Texte intégral
Monsieur le Sous-préfet,
Mesdames et Messieurs les Députés, chers Constance LE GRIP, Caroline YADAN, Jérôme GUEDJ, Mathieu LEFEVRE,
Madame la Ministre, Présidente du Conseil régional, Valérie PÉCRESSE,
Monsieur le Maire, cher Frédéric PETITTA,
Monsieur le Maire de Fleury-Mérogis, cher Olivier CORZANI,
Mesdames et Messieurs les élus,
Madame la Présidente du Jury du Prix Ilan HALIMI, chère Emilie FRÊCHE,
Monsieur le Délégué interministériel, Mathias OTT,
Madame la Directrice académique des services départementaux de l'Education Nationale, Pascale COQ,
Monsieur le Président du CRIF, cher Yonathan ARFI,
Monsieur le Président de la LICRA, cher Mario STASI,
Monsieur le Président de SOS RACISME, cher Dominique SOPO,
Monsieur le Président du comité Yad Vashem France, cher Patrick KLUGMAN,
Monsieur le représentant du Grand Rabbin de France, Monsieur Moché LEWIN,
Madame la Présidente du collectif "Nous vivons", Sarah AIZENMAN,
Monsieur le représentant du Fonds Social Juif Unifié, Monsieur Alberto GABAÏ,
Madame la représentant de l'Union des étudiants juifs de France, Madame Elise HIRSCH,
Mesdames, Messieurs,
Il y a bientôt vingt ans, Ilan Halimi, un jeune français de 23 ans, était enlevé, séquestré, torturé pendant 24 jours.
Puis assassiné.
Parce qu'il était juif.
Parce que ses bourreaux n'ont vu en lui qu'un nom.
Et ce nom, pour eux, disait argent.
Son martyre a révélé au grand jour ce que la haine, lorsqu'elle s'abreuve de préjugés et s'allie à l'ignorance, peut produire de plus monstrueux.
Elle réduit l'autre à une caricature, elle l'essentialise, elle le déshumanise.
Et, au bout du chemin, elle tue.
Aujourd'hui, ici à Sainte-Geneviève-des-Bois, à quelques centaines de mètres des lieux où ce jeune Français a été retrouvé agonisant, le long de la voie ferrée du RER, nous plantons un arbre en sa mémoire.
Un arbre, c'est la force des racines et l'élan vers le ciel.
C'est ce qui grandit, ce qui essaime, ce qui résiste aux tempêtes et aux vents contraires.
Et qu'ils le sachent : on peut abattre un arbre, comme à Épinay-sur-Seine il y a quelques semaines, mais on ne peut pas abattre la mémoire.
On peut abattre un arbre, nous replanterons.
Cet arbre grandira, il donnera de la lumière, il portera la promesse que le nom d'Ilan Halimi ne sera jamais réduit au silence, qu'aucune lâcheté ne nous fera plier, aucun acte de haine ne nous détournera de ce combat.
Parce que nous savons qu'aujourd'hui, la haine antisémite n'a pas disparu.
Le 7 octobre 2023, 50 Français ont été assassinés parmi plus de 1 200 hommes, femmes, enfants dans les attentats terroristes perpétrés par le Hamas en Israël.
Ce fut le plus grand massacre antisémite de notre siècle pour reprendre les mots du Président de la République lors de l'hommage rendu aux Invalides.
Toutes les démocraties ont eu à affronter un regain massif d'antisémitisme et la France n'a pas été épargnée.
Et partout, dans nos rues, dans nos villes, dans nos écoles, l'antisémitisme a repris forme et intensité.
Ce qui se dresse devant nous, ce n'est pas une vague, c'est une lame de fond.
Ce qui nous menace, ce n'est pas une convulsion, c'est un risque de réenracinement profond et durable.
Depuis le 7 octobre 2023, les chiffres sont là, implacables :
En France, 1 570 actes antisémites ont été recensés en 2024 après une année 2023 déjà marquée par des chiffres tragiques.
Pour l'année 2025, déjà 646 actes antisémites ont été recensés au 1er semestre et, cet été, les actes antisémites ont franchi un seuil.
Il y a l'antisémitisme qui frappe : celui qui tronçonne, qui tague, qui insulte, qui crache, qui attaque, qui incendie, qui blesse, qui viole, qui tue.
Il y a aussi l'antisémitisme d'atmosphère : celui qui s'installe au quotidien, qui invite à ne pas faire de vagues, qui impose aux victimes de disparaître.
Celui auquel on voudrait nous habituer.
Nous ne nous habituerons pas.
L'antisémitisme enferme nos concitoyens juifs dans des sentiments de peur, de solitude et d'abandon.
Et face à lui, il n'y a pas d'ambiguïté possible.
L'antisémitisme ne se négocie pas, ne se justifie pas, ne se débat pas : il se combat.
Ni soumission, ni hésitation.
Quand la République est attaquée, elle ne recule pas, elle répond avec force.
Face à l'antisémitisme, il n'y a pas de "oui, mais".
Il n'y ni compromis acceptable, ni ambiguïté possible.
