Interview de M. Laurent Saint-Martin, ministre délégué, chargé du commerce extérieur et des Français de l'étranger, à Sud Radio le 28 août 2025, sur le vote de confiance et le budget pour 2026.

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Média : Sud Radio

Texte intégral

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Bonjour à vous Laurent SAINT-MARTIN.

LAURENT SAINT-MARTIN
Bonjour.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Et bienvenue. Vous êtes déjà en train de préparer vos cartons ?

LAURENT SAINT-MARTIN
On travaille tous les jours parce que nous sommes en responsabilité et surtout on dialogue et on essaie de convaincre effectivement les forces parlementaires, notamment les députés, pour que le débat qui a été présenté par le Premier ministre soit d'abord compris en tant que tel. Doit-on dans notre pays relever le défi de la dette ? Doit-on dans notre pays considérer enfin que la question des finances publiques est une question centrale et grave ? Et va-t-on avoir, le 8 septembre, une réponse à cette question ? Et pas une réponse à savoir est-ce qu'on veut poursuivre ou pas avec François BAYROU ou avec le Gouvernement. Parce que la question ce n'est pas celle-là.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Si je vous pose la question des cartons, ce n'est pas pour la gaudriole, Laurent SAINT-MARTIN, c'est parce que c'est un compte à rebours. Vous avez vu ce que disent les uns et les autres, le RN, la gauche, il n'y aura pas de vote de confiance. Vous le savez. Vous avez entendu…

LAURENT SAINT-MARTIN
Jean-François ACHILLI, je vous coupe tout de suite. Est-ce qu'ils ont répondu à la question ?

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mais ce n'est pas à moi de répondre à leur place.

LAURENT SAINT-MARTIN
Mais est-ce qu'ils ont répondu à la question quand ils vous ont répondu qu'ils ne votaient pas la confiance ? Ce n'est pas une question de confiance. Le Premier ministre a posé une question claire. A-t-on aujourd'hui dans notre pays un grave problème de finances publiques et un grave problème d'endettement qui peut virer au surendettement ? Aucune des oppositions, pour l'instant, il reste encore une dizaine de jours, pour l'instant, n'a répondu à cette question.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
D'accord. Ils ne répondent pas à la question. Je suis d'accord Laurent SAINT-MARTIN.

LAURENT SAINT-MARTIN
Donc pardon de considérer, vous parlez de compte à rebours, moi je considère qu'il y a dix jours, pour que les oppositions se posent sérieusement cette question-là, et ils répondent. Pour l'instant, ce n'est pas le cas.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Et vous savez bien que, pour l'instant, comme vous dites, la messe est dite. Vous avez entendu ce matin Pierre JOUVET, le Socialiste, eurodéputé, au micro de SUD Radio de Benjamin Glaise qui dit : " Je ne sais pas si on va y aller lundi, ça ne sert plus à rien, de toute façon, nous ne voterons pas la confiance ". C'est déjà fait, en réalité.

LAURENT SAINT-MARTIN
Mais vous vous rendez compte du niveau d'irresponsabilité de cette réponse ? Le Premier ministre ne dit pas, faites-moi confiance moi, permettez à mon Gouvernement de durer. Ce n'est pas du tout ça la question. Si ce n'est pas nous, ce sera un autre Gouvernement. La question, elle est très différente. C'est, veut-on prendre à bras-le-corps, la question enfin du redressement des comptes publics qu'aucun gouvernement n'a fait. Pourquoi est-ce qu'on en est là ? Parce qu'on a protégé le pays pendant des crises majeures, la crise Covid, la crise de l'inflation suite à la guerre en Ukraine. Toutes les oppositions, le parti de Pierre JOUVET notamment, voulaient dépenser plus, voulaient aller protéger les Français, les entreprises, les collectivités territoriales. On l'a fait. Et bien aujourd'hui, après des années de dépenses publiques importantes pour protéger, il faut rembourser. Aucune opposition ne prend la responsabilité de dire qu'il faut le faire. Moi je suis désolé, pardon. Dire juste, je ne viens pas lundi, je pense que ce n'est même pas la question, puisque de toute façon on ne fait pas confiance, c'est de l'irresponsabilité.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Irresponsable, vous dites.

