Interview de M. Nicolas Forissier, ministre délégué, chargé du commerce extérieur et de l'attractivité, à Sud Radio le 10 novembre 2025, sur la plate-forme de e-commerce chinoise SHEIN, les relations commerciales avec la Chine, l'accord avec le Mercosur et le budget pour 2026.

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Média : Sud Radio

Texte intégral

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Bonjour Nicolas FORISSIER.

NICOLAS FORISSIER
Bonjour.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Et bienvenue, vous rentrez de Chine, vous êtes allé à Shanghai défendre les produits français à la China international import exposition, c'est bien ça. En pleine crise sur la plateforme SHEIN, tout d'abord je voudrais vous poser une question qui nous concerne la politique nationale. Juste avec vous, vous êtes membre des Républicains, la demande de remise en liberté de Nicolas SARKOZY, c'est aujourd'hui, décision de la Cour d'appel attendue. Vous espérez le voir rentrer chez lui ce soir ?

NICOLAS FORISSIER
Je pense que ce serait bien. Ce serait juste. Il y a eu ce geste extrêmement discuté. Moi, il ne me revient pas d'en parler et de le commenter, comme on dit, mais d'un point de vue humain, je suis proche de Nicolas SARKOZY et je pense que ce serait une bonne chose qu'il rentre. De toute façon, il y aura le procès en appel, les choses vont se dérouler normalement. Il n'y a pas de raison qu'il reste dans cette prison aujourd'hui.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Un ancien président n'a rien à faire ?

NICOLAS FORISSIER
Ce n'est pas bon pour l'image de la France, au-delà même de la personne de Nicolas SARKOZY. Et je rappelle qu'il est, encore une fois, présumé innocent. Il espère, il l'a dit, pouvoir faire triompher la vérité, sa vérité, qu'il estime être la vérité. Moi, j'ai toute confiance, sur le fond, personnellement. Mais ce n'est pas bon, non seulement pour Nicolas SARKOZY, évidemment, ça nous fait mal au coeur, mais ce n'est pas bon pour le pays d'avoir un ancien président qui a tellement compté, qui a honnêtement fait beaucoup avancer ce pays, de le retrouver ainsi, dans ces circonstances. Donc voilà, oui, évidemment, je le souhaite.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
On vous en a parlé à Shanghai, de cette détention ?

NICOLAS FORISSIER
Non. Non, non.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
En revanche, vous avez parlé de SHEIN, j'imagine.

NICOLAS FORISSIER
On a parlé de SHEIN, oui.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Alors, qu'est-ce que vous leur avez dit, aux autorités chinoises ?

NICOLAS FORISSIER
Non, j'ai simplement rencontré le vice-ministre, Monsieur LI CHENGGANG, du Commerce, pour lui dire la position de la France, qui était de dire, nous engageons une procédure de suspension, nous attendons de SHEIN des réponses très précises, nous estimons qu'une plateforme de commerce, même si on est ouvert à un commerce fluide, elle doit respecter nos règles, elle doit respecter la sécurité, et elle doit surtout, peut-être plus que tout autre sujet, respecter les mineurs, l'intégrité morale de ce qu'elles vendent. Donc, évidemment, ça a été une grande émotion dans notre pays, j'ai transmis cette émotion, comme le Premier ministre me l'a demandé, aux autorités chinoises, qui ont été assez sensibles à ce message.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous êtes sûrs ?

NICOLAS FORISSIER
Je peux vous dire qu'ils sont restés fermes, et assez fermés, pour l'instant, sur les sujets, ce qu'on appelle les irritants commerciaux, c'est-à-dire les conflits que nous avons sur certaines filières, je pense à la filière porc, je pense à la filière cognac, armagnac, je pense à la filière lait, où on a de vrais sujets. Donc là, c'était une discussion commerciale qui reste encore difficile. Il faut qu'on continue, il faut qu'on progresse, c'est mon boulot de le faire. Par contre, sur le message concernant SHEIN, je pense que les Chinois eux-mêmes sont inquiets de ce genre de dérive, vous savez, ils ont…

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Parce que ce n'est pas bon pour le business ?

