Texte intégral
ROMAIN DESARBRES
Bonjour Juliette MEADEL.
JULIETTE MEADEL
Bonjour.
ROMAIN DESARBRES
Ministre déléguée et chargée de la ville. Merci d'être avec nous. On va balayer toute l'actualité, évidemment. Et on va commencer avec la situation politique. François BAYROU s'exprime partout depuis quelques jours pour tenter d'inverser la tendance et d'obtenir un vote positif à l'Assemblée nationale. Il dit, en substance : " C'est moi ou le chaos " Ce serait quoi le chaos selon vous, si ce n'était pas lui ?
JULIETTE MEADEL
Le chaos ? Ce ne serait pas le chaos, parce qu'on a des institutions, quand même, solides. Mais le Premier ministre est le seul aujourd'hui qui peut assurer de la stabilité. Est-ce que ce serait, s'il n'y avait plus le huit du Gouvernement, ce serait de l'impuissance publique, de l'impuissance de l'État ? Pourquoi ? Parce que ce sont des interruptions dans notre action. Ça veut dire que toi et moi, sur le terrain, dans la politique de la ville. Ça veut dire qu'il y aurait moins d'intervention, il y aurait moins de soutien pour les forces de l'ordre. C'est difficile aussi d'avancer sans avoir de direction claire avec des ministres. Donc, chaque fois que les ministres sont interrompus dans leur action, c'est les citoyens qui sont suspendus et qui voient l'action publique être ralentie, suspendue, et d'une certaine manière : moins puissante qu'elle ne peut l'être.
ROMAIN DESARBRES
Vous pensez vraiment qu'ils peuvent obtenir l'adhésion d'une majorité à l'Assemblée nationale le 8 septembre, en l'état actuel des choses ?
JULIETTE MEADEL
Mais je crois que rien n'est joué. Il ne faut pas jouer, justement, l'avenir de la France sur un coup de dés, comme certains le font dans les appareils parisiens politiciens. Là, ce qui se joue, ce n'est pas des histoires, des petites tactiques, loin de la réalité des Français. Ce qui se joue, c'est la stabilité du pays et c'est surtout une forme de confiance que nous devons inspirer, y compris à ceux qui nous financent. Puisque ceux qui nous financent, ceux qui nous prête de l'argent tous les jours pour faire fonctionner les écoles et les hôpitaux, quand ils voient que c'est instable, ils disent : " Je vais peut-être un peu moins prêter " ou " " Je vais demander un peu plus d'argent... "
ROMAIN DESARBRES
Mais les oppositions disent que c'est vous qui nous avez mis dans cette situation.
JULIETTE MEADEL
Ah, mais c'est toujours…
ROMAIN DESARBRES
3 000 milliards d'Euros de dette, 3 400 milliards d'Euros de dettes.
JULIETTE MEADEL
Mais évidemment. Est-ce qu'on a bien été géré depuis 45 ans ? Je ne vais pas vous dire oui. Est-ce qu'on peut se satisfaire que chaque seconde qui passe, on dépense 5 000 Euros de plus pour payer la dette. Moi, j'ai 4 enfants. Vous voyez. Sur la tête de chacun de mes enfants, il y a déjà 48 000 Euros de dette. Donc, c'est une catastrophe, oui. Mais en même temps, on a aussi dû faire face à des besoins qui ont été exprimés par nos concitoyens. Moi-même, j'étais satisfaite que mes enfants puissent retourner à l'école pendant la crise Covid. J'étais satisfaite qu'il y ait des primes pour le secteur de la santé, pour les soignants. Donc, ce qu'il faut maintenant…
ROMAIN DESARBRES
Alors, il faut dire que c'était complètement irresponsable de distribuer cet argent qu'on n'avait pas, et qu'on ne sait pas comment rembourser.
JULIETTE MEADEL
On en avait besoin.
ROMAIN DESARBRES
Après, heureusement, encore, qu'on va rembourser, mais pendant combien de temps ?
JULIETTE MEADEL
Voilà. La question, c'est…
ROMAIN DESARBRES
C'était irresponsable ?