LAURENT SAINT-MARTIN
Totalement. C'est-à-dire qu'on ne prend même pas le soin d'écouter l'énoncé, comme on disait à l'école. On ne prend même pas le soin de répondre à la question. Pardon, mais les Français méritent autre chose comme représentation que des personnes qui se disent de façon pavlovienne :"« Ouh là, attends, c'est BAYROU, c'est non ". Mais attendez, c'est quoi cette façon de faire de la politique ?

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ça démarre mal les consultations de lundi là.

LAURENT SAINT-MARTIN
Les consultations, si vous voulez, elles doivent se baser sur la question qu'a posée le Premier ministre à l'ensemble de l'Assemblée nationale.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
D'accord. Oui mais s'il faut se reparler, c'est mal parti.

LAURENT SAINT-MARTIN
Et je serai le premier heureux si les groupes politiques pouvaient nous démontrer, même s'ils votent contre, qu'ils répondent à la question. S'ils répondent non à la question, ça veut dire qu'ils considèrent que la question de la dette n'est pas une question centrale dans notre pays. Ça veut dire qu'ils nient la réalité. Ça veut dire, pardon, qu'ils ne veulent pas gouverner. Parce que n'importe qui veut gouverner doit regarder cette réalité d'endettement en face. Et puis, dernière chose, toutes ces oppositions, personne n'est d'accord avec l'autre. Elles sont toutes uniquement d'accord pour dire ça suffit François BAYROU, ce n'est pas une politique, ce n'est pas un projet pour le pays. Et surtout, ça règle en rien la question de notre endettement. Et donc, un peu de responsabilité, ce n'est pas dire, soyez d'accord avec nous. Ce n'est pas dire, le budget qu'a présenté François BAYROU le 15 juillet, signez-le, les yeux fermés. Dialoguons, discutons, amendons le projet de texte de loi. Mais d'abord, mettons-nous d'accord sur le constat

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous dites dialoguons, Laurent SAINT-MARTIN, avec des opposants que vous jugez irresponsables ce matin.

LAURENT SAINT-MARTIN
Pas tous. Je dis juste que quand le réflexe est pavlovien pour dire : " On ne viendra même pas lundi, ça sert à rien ", j'appelle ça de l'irresponsabilité.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ecoutez ce que disait hier soir François BAYROU quand il est question justement des opposants. Pourquoi ? Parce que vous ne leur avez pas parlé avant, ils étaient en vacances. Et il dit également, il a cette formule, vous savez, c'est comme un bateau qui aurait une voie d'eau, un trou dans la coque. Il y en a qui disent, ne t'en fais pas Simone, le bateau flotte encore. Mais à qui parle-t-il comme ça, et pourquoi est-ce qu'il leur parle comme ça ? Lui qui veut les recevoir. C'est ça que je ne comprends pas.

LAURENT SAINT-MARTIN
Il les reçoit dès lundi, pour parler franchement. Parlons franchement. Le sujet est trop grave. Parlons franchement de la question centrale de l'endettement. François BAYROU a fait, le 15 juillet, une présentation claire. Laissez-moi terminer. François BAYROU a fait une présentation claire, précise, de sa vision budgétaire, pour l'année 2026, le 15 juillet. Les oppositions n'ont jamais répondu sur la question de la gravité de l'endettement. Et donc on a besoin d'avoir un niveau de débat serein, un niveau de débat constructif. Et après, Jean-François ACHILLI, on pourra discuter des mesures. Mais on n'est même pas d'accord sur le constat. On n'est même pas d'accord sur le fait qu'aujourd'hui, la question de la dette, qui va grever la capacité d'action publique pour nos enfants et nos petits-enfants, aujourd'hui, est centrale. Vous avez des oppositions qui pensent aux prochaines échéances. Vous avez, du côté de l'extrême-gauche, des gens qui disent, destitution, destitution, juste parce que monsieur MELENCHON veut être président de la République. Bon, ce n'est pas un programme pour le pays. Et puis vous avez, de l'autre côté, notamment le Rassemblement National, qui dit, dissolution, dissolution, parce qu'ils veulent une majorité à l'Assemblée. Ça, ce sont des calculs politiciens. Travaillons avec ceux qui sont prêts à parler sérieusement du budget. Je pense beaucoup au Parti socialiste, parce que je les connais bien. Et je sais qu'ils sont capables d'avoir un dialogue justement constructif avec nous. Donc je les invite vraiment, lors de la rencontre de lundi avec le Premier ministre, à avoir ce niveau de discussion.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Laurent SAINT-MARTIN, un mot sur l'opinion publique. Les Français, vous savez, il y a des sondages, quand même. Je sais bien que, quand ils ne sont pas arrangeants, on les déteste, et quand ils sont bons, on les valide. 7 Français sur 10, Elabe pour BFMTV, ne souhaitent pas que François BAYROU obtienne le vote. Vous diriez qu'ils sont déraisonnables, irresponsables, les Français ?