NICOLAS FORISSIER
Ce n'est pas seulement que ce n'est pas bon pour le business, il y a un problème de société, et ils sont aussi concernés par ça. Je pense qu'il faut, quand on a un partenaire aussi important que la Chine, c'est notre quatrième partenaire commercial, nous avons plus de 2 800 entreprises qui sont implantées, qui vont là-bas. C'est d'ailleurs le but de mon déplacement, je suis allé d'abord là-bas pour soutenir les entreprises et les mettre en lumière au regard des autorités chinoises, en leur disant : " On se bat, on est là, on veut avancer et on veut résoudre nos problèmes ". Mais il faut aussi essayer de comprendre ce qu'est la psychologie de nos interlocuteurs chinois, que ce soit les autorités publiques, que ce soit le monde de l'entreprise, sinon on n'y arrivera pas, c'est comme ça qu'on fait du commerce.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous évoquez les représailles de la Chine sur le cognac, le porc, les produits laitiers et d'autres, c'est en riposte aux 10 % de Bruxelles sur les importations de voitures électriques chinoises, mais qu'est-ce qu'un ministre français peut dire au fond ? On ne pèse rien face à la Chine.

NICOLAS FORISSIER
Je pense qu'il ne faut pas dire ça, on ne pèse pas rien.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Il n'y a pas de levier de pression sur eux.

NICOLAS FORISSIER
Non, Jean-François ACHILLI, la France est un des principaux pays du premier marché commercial et de consommation du monde qui s'appelle l'Union européenne. On a 450 millions de consommateurs.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Pour l'instant.

NICOLAS FORISSIER
Aujourd'hui, aujourd'hui. D'ailleurs, honnêtement, un des éléments de mon message, c'est de dire à nos partenaires chinois, vous avez besoin du marché européen, il ne faut pas le casser. Donc trouvons des discussions honnêtes, transparentes, trouvons effectivement des compromis. Et vous avez raison de dire que sur les mesures, entre guillemets, de rétorsion sur certaines filières, ce qu'on appelle des enquêtes commerciales, les Chinois disent qu'il y a du dumping, qu'il y a des prix qui ne sont pas normaux, etc. En fait, on sait très bien que ce n'est pas vrai. Mais c'est surtout une réponse à ce qui s'est passé au niveau européen sur les voitures électriques, où il ne s'agissait d'ailleurs que de rétablir un prix normal, parce qu'il faut rappeler quand même que l'industrie chinoise subventionne massivement la production de voitures automobiles.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Alors, il y a cette surtaxe de 10%. Regardez chez nous STELLANTIS, Poissy va fermer ses portes, c'est une catastrophe. Et BYD, le géant chinois, ces voitures électriques qui déboulent chez nous, ils s'installent en Hongrie, c'est fait, l'usine va ouvrir cet hiver. Il y a cet accord avec la Turquie qui permet de détourner les taxes, à la fois les 10% et à la fois les 17% autres taxes des voitures chinoises. On ne pourra jamais résister face à ça. Nous on veut exporter nos voitures, c'est quoi, c'est 9% l'export des automobiles dans le monde. Et ils vont nous ravager en fait.

NICOLAS FORISSIER
On est dans une guerre commerciale extrêmement dure, qui s'est tendue considérablement depuis trois ou quatre ans, notamment, pas seulement à cause des Chinois, mais aussi parce que Monsieur TRUMP a décidé de mettre en oeuvre un certain nombre de droits de douane, les tarifs, comme on dit, et ceux de façon assez surprenante, brutale.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ce qui fait mal à nos vins d'ailleurs.

NICOLAS FORISSIER
Les vins français souffrent de TRUMP. Oui, mais bien sûr. Mais on le sait plus que jamais. Et ça veut dire qu'il faut que les entreprises françaises tiennent bon, résistent, et que le ministre du Commerce extérieur, et plus globalement le Gouvernement français, c'est ce qu'il fait sous l'autorité de Sébastien LECORNU, tiennent bon ces positions et défendent la position de la France. On n'est pas dans un monde de bisounours en termes commerciaux. C'est clair. Et donc il faut se battre. C'est ce que je suis allé faire en Chine, et ce que je vais faire, comme mes prédécesseurs avant, avec la dernière énergie dans les mois qui viennent.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Alors, il y a le Mercosur, Nicolas FORISSIER, vous avez entendu Emmanuel MACRON au Brésil, plutôt positif a-t-il dit, rectifié par votre collègue des Républicains, elle aussi, Annie GENEVARD, c'était dans le Journal Du Dimanche, qui, elle, a dû pédaler pour dire, grosso modo, qu'il fallait quand même que les garanties soient assurées pour que ce MERCOSUR redémarre.