Il n'y a ni seuil admissible, ni graduation tolérable.
L'antisémitisme ne se discute pas : il se traque, il se brise, encore et encore, jusqu'à son extinction.
C'est le sens de la très forte mobilisation du Gouvernement dès le 7 octobre 2023 qui a fait de la lutte contre l'antisémitisme une priorité absolue.
C'est le sens de la mobilisation de 10 000 policiers et gendarmes pour protéger les synagogues et les écoles juives après le 7 octobre 2023.
C'est le sens de la circulaire du ministère de la justice mise en place dès le 10 octobre 2023, appelant à une réponse pénale ferme et rapide face à l'antisémitisme.
C'est le sens de la loi du 31 juillet 2025 relative à la lutte contre l'antisémitisme dans l'enseignement supérieur adoptée à l'unanimité au Sénat et à une très large majorité à l'Assemblée nationale.
C'est le sens, enfin, des Assises de Lutte contre l'antisémitisme que j'ai relancées le 13 février dernier, date anniversaire du martyre d'Ilan HALIMI.
Parce que notre République et nos valeurs ne se défendent pas avec des mots : elle se défendent par l'action, par la vigilance, par l'éducation, par l'engagement de chaque citoyen.
Je veux le dire très clairement : se taire, c'est accepter.
Détourner le regard, c'est encourager.
S'engager, c'est résister à la peur.
S'engager, c'est refuser l'indifférence et tous ces petits renoncements quotidiens qui finissent par nourrir de grandes complicités.
S'engager, c'est dire non ; c'est le dire debout ; c'est le dire ensemble.
C'est pour cela qu'a été créé, avec le soutien de sa famille, le Prix Ilan Halimi.
Un prix pour transformer cette tragédie et cette colère en une promesse de résistance.
Un prix profondément républicain et universaliste aujourd'hui porté au plus haut niveau de l'État.
Le prix Ilan HALIMI récompense des jeunes de moins de 25 ans qui portent des projets de sensibilisation et de mobilisation pour faire reculer les préjugés racistes et antisémites.
Parce que notre République combat tous les préjugés et toutes les haines.
Sans exception, sans hiérarchie.
Avec la même force, la même exigence et la même détermination.
Parce que chaque préjugé qui divise, chaque stéréotype qui essentialise, chaque injure qui déshumanise, chaque regard qui humilie, prépare un terrain propice à la violence.
C'est pourquoi le prix Ilan HALIMI honore celles et ceux qui refusent la facilité du repli, du silence et de l'indifférence.
Des jeunes qui choisissent d'apprendre et de comprendre.
Des jeunes qui ouvrent le dialogue, des jeunes qui tendent la main.
Ils portent des films, des podcasts, des débats, des actions éducatives qui disent haut et fort :
La République est un combat vivant.
Un combat de chaque jour et de chaque instant.
Un combat qui nous engage toutes et tous.
Et c'est avec fierté et responsabilité que je lance aujourd'hui, avec vous, l'édition 2026 du prix Ilan HALIMI.
Émilie FRECHE, auteure, réalisatrice, en présidera, cette année encore, le jury et je tiens à l'en remercier et saluer son engagement et son soutien constants.
Cette édition est particulière : elle marque les 20 ans du martyre d'Ilan.
Elle portera encore plus haut la promesse de son nom.
Elle fera de sa mémoire une lumière pour notre avenir.
J'en appelle aux enseignants : mobilisez vos classes, faites vivre nos valeurs.
Nous vous avons écrit en ce sens il y a quelques semaines avec la Ministre d'État, Ministre de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur.
J'en appelle aux encadrants associatifs : faites connaître vos projets, vos actions, vos initiatives.
J'en appelle aux collégiens, lycéens, aux étudiants, aux jeunes engagés, aux jeunes révoltés par l'injustice : dressez-vous.
Vous êtes la jeunesse de France.
Vous qui refusez la haine et la combattrez toujours.
Vous qui croyez que la dignité est un droit pour chacun et que la justice est un devoir pour tous.
Vous qui portez des projets d'unité et de fraternité.
Participez à cette édition 2026 !
Faites entendre votre voix !
Et affirmez vos convictions !
Montrez que vous êtes la génération de l'engagement.
La génération qui ne détourne pas le regard devant la haine.
La génération qui refuse l'indifférence et la fatalité.
La génération qui fera vivre la promesse universelle de notre République.
Aujourd'hui, nous plantons un arbre.
Aujourd'hui, nous lançons un prix.
Aujourd'hui, nous affirmons que la mémoire est invincible et que l'engagement est nécessaire.
En mémoire d'Ilan Halimi.
En hommage à toutes les victimes de la haine.
Ensemble, faisons vivre cette promesse républicaine : toujours plus de liberté, toujours plus d'égalité, toujours plus de fraternité.
Pour chacune et chacun. Pour tous.
Pour aujourd'hui et pour demain.
Pour nos enfants et pour leurs enfants après eux.
Source https://www.dilcrah.gouv.fr, le 9 septembre 2025