LAURENT SAINT-MARTIN
Moi, je crois que les Français en ont ras-le-bol de cette situation globale.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Non mais là, sur... et on tourne la page.

LAURENT SAINT-MARTIN
Les Français en ont ras-le-bol de voir une classe politique française incapable de se mettre d'accord sur un constat qu'eux observent tous les jours. Parce que les Français, quand on leur demande d'équilibrer leur budget de ménage, ils n'ont pas le choix. Le banquier ne leur dit pas d'accord, on remettra ça dans 10 ans. Donc ils comprennent très bien qu'un État surendetté, c'est extrêmement grave pour eux, d'abord. Je pense que les Français en ont surtout ras-le-bol de ne pas voir des oppositions politiques avec un Gouvernement en capacité de dialoguer, dans un moment où, en majorité relative, on doit savoir trouver des compromis. A quel moment la France pourra, comme ses voisins européens, faire preuve un tout petit peu de responsabilité politique en étant capable de créer un esprit de coalition ? Des compromis. Les compromis, ça ne veut pas dire que tout est parfait.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mais c'est vous qui êtes aux affaires. Vous parlez comme un observateur extérieur.

LAURENT SAINT-MARTIN
Il ne vous a pas échappé, Jean-François ACHILLI, qu'on est en majorité relative. Donc il faut aller chercher des compromis avec les oppositions. Et donc on tend la main aux oppositions depuis des mois. Il faut que ces oppositions puissent aussi expliquer quelles sont les voies du compromis. C'est ça la question posée par François BAYROU pour le 8.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Alors la question, elle va vous intéresser ma question, pourquoi le discours de François BAYROU, qui est un discours de réalisme, n'imprime pas les esprits politiques ? Pourquoi ?

LAURENT SAINT-MARTIN
Ah ! Mais ça, il faut que vous reposiez la question à ceux que vous avez cités de l'opposition. Reposez la question à... Il n'est jamais trop tard. On a plus d'une semaine, on a dix jours. Reposez à l'envie la question : voulez-vous, oui ou non, participer à cette nécessité de redresser les comptes du pays pour les Français ? Pas pour vous, pas pour votre parti, pas pour votre agenda électoral, pour les Français. Quand est-ce qu'on pourra se mettre autour de la table et dialoguer autour d'un budget commun, de compromis, de co-construction ? Si, et je ne désespère pas, si d'ici dix jours, certaines oppositions disent, d'accord, on va construire un budget ensemble pour l'avenir du pays, parce qu'à la fin, ce qui compte, c'est bien qu'il y ait un budget d'ici la fin de l'année, alors effectivement, on aura fait un grand pas. Et ça, c'est dans l'intérêt du pays.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous évoquez le Parti socialiste qui fut votre famille politique quand vous avez débuté avant de rejoindre Emmanuel MACRON. Vous pensez que les mesures dont on entend le frémissement, taxation des riches, grosso modo, efforts spécifiques pour les hauts revenus, a dit François BAYROU devant la CFDT, suppression de niches fiscales. Amélie DE MONTCHALIN, votre collègue au Compte public, elle, commence à en lister une cinquantaine de niches à supprimer. Quelle est l'idée ? C'est de dire au Parti socialiste regardez, on va peut-être taxer les riches. Ceci dit, vous n'allez pas jusqu'à adopter la taxe Zucman. Vous n'en voulez pas de ça.

