Texte intégral
Alix BOUILHAGUET
Bonjour David AMIEL,
David AMIEL
Bonjour,
Alix BOUILHAGUET
Fonctions publiques et réforme de l'État. Comme ça, on est tout à fait complet. Un mot d'abord pour commencer sur ce cambriolage, hier au musée du Louvre et déjà une polémique politique sur le manque de sécurité dans les musées. Pour Jordan BARDELLA, c'est même une insupportable humiliation et délitement de l'État.
David AMIEL
Vous savez ce qui s'est passé au musée du Louvre ? C'est d'abord un crime contre notre histoire et notre culture. Et on a tous été saisis d'effroi en la prenant dimanche matin. C'est un symbole, le Louvre, symbole aussi évidemment de notre histoire, celle du 19e siècle. Et je vois les polémiques qui surgissent au fond, elles surgissent toujours à n'importe quel sujet. On a une enquête judiciaire qui est en cours. J'espère d'abord qu'on arrivera le plus rapidement possible à retrouver les coupables, à retrouver les bijoux qui ont été dérobés et évidemment à châtier les malfaiteurs.
Alix BOUILHAGUET
Aujourd'hui, l'examen du budget en commission à l'Assemblée nationale débute. Premier jour d'un marathon qui doit finir, je le rappelle, au 31 décembre. Il faut passer ce budget. Je rappelle aussi en ce sens l'usage du 49.3, puisque Sébastien LECORNU y a renoncé.
David AMIEL
Et moi, je suis convaincu qu'un compromis est possible. Et la meilleure preuve qu'un compromis raisonnable est possible, c'est qu'il a déjà eu lieu puisqu'en 2025, on a réussi à avoir un compromis entre le Parti socialiste, le bloc central et les élus de la droite républicaine pour avoir un budget qui réduisent le déficit, qui n'augmente pas les impôts sur l'immense majorité des Français et qui poursuive les investissements indispensables dans l'armée et dans la transition écologique. J'étais, à l'époque, le négociateur principal pour l'Assemblée nationale. On avait fait cet accord au début de l'année 2025 et je crois que s'il y a de la bonne foi de part et d'autre, si on sort des jeux de postures, on peut refaire les mêmes choses pour l'année 2026.
Alix BOUILHAGUET
Dans ce budget, Sébastien LECORNU s'est engagé à la suppression de la réforme des retraites. On n'a pas bien compris quel sera le véhicule législatif pour proposer cette suspension. Mais Sébastien LECORNU avait évoqué un amendement du Gouvernement dans le cadre du projet de loi de finances de la sécurité sociale, ce qui obligerait finalement les socialistes à voter ce budget. Marine LE PEN et Jean-Luc MELENCHON réclament une lettre rectificative soumise au Conseil d'État pour suspendre cette réforme. Est-ce que c'est une option sérieuse ?
David AMIEL
L'engagement du Premier ministre sera tenu. La discussion sur la forme, le véhicule continuera évidemment à avoir lieu. Le Premier ministre, le ministre des Relations avec le Parlement y travaillent. Mais, vous savez, Jean-Luc MELENCHON et Marine LE PEN ne cherchent, au fond, qu'une seule chose, c'est faire que tout explose. Ils veulent rendre l'adoption de ce budget impossible pour créer une crise politique, sans doute une crise financière et essayer ainsi de tirer les marrons du feu. Je crois qu'il faut garder beaucoup de sang froid. On a réussi à construire une relation saine, stable. Le fait que le premier ministre renonce à l'usage du 49.3 est un acte très important de confiance dans le Parlement et les engagements seront.
Alix BOUILHAGUET
Il n'y aura pas d'entourloupe parce que c'est ce que redoutent les oppositions vis-à-vis de l'engagement qui est pris vis-à-vis du Parti socialiste sur cette suspension de réforme des retraites. Elle existera bien à la fin au 31 décembre.
David AMIEL
Bien sûr, l'engagement sera tenu. Il n'y aura évidemment aucune entourloupe.
Alix BOUILHAGUET
Hier, le patron du Sénat, Gérard LARCHER, a étrié le choix d'Emmanuel MACRON d'abandonner les marqueurs qui avaient, je le cite, a marqué ses huit années de mandat parce que ce compromis se fait quand même sur le dos de l'équilibre financier des retraites. Il place aussi un petit peu la France à rebours de l'histoire. Quand on voit les âges de départ à la retraite de nos voisins européens. Il a raison, Gérard LARCHER.