NICOLAS FORISSIER
Oui, mais…

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Il a commis une gaffe, Emmanuel MACRON.

NICOLAS FORISSIER
Non, pas du tout, il n'a pas commis de gaffe.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Plutôt positif.

NICOLAS FORISSIER
Il a simplement... Et c'est ce qui a été repris en oubliant le reste. Il a dû à nouveau revenir sur le sujet pour bien préciser les choses, parce que ça a été un peu tronqué, disons les choses, sa déclaration. Il a simplement dit qu'il y avait eu, je résume, des avancées au regard des demandes, des exigences, qui étaient celles de la France sur le traité du Mercosur. Mais il a bien dit aussi qu'il fallait continuer à avancer sur ces exigences. Et c'est ce qu'a très bien précisé, au nom du Gouvernement, et sur une position qui est extrêmement claire pour Sébastien LECORNU et les ministres concernés, et tout le Gouvernement, d'ailleurs, c'est que nous avons trois sujets. Nous avons ce qu'on appelle la clause de sauvegarde, qui est en fait un mécanisme qui permet d'arrêter tout, de bloquer les choses s'il y a une trop grosse dérive.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Encore faut-il pouvoir l'activer.

NICOLAS FORISSIER
Voilà, si ça déstabilise une filière. Pas seulement à l'échelle européenne, mais ça peut être déclaré dans un pays. Donc c'est très important pour la France. Là, on veut des garanties, on veut que ce soit écrit, on veut que nos amis du Mercosur l'acceptent expressément. On veut connaître la façon dont les choses se déroulent, préciser un certain nombre de choses. Donc on est dans une discussion très exigeante avec la Commission. Deuxième sujet, les mesures miroirs. C'est-à-dire, ce qu'on appelle les mesures miroirs, c'est qu'on impose, la société impose, le consommateur demande à nos producteurs un certain nombre de normes sur les phytosanitaires, sur l'alimentation animale, sur les produits antibiotiques dont on ne veut pas, etc. S'il y a des produits, et ce n'est pas seulement le Mercosur, qui sont importés de l'extérieur, ils doivent respecter ces règles. Sinon, ça veut dire qu'on ne respecte pas ce qu'on s'impose à nous-mêmes, et en plus ça crée des différences commerciales.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
C'est comme l'ultra fast fashion, on parlait de la Chine à l'instant, ça va être démoli chez nous, on n'a pas les moyens de contrôler.

NICOLAS FORISSIER
Je rappelle toujours une chose, c'est qu'on est aussi un grand pays exportateur. Si on veut pouvoir exporter, et ça représente un salaire sur quatre dans notre pays, si on veut continuer à exporter, et même à conquérir des marchés, ce qui est quand même l'objectif qu'on doit s'assigner, il faut accepter d'avoir un commerce ouvert, mais à nos conditions. On doit cesser d'être naïf, et donc c'est vrai au niveau français, c'est ce qu'a rappelé très bien Annie GENEVARD, c'est vrai au niveau européen, c'est ce pourquoi on se bagarre.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Annie GENEVARD précise, elle rappelle, si les conditions sont remplies, la signature, Ursula von der LEYEN, il a dit qu'elle voudrait en finir, elle est le 20 décembre, c'est là, si les conditions ne sont pas remplies, qu'est-ce que le ministre du Commerce extérieur, Les Républicains, Nicolas FORISSIER, va faire ? Vous allez rester ?