LAURENT SAINT-MARTIN
L'idée, encore une fois, c'est…

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
C'est quoi ? C'est taxer les riches ?

LAURENT SAINT-MARTIN
L'idée, ce n'est pas de taxer les riches, ou taxer qui que ce soit.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mais si. Ça parle de ça.

LAURENT SAINT-MARTIN
Non. Jean-François ACHILLI, je vous répète ce que je dis. L'idée, c'est mettons-nous autour de la table pour regarder quel est le meilleur budget acceptable avec un compromis politique. La question de la fiscalité doit être sur la table. La question des économies doit être sur la table. La question de travailler davantage doit être sur la table. Et donc aucun tabou, aucune difficulté à parler de la fiscalité, des hauts revenus, des hauts patrimoines. D'ailleurs, on l'a déjà fait dans le budget pour 2025.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
C'est prévu dans le plan de…

LAURENT SAINT-MARTIN
Mais bien sûr.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Il y a quoi ? 2 milliards à peu près ?

LAURENT SAINT-MARTIN
Mais même plus, on l'avait déjà fait dans le budget 25. On peut continuer à en discuter sur le budget 26. On l'a toujours dit. En fait, ce qui me fascine dans votre question, ce n'est pas vous, mais c'est que tout cela, on l'a déjà dit. On a déjà dit qu'on tendait la main pour que ce budget soit amendable. 15 juillet, François BAYROU, conférence de presse, tout est amendable. Tout est négociable, tout est discutable. À quel moment on se parle ? D'abord, est-ce qu'on peut le 8 septembre se mettre d'accord sur le fait que la gravité de la situation exige de se mettre autour de la table ? On est d'abord sur un rendez-vous, avant de parler des micro-mesures, on est d'abord dans un rendez-vous de constats. Ce rendez-vous de constats, pour l'instant, il n'est pas saisi par un certain nombre d'oppositions. Il n'est pas trop tard. Il y a 10 jours pour cela. Moi, je crois qu'elles doivent saisir cette occasion.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Il peut y avoir un retour de l'ISF, par exemple ?

LAURENT SAINT-MARTIN
Il peut y avoir beaucoup de choses dans un budget.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Patrick MARTIN, le patron des patrons au MEDEF, dit : " Ce serait ravageur pour l'économie. "

LAURENT SAINT-MARTIN
Jean-François ACHILLI, vous me parlez de quelque chose qui, pour l'instant, n'est même pas permis par les oppositions, c'est celui d'avoir un débat. Et je suis obligé de vous répondre ça. Je vous dis, est-ce que vous voulez débattre ? Pour l'instant, la réponse est non. Et après, vous me dites, qu'est-ce qu'il y a dans le débat ? Mais mettons-nous d'abord autour de la table.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous avez quand même quelques pistes à égrener et à présenter.

LAURENT SAINT-MARTIN
On en a plein, puisqu'on a présenté notre plan le 15 juillet. Il est complet. 44 milliards d'Euros d'économie. S'il doit y avoir des questions sur la fiscalité en plus, on est tout à fait prêts à avoir le débat avec les Socialistes.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Donc vous êtes prêts à augmenter la taxation, la fiscalité pour les très hauts revenus ?

LAURENT SAINT-MARTIN
On est prêts à beaucoup de choses dans ce budget à partir du moment où il correspond à un compromis qui fait avancer le pays. On l'a toujours dit. Mais, pardon, vous mettez la charrue avant les boeufs.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Non.

LAURENT SAINT-MARTIN
Moi, je ne sais pas discuter de mesures budgétaires si en face, je n'ai pas un interlocuteur qui est prêt à accepter le constat et le débat.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Est-ce que François Bayrou qui demande la confiance avant même toute discussion, ne met pas lui aussi la charrue avant les boeufs ? Franchement.

LAURENT SAINT-MARTIN
Mais arrêtez de parler de confiance de François BAYROU. La question n'est pas celle-là.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
C'est ce qui va se passer le 8 septembre.

