Texte intégral
JEFF WITTENBERG
Bonjour.
DAVID AMIEL
Bonjour.
JEFF WITTENBERG
Et en effet, David AMIEL, vous êtes un des nouveaux visages de ce Gouvernement LECORNU qui a maintenant un mois et demi d'existence. Vous êtes ministre de la Fonction publique. Et à ce titre, vous apportez - c'est ce que vous dites, en tout cas - quelques bonnes nouvelles dans ce budget de la sécurité sociale tant décriée, un peu de sucré dans une addition qui apparaît plutôt salée puisque, notamment, vous annoncez de la nouveauté pour les femmes fonctionnaires qui ont eu des enfants.
DAVID AMIEL
Oui, bien sûr. Moi, ma priorité, c'est d'améliorer la vie quotidienne des personnes qu'on a applaudi aux fenêtres il y a cinq ans. Parmi elles, il y a beaucoup d'agents publics et il y a beaucoup de femmes avec des inégalités considérables. Et donc, effectivement, je souhaite que très rapidement, on puisse mettre en place des mesures pour apporter des droits supplémentaires aux femmes de la fonction publique qui n'ont pas les mêmes droits que dans le secteur privé. Et c'est le cas en matière de retraite puisque le conclave qui s'était tenu pour les retraites entre patronat et syndicat avait prévu des mesures supplémentaires pour les femmes du secteur privé qui ont eu des enfants. Je souhaite qu'on ait les mêmes mesures pour les femmes…
JEFF WITTENBERG
C'est-à-dire, concrètement ?
DAVID AMIEL
C'est-à-dire très concrètement que les femmes qui ont eu des enfants dans la fonction publique et qui partiront à la retraite auront une pension supplémentaire pour corriger, évidemment, l'effet que ça a pu avoir sur leur carrière. Ce sera un effort considérable, mais c'est un effort très important.
JEFF WITTENBERG
Il y a quelque chose qui va changer aussi sur le congé pathologique, ce qu'on appelle ce congé pathologique, dont peuvent bénéficier les femmes enceintes ?
DAVID AMIEL
Absolument. Là aussi, je souhaite qu'on puisse avoir une semaine supplémentaire de congé pathologique pour les femmes enceintes de la fonction publique, qu'elles pourront prendre à n'importe quel moment au premier trimestre, deuxième trimestre ou troisième trimestre de grossesse.
JEFF WITTENBERG
Alors les syndicats à qui vous avez annoncé ça, disent : " Bien, mais peut mieux faire ". Ce sont des choses qui sont finalement à la marge par rapport à, justement, le déficit, par exemple, de rémunération souvent entre le secteur public et le secteur privé.
DAVID AMIEL
Surtout, il y a un déficit de rémunération également entre les femmes et les hommes dans la fonction publique, puisqu'il y a un écart de salaire d'à peu près 10%. Et c'est la raison pour laquelle j'ai lancé hier avec les organisations syndicales une négociation pour pouvoir résorber cet écart. Le Président de la République avait fait de l'égalité entre les femmes et les hommes la grande cause de ses deux mandats. C'est absolument essentiel qu'on poursuive.
JEFF WITTENBERG
On va parler du budget de la Sécurité sociale, le PLFSS, comme on l'appelle dans le jargon parlementaire. Est-ce que c'est un budget -c'est la question que certains se posent de gauche - qui est en train de sortir de l'Assemblée nationale ? J'en veux pour preuve l'adoption de cet amendement présenté par les Socialistes qui va notamment augmenter la CSG sur les revenus du capital. La droite crie au délire fiscal. Gérard LARCHER parle de catastrophe financière. Et même au sein du Gouvernement, Gérald DARMANIN, je le cite, évoque un suicide français. Est-ce que vous êtes en train de faire une politique de gauche, en tout cas voulue telle que la veulent les partis Socialistes ?
DAVID AMIEL
Non, ce qui se passe au Parlement, c'est qu'il y a un compromis qui est en train de se construire. Donc évidemment, un compromis, ça veut dire qu'il y a des mesures qui viennent du bloc central, des mesures qui viennent de la droite. Je pense en particulier à la question des heures supplémentaires, par exemple, où des mesures ont été votées. Et puis des mesures qui viennent de la gauche, celles à laquelle vous avez fait référence sur la fiscalité du capital.
JEFF WITTENBERG
…Elle parle de folie fiscale.
DAVID AMIEL
Mais j'entends aussi ce que dit la gauche, où ça ne lui suffit pas non plus. C'est normal. Un compromis, c'est une situation où tout le monde est un peu mécontent, mais où tout le monde aussi obtient des victoires et des avancées.
JEFF WITTENBERG
Mais quand même… Vous êtes un compagnon d'Emmanuel MACRON depuis des années, depuis quasiment le début de son premier quinquennat. C'est un rebours de la politique voulue par le Gouvernement et par Emmanuel MACRON depuis qu'il est à l'Élysée, c'est-à-dire une politique contraire à une politique de l'offre, l'augmentation des impôts. Comment vous le concevez ? Pourquoi vous acceptez ça ? C'est juste pour éviter la censure ?
DAVID AMIEL
Non, dans le budget qui est présenté par les gouvernements, les fondamentaux de la politique économique, du soutien à l'industrie sont préservés. Il y a même des propositions pour aller plus loin, par exemple en baissant l'impôt de production, qui s'appelle la CVAE, qui pèse beaucoup sur l'industrie et qui est essentielle pour notre compétitivité. Mais oui, il y a des éléments de compromis dans ce budget, parce qu'aujourd'hui, à l'Assemblée nationale, il n'y a plus un camp qui a une majorité.