JULIETTE MEADEL
Non, c'était nécessaire. Maintenant, il faut faire autrement. C'est à dire que maintenant, il faut mieux gérer l'argent public. Il faut que nos investissements soient productifs. On a mal dépensé notre argent. Par exemple, dans les quartiers dont je m'occupe, on aurait dû prévenir le mal.
ROMAIN DESARBRES
On va y venir, on va y venir, au quartier. Mais restons sur la situation politique s'il vous plaît. Le RN appelle à un retour aux urnes avec une dissolution. On rebat les cartes et on peut espérer voir se dessiner une majorité à l'Assemblée nationale. Vous êtes favorable à la dissolution ? Le vrai sujet, c'est que vous n'avez pas les manettes, vous n'avez pas de majorité.
JULIETTE MEADEL
C'est le Président de la République qui décidera. Moi, je suis favorable à ce que les institutions durent le temps pour lesquels elles seront prévues.
ROMAIN DESARBRES
C'est lui qui décidera, mais vous pouvez avoir un avis.
JULIETTE MEADEL
Oui. Si nous ne parvenons pas à avoir un accord, forcément la question de la dissolution va se poser. Naturellement. C'est pourquoi, il faut tout faire pour qu'il y ait un soutien de l'action qui est menée par le Premier ministre qui, je le répète, a ouvert la voie à un dialogue qui n'a pas fermé, qui a demandé simplement un accord sur le volume de la dette. C'est-à-dire, il dit : " Est ce qu'on est tous d'accord pour que l'effort financier, on est tous d'accord pour dire que c'est 40 milliards d'euros ? " Vous savez, les socialistes qui disent, d'où je viens, qui disent : " 40 milliards d'Euros, ce n'est pas le bon montant ". Aujourd'hui, ils disent ça, Disant, on pourrait faire moins. Mais sous Jean-Marc AYRAULT, le budget, le premier budget qui a été voté en 2013, c'est un budget qui consacre un effort financier de 36 milliards d'Euros. Et aujourd'hui, ils vont nous expliquer que 40 milliards, c'est trop cher, alors qu'on est presque dix ans après et qu'on est dans une situation difficile. Donc, là, moi je dis : il faut arrêter la tactique, s'occuper de l'intérêt général, se mettre tous autour d'une table et avancer. Parce que c'est ce que les Français nous ont demandé. Je ne crois pas que les Français souhaitent revenir aux urnes tous les six mois pour aller désigner ou élire leurs Députés. Donc il faut que la stabilité soit présente et que la classe politique soit plus responsable.
ROMAIN DESARBRES
Juliette MEADEL, ministre de la Ville, avec nous, ce matin, sur CNEWS et Europe 1. Certains veulent encore bloquer Le pays le 10 septembre. Je pense notamment à Jean-Luc MELENCHON. C'est responsable ?
JULIETTE MEADEL
Évidemment que non. Vous le savez. Je pense qu'on a perdu Jean-Luc MELENCHON depuis très longtemps. Je le regrette. Mais il contribue à semer le désordre et semer la zizanie. Et moi, je dis à la gauche responsable, si elle existe et si elle m'écoute encore, qu'il est urgent de casser tout type de discussion et d'accord avec Jean-Luc MELENCHON.
ROMAIN DESARBRES
L'insécurité et la ville. Et on va venir à vos responsabilités : la Ville. Mais déjà, sur l'insécurité, Éric DUPOND-MORETTI, l'ancien garde des sceaux, s'en prend à CNEWS, à Pascal PRAUD et à ses amis. Voilà. Il dit, en substance, il l'a dit hier au rassemblement des entreprises de France, au rassemblement du Medef. Il dit, en substance, qu'il y a un sentiment d'insécurité, mais que quand on regarde les chiffres, ce n'est pas la catastrophe, parce que le nombre d'homicides ne bouge pas, qu'il y a à peu près 1 000 homicides par an en France, et depuis de nombreuses années. Mais chacun sait que ce n'est pas le seul indicateur et que tous les autres indicateurs explosent. Voilà le nombre d'homicides, mais on va voir les autres indicateurs. Nombre de victimes de tentatives d'homicides : 2 259 en 2016, 4 290 en 2024 : fois deux en huit ans. Le nombre de victimes de violences physiques enregistrées entre 2016 et 2024 : 277 000, 450 000 en 2024. Regardez cet autre chiffre, le nombre de victimes de violences sexuelles : 51 900, 122 400 en 2024, en 8 ans. La gauche n'en a pas fini avec le sentiment d'insécurité ?