LAURENT SAINT-MARTIN
D'abord, il n'y a pas de mot confiance dans la Constitution. L'article 49 alinéa, il ne parle pas de confiance. Ça, c'est un abus de langage que tout le monde utilise depuis quelques jours. La question, c'est la mise en responsabilité du Gouvernement sur une question. Et cette question-là, pardon, c'est, oui ou non, voulons-nous affronter le défi de la dette dans notre pays ? Pour l'instant, toutes les oppositions disent non. Je m'en lave les mains. Ce n'est pas mon sujet. Je ne suis pas responsable. Donc débrouillez-vous sans moi. Ces gens-là, moi, je vous le dis, s'ils continuent, ne veulent pas gouverner. C'est la démonstration qu'ils font. Et en plus, ils ne sont pas d'accord entre eux. Soyons un petit peu responsables ensemble. Je parle aux Socialistes notamment, mais à toutes les forces politiques qui peuvent décider dans les prochains jours, peut-être après la rencontre avec le Premier ministre de lundi, que l'enjeu, il est quand même supérieur à la question de la posture politique. L'enjeu, il est quand même de, est-ce que notre Nation, demain, peut continuer à protéger ses concitoyens en cas de crise ? Est-ce qu'on remet enfin à niveau nos comptes publics ? On est le seul pays européen à ne pas l'avoir fait. Quand est-ce qu'on le fait ? On a besoin pour ça des oppositions pour aller chercher des compromis.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Laurent SAINT-MARTIN, François BAYROU est attendu aujourd'hui à 14h30 devant le Medef qui fait sa rentrée. Vous y étiez hier à la Rencontre des patrons. Une autre personnalité y est invitée, Jordan BARDELLA, pour un débat de clôture avec ces autres responsables politiques, Bruno RETAILLEAU, Gabriel ATTAL et autres. Vous regrettez la présence de Jordan BARDELLA au Medef ?

LAURENT SAINT-MARTIN
Non, je crois que toutes les forces politiques doivent pouvoir débattre. Il y a aussi Manuel BOMPARD pour la France insoumise. Moi, je suis un grand démocrate. Je ne vois aucune difficulté à ce que les forces politiques puissent venir débattre devant les entrepreneurs. Justement, à ne jamais les inviter, on les empêche de montrer l'incurie de leur programme, notamment économique. Et donc il vaut mieux qu'ils présentent aux entrepreneurs ce qu'ils pensent vraiment de l'économie. Et là, au moins, on jouera carte sur table.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous nous dites ça, Laurent SAINT-MARTIN, vous êtes un responsable politique, vous êtes issu de La République En Marche, vous nous dites ça un an après le barrage anti-RN aux élections législatives, après la dissolution.

LAURENT SAINT-MARTIN
Mais quel rapport ?

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mais quel rapport ? Il fallait à tout prix, l'année dernière, faire le barrage au Rassemblement national. Et là, il est invité, c'est normal de le voir au MEDEF.

LAURENT SAINT-MARTIN
Mais vous confondez deux choses. Vous confondez la liberté d'expression et la présentation des programmes. Je ne suis pas pour la censure. Par contre, je suis pour assumer politiquement, effectivement qu'il y a…

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous trouvez ça cohérent.

LAURENT SAINT-MARTIN
Ah ! Mais je pense que ce sont deux choses totalement différentes. Vous me parlez d'un vote qui empêche une majorité d'extrême droite et ça, je pense qu'effectivement, c'est quelque chose de tout à fait souhaitable et d'assumé. Et vous comparez ça au fait d'inviter le président d'un parti qui vient présenter ses idées. Ce sont deux choses totalement différentes

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Donc il faut leur barrer la route, mais discuter avec eux. Il y a une forme de logique qui est difficile à admettre.

LAURENT SAINT-MARTIN
Mais enfin, leur barrer la route, comme vous dites…

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
C'est ce que vous avez fait…

LAURENT SAINT-MARTIN
C'est un choix politique.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Oui.

