposent des propositions de compromis. Ces propositions, elles sont connues depuis deux ans. Personne n'a contesté ce rapport. Eh bien le Gouvernement en cours dit à un moment donné : " On arrête de faire du sur place. On arrête de tourner en rond. Il y a des propositions qui sont à notre main. Nous allons les mettre en oeuvre ". Et je peux rassurer tous ceux qui nous écoutent, ce n'est évidemment pas la fin de l'AME, mais c'est aussi une manière très claire de résorber ce qu'un homme de droite et un homme de gauche, qui ont de manière commune et par du compromis et par un travail que je vais dire sérieux, mis sur la table des propositions. C'est ça qu'on veut faire.
AGATHE LAMBRET
On entend. C'est le moment de la question... Amélie DE MONTCHALIN. Ecoutez Paul LARROUTUROU.
PAUL LARROUTUROU
Tous les matins, madame la Ministre, vous pouvez vous abonner au compte de vos réseaux de France Info, nous vous proposons la question qui est ce matin, la question qui sépare l'homme de l'artiste. Emmanuel MACRON avait dit de Gérard DEPARDIEU, je le cite, que c'était un immense acteur qui rendait fière la France. Est-ce que vous diriez la même chose, madame de MONTCHALIN ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Un immense acteur peut avoir fait des choses absolument horribles et la justice dans notre pays est là pour faire la part des choses. Je suis une femme, mon combat, comme toutes les femmes, est le fait que nous devons toutes être protégées, quel que soit le milieu, le travail, la profession, les circonstances. Le cinéma ne doit évidemment pas être un lieu d'impunité. Donc on peut être à la fois un immense acteur, mais si on a fait des choses absolument…
PAUL LARROUTUROU
Il rend fière la France ou pas ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Comment ?
PAUL LARROUTUROU
Est-ce qu'il rend fière la France, Gérard DEPARDIEU ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Il a fait des choses qui nous ont rendus fiers. Et puis manifestement la justice rendra sa décision, peut-être fait des choses qui nous rendent, à l'inverse, extrêmement déçus, désolés et atterrés.
AGATHE LAMBRET
La question, c'est aussi celle du timing. Au moment où Emmanuel MACRON dit que Gérard DEPARDIEU est un immense acteur et qu'il rend fière la France, il répond aux accusations, notamment d'agression sexuelle qui visait l'acteur. À ce moment-là, quand vous entendez le Président répondre : " C'est un immense acteur, il rend fière la France ", vous n'avez pas un peu honte pour toutes les femmes qui ont été abusées ?
AMELIE DE MONTCHALIN
Moi, ce que je vous dis, c'est que ce qui me ferait honte, c'est que la justice de notre pays soit entravée. Elle ne l'a pas été, puisque vous voyez ce matin, manifestement, elle ne l'a pas été. Ce qui me ferait honte, c'est qu'il y ait de l'impunité. Il n'y en a manifestement pas. Et donc il y a des moments où je ne fais pas la part des choses, mais je dis qu'il y a des choses qui ont pu nous rendre fiers et puis il y a des choses qui peuvent nous atterrer. Et je pense qu'on a tous la capacité à voir que dans le temps, quand parfois les événements changent, on est aussi capables de changer notre jugement.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 8 septembre 2025