JULIETTE MEADEL
Enfin, la gauche et Éric DUPOND-MORETTI... Je ne comprends pas bien, mais le vrai sujet…
ROMAIN DESARBRES
Il est de gauche, Éric DUPOND-MORETTI.
JULIETTE MEADEL
Je ne sais pas, mais enfin. Manifestement, il a…
ROMAIN DESARBRES
Il se trompe ?
JULIETTE MEADEL
Il a perdu un peu le contact avec la réalité. Dans les quartiers, il y a des jeunes qui perdent la vie de plus en plus régulièrement : sur des balles perdues, sur des rixes violentes, sur des règlements de compte entre trafiquants de drogue. Donc, la réalité aujourd'hui, c'est que l'insécurité, la violence des attaques est plus importante qu'elle ne l'était auparavant. Et qu'en plus, le sentiment d'insécurité, surtout dans les quartiers, dont les habitants des quartiers sont les premières victimes, est extrêmement important. Donc, on ne peut pas dire ça.
ROMAIN DESARBRES
Mais ce n'est pas un sentiment d'insécurité, quand on habite dans un dans un quartier gangrené par un trafic de drogue. Baisser les yeux tous les jours pour aller travailler, ce n'est pas un sentiment…
JULIETTE MEADEL
Mais bien évidemment. Mais de toute manière, qu'il s'agisse d'une augmentation des victimes et d'une augmentation de la violence ou de ce que vous, vous appelez un sentiment d'insécurité, peu importe, ce qui compte, c'est que la situation est très grave du point de vue de l'insécurité dans les quartiers. Et elle est aussi très grave du point de vue de l'insécurité chez les riverains. Par exemple, il y a des petites villes où il n'y a pas de quartiers politiques de la ville, mais qui subissent aussi les conséquences du trafic de drogue. Donc, aujourd'hui, c'est un sujet qu'il faut prendre sérieusement. Ce que fait le Premier ministre, le ministre de l'Intérieur et le ministre de la Justice.
ROMAIN DESARBRES
Juliette MEADEL, ministre de la Ville. Ma consoeur, journaliste à News, Isabelle PPIBOULEAU, qui rentrait de vacances avec son compagnon, à minuit. Son compagnon était venu la chercher à la gare. Ils prennent le train, mais ils sont agressés par un individu qui finit par poignarder le compagnon. L'individu, sénégalais en l'occurrence, 42 ans, a été arrêté. Ce n'est pas un homicide, mais c'est le symbole de cette insécurité dont les Français ne veulent plus. On peut faire toutes les politiques de la ville, rien ne se passera de positif dans ce pays si on ne rétablie pas la sécurité. On est d'accord ?
JULIETTE MEADEL
Non, la sécurité, ce n'est pas que ça. La sécurité, c'est la répression, mais ce n'est pas que la répression. L'efficacité pour réprimer utilement, c'est de prévenir le mal. Et c'est ce sur quoi nos politiques publiques ont été insuffisamment incarnées jusqu'à présent. Pour prévenir le mal, il faut s'occuper du mal à la racine. C'est-à-dire prévenir la souffrance, prévenir la déscolarisation, prévenir le trouble psychique lourd. Et de ce point de vue-là, la politique que nous mettons en oeuvre avec le Premier ministre, c'est de prévenir par plus d'écoles, par de l'accompagnement par des adultes. Il faut plus de limites éducatives. Et tout ça, c'est des moyens de l'Etat, et c'est surtout une volonté politique.