David AMIEL
Moi, j'étais favorable à la réforme des retraites, mais je crois que le Premier ministre fait, aujourd'hui, preuve de réalisme et de sagesse. Il n'y a plus de majorité à l'Assemblée nationale pour permettre la poursuite de la réforme des retraites jusqu'en 2027. La suspension est donc, un choix éminemment réaliste. Et un compromis, c'est aussi pouvoir faire des concessions de part et d'autre. Maintenant, bien sûr qu'il faudra, en 2027, avoir à nouveau un débat sur la question des retraites. Vous l'avez dit, je suis ministre de la fonction publique. Quand on regarde les chiffres, on a une dette qui augmente. On a des déficits qui sont importants, des impôts qui sont importants. Et pourtant beaucoup de services publics qui sont à l'os, dans la police, dans la justice, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle on y réinvestit. L'explication, c'est évidemment qu'une grande part des dépenses publiques est absorbée par les dépenses de retraites. C'est la moitié de l'augmentation de la dette ces dernières années. Donc, il faudra qu'on ait à nouveau, en 2027, un débat sur cette question des retraites. Aujourd'hui, à l'Assemblée nationale, il n'y a pas de majorité pour pouvoir avancer.
Alix BOUILHAGUET
Encore un dernier mot sur ce sujet. On sent quand même que pour certains de vos camarades de Renaissance, la pilule : " Suspension de la réforme des retraites ", elle est quand même dure à avaler. Si vous vous étiez député, est ce que vous ne l'auriez voté. Vous voteriez sans état d'âme cette suspension.
David AMIEL
Mais à l'Assemblée nationale, il y a dans, tous les cas, une majorité sans même Renaissance pour voter en faveur d'une suspension de la réforme des retraites.
Alix BOUILHAGUET
Mais vous nous dites quoi ? Que vous vous seriez abstenus ?
David AMIEL
Mais je ne suis pas parlementaire. Aujourd'hui, je respecte beaucoup les députés.
Alix BOUILHAGUET
Vous l'étiez, il y a une semaine.
David AMIEL
Mais je respecte beaucoup les députés Renaissance qui, effectivement, ont un devoir très difficile dans la période, celui de faire des compromis. Vous savez, un compromis, ça coûte dans les deux camps, donc, évidemment ça nous coûte. Evidemment, on continue à penser que sur le fond, la réforme des retraites était indispensable, nécessaire. Aujourd'hui, elle n'est pas possible. Et si nous avions une crise politique, une explosion de ce budget en plein vol, eh bien le coût pour les finances publiques serait bien plus élevé que celui de la suspension de la réforme des retraites.
Alix BOUILHAGUET
Alors, vous nous parlez justement de finances publiques. Le nerf de la guerre, comme partout, c'est l'argent. En ces temps de disette budgétaire, est ce que vous, vous avez l'assurance dans votre portefeuille, celui de la fonction publique, que vous ne serez pas touché par les économies ?
David AMIEL
Non, l'argent public est rare et tous les ministères devront faire des efforts dans la mesure de priorité.
Alix BOUILHAGUET
À hauteur de combien pour vous ?
David AMIEL
La priorité, c'est de mettre le paquet sur les services publics du quotidien. C'est la raison pour laquelle on réduira des emplois dans la fonction publique d'État. On aura notamment des efforts très importants dans ce qu'on appelle les opérateurs, les agences de l'État.
Alix BOUILHAGUET
Je précise pour nos téléspectateurs, suppression environ 3 000, la moitié au sein des opérateurs de l'État.
David AMIEL
Exactement. Et dans le même moment, on remet des postes sur des services publics du quotidien, on recrée des postes dans la police pour avoir plus de présence de forces de l'ordre sur le terrain, dans les rues, dans l'espace public. On recrée des postes dans la justice pour avoir aussi des procédures plus rapides. On sait, aujourd'hui, que beaucoup de tribunaux sont mobilisés. On crée évidemment des postes dans l'armée pour faire face aux nouvelles menaces aux frontières de l'Europe. Et c'est cela qu'il faut réussir à faire. C'est faire des choix clairs, retirer des moyens là où ils sont les moins urgents. En remettre là où c'est indispensable.