NICOLAS FORISSIER
Non, le ministre du Commerce extérieur dira, comme Annie GENEVARD, que nous voulons, nous exigeons la mise en oeuvre très précise des choses qui ont déjà été des avancées, que nous avons obtenues. On veut aussi, d'ailleurs je le dis au passage, et ça concerne y compris la Commission européenne dans ses moyens, et y compris même l'Administration française dans ses moyens, on veut des contrôles, parce que c'est la troisième exigence que nous avons. Ne pas déstabiliser le marché, avoir les mêmes normes sur les produits importés que celles qu'on impose à nos agriculteurs, mais aussi avoir des moyens de contrôle qui soient sur place, concrètement. Les agriculteurs, ils veulent du concret dans leurs cours de ferme, ils ne veulent pas des paroles, et donc on se bat là-dessus. Et je pense que nous obtiendrons les résultats, et on n'arrêtera pas de se battre là-dessus.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ce pourrait ne pas être signé, puisqu'il y a la vigilance dont parle Emmanuel MACRON, ne pas être signé, ne pas signer le Mercosur.

NICOLAS FORISSIER
Vous savez, c'est un très long processus, il peut y avoir une décision en décembre à l'échelle du Conseil européen, sachant que la France, pour l'instant, elle n'arrive pas, elle n'est pas isolée, mais elle n'a pas de majorité. Il y a la Pologne, il y a certains pays comme l'Autriche qui sont sur notre ligne. Mais pour l'instant, les choses ne permettent pas de bloquer le processus. Donc le processus peut avancer. Néanmoins, vous aurez ensuite, comment dire, de longs mois, et même un an, deux ans, pour que les choses soient précisées, ratifiées, etc. Donc on va continuer le combat, et on va obtenir ce dont nous avons besoin. Et ce qui est, à mon avis, totalement obtenable. Il n'y a pas de raison qu'on ne précise pas concrètement toutes les protections que nous avons demandées et qu'on ne les augmente pas, y compris en termes de moyens de contrôle.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Parce que vous êtes élu de l'Indre, Nicolas FORISSIER, vous êtes candidat à la Châtre, à la mairie, pour les municipales qui arrivent. J'imagine que vos électeurs, c'est une terre agricole, l'Indre. Vous devez leur expliquer tout ça, quand vous êtes sur le marché de la Châtre le samedi matin.

NICOLAS FORISSIER
Ça fait des décennies que je vais sur le marché de la Châtre pour expliquer les choses. Et dans les exploitations, vous savez que le Berry est un grand producteur de viande, de charolaises, de limousines, etc. Donc bien sûr, on est extrêmement à l'écoute, et moi ça me donne une sensibilité particulière sur ces dossiers. Et c'est pour ça que je vous dis qu'il est, comme l'a très bien dit Annie GENEVARD hier, c'est la position du Gouvernement, il est hors de question de lâcher ou de baisser la garde, de ne plus être vigilant, comme le dit le président de la République, et proactif pour obtenir toutes les garanties, y compris en termes de moyens de contrôle que nous demandons. Je rappelle juste quand même une chose, c'est que ce qu'on fait là, c'est pour défendre certaines filières qui pourraient être très fragilisées, c'est la production de viande bovine, c'est la production de viande volaille, c'est le carburant, c'est le miel par exemple. Mais vous avez aussi des filières qui vont profiter du Mercosur. Il faut quand même aussi avoir une lecture positive. Ce qu'il ne faut pas, c'est que certains soient sacrifiés au profit d'autres filières.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Un mot sur le budget Nicolas FORISSIER, ça reprend mercredi avec la discussion sur la réforme des retraites. Vous êtes Les Républicains, vous êtes LR, la suspension de la réforme, toutes ces taxes qui pèsent sur nos entreprises, qui pèsent sur la compétitivité de notre pays, voire même qui nuit à l'attractivité de la France. Mais comment est-ce que vous faites pour rester dans ce Gouvernement avec ce qui se passe, là, à l'Assemblée nationale ?

NICOLAS FORISSIER
J'ai fait le choix de rentrer dans ce Gouvernement parce que je considère que la responsabilité qui doit être la nôtre est celle des Républicains. C'est d'ailleurs un choix qui a été soutenu à la quasi-totalité des députés du groupe LR à l'Assemblée, je le rappelle. C'est de stabiliser la situation, de trouver un budget à ce pays et un budget de la sécurité sociale à ce pays et de permettre ainsi de stabiliser la situation, de donner de la visibilité à nos entreprises et aux Françaises et aux Français. Et ensuite vous aurez un débat qui va préparer 2027 et les Françaises et les Français trancheront. Et moi je souhaite que ce débat, il ait lieu enfin sur des faits de façon transparente.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous restez et rendez-vous en 2027.