JEFF WITTENBERG
Le Premier ministre Sébastien LECORNU disait hier au Sénat qu'il ne serait pas celui qui tendrait la main à Jordan BARDELLA pour une passation de pouvoir et qu'il n'y avait aucune autre solution qu'une dissolution si jamais la censure arrivait à nouveau.
DAVID AMIEL
Mais chacun voit bien ce qui est en train de se jouer. Le Rassemblement national et La France insoumise veulent créer une crise parlementaire pour provoquer une crise budgétaire qui mènerait au chaos politique et institutionnel. C'est d'ailleurs la seule raison pour laquelle La France insoumise vote, en ce moment même, des amendements de droite à l'Assemblée nationale. Et le Rassemblement national, lui, vote des amendements d'extrême gauche, puisque quand Jordan BARDELLA courtise les patrons sur les plateaux de télévision, Marine LE PEN vote des dizaines de milliards d'Euros d'impôts supplémentaires sur les entreprises.
JEFF WITTENBERG
Mais pour l'instant, les Français n'y comprennent rien, vous en êtes conscient. Par exemple, ce week-end, il va y avoir un vote décisif sur le budget de la Sécurité sociale. Qu'est-ce que ça peut changer ?
DAVID AMIEL
Vous avez raison. C'est pourquoi les forces modérées ne doivent surtout pas tomber dans le piège qui est tendu par les extrêmes. Parce que ce piège, c'est quoi ? C'est d'empêcher qu'on puisse débattre dans l'Assemblée les questions qui intéressent justement les Français. La question de la santé, la question des retraites. On en parlait à l'instant pour la retraite des femmes de la fonction publique… La question de l'hôpital. Pour qu'on puisse aborder ces sujets, il faut que la partie recette du budget de la Sécurité sociale soit adoptée. C'est extrêmement important.
JEFF WITTENBERG
Et quel est votre pronostic et votre espoir, je l'imagine, puisque ça va se décider ce week-end ?
DAVID AMIEL
Il faut que les forces modérées, c'est-à-dire celles qui ne veulent pas tomber dans le piège tendu par le Rassemblement national et par La France insoumise, permettent à cette partie recette du budget de la Sécurité sociale d'être adoptée. Parce que c'est comme cela que l'on pourra aborder les questions de santé, de retraite qui sont très attendues par les Français et aussi par beaucoup d'oppositions.
JEFF WITTENBERG
Vous pointiez du doigt il y a un instant les incohérences. Mais par exemple, hier, un député proche de vous, monsieur SITZENSTUHL, a proposé un amendement qui faisait baisser un impôt de production. C'est un peu technique. Puis il l'a retiré. Puis finalement, c'est le RN qui s'en est emparé. Et le résultat, c'est que cet amendement a été voté. Et l'addition, elle est de 5,4 milliards d'Euros. Est-ce qu'il n'y a pas de votre part aussi un petit peu, certains disent, d'amateurisme dans cette affaire ?
DAVID AMIEL
Non. Ce qu'on voit surtout, c'est l'opportunisme du Rassemblent National qui n'avait en aucun cas prévu de défendre cette mesure, mais qui a saisi n'importe quelle occasion pour mettre le bazar à l'Assemblée nationale. Il y aura ce qu'on appelle techniquement une deuxième délibération, c'est-à-dire que l'Assemblée se prononcera à nouveau sur cet amendement. C'est à la demande de la présidence de la Commission des affaires sociales.
JEFF WITTENBERG
Donc pas d'erreur de votre part ?
DAVID AMIEL
Tout ça montre surtout que les extrêmes, en particulier le Rassemblent National en l'occurrence, cherchent par tous les moyens à décrédibiliser le processus budgétaire, mais les forces modérées ne les laisseront pas faire.
JEFF WITTENBERG
David AMIEL, vous êtes nouveau ministre, mais vous êtes aussi un élu de Paris, du 15e arrondissement. Quelques mots juste sur ce qui se passe aujourd'hui, parce que là encore, on a un petit peu de mal à suivre. Rachida DATI est, comment dire… candidate à la mairie de Paris. L'un de vos députés, Sylvain MAILLARD, la soutient, mais Gabriel ATTAL, votre chef, et le reste de Renaissance soutiennent Pierre-Yves BOURNAZEL, qui est un autre candidat. Ça part assez mal, l'unité de votre camp pour ces élections municipales.
DAVID AMIEL
D'abord, grâce à Renaissance, on aura pour la première fois une élection vraiment transparente et totalement démocratique à Paris, puisque les Parisiens pourront choisir directement la mairie de Paris. On a mis fin à la loi PLM... comme député, que j'avais porté.
JEFF WITTENBERG
… Rachida DATI, pourquoi vous ne la soutenez pas ?
DAVID AMIEL
Moi, je soutiendrai Pierre-Yves BOURNAZEL parce que je considère d'abord qu'il était très important de rassembler le Bloc central avant d'avoir un rassemblement plus large et parce que je considère que par son expérience, par son projet, par sa détermination, il fera un très bon maire de Paris.
JEFF WITTENBERG
Mais Rachida DATI ne ferait pas une bonne maire de Paris ?
DAVID AMIEL
Moi, quand je m'engage, je m'engage pour des gens, pour des projets. Et aujourd'hui, je considère que Pierre-Yves BOURNAZEL ferait un très bon maire de Paris.
JEFF WITTENBERG
Donc par Rachida DATI, qui est votre collègue ministre, je le rappelle. Et je me permets juste de vous reposer cette question.
DAVID AMIEL
Mais on a également, avec Pierre-Yves BOURNAZEL, porté des combats ensemble à Paris en 2020 depuis au Conseil de Paris.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 7 novembre 2025