LAURENT SAINT-MARTIN
Mais quel rapport avec la liberté d'expression et avec le fait de s'exprimer ? Je ne comprends pas.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Les patrons ne produisent pas de digues anti RN. C'est regrettable également ou pas à vos yeux ? Puisque là, vous parliez de digues politiques sur une élection. Là, les patrons apparemment lorgnent désormais du côté du Rassemblement national. C'est une question que je vous pose

LAURENT SAINT-MARTIN
Mais pas du tout. Mais encore une fois, vous mélangez tout. Vous me parlez de l'invitation de Jordan BARDELLA, de Manuel BOMPARD, de Marine TONDELIER, bref, de tout le spectre politique pour aller débattre devant les patrons. Très bien, Dont acte. Les patrons ne font ni digues, ni courte échelle à aucun responsable politique. Le Medef, c'est la représentation du patronat, c'est la représentation des entrepreneurs. On a besoin d'abord de leur parler de l'avenir parce qu'ils sont inquiets, justement. Et si les oppositions peuvent plutôt aller les rassurer sur le fait qu'ils considèrent que la dette publique est un enjeu central dans ce pays, alors je pense que ce sera une avancée intéressante. Peut-être que ce qu'il y aura lieu dans ce débat…

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Je ne suis pas sûr que ce soit le sujet.

LAURENT SAINT-MARTIN
Ah ! Ben moi, je les invite quand même à leur expliquer aux patrons pourquoi…

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Jordan BARDELLA...

LAURENT SAINT-MARTIN
Non, attendez, c'est important. Je les invite quand même... C'est quand même moi qui réponds. Je les invite quand même à expliquer aux patrons pourquoi aujourd'hui ils ne sont pas prêts à débattre de la dette quand le Premier ministre les invite à le faire le 8 septembre. Ça sera intéressant.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Jordan BARDELLA qui se voit déjà à Matignon, vous l'avez entendu, après le 8 septembre. C'est une possibilité pour vous ? C'est une chose envisageable ? Vous y pensez ?

LAURENT SAINT-MARTIN
Permettez-moi de me projeter dans ce qui existe. Ce qui existe, c'est un vote, le 8 septembre, sur une question centrale de l'avenir de notre pays. Moi, je ne fais pas de politique fiction.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Qui n'est pas un vote de confiance, vous avez dit, donc ?

LAURENT SAINT-MARTIN
Ce n'est pas un vote de confiance sur le Premier ministre. C'est un vote de oui ou non, voulons-nous faire du sujet de l'endettement de notre pays une priorité pour les prochains mois et les prochaines années ? Moi, je considère que la réponse est oui. Si les oppositions considèrent que la réponse est non, elles doivent s'en expliquer. Parce qu'on ne peut pas, pardon, être représentant, vous l'avez dit, j'ai été député, on ne peut pas être représentant du peuple et considérer que ce débat n'existe pas. On ne peut pas avoir demandé à dépenser tant parce que les oppositions étaient les premières à demander pendant la crise Covid pour protéger l'ensemble de notre Nation et considérer qu'aujourd'hui ce sujet n'existe pas. C'est une question de responsabilité collective. Les oppositions sont-elles responsables, avec le Gouvernement, oui ou non ? Et après on parlera des mesures.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ultime question et ça sera la dernière. C'est vraiment très courte. Laurent SAINT-MARTIN, ce n'est même pas une question, c'est une réflexion. Quel gâchis tout de même. Tout ça pour ça. Vous êtes d'accord avec ça ou pas ?

LAURENT SAINT-MARTIN
Je suis d'accord sur le fait que notre pays n'arrive pas à avoir une culture du compromis et de la coalition comme les Allemands, les Italiens, les Espagnols, les Belges, bref, tous nos voisins savent faire. Alors je sais que la Vème République n'a pas cette culture-là. Ça prend peut-être un peu de temps. Mais là, il y a urgence. Et cette urgence, ça s'appelle la dette du pays. Donc mettons-nous autour de la table, assumons des désaccords mais travaillons sous la forme du compromis.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Et ce sera le mot de la fin. Merci à vous Laurent SAINT-MARTIN.

LAURENT SAINT-MARTIN
Merci à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 12 septembre 2025