ROMAIN DESARBRES
Quel rôle joue l'immigration dans cette situation ?
JULIETTE MEADEL
L'immigration fait partie des réalités de notre pays. C'est aussi une chance quand les dits immigrés sont correctement accueillis et correctement intégrés. Et pour ça, qu'est-ce qu'il faut ? De l'école, de la sécurité.
ROMAIN DESARBRES
C'est types se comportent bien, ou ce n'est que le rôle des Français ? Vous dites « accueillis et intégrés ». Ça, c'est le rôle des Français, mais il y a leur rôle aussi.
JULIETTE MEADEL
Mais c'est le rôle de tout un chacun. Enfin, on est dans une république des droits et des devoirs. Et ça s'applique à tout le monde. Ça s'applique à ceux qui arrivent et ça s'applique à ceux qui restent. Et ça s'applique à ceux qui sont là.
ROMAIN DESARBRES
Donc, vous nous dites qu'on reculer l'insécurité en réduisant également l'immigration ?
JULIETTE MEADEL
Je dis qu'on fera reculer l'insécurité quand l'État aura retrouvé la pleine puissance de ses moyens, c'est à dire quand il investira encore davantage dans l'éducation, dans la santé, et dans la sécurité, mais qu'il le fera de façon efficace. Pour moi, un Euro dépensé doit être un Euro utile. Et c'est que j'ai fait dans les quartiers, notamment sur l'entretient dans les quartiers et dans les parties communes des logements sociaux.
ROMAIN DESARBRES
On va y venir. Mais à propos de la ville, tiens, on parlait à l'instant de ce qui est arrivé à ma consoeur. Regardons des images de la Porte de Vanves. C'est dans le sud de Paris, pour les auditeurs d'Europe 1. Je vais le décrire. Regardez les images, elles vont apparaître. Sur ces images, on voit un marché, elles vont normalement apparaître. Mais on voit un marché avec des gens, un marché illégal, des gens qui vendent, à même le sol, des produits. C'est en pleine ville. C'est Porte de Vanves. Que dit la ministre de la Ville quand elle voit ça ? Moi, je dis : on a l'impression d'être dans un pays sous développé, un pays qui n'a pas le niveau de développement économique. Et ça, c'est dans la capitale française. Vous êtes ministre de la Ville, votre commentaire quand vous voyez ça. Vous dites : " c'est tout à fait normal " ou est ce qu'il y a un vrai problème avec la mairie de Paris, avec Anne HIDALGO et ses alliés communistes ? Qu'est-ce que vous dites ?
JULIETTE MEADEL
Ecoutez. Porte de Vanves... Là, c'est Château d'Eau, hein. Donc, c'est…
ROMAIN DESARBRES
Alors, là, c'est Château d'Eau ? On va rester sur la Porte de Vanves s'il vous plaît. Je ne le dis pas à la régie. Merci.
JULIETTE MEADEL
La politique de la ville, c'est ça précisément. C'est précisément ça. C'est à dire que les maires, la mairie de Paris, en particulier, avec l'Etat, donnent des autorisations ou pas. Et donc, je ne sais pas si ce marché était autorisé.
ROMAIN DESARBRES
Non, il ne l'est pas.
JULIETTE MEADEL
Si ce marché n'est pas autorisé, il ne doit pas avoir lieu. C'est très simple, vous savez. C'est très, très, simple, hein, la politique de la ville ou même les politiques municipales. Soit c'est autorisé, soit ce n'est pas autorisé. Donc, là, ce que je souhaite maintenant, c'est que, d'abord, on arrête de stigmatiser.
ROMAIN DESARBRES
C'est-à-dire ?
JULIETTE MEADEL
Je souhaite qu'on arrête de stigmatiser tout ce qui... Dans les quartiers politiques de la ville, il y a des gens qui, la plupart des gens, 95% des habitants des quartiers, travaillent. Et qu'est-ce qu'ils veulent ?
ROMAIN DESARBRES
Et qui souhaitent que ça se passe bien.