Alix BOUILHAGUET
J'ai compris où on en enlevait. Donc, au sein des opérateurs de l'État, j'ai compris où on en remettait. Mais sur les 3 000 suppressions de postes, donc, la moitié aux opérateurs de l'État, cela veut dire que les autres, c'est quel type de personnel ?
David AMIEL
Les autres postes seront dans les différents ministères qui ne sont pas ceux que j'ai mentionnés. Donc, effectivement, vous avez des créations de postes dans la police, vous avez créé les créations de postes dans la justice.
Alix BOUILHAGUET
Oui mais quelles suppressions ?
David AMIEL
C'est l'ensemble des autres ministères qui devront, les uns et les autres, faire les efforts.
Alix BOUILHAGUET
Et vous n'avez pas le détail parce que c'est environ 1 500 postes qui seront supprimés sur ces autres…
David AMIEL
On aura les débats budgétaires, mais l'ensemble des ministères qui ne connaissent pas des créations de postes, par définition, feront des efforts. Mais c'est évidemment indispensable dans la période puisque nous sommes dans une période d'ajustement budgétaire.
Alix BOUILHAGUET
En 2026, il n'y aura pas non plus de mesures de revalorisation salariale. Elles sont gelées. Je sais que vous recevez les organisations syndicales, cette semaine, c'est pour leur faire un état des lieux et notamment sur cela, sur les salaires.
David AMIEL
C'est d'abord pour les écouter et pour pouvoir ensuite avancer ensemble. Moi, ma première priorité comme ministre de la Fonction publique, c'est d'oeuvrer à améliorer les conditions de vie des travailleurs de première ligne du service public. Ce qu'on a applaudi aux fenêtres pendant la crise sanitaire, mais qui n'ont pas toujours eu la reconnaissance qu'ils méritaient. Quand j'étais député, j'avais déposé une proposition de loi, par exemple, pour faciliter l'accès au logement des travailleurs publics de première ligne, qui souvent habitent à 1 h, 1 h 30, par exemple, de l'hôpital où ils travaillent, qui arrivent épuisés, qui finissent par jeter l'éponge. J'espère qu'on ira au bout de l'examen de cette proposition de loi. Et puis, plus généralement, cette question des conditions de travail, des conditions de vie sera au coeur des discussions que j'aurai avec les organisations syndicales.
Alix BOUILHAGUET
Et donc, concernant les conditions de travail, je ne sais pas si cela s'apparente, mais vous vous lancez en partenariat avec MISTRAL pour 10 000 agents. Cela veut dire quoi ? Ça veut dire que l'intelligence artificielle va venir seconder des agents de la fonction publique ?
David AMIEL
Oui, c'est notre deuxième priorité comme ministre. Le ministre chargé de la réforme de l'État de la fonction publique. C'est, au fond, de faire gagner du temps aux agents et aux usagers. Je veux être le ministre du temps gagné parce que, aujourd'hui, la bureaucratie, elle, étouffe les services publics. Et les premières victimes, ce sont les fonctionnaires. Moi je ne dirais jamais que les responsables de la bureaucratie sont les fonctionnaires, les responsables de la bureaucratie, ce sont les décisions politiques, c'est le fait qu'on a un défi, une organisation archaïque, qu'on a beaucoup d'élus, qu'on a des lois qui sont votées sans se soucier de leur application, qu'on a des échelons qui s'entremêlent. Et donc, oui, l'intelligence artificielle notamment, elle peut permettre de faire gagner du temps aux agents. J'annoncerai, mercredi, le déploiement d'un tchat bot, comme on dit. C'est une sorte de tchat GPT, mais français souverain avec MISTRAL pour aider les agents publics. Je travaille également…
Alix BOUILHAGUET
Concrètement, ça aide en quoi ou quelle tâche ?
David AMIEL
Ça aide à pouvoir remplir automatiquement un certain nombre de formulaires. Ça aide à pouvoir préparer des réponses aux usagers pour pouvoir, ensuite, faire que l'agent public à la main, puisse la personnaliser tout en gagnant du temps sur la partie la plus réglementaire standardisée. Les enseignants chercheurs, par exemple, on y travaille pour qu'ils puissent remplir automatiquement un certain nombre d'appels à projets, se concentrer sur le coeur de leur mission qui est de faire de la recherche et d'enseigner et pas de remplir de la paperasse. Tout ça, je crois que ça peut être des vraies avancées pour les agents publics.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 21 octobre 2025