NICOLAS FORISSIER
En attendant, il faut gouverner le pays, on ne peut pas se permettre de ne pas avoir de budget, sinon c'est une catastrophe, je vous le dis tout de suite.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ultime question très courte, au moment où je vous parle, vous savez quoi, mon regard est attiré par mon smartphone qui est éclairé là et on m'annonce la livraison d'un colis dans deux heures. Est-ce que le ministre délégué en charge du Commerce extérieur est favorable à la taxation à deux euros des petits colis qui arrivent ?

NICOLAS FORISSIER
C'est ce qui est prévu dans le budget.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Est-ce que vous allez le faire ? Parce que ça c'est important. Est-ce qu'il est prévu dans le budget ? Est-ce qu'on va y arriver ? Parce que c'est une question que tout le monde se pose. Deux euros pour ces petits, qui viennent souvent de Chine.

NICOLAS FORISSIER
Bien sûr, bien sûr, mais d'abord ça a explosé, ça a posé de nombreux problèmes, y compris à nos douanes. C'est ce qui est prévu par une proposition du Gouvernement. Donc ça va être, je pense, voté peut-être. Il y a eu des amendements pour augmenter cette somme. Je ferais remarquer quand même qu'on est dans un moment assez exceptionnel où le Premier ministre lui-même a dit : « Le Parlement doit s'emparer complètement, et je n'utiliserai pas le 49-3, de la discussion budgétaire ». Et on voit bien qu'il y a dans chaque groupe des compromis à faire, mais aussi des avancées, les uns comme les autres. Quand je vois que mes amis des Républicains se sont abstenus, je pense qu'ils le font pour marquer leur désaccord avec un certain nombre de mesures, mais ils ont aussi revendiqué un certain nombre de victoires, de réussites, y compris de suppression d'impôts. Je pense aussi, comment dire, au fait de bien indexer, comme on dit les tranches du barème sur le revenu, alors que ce n'était pas prévu. Il y a un certain nombre de victoires de part et d'autre. Ce qu'il faut, c'est arriver à stabiliser tout ça.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Et de compter les bouses à la fin de la foire.

NICOLAS FORISSIER
À la fin de la foire qu'on compte des bouses, c'est ce qu'on dit dans le Berry. Oui, tout à fait. L'objectif, c'est qu'à un moment, tous les groupes qui veulent, au fond, assumer leur esprit de responsabilité et leur culture de Gouvernement, ce qui n'est pas le cas en tout cas de LFI, ou à preuve du contraire, du RN, ces groupes de responsabilité doivent, à un moment, faire effectivement le compte. Et chacun aura apporté un peu. Chacun devra aussi faire des compromis. On ne peut pas avoir 100 % de ce qu'on propose. Mais la priorité absolue, c'est de stabiliser le pays. Et je vous le dis comme représentant, si je puis dire, ou défenseur des entreprises qui se battent sur les marchés extérieurs pour créer de l'emploi en France. Parce que c'est ça le sujet derrière. Mais pour l'instant, tout est arrêté. Donc il faut absolument qu'on avance et qu'on stabilise.

JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Merci à vous Nicolas FORISSIER.

JOURNALISTE
Vous pensez qu'on avance en France ? Vous revenez de Chine où c'est la vitesse TGV.

NICOLAS FORISSIER
Je pense qu'on a besoin de stabiliser, de prendre des décisions claires et de repartir en avant. Parce qu'effectivement, ça va très vite dans le résumé.

JOURNALISTE
Ça ne vous fait pas un peu peur quand même ? La Chine est à 180 km heure TGV. Et nous, on est à 30 km heure. Ou 300, non ?

NICOLAS FORISSIER
On pourrait dire 1 000 km heure en Chine et 280 ou 300 chez nous pour le TGV. Je pense qu'il faut absolument qu'on prenne conscience que le monde avance à toute vitesse. Mais moi, je ne suis pas pessimiste. J'estime qu'on doit être combatif. Je pense qu'on doit se battre, y compris en termes de développement des exportations, en termes de rayonnement de la France, pour aller chercher des investisseurs. À l'étranger, parce que c'est aussi mon boulot, on doit se battre. Il ne faut pas être pessimiste. Mais il faut juste un minimum de bon sens et de stabilité.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 novembre 2025