JULIETTE MEADEL
Ils veulent de l'ordre.
ROMAIN DESARBRES
Ouais.
JULIETTE MEADEL
Ils veulent de la propreté et ils veulent de l'ordre. Moi, je travaille…
ROMAIN DESARBRES
Et c'est bien pour eux, c'est bien pour les personnes qui habitent ce quartier qu'on en parle, hein ?
JULIETTE MEADEL
Exactement.
ROMAIN DESARBRES
On est bien d'accord. Alors, du coup, tout le monde est d'accord.
JULIETTE MEADEL
Et donc, ça veut dire que tous ceux qui vivent ici, Porte de Vanves... Moi, je passe tous les matins…
ROMAIN DESARBRES
Mais qui stigmatise... Justement, on défend les personnes qui habitent ce quartier.
JULIETTE MEADEL
Exactement. Donc, tout ceux qui habitent dans les quartiers politiques de la ville sont nos concitoyens, à 94%, attendent exactement la même chose que ceux qui habitent à Paris XVI. Ils veulent de l'éducation, de la sécurité, de la propreté et de la santé. Et c'est ça le rôle de l'Etat. Et pour ça, il faut dépenser bien et dépenser mieux.
ROMAIN DESARBRES
Et madame la ministre de la Ville, vous lancez des plans et vous dites : « Chaque Euro dépensé doit être un Euro utile. »
JULIETTE MEADEL
Un Euro utile, c'est-à-dire qui rapporte aux Français.
ROMAIN DESARBRES
Et vous lancez un plan ascenseur.
JULIETTE MEADEL
Oui. Qui va commencer là le 10 septembre. C'est-à-dire que moi, j'ai démarré en disant : " Je serai la ministre des ascenseurs qui marche ". Pourquoi ? Parce qu'il y a des quartiers où vous avez des tours avec des ascenseurs qui tombent en panne pendant trois semaines. Est-ce que c'est normal, quand vous êtes handicapé, de ne pas pouvoir sortir de chez vous pendant trois semaines ? Donc j'ai demandé à 30 départements, avec les préfets, les élus locaux, de m'identifier les zones où nous allons pouvoir démarrer les travaux. Et j'ai réuni la Fédération des ascensoristes et les travaux vont démarrer à la fin du mois de septembre dans 30 départements. Deuxième sujet. L'action que j'ai menée avec les bailleurs sociaux, c'est-à-dire ceux qui entretiennent les logements sociaux, a produit ses effets. L'État aide les bailleurs sociaux pour entretenir. Moi, je veux que si cet argent-là produise des résultats, on continue. Mais si quand l'argent public dépensé ne produit pas de résultats et que c'est toujours aussi sale, on arrête. Les bailleurs sociaux ont été au rendez-vous. Je veux vous le dire ici. A la fin de mes huit mois d'action, il n'y a aujourd'hui plus que quelques cas avec de grosses difficultés d'entretien et nous sommes derrière. Et tous les trois mois, nous allons retourner voir sur le terrain si c'est toujours aussi propre. Et si ça ne l'est pas, nous supprimerons les aides publiques. Je l'ai fait une fois dans un endroit à Martigues. Et donc je veux vous le dire ici, cet argent que nous investissons aujourd'hui, il est bien utilisé et je remercie les bailleurs sociaux de s'être vraiment mobilisés sur ce terrain, car des progrès ont été enregistrés.
ROMAIN DESARBRES
Juliette MEADEL, ministre de la Ville, avec nous. On va parler de l'antisémitisme et on va écouter le témoignage d'une mère de famille de confession juive. Elle témoignait sur CNEWS. C'est Israël qui a été attaqué le 7 octobre par les terroristes du Hamas et ce sont les Juifs qui sont visés par des actes antisémites. On écoute ce témoignage et on écoute votre réaction juste après.
MERE DE DEUX ENFANTS DE CONFESSION JUIVE
Moi, je dis à mes enfants d'être très discrets sur ce sujet-là, sur leur religion, sur les fêtes, les fêtes juives, etc., sur les Shabbat parce qu'on est quand même pratiquant, etc. Je leur demande d'être très discrets. Et j'estime que ce n'est pas normal de devoir demander ça à ses enfants. Ne dites pas que vous êtes Juifs, ne dites pas qu'on fait Shabbat le vendredi soir. Ne dites pas qu'on fait les fêtes juives. Ne dites pas ça. Enfin ce n'est pas normal d'en arriver à ce point-là en fait.
ROMAIN DESARBRES
Des Juifs en France qui sont obligés de cacher leur religion. Voilà où on en est.
JULIETTE MEADEL
Je crois que nous sommes en train de vivre le pire recul de l'histoire de la République de ce point de vue-là, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Je ne pensais pas qu'un jour, dans mon pays, je vivrais ce type de recul qui nous rappelle les heures les plus sombres de l'histoire. Et pour cela, nous devons lutter de toutes nos forces contre toutes les discriminations. Toutes. Tout ce qui tend à séparer la République de tel ou tel, ou à faire d'un individu, en raison de sa religion, un bouc émissaire, voilà le mal. Donc nous devons serrer les rangs, sanctionner de façon exemplaire toutes les atteintes antisémites et xénophobes. Et préserver et protéger tous nos concitoyens qui sont menacés. Et préserver et protéger tous nos concitoyens qui sont menacés.
ROMAIN DESARBRES
Juliette MEADEL, votre parole ne tremble pas. Vos mots sont forts. On vit le pire recul de l'histoire de la République.
JULIETTE MEADEL
Du point de vue de l'antisémitisme et de la xénophobie.
ROMAIN DESARBRES
Du point de vue de l'antisémitisme depuis 45. Vous avez entendu le président de la République prendre la parole ? Il y a des actes antisémites tous les jours. Vous avez entendu le président de la République prendre la parole sur ce thème-là ?
JULIETTE MEADEL
Mais très régulièrement. Il l'a fait. D'abord au moment des hommages aux victimes, par exemple l'hommage aux victimes du 7 octobre.
ROMAIN DESARBRES
Il n'a pas manifesté.
JULIETTE MEADEL
Non, mais il s'est exprimé.
ROMAIN DESARBRES
Non.
JULIETTE MEADEL
Il a fait un hommage national après. Le président de la République…
ROMAIN DESARBRES
Là, depuis quelque temps, il y a des actes antisémites tous les jours. Il y en a plusieurs chaque jour. Et on ne l'a pas entendu prendre la parole de façon officielle et j'allais dire importante. Qu'il prenne la parole sur ce thème-là précisément.
JULIETTE MEADEL
Alors je ne partage pas du tout évidemment. Vous devez vous en douter. Le président de la République est là à chaque moment solennel. C'est-à-dire que non seulement il intervient à bon escient.
ROMAIN DESARBRES
C'était le terme que je cherchais. Il n'y a pas eu d'intervention solennelle.
JULIETTE MEADEL
Mais ce n'est pas vrai. Le dernier exemple en date, l'hommage national qui a été rendu aux victimes des attentats du 7 octobre, qui s'est déroulé comme il se doit avec tout ce qui va avec, avec un hommage national, c'est-à-dire à la fois en grande pompe, avec le nom de chacune des victimes. Et depuis cet hommage national aux attentats du Hamas du 7 octobre, il y a eu des prises de paroles à chaque moment d'intervention solennelle dans le pays. Vous savez, je crois que maintenant, ce qui compte aussi, une fois que nos déclarations politiques ont été dites, ce sont les actes. Comment on lutte contre ça ? Encore une fois, et ce n'est pas un vain mot. Par l'éducation, y compris à la maison. Et donc le message que nous devons porter aussi, c'est qu'à la maison, on apprend que le racisme et l'antisémitisme sont des délits et que l'égalité entre les femmes entre les hommes, quelle que soit votre religion ou votre origine, est un principe avec lequel on ne transige pas. Et c'est comme cela qu'on luttera contre ces terribles dérives.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 9 